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Le jeu des pouvoirs

OÙ L’ON DÉCRIT LE JEU DES POUVOIRS

Cours d’éducation civique à l’attention des jeunes Parisiens.  
Jeunes gens, alors que vous allez bientôt devenir des hommes et des citoyens, vous est-il arrivé d’examiner attentivement les formes de pouvoir qui dominent non seulement notre belle cité, mais aussi l’Antipolie et, par extension, la Toile tout entière ? Par attentivement, je veux bien dire, avec un esprit éclairé et non la candide admiration à laquelle votre âge vous condamne bien souvent. Je gage qu’un petit nombre seulement pourrait répondre par l’affirmative. Le gouvernement parisien que je représente se fait un devoir de vous apporter, modestement, de quoi enrichir votre réflexion.
 
Les structures du pouvoir de notre monde sont, à son image, chaotiques et figées. Chaotiques parce que le pouvoir revêt de nombreuses formes contextuelles. Figées parce que, malgré tout, il n’existe que trois catégories de pouvoir : les Loges, les konzerns et les gouvernements. De manière assez schématique, les Loges contrôlent les savoir-faire spécifiques et les connaissances nécessitant un apprentissage long et particulier. Les konzerns, quant à eux, régentent la production de masse, le transport et les exploitations minières. Enfin, les ministères réglementent et coordonnent le tout avec un savoir-faire et un doigté extrêmement fins.
 
Une ébauche de ce triptyque est apparue durant la construction des traverses. Alors que l’homme avait obstinément refusé de se tourner vers l’écryme, il ne pouvait plus fermer les yeux sur son potentiel inexploité. Les traverses, l’acier, l’hydrocryme… Les découvertes se succédaient si rapidement qu’il devenait impossible de les arrêter. L’effort imposé par la création des traverses a balayé plusieurs siècles d’obscurantisme et de peurs liées au progrès en une seule décade.
 
La transition entre ce besoin de survie et de tempérance face au progrès décadent a incité les bâtisseurs de traverses à se diviser en agglomérats d’une cinquantaine de groupes de compétences interdépendants les uns des autres, chacun veillant à conserver ses secrets et à conforter sa position au sein du groupe. Ce clivage intellectuel interdisait la survie d’un seul et obligeait l’adhésion de tous pour pouvoir continuer.
 
Afin de respecter cette culture du secret et de la protéger, les différents métiers se sont organisés en de nombreuses structures entourées d’un fatras de traditions, de rituels initiatiques et de mystères. Avec le temps, ils se sont rassemblés en un archipel de réseaux qu’il est très difficile d’appréhender aux plus hauts niveaux. Les Loges étaient nées.
 
Cet ésotérisme, bien que passionnant, n’est toutefois pas la caractéristique fondamentale des Loges. Ce qui les distingue à l’époque, c’est le serment que doit prêter chaque membre visant à garantir un respect des codes de déontologie. Pour cette raison, aujourd’hui encore, les sages, les scientistes et les doctes sont appelés des jurandes. Par cet engagement, ils acceptent de se soumettre aux lois de leur organisation.
 
À partir de cet instant, chaque corporation s’est dotée d’un système législatif propre. Parmi ces factions, on peut citer les nobles marchands. Ceux-ci adhèrent à un code d’honneur nobiliaire extrêmement rigide qui agit comme un cadre normatif et régit leurs rapports. Au sein de leur konzern, ils souscrivent également à une profession de foi mercantile qui les pousse à l’excellence en se concurrençant sans arrêt. Enfin, les titres qu’ils acquièrent leur confèrent des obligations militaires plus ou moins importantes.
 
Cette coutume de dépendre des lois du groupe que l’on a choisi s’est rapidement étendue aux syndicats et aux clubs patronaux. Ces non-initiés dépendent à la fois des Loges et des konzerns et bénéficient de droits et de devoirs édictés par ces deux puissances tutélaires. Par la suite, même les syndics d’immeuble ou de quartier ont  développé un système de règles à suivre et d’interdits. La réglementation est ainsi choisie par les habitants et doit donc être impérativement respectée pour faire partie de la communauté.
 
Pour éviter l’anarchie, les ministères viennent enfin s’interposer entre le citoyen et sa faction grâce aux lois qu’ils édictent et font respecter. De même, ils coordonnent et valident la naissance de nouvelles entités dans chacune de ces corporations. Cette ingérence est toutefois anecdotique et ne relève que de la sécurité de la majorité de la cité. D’ailleurs, les fonctionnaires eux-mêmes dépendent d’une annexe de  leur propre code civil et doivent accepter de s’y soumettre…
 
Ce tour d’horizon fait, il ne me reste qu’à vous encourager à vous impliquer dans la vie de votre cité, vous qui êtes à l’âge de l’enthousiasme. En fonction de vos prédispositions et de vos dons, il vous faudra rejoindre un corps de métier, une entreprise où gravir les échelons ou arpenter les couloirs pleins de défis d’un ministère. D’ailleurs, le ministère de la Guerre cherche de vaillants représentants pour porter les couleurs parisiennes et antipoliennes. Avec moi sont venus plusieurs recruteurs militaires. Je ne vous rappelle pas les nombreux avantages qu’il y a à rejoindre nos forces armées. Jeunes gens, que comptez-vous faire ces prochaines années ?

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