Le Vent de Fer

Je n'oublierai jamais la première fois où j'ai posé les yeux sur le Vent de Fer, ce train tout nouveau (rouillé) et grinçant qui promettait de relier les royaumes à travers le Désert de Morte-Pierre. Ce n'était pas une merveille de technologie, loin de là. C'était un amas de ferraille, un assemblage hétéroclite de vieilles pièces et de mécanismes branlant. Mais c'était notre seul espoir de traverser ce désert impitoyable sans perdre des semaines, voire des mois, de voyage.   Lorsque j'ai embarqué, le vent chaud du désert sifflait à travers les interstices du train. Les sièges étaient durs et inconfortables, et une odeur de métal chauffé flottait dans l'air. Les autres voyageurs partageaient mon appréhension, mais aussi une étincelle d'excitation. Nous savions que ce voyage serait mémorable, même si nous ignorions encore à quel point.   Les premiers jours furent un véritable calvaire. Le train s'arrêtait souvent, des pannes mécaniques fréquentes interrompant notre progression. Nous étions à la merci du désert, attendant parfois des heures que les mécaniciens parviennent à réparer les avaries. Les réserves d'eau diminuaient dangereusement et la chaleur était accablante. Chaque arrêt était une épreuve, et l'incertitude pesait sur nos esprits. Nous savions quand nous partions, mais jamais quand nous arriverions.   Malgré tout, il y avait quelque chose de magique dans ce voyage. Les vastes étendues de sable doré, le ciel étoilé, la nuit, et ces moments de camaraderie avec les autres voyageurs, tous partageant le même destin incertain. Nous formions une étrange famille, soudée par les épreuves et les moments de grâce. Chaque fois que le train redémarrait, un cri de joie montait parmi nous. Nous avancions, lentement, très lentement, mais sûrement, vers notre destination.   Cette vitesse, je me rappelle avoir vu un groupe de chameau nous dépasser... S'il avait été possible d'avancer de reculons, cela aurait certainement été plus rapide.   Après des jours de péripéties, de réparations improvisées et de chaleur étouffante, nous avons enfin aperçu les premières lueurs du royaume de l'autre côté du désert. C'était un moment d'euphorie indescriptible. Le train, ce tas de ferraille grinçant, avait accompli l'impossible. Il avait ouvert une nouvelle ère de commerce et d'échanges entre les royaumes.  
Falem


Cover image: by Midjourney