Le monstre qui ne riait pas
Le conte de l'Autre Côté
Pour résumé, un gros rigolo, du genre Julien, qui était aussi une catastrophe scolaire, genre Julien, ne prenait jamais rien au sérieux. Un jour, le village du Tout-Comme-Julien a été pris en siège par un horrible monstre avec une immense bouche, qui avait toujours faim.
Chaque nuit, la créature emmenait un adulte et terrorisait tout le monde avec ses cris et ses hurlements. Chaque jour, il noyait les récoltes dans un flot d’eau salée et acide.
Vint donc le jour où le monstre voulut prendre les parents de Tout-Comme-Julien. Mais Tout-Comme-Julien, contrairement à Julien, était un grand héros. Donc Tout-Comme-Julien est en fait Tout-Comme-Moi. Bref ! Il s’est rendu pour sauver ses parents.
Par son humour ravageur, Moi-De-Conte-De-Fée fit rire le pauvre monstre, qui se souvint alors de sa vie avant d’être dévoré par la tristesse. Le monstre libéra tout le monde et s’excusa, promettant d’arrêter si le héros revenait de temps en temps l’aider dans le chemin de la guérison.
Issus de l'Autre Côté, ce conte de fée parle de pardon et de la nécessité de s'amuser et lâcher prise, pour ne pas devenir fou. Il fait référence à des maladies que l'on trouve chez les monstres de l'Autre Côté, comme la "rage royale". Sur Terre, il a été importé par des réfugiés, surtout. Il en existe de nombreuses variations, mais l'histoire de base ne change pas beaucoup. La plupart des variations concernent des traductions, des changements de genre de certains personnages ou des détails de description.
L'histoire
Point par point
Le héros
Dans cette histoire, le héros est présenté comme un enfant dont les qualités sont peu reconnu. On souligne plutôt ses défauts (des difficultés scolaires, surtout) et le fait qu'il ne prenne rien au sérieux, selon les autres. Cela dit, il est aussi présenté comme heureux en famille, avec des parents aimant. Il ignore le monstre jusqu'à l'histoire. Il faut dire qu'il trouve tous les adultes nul, à part les siens, de toute façon.
Le monstre
Le monstre est présenté comme noyant le village sous des flots très salés représentant ses pleurs, qui ne s'arrêtent plus. Il écrase les adultes sous sa langue, ce qui est souvent une métaphore pour des mots blessants. Il ne les mange pas vraiment, mais déverse toute sa colère et sa peine sur eux. Dans certaines version, ses assauts ont raison des adultes enlevés.
L'apparence du monstre est toujours très variable. Sa langue est mise en valeur (tantôt longue, tantôt acérée), ainsi que ses larmes (parfois ses yeux sont immenses). Il est toujours présenté comme changeant fondamentalement, entre le début (où il est triste) et la fin (où le héros l'a sauvé).
La passé du monstre n'est que rarement développé. Il est toujours dit, cependant, qu'il n'a jamais ri, même étant enfant. Avant le héros, personne n'a voulu être son ami, à cause de sa morosité. Sa peine n'a fait que grandir. Ses parents ne sont pas toujours mentionnés. Quand ils le sont, ils peuvent être des monstres aussi, ou bien ils peuvent simplement être des gens normaux.
La fin
Ce conte, contrairement à beaucoup de contes infernaux, ne contient aucun conflit direct, aucun combat. Dans certaines versions, le monstre ne fait rien d'autre que séquestrer et insulter les adultes. Même quand le héros le confronte, il n'est pas agressif. A la place, il est détendu et essaie de parler au monstre. Les insultes ne tiennent que peu de temps et le monstre est heureux des boutades du héros. Ce dernier arrive à le convaincre (par la ruse ou juste parce qu'il l'ennui, selon les version) de délivrer les adultes.
A la fin, le héros aussi est libre et s'engage à toujours être l'ami du monstre, une promesse qu'il tient. Le monstre protège alors le village et utilise ses pouvoirs destructeurs pour le bien d'autrui. Le héros et lui restent très proches et le rire devient célébré, avec des festivals d'humour.
Saëllart (Inferno, Plateau du Sud, Rayeve, Autre Côté)
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