Lettre à Victoria, reine d'Angleterre

Table des Matières

Paris, le 11 Août 1830

Perfide Albion!

C'est avec un grand choc que nous avons appris les récents événements survenus à Carlsruhe. Malgré toutes les promesses d'amitié et d'apaisement qui nous ont été faites en face, vous n'attendez que que nous ayons le dos tourné pour nous poignarder lâchement. Et pourtant, vous avez maintenant le culot de feindre la surprise et la consternation face à nos actions, de déclamer votre innocence en de telles affaires ? Qui pensez-vous tromper avec des simulacres aussi outrageux ? Votre peuple est-il si simple d'esprit pour croire à cette comédie ? Il doit être évident pour tous que vos actes ne peuvent être construits comme autre chose qu'un encouragement à la sédition à Amiens, Verdun et Strasbourg, tout cela pendant que vos alliés amassent des armées à Bâle. Belle neutralité des Suisses que cela ! Vous avez tous opportunément attendu pour la déclarer qu'ils aient fini de nous envahir, et maintenant vous avez l'intention de nous narguer avec votre armée qui se tient juste au-delà de notre frontière, hors de portée à moins que nous ne violions cette soi-disant neutralité pour que vous puissiez prétendre être indignés par nos actions ! Et au-delà même de tout cela, vous envoyez maintenant votre meilleure division de mages de combat à Baden, les faisant outrageusement marcher tout le long de notre frontière orientale pour y accéder, et vous osez penser que nous ne ferions rien pour les empêcher de communiquer avec les traîtres à l'intérieur de nos terres ? Vous osez vous sentir insultés par la simple interception de communications séditieuses alors que vous avez testé notre patience et notre bonne volonté pendant si longtemps ? Et quelle raison avez-vous pour de telles actions ? Quelles justifications avancez-vous pour votre trahison ? Aucune bien sûr, car vous n'osez pas dire à haute voix que ce que vous tentez de faire, c'est de porter atteinte à la liberté naturelle du peuple français de décider de son sort et d'élire son propre monarque, alors que vous avez signé un traité en ce sens il y a tout juste quinze ans. Mais pourquoi sommes-nous surpris ? Pourquoi sommes-nous choqués ? Ce comportement est après tout dans la lignée de vos actions au cours des siècles passés. Toujours faire semblant d'être investi des sentiments et des intentions les plus purs, tout en n'attendant que le temps nécessaire pour que nous baissions notre garde pour nous frapper. Vous reniez toujours vos engagements aussitôt qu'il vous arrange de le faire. De plus, vous ne vous contentez pas de faire cela, non vous ressentez toujours le besoin d'inciter d'autres à vous rejoindre dans vos trahisons et votre immoralité afin de pouvoir prétendre faire partie d'un mouvement naturel qui s'élève contre une soi-disant oppression, ainsi que de laisser ces autres assumer les conséquences de vos actes. Encore et encore, vous répétez les mêmes actions ! Chaque fois la France se montre à la hauteur de la situation et vainc coalition après coalition de nos ennemis, et vous osez pleurer devant la dévastation de l'Europe et vous lamenter sur les morts et le manque de paix, seulement pour être l'instant d'après le diable perfide qui murmure des pensées empoisonnées dans l'esprit des monarques de toute l'Europe ! Encore et encore, rompant tout traité, piétinant toute amitié restaurée. Et ce, uniquement pour pouvoir vous enorgueillir de votre supériorité morale bigote en vous donnant un ennemi à combattre. Tuer des millions de personnes simplement pour satisfaire votre vanité, parce que vous ne supportez pas qu'un autre pays fasse de l'ombre à votre prétendue puissance. Mais cela est assez de répétition de ce qui est déjà connu de tous les individus ayant une quelconque connaissance de l'histoire ou de la politique. Ce qui est arrivé est clair, et ce qui doit arriver n'est pas moins évident. La guerre vous voulez, la guerre vous recevrez.

Lucien, Roi des Français