Love is blindness

  Étendue dans mon énorme lit dans un océan de coussins de velours, je savoure les réminescence d'un repas qui me donne l'impression de voguer sur un océan de légèreté et d'allégresse portée par ce doux sentiments d'être au sommet du monde. Mes sens sont à la fois embrumés par cette sensation et ravigorés, affutés par la nouvelle énergie qui m'habite. Je savoure avec langueur la douceur du velour sur ma peau, d'une fine brise tiède sur ma chevelure dépassant de la couette et de la fraîcheur qu'explore un racoint qui n'avait pas encore été conquéri par l'un de mes pieds: Quel bonheur. Un petit clique sur le cadran posé sur la table de chevet m'indique qu'il est 21h00 précise. Je m'étire, me libère de sous la couette et m'assoie un instant sur le côté du lit, observant comment ma chevelure tombe sur mes épaules dans le miroir jouxtant mon lit. Mes couettes tombent avec élégance et désinvolture sur mes épaules; je sourie, satisfaite. Quelle délice d'avoir été étreinte sur mon 36 et de me réveiller prête pour un spectacle chaque soir pour l'Éternité. Je lisse mon peignoir favori style charleston et me lève... puis je recule pour jeter un coup d'oeil au miroir et là je remarque une main qui dépasse de mon lit: oups.   J'avais presque oublié... non, j'avais oublié. Je ricanes. Je fais le tour du lit et me rend du côté du petit inconvenu. Je marche sur un polo classe à plusieurs centaines de dollar porté avec les manches attachés autour du cou pardessus une chemise propre: truc afin de remplacer le veston du costume trois pièces d'un preppy de Wallstreet pour pouvoir avoir un look ''décontracté'' sans avoir à passer à la maison après une journée passée à la bourse. Je tire la couverte et dévoile les restes de mon dernier repas. La petite trentaine, une barbe bien taillée, une coupe de style ''jeune cadre intermédiaire prometteur et dynamique'', par son teint; j'ai quelque peu ambitionné sur le vin... et il aura un sacré lendemain de veille. Je me penche vers lui et lui donne deux petites tappes sur la joue en prononçant son prénom: '' Robert? '' Je ne suis pas certaines que sa soit Robert, mais Robert fera l'affaire. Il ne bouge pas, parfait. Je déccroche un téléphone: '' Oui, c'est moi... je vais dans la douche et j'aimerais que vous ayez disposé de ''Robert'' lorsque je ressortirai. '' Je raccroches et fonce à la chambre de bain et tourne le pommeau de l'eau chaude à fond, une buée teinte les miroirs et un petit brouillard doucereux empli doucement la pièce alors que je m'enfonce dans la douche me délectant de chaque goutte sur ma peau.   Pendant ce temps chez les goules de services   Le groom en chef raccroche le téléphone alors que son collègue lisant une revue ''people'' en bouffant un sandwich jette un coup d'oeil pardessus sa lecture, un hochement de tête de son patron suffit pour qu'il comprenne que le devoir l'appel. Il dépose la revue et son sandwich sur la petite table de service devant lui avec un certains airs de regret et ramasse sa veste qu'il met aussitôt et en sortant de leur bureau, le groom à la revue dit: '' Robert? ''   Groom en chef: '' Définitivement, Robert '' Groom sandwich: '' Elle a moins tendance à tuer les Robert que les Henri. La douche? '' Groom en chef: '' Précisément, on a le temps de la douche. '' Groom sandwich: '' Avec de la chance, sa signifie 75 minutes. ''   Tappe derrière la tête de groom en chef à groom sandwich.   Groom sandwich: '' Mais quoi? C'est vrai. '' Les deux grooms arrivent dans la grande chambre, tirent les rideaux épais dont la vue donne sur le champ de lumières qui s'élèvent vers le ciel de la Cité qui ne Dort Jamais. Groom sandwich rhabille ''Robert'' puis l'assoie dans un fauteuil roulant qu'il a emporté à cet effet, le peigne pendant que groom en chef lui pique un doigt avec un petit outil que l'on utilise pour diabétique: '' B+, On a sa en réserve? '' dit groom en chef, Groom sandwich: '' Oui monsieur '' en se penchant puis en ouvrant un petit frigidaire accroché sous le fauteuil roulant, son index cavalcade sur quelques petites poches de sang sur lesquels est inscrit un groupe sanguin, s'arrête sur B+, la tir hors de petit frigidaire et la lance à Groom en chef qui l'attrape et prépare une transfusion pour ''Robert'' qui continue un rapide examen médical.   Groom sandwich réuni les effets personnels de Robert dispersés dans la chambre, s'assure de bien fouiller tout les raccoin et pose le tout dans un sac accroché au fauteuil roulant. Chemisé, peigné, transfusé... il a repris de la couleur. La douche est si chaude et longue que toutes les fenêtres de la baie vitrée sont complètement embuées et les halos de lumières de la grosse pommes sont distorsionnées... artistiquement étrange. Détails que les deux goules ne remarquent pas tellement; mais lorsque la champlure de la douche est fermée; c'est un détail qu'ils ne manquent pas de remarquer.   Dernier tour de piste, tout est nickel! Groom sandwich: '' Allez on file! '' Groom en chef jette un dernier regard: '' La carte! '' Groom sandwich: '' Oh merde la carte! ''   Les deux goules fouillent les objets personnels de ''Robert'' puis dans la poche de sa chemise, groom sandwich trouve une petite carte format ''programme de soirée'' sous lequel il est écrit ''loge 1925 après le spetacle'' d'une calligraphie féminine et sous le petit mots, un baisé en rouge-à-lèvre. Groom en chef: '' jette là près de la porte de la chambre de bain comme s'il l'avait laissé tombé, sa fera naturel. ''   Groom sandwich: '' bonne idée '' il s'exécute alors que groom en chef ouvre déjà la porte pour partir et que les roues du fauteuil un peu usées se mettent à couiner en roulant sous le poids de ''Robert''.     Pendant ce temps dans la chambre de bain   Je réenfile mon peignoir style charleston favori et sort de la chambre de bain dans un nuage de brouillard. Ravigorée, le bout de mon petit orteil frotte sur le rebord rugueux d'un bout de carton, je m'immobilise puis regarde: oh! m'exclamai-je. Je ramasse ma carte et la porte à mes narines: L'odeur du parfum de Robert vient à mes narines, il l'avait donc mise dans la poche de sa chemise près de son coeur lorsqu'il l'a reçu et je me remémore alors le son des battements affolés de son coeur alors que mes mains attrapaient sa taille hier. Je frissonne à ce souvenir puis me dirige vers un meuble dont j'ouvre un tiroir et j'y places à la fin de la rangée une énième carte d'invitation à me rejoindre dans la loge 1925: mes conquêtes, mes trophés; mes admirateurs.

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