Le Monstre dans mon placard
trame sonore:
Seule dans son vaste manoir, la jeune mariée esseulée attendait assise dans le boudoir, son regard valsant désespérément entre les aiguilles de l'horloge grand-père trônant au dessus de sa bibliothèque de romans savons qui n'arrivaient plus à lui apporter un peu du réconfort qu'elle n'avait pas dans son couple glacial et les lointaines grilles de fer forgé qui fermaient l'entrée au terrain du vaste manoir de son mari toujours absent. La lady attendait l'arrivée de son ultime refuge, la seule chose qui arrivait encore à faire s'évaporer son ennui. Elle ne remarqua même pas la beauté du spectacle du soleil couchant qui s'offrait à elle à l'horizon, son regard déjà fanée par des années de désillusion à attendre...attendre... puis se morfondre dans un manoir comme si elle n'était qu'un vulgaire bibelot que l'on aurait oublié dans une pièce qu'on ne visite plus.
Puis, enfin, la grille du manoir s'ouvrit et laissa entrer un humble fiacre tiré par un cheval noir. Sans attendre une seule seconde de plus, la dame se leva, sorti du boudoir, traversa le long corridor et dévala l'escalier qui menait au hall. Un homme vêtu d'un imposant capot noir, portant un sobre et élégant haut de forme, le bas du visage partiellement caché par une imposante barbe bien entretenue entra.
'' Vous avez ma commande?! ''
'' Bien entendu madame Portridge. Voilà. '' Il sorti un petit flacon sur lequel était écrit ''Laudanum'' de sa mallette et il le tendit à la dame qui le saisi comme s'il s'agissait de la Pomme du Jardin d'Eden et elle donna une somme d'argent à l'homme qui mis celui-ci dans la poche au revers de sa veste de tweed sous son capot.
'' Souvenez-vous, n'augmentez pas la dose habituelle madame Portridge. '' dit-il d'un ton aimable
'' Biensûr biensûr. '' répondit-elle d'un ton distrait, n'écoutant pas vraiment ses paroles, mais fixant son précieux flacon et n'ayant hâte qu'il ne parte afin qu'elle puisse monter à sa chambre et enfin s'évader de cette existence pitoyable.
'' Bonne soirée madame Portridge. '' l'homme pinça le rebord de son haut de forme et pencha légèrement la tête en guise de salutation et sorti de la demeure, sans se faire prier plus longtemps, la dame monta à l'étage en retirant le bouchon de liège du flacon pour le jeter nonchalamment derrière elle puis elle entra dans sa chambre, s'étendit sur son lit et s'enfila une importante dose de son doux libérateur. Un sentiment de sécurité, de bien-être... de plénitude la traversa aussitôt: enfin se disait-elle puis... le laudanum la fit ensuite planer loin du néant de son existence.
Pendant ce temps, à l'extérieur, une femme avec une imposante cape à capuchon attendait dans la pénombre que le fiacre passer à sa hauteur et dit à l'homme barbu: '' Tout c'est bien passé? ''
Et l'homme répondit simplement: '' Comme d'habitude madame, vous n'aurez qu'à cueillir le fruit. ''
Satisfaite, la dame se dirigea vers le manoir et entra par la porte que madame Portridge avait oublié de verrouiller dans son empressement. Sans un bruit, elle monta à l'étage et aperçu la demoiselle étendue sur son lit, à demi consciente. Elle avança vers le lit et s'allongea aux côtés de la femme, qui, complètement perdue dans les méandres des effets de la concoction à base d'opium se lova contre elle en marmonnant un prénom incompréhensible puis, la mystérieuse femme qui était entrée dévoila doucement la nuque de la femme en poussant sa chevelure bouclée et planta de longs crocs dans sa jugulaire. Madame Portridge poussa un petit gémissement de plaisir et se cambra contre la prédatrice qui, aussitôt que la première lampée de sang traversait sa bouche, connecta avec les effluves d'émotions qui habitaient la femme esseulée... comme si l'âme de la proie avait l'effet d'une tâche d'huile dans celle du vampire. La Bête fut traversée par un méandre confus de solitude, de désespoir et de mélancolie, mais aussi de calme, de chaos, de flottement... comme si la perception de la vampire quittait son corps pour s'observer elle-même alors qu'elle s'abreuvait sur cette femme, et alors que la vie semblait doucement quitter son corps comme une délivrance, il y eut en elle quelque chose qui désira s'accrocher, survivre et exister et c'est ce petit fruit que, précisément, venait cueillir la prédatrice: la rage d'exister cachée dans les dédales du chaos de l'existence. Elle lutta contre elle-même pour ne pas avaler ce fruit d'un seul coup et faire durer le plaisir le plus longtemps possible puis au moment où la rage de vivre semblait vouloir laisser place à la résignation, elle
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