Embuscade révélatrice
Soleï , Elfe au Sang Noir
Ce jour-là, sur la route de l’Ouest, en direction de Égonzasthan-la-Basse, je rencontre trois voyageurs qui prennent la même route que moi et nous socialisons, surtout avec les deux d’entre eux qui sont des hommes. Le dernier était un elfe, et comme toujours, j’avais cette crainte que l’on me découvre, cette fuite omniprésente de mon passé. Nous discutons peu, mais cela me convenait. Le soir, l’ambiance était étrange, sur cette petite route. Je sentais que quelque chose n’allait pas, mais impossible de savoir quoi. Tout à coup, le noir, je perds conscience…
Quand j'ouvre de nouveau les yeux, une femme se tient devant moi. Je ne vois d’elle que ses yeux rubis, presque luisant dans la nuit, et son long manteau noir, qui lui cache le bas du visage. Elle me salue d’une manière bien singulière, puis se baisse langoureusement sur moi. D’une voix aguichante, elle me décrit ce qu’il va se passer, Je vais te goûter... J’essaye de me dégager mais impossible, je n’ai pas parfaitement retrouvé mes esprits. Je n’étais pas seul, Où sont les voyageurs qui m'accompagnaient? Elle ne me répond pas, elle m’empoigne les cheveux et force à regarder derrière moi, où je note le spectacle affreux de trois hommes ensanglantés, sûrement mort, et un homme, sans aucun trait apparent, dans une tenue de vagabond quelconque, en train de baver d’envie devant le corps de l’elfe. Je comprends à ce moment que ces deux personnes sont des drogués au sang... La femme lève sa main, et me mord, avant que je puisse voir son visage.
Je me sentais bien, j'aurais presque aimé que ça dure plus longtemps, lorsqu’elle s’arrête et recrache. Tu es dégoûtant. Ton sang est souillé, tu n’es pas comme eux, tu es un elfe ‘’noir’’. Ces mots vont résonner longtemps. La femme se relève et je suis libre de faire de même, en reculant, je me mets sur mes gardes. Il s’en suit une discussion entre elle et moi, ou elle m'explique qu’elle cherche une femme, mais ne donne pas de détail. Elle ordonne à son suivant, son chien devrais-dire, de prendre le corps de l’elfe. J’entends ses râles, il est vivant. Je décide donc d’utiliser mon entrainement pour abréger les souffrances du blessé.
Ce n’est pas la première fois que je tue quelqu’un, et j’ai l’impression contradictoire que c’est mieux pour lui. Je vais à lui, liant ma vitesse au vent, je l’exécute d’un coup de dague précis au coup, et l’enfonce jusqu’à sa nuque, avant de reculer aussi vite, et mettre à distance de la femme au yeux rubis. Elle a l’air surprise, et excitée, elle laisse visible son sourire joueur à ce moment-là. Me disant qu’elle aimerait jouer avec moi plus longtemps, la sublime dominatrice s’approche doucement, s’amusant de ses formes aguichantes. Elle disparaît. Puis sa voix me chuchote à l’oreille : Alors, intéressé?
Cette fois, je me dégage d’elle sans problème. Elle revient vers moi, utilisant sa magie pour me forcer à plier le genoux devant elle. Je m'exécute, mon esprit, n'est pas assez puissant pour lutter. Ma fin est proche. Tout va finir, alors que rien n'a commencé... Dans un dernier élan, je trouve la force de lever ma main à ma gorge, où elle m'a blessée, bravant la douleur, je me fais saigner et lui jette le sang à la figure. Dans un geste de dédain, elle me répète que je la dégoûte, mais elle a l'air amusé malgré tout.
Se dirigeant vers son chien, elle m'annonce qu'elle espère pouvoir rejouer avec moi, à cela je lui répond que ce jour là, je la tatouerai de mon sang sur son front. Elle sourit et partit, dans la brume qu'elle a provoqué, j'imagine. Je la pardais de vue alors qu'elle offrait à l'homme soumis son bras, heureux comme un pâpe de se repêtre du sang de la femme. Prenant le poids de toute la scène, je me suis écroulé, genoux au sol, le regard vide.
Je ne suis à ma place nulle part... Je ne suis pas un homme, je ne suis pas un elfe, je suis autre chose... Quelque chose qui n'est même pas de ce monde. Quelque chose de dégoûtant.* Après quelques minutes à me répéter ces paroles, je trouve la force de me relever. Livide, je me dirige dans la forêt. Je cherche la maison. Je mets peu de temps à trouver un endroit où m'installer, au milieu de trois arbres proches. Je m'accroupis, et main à Terre, je priais le Père de la Forêt de m'aiguiller. Sylvanus , suis-je réellement un elfe noir, ma place n'est pas parmis les hommes, ni parmis les elfes? Ne suis-je pas né ici ? Depuis quand je foule tes forêts pour apprendre que je n'y suis pas né? Puis je sentis une présence, puissante, partout. La forêt s'est tue, quand je l'ai remarqué, les rongeurs, et oiseaux non loin me regardaient, laissant passer au milieu d'eux un cerf majestueux. Là, les feuilles des arbres tombaient, et j'ai compris, comme une fatalité, qu'à ma question je ne trouvais que la déplaisante réponse. Cela m'a détruit. Mon esprit s'en trouve brisé, je suis une erreur, quelqu'un qui ne devrait pas être ici. Je me suis mis à pleurer. Puis le cerf s'avance vers moi, et quand il se trouve assez près, colle son museau contre mon front, et m'envoie une série d'images. C'est flou, mais j'ai compris, quand je serai près, que j'accepterai mes origines, Lorsque je me serai libéré du poids que sont mes origines et que je me trouverai moins "dégoûtant", j'ai un nom. La famille Kenafin pourra me donner des informations sur mon sang, mon origine, ou peut-être une direction à suivre. Quand le cerf est reparti, j’ai embrassé ma main, sale, mais à travers ce geste, c’est Sylvanus, et toute sa puissante forêt que j’embrassais… A Suivre...
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