Bataille de Praxis
Military: Battle
Une force d'intervention spéciale est déployée par l'Adeptus Arbites sur Royaumes de Johamas pour trouver une solution incisive à l'infestation xénos qui attaque la Province de Joeitlan. Joignant leurs efforts avec la milice locale et les forces des Braseros de Joeitlan, les agents impériaux repoussent une attaque de la ville de Praxis puis parviennent à détruire la source des attaques xénos, libérant la province et la planète de la menace.
Flèches de l’Empereur - Défense de Praxis
La poussière n’était même pas retombée et le mot de l’heure s’était passé.
“Être les xénos, c’est là que j’attaquerais”
Trentia? Le Caporal Harp? La Capitaine Agathe Dye?
Le drame laissé par ce carnage était déjà oublié par l’unité d’intervention inquisitoriale et tous accouraient aux défenses insignifiantes de la ville de Praxis sur Royaumes de Johams. Un nuage de poussière et de fumée dense comme les crénellations du Sanctum Imperialis de Terra roulait hors de la ville à la rencontre de la brume qui attaquait depuis les berges.
Le cadre de porte de l’église laissa passer la silhouette du Proctor Lukas de l’Arbites, ce dernier n’étant plus qu’une silhouette de poussière blanche malgré les décorations impérieuses de sa cuirasse.
La foule devint silencieuse, si ce n’était le gémissement des blessés et les derniers sacrements faits aux mourants. En leur sein se tenait une seule silhouette immaculée. Un vieillard tenu droit par le devoir accomplis, ses robes monastiques anciennes pivotant dans un mouvement alors qu’il se dirigeait vers l’arbitrator.
“Je n’ai pas de temps à perdre sur ce qui s’est passé, Confesseur” ouvrit le Proctor sur-le-champ. “Je peux compter sur vous pour garder l’ordre dans cette ville? L’assaut ennemi est imminent”
Le confesseur acquiesça. Ses yeux brûlaient d’une passion sauvage que le Proctor savait être la plus grande force de Son Imperium, mais aussi une faille dans un bastion autrement impénétrable.
“L’Empereur a délivré Son jugement sur les Pylet! Ses fidèles sont prêts à la prochaine tâche qu’Il attend d’eux. Après le jugement, c’est peut-être un moment de guérison”
Lukas réfléchit un moment.
“J’aurais besoin de tous ceux capable de combattre pour m’accompagner à la défense et renforcer les lignes. Peut-être votre lame pourrait aussi nous aider à pourfendre les xénos”
Le confesseur Cyril de l’Astra Militarum, vétéran de nombreuses campagnes, ne put laisser cette invitation sans réponse.
“Ses Fidèles ont été privé de partager Son jugement. Cette seconde chance ne sera pas ignorée”
Il pivota et sans liturgie, fit rassembler armes et combattants. Lukas lui emboîta le pas, entreprenant de rassembler ceux qu’il amènerait avec lui. Il ramena son attention vers le confesseur dans sa panoplie guerrière, ses vêtements parfaitement propres grâce à l’aura de son Rosarius.
“Allez défendre la porte secondaire, elle manque de troupes. J’irai avec les autres prendre l’ennemi en tenaille”
***
Le Caporal Stefan Harp était parti à l’avant des vestiges du 7ème Leororam. Il était accompagné de la première classe Martine Auber et du lance-caporal Clemens Harty. Ils s’étaient immobilisés dans les fourrées lorsque les premières rumeurs de l’assaut ennemi s’étaient fait entendre.
Les protecteurs de la cité avaient ouvert le feu. Des armes à verrou, des fusils à poudre noire. Quelques pistolets mitrailleurs primitifs. Ici et là, des explosifs. Rien qui ne pourrait résister à une force militaire moderne, encore moins un cauchemar technologique comme celui des Slaught.
Il inspira, s’ils étaient chanceux, ils rejoindraient leurs confrères honorés dans la mort en cette dernière opération. Pendant un moment, le caporal regretta de ne pas être au côté du Lieutenant Gorgon hors des murs mais à proximité de ceux-ci pour saigner à blanc les troupes xénos avant qu’elles n’atteignent les barricades.
Martine fit un signe de la main et ils s’écrasèrent au sol promptement, laissant la boue des battures fusionner à leurs vareuses décolorées et s’insinuer dans leurs curasses pare-balles. Ils virent d’abord les silhouettes sortir de l’herbe haute et des quenouilles putréfiées.
Leurs esclaves. Les malheureux qu’ils avaient privé de la droite de l’Empereur en les infectant de leur science obscène.
Ils étaient pâles, leurs veines noires saillantes, quelque chose grouillait sous leur chair, un cancer malicieux et conscient. Certains d’entre eux, plusieurs mêmes, étaient si mutilés par leur contact avec les xénos que leurs armes et outils avaient été amalgamés à leur chair par des soudures bio-mécaniques, des tiges de cuivre oxydés et des câbles de chair ferreux liant leurs armes à leurs nuques.
Ils s’immobilisèrent eux aussi. Au moins une dizaine. Non, une vingtaine selon Clemens.
Ils retinrent tous leur souffle. Une fusillade ici, sans couvert, serait un carnage.
Les battures s’écartèrent, laissant passer une horreur indescriptible qui fit monter la bile dans la gorge du caporal Harp. Deux longues tiges de cuivre souple, se mouvant d’elles-mêmes comme des serpents qui servaient de jambes à un torse comiquement trop larges. Une masse de chair noire en constante vibration, laquelle était couverte de plusieurs plaques de métal rongé par le verdigris. Une centaine de petites tiges de chair humides, comme la langue étendue d’un batracien, en surgirent. Touchant, sentant…goûtant la surface environnante.
Harp vomit. Il vomit dans sa bouche, puis laissa le vomit couler lentement dans la boue dans laquelle il avait plaqué son visage. Des sueurs froides descendirent le long de son échine. À leur crédit, ses hommes demeurèrent parfaitement immobiles.
Sans un bruit.
Il sentit les langues fouetter son casque, s’y coller, siphonner d’une succion obscène, s’imiter entre elles sur son épaulette, son armure corpelle, sa botte de cuir. Le fût de son fusil laser.
Puis les créatures reprirent leur route pour conquérir Praxis.
Harp se releva lentement et regarda son propre objectif. Le phare. Celui-ci crépitait de l’électricité occulte que les xénos appelaient à eux. Cette arme ne leur servirait guère longtemps.
***
“Nord-Nord ouest submergé!” rapporta un des hommes du 7ème Leororam. Baldwin, la mascotte du régiment, pensa-t-elle. Il était probablement en train de faire sa propre guerrilla dans cet environnement. “Les braseros ne tiendront pas sans renforts”
Trentia se crispa. Elle se tenait face à la porte secondaire de la ville. À ses côtés, le confesseur Cyril était en prière avec ses ouailles. Une dizaine d’agriculteurs couverts de pied-en-cap de plaques d’armure improvisées, d’outil agricoles acérés et ennivrés d’une foi vengeresse.
Sur la muraille, si un tel terme pouvait s’appliquer à une porte d’enceinte stylisée et les barricades et maisons la bordant, les miliciens ouvraient le feu. Un coup, se mettant à l’abri pour recharger leur arme par la bouche ou insérant quelques cartouches de surplus dans un magasin surutilisé.
Elle serra la poignée de son arme tronçonneuse, celle-ci grondant d’un rapport muqueux après les dégâts subis par un contact précédent avec une abomination xéno. Son chien, lui aussi, commençant à gronder, les armes tronçonneuses dans sa mâchoire augmentée roulant sur elles-mêmes en imitation d’un avertissement sinistre.
Le Bull-Pup prit position à la droite de sa maîtresse, prêt à immédiatement obéir à ses commandes instinctives. Un serviteur-canin et sa maîtresse, tous deux colossaux dans leurs armures et augmentations cybernétiques respectives.
La porte commença à s’agiter sous les coups. Cyril se redressa.
“L’heure est venue, mes enfants. Nous serons les porteurs de Sa justice. Nos armes s’abattront sur Ses ennemis”
Ils se mirent en rang, Cyril venant joindre Trentia sur sa gauche.
Sur la barricade, les tirs reçurent leurs premières réponses. Un homme fut traversé d’un barbelé qui s’agita de sa propre volonté, semblant croître en taille pour enrouler la victime. Celle-ci se mit à crier, de plus en plus terrorisée. Puis ce fut la douleur, l’agonie, et des derniers gargouillis avant que la construction obscène ne s’enroule et s’enfonce dans le corps pour le transformer en purée avant de se dissiper dans un nuage de fumée repoussante.
Un autre fut frappé par une foudre venue d’un autre monde, désintégré immédiatement. Un autre reçut un étrange pieux d’acier, lequel commença à fondre et liquéfia son occupant.
La moitié de la porte s’abattit. De la poussière laissée par le bombardement orbital, Trentia vit les premières silhouettes déambuler à leur rencontre. Elle abaissa son lance-flammes vers eux et les arrosa, illuminant l’assaut ennemi de l’intérieur.
Des ennemis grimpèrent sur les murailles, engageant l’un des miliciens qui vida son pistolet mitrailleur à bout portant pour finalement venir à bout de l’un des esclaves xénos. Il fut ensuit assailli sans honneur par un autre qui abattit une pioche entre ses omoplates, le plaquant sur le sol dans un cri bref mais aigu de surprise.
L’autre porte s’effondra.
Trenta plongea.
Cyril se jeta avec ses hommes, plusieurs desquels s’effondrèrent sous une salve d’armes pillées par les xénos, et son eviscerator s’enfonça dans une première victime, puis une autre dans un arc écarlate.
L’Arch-Militante Inquisitoriale, elle, avait vu sa cible. Trois engeances Slaught suivaient la vague humaine décérébrée. D’obscènes millipèdes à la masse centrale constituée d’un disque de métal oxydé et d’un cylindre de chair pulsant d’une vie maudite.
Elle usa de toute sa fougue et ne laissa pas le premier agir. Elle abattit son épée tronçonneuse d’un arc brutal dans le coeur de sa silhouette et le trancha net. Forte de son expérience antérieure, elle parvint à esquiver le sang acide de la créature qui n’exposa que quelques mécanismes de son arme de maître. La seconde bête ouvrit le feu sur elle et elle fit un pas de côté. C’était un rayon d’énergie cosmique qui l’aveugla même au travers de ses lentilles optiques. L’attaque fit un trou net dans un mur et laissa une maison s’effondrer après l’impact.
Son serviteur canon se jeta à la gorge de l’autre bête, laquelle la martela de ses nombreuses épingles métalliques lui servant de pattes, sans succès. Le bull-up gronda, mordit dans la masse de chair et évacua du sang acide qui rongea sa propre mâchoire et l’exposa dans le processus.
Trentia allait attaquer la seconde créature lorsque le Phare s’illumina.
***
Valerius poussa un juron malgré son conditionnement religieux et inquisitorial lorsqu’il vit que son tir traversa sans effet la masse organique de l’une des engeances xénos. C’était un étrange polyèdre de chair sur lequel était collé des plaques métalliques sur lesquelles couraient une électricité noire aveuglante.
Il se baissa à temps alors que le flanc de la fenêtre de la pièce dans laquelle il s’était positionné fut emporté par une décharge dévastatrice. Les rideaux et un berceau prirent feu. Il vit des peluches brûler et fondre, leurs regards vides le fixant dans leurs derniers moments.
Valerius entendit les sbires des xénos grimper les murs, utilisant les pieux projetés contre la surface de la barricade et de la maison comme une échelle improvisée. Il vit un premier visage surgir par l’embrasure de la fenêtre et par réflexe, fit exploser le crâne de son assaillant.
Il se redressa et traversa dans la pièce arrière, visant la fenêtre pour se jeter par celle-ci et abandonner sa position qui était déjà submergée. Il entendait les miliciens lutter tant bien que mal, combattant avec le dévouement de ceux qui savaient qu’ils avaient tout à perdre s’ils cédaient un seul mètre de terrain.
Il approchait du cadre de la fenêtre lorsqu’il sentit une présence à ses côtés.
Dans le coin de la pièce, obstinément plongée dans les ténèbres malgré la lueur du lampe à l’huile, il vit la silhouette. Elle était grande, indescriptible. Un amas de tissu noir, une vermine innombrable entremêlée grouillant sous ses vêtements, s’entrelaçant, se ruisselant les unes sur les autres d’un mucus acide et morbide.
La chose leva ce qui s’apparentait à un bras et un gantelet étonnament similaire à celui d’une armure humaine émergea des vers qui se repliaient en un torrent de mucus noir et fumant. L’odeur de la chose submergea Valerius malgré son conditionnement et le sentiment de révulsion le força à faire un pas.
Il tenta d’esquiver mais fut frappé de plein fouet par la foudre occulte relâchée par le gantelet et au même moment il fit feu en pleine tête du xéno. L’impact lui creusa un tunnel large comme un poing dans la tête, aspergeant le mur et la bibliothèque voisine d’acide qui les consuma aussitôt.
L’entité s’avança, accompagnée d’une vague de dégoût qui laissa la bile monter à la gorge du fantassin Inquisitorial. Ce dernier n’hésita pas.
Il lança une grenade à fragmentation à ses pieds et bondit par la fenêtre. L’explosion le projeta en bas de la maison, les shrapnels martelant sa cuirasse et lui cassant des côtes. Son grav-chute s’activa et il tomba sur le dos sans impact alors que la créature elle, se jetait dans l’autre pièce en traversant le mur qui la séparait d’elle d’une simple pression acide.
Valerius se releva, épaula son fusil, ignorant la fumée s’élevant de sa cuirasse et le goût du sang dans sa bouche. Son coeur battait la chamade. Au sein des flammes qui agitaient le second étage de son perchoir, il vit des ombres se rassembler, se rapprocher.
La créature vivait.
Il tourna les talons et fuit. Il allait la combattre selon ses termes.
***
Le Proctor Lukas de l’Arbites se recula derrière une charette alors que la barricade était finalement enfoncée, cédant sur elle-même alors qu’elle se liquéfiait d’un processus de décomposition accéléré ou bien par l’application de gaz acides ésotériques.
Les deux maisons dans lesquelles il avait placé ses hommes brûlaient à cause des feus toxiques relâchés par les esclaves xénos. Ceux-ci avançaient désormais en une horde infinie entre les bâtiments, s’apprêtant à entrer dans la zone d’extermination qu’il avait créée.
À leur crédit, les miliciens et quelques braseros à l’intérieur tinrent bons malgré les flammes qui dévoraient leur couvert. Ils savaient que l’une des offensives ennemies les plus importantes passaient ici et leur sacrifice ne serait pas en vain.
Mais les esclaves défoncèrent des portes et commencèrent à investir les fortins de fortune malgré leur absence de résistance. Ils fouillaieraient, et frapperaient les défenseurs avant qu’ils ne puissent refermer le piège.
“Ici! Ici bande d’hérétiques!” gronda Lukas.
Il épaula son fusil Vox Legi et ne fit qu’un avec les cogitateurs intégrés de l’arme. Il serra la détente, sentit l’impact répété de l’arme contre sa cuirasse. Une rafale complète fut envoyée dans les rangs ennemis et l’expertise développée par le proctor dans ses missions de contrôle de foule paya.
Aucun plomb ne fut gaspillé. Une dizaine d’hérétiques s’effondra dans une gerbe de sang et de cocktails ésotériques. Ceux qui allaient entrer s’immobilisèrent et ramenèrent leur attention vers le tireur. Parmi les esclaves, ceux qui portaient des fusils à verrou ou des mousquets ouvrir le feu de façon absente. La charette derrière laquelle le proctor se cachait se fit secouer d’impacts, des éclisses de bois le touchèrent. Un boulet de plomb percuta son épaulette sans effet.
Il ouvrit le feu en reculant, sentant la bile monter dans sa gorge et nuisant à sa concentration face à la révulsion absolue qu’il ressentait face aux horreurs relâchées par les xénos. Il vit une de leurs constructions obscènes, une boule de chair flottant sans en avoir le droit. Celle-ci était entourée de plaques de bronze oxydé qui roulaient autour d’elle, le protégeant instinctivement. Puis une des plaques fila vers Lukas, projetée par une puissance invisible.
Celle-ci faucha la charette et se logea dans un mur de pierre dont la maçonnerie se fissura jusqu’à la toiture.
Une autre rafale, et le proctor fila dans une ruelle étroite entre deux maisons.
“Nord-Nord Ouest tombé! Je répète! Nord-Nord Ouest tombé!”
Le soldat du 7ème était valeureux, faisant des rapports malgré qu’il fut seul dans la cambrousse, menant sa propre guerre pour limiter le nombre d’ennemis perçant les murs.
Lukas regarda le compteur de son fusil. Celui-ci scintillait rouge avec 6 coups, perçant avec obstination la poussière qui tapissait son équipement.
C’est alors qu’il entendit du bruit sur sa droite. Il pivota. Nord-Nord Ouest submergé.
Ouais, en effet.
Il en voyait les premiers effets. Une structure étrange, de deux mètres de côté, une forme de triangle aux angles obscènes, flottait dans sa direction. Une simple feuille de tôle noire, dont les arrête étaient nimbées d’une foudre immonde.
Derrière la chose, une horde entassée de servants décérébrés.
Il épaula son fusil. Un seul tir. Il fit feu.
La foudre illumina la chose.
Et sa volée de plomb trouva sa propre armure, perça la moindre des failles de sa cuirasse ou percuta les zones les moins renforcées. Il tomba sur le dos sans parvenir à crier, le souffle coupé et resta sonné un moment.
Assez longtemps pour voir la horde l’enjamber après avoir sentit les ondes anti-gravitationnelles de la feuille triangulaire, laquelle tourna le dois. Lukas se redressa, s’adossa contre un mur de pierre humide, et se releva tranquillement, sentant son sang chaud couler de ses nombreuses plaies. Il épaula son fusil.
6 coups.
Il déchargea l’arme dans la horde, la fauchant. Ceux-ci pivotèrent pour faire feu alors qu’il n’avait pas encore relâché la détente. L’un d’eux fut décapité par une volée de plombs avant qu’il ne finisse de serrer la détente, son tir percutant la pierre près du proctor. Un boulet de plomb le saisit en pleine poitrine contre une plaque d’armure craquelée et força l’arbitrator à faire un pas derrière.
Le dernier hérétique s’écroula, et l’officier de l’Adeptus Arbites tomba au sol.
***
Harp vit le phare décharger la foudre. Il avança entre des tonneaux pourris et de larges pierres, se mettant à couvert et évitant une patrouille des malheureux asservis à la volonté des xénos. Une autre de leur création obscène les accompagniat. Comme un arbre dénué de feuilles, seulement deux mètres de haut, mais aux nombreuses branches de cuivre et de chair pulsantes s’étirant comme autant de tentacules nimbés d’énergie non-euclidienne.
Stefan savait qu’ils devraient occuper les défenseurs de cet endroit assez longtemps pour se rendre au Phare, et il ne comptait pas tester combien d’ennemis il y avait dans l’habitation qui était juxtée.
Il regarda Clemens, et ce dernier acquiesça. Ils allumèrent puis lancèrent un cocktail incendiaire dans une direction opposée à celle qu’ils iraient chercher. Un moment plus tard, la patrouille décrébrée alla investiguer les feux près des fourrées.
“Vite! Vite!” maugréa Harp.
Il lança son grappin sur le rebord du toit, puis accrocha sa veste à ce dernier. Les bottes des trois grattèrent la pierre couverte de lichen et ils arrivèrent au toit. Une fois sur ce dernier, ils commencèrent à progresser vers la tour.
Ils furent interrompus par la première réponse des esclaves de chair des xénos. Ceux-ci épaulèrent armes automatiques et tromblons, relâchant un torrent de mort métallique vers les gardes impériaux. L’un d’eux fut frôlé à sa cuirasse et Harp reçut une balle directement dans le gorgerin de son gilet pare-balles. Mais il avait vu pire et il ne se laisserait pas ralentir par une si simple opposition. Lui et ses hommes épaulèrent leurs carabines lasers et relâchèrent un torrent de rayons d’énergie qui fauchèrent leurs assaillants.
La créature de cuivre n’était pas avec leurs ennemis et cette réalisation soudaine en fut immédiatement accompagnée des conséquences. La foudre s’abattit sur la petite escouade et Clemens fut le premier à mourir.
Stefan vit son squelette s’iluminer au travers de sa silhouette alors que celle-ci était vaporisée dans une brise graisse nauséabonde. Martine eut le temps d’épauler son arme et mourir en rugissant de défi avant qu’elle n’explosa sous la décharge non-euclidienne qui la happa.
Secoué par la mort brutale et spontané de deux de ses proches partenaires, le caporal Stefan Harp cessa de réfléchir. Il se mit à avancer, faisant feu à la hanche. Son arme était en puissance maximale, sa batterie se vidant à pleine vitesse. La silhouette de cuivre de plomb, cette construction obscène, commença à perdre de ses appendices. Elle fit feu de nouveau mais Harp avait prévu le coup et il fit un pas de côté au moment ou la décharge se libéra du coeur organique de l’indicible créature.
Une dernière rafale, cette fois à bout portant, et il envoya la silhouette dégoûtante en plongé en bas de la maison, avant qu’elle n’explose et se consume dans un vomit acide. Harp leva les yeux vers la tour, lança son grappin, et s’apprêta à terminer sa mission.
***
Valerius savait qu’elle était proche. Il sentait son aura de révulsion, les frissons qui parcourent son corps, les sueurs froides, le goût de la bile omniprésent dans sa bouche. Il ferma la porte derrière lui et fit irruption dans la cuisine. Son regard analytique se posa sur les différentes opportunités. Une lampe à l’huile dans ses derniers instants, laissant la lueur espérante d’un aube meilleur.
Un système de chauffage à l’huile.
Il sourit.
Il n’avait pas de temps à perdre, et il usa de tout ce qu’il avait appris dans son entraînement au sein des troupes de choc de l’Ordo Goriae pour effectuer la modification dont il avait besoin. Un coup de couteau, et il exposa la masse principale de l’huile. Un autre coup de couteau,et quelques verres et conducteurs et il répandit la masse inflammable dans la pièce. Il posa en équilibre précaire la lampe à l’huile et y accrocha un fil à la poignée de la porte qu’il avait emprunté pour entrer ici.
Il s’apprêtait à sortir lorsque son ennemi le rattrapa.
Mais plutôt que de franchir par la porte comme Valerius se serait attendu et le décevant en n’activant pas le piège, le xénos fit irruption au-travers du mur se trouvant entre le système de chauffage et la porte. Le contre-plaqué et la tapisserie s’égraignèrent, immédiatement emportés d'entropie accélérée.
Valerius serra les dents et se jeta hors de la fenêtre d’un mouvement sec.
Il épaula son fusil, faisant confiance en son implant d’assistance et son entraînement pour atteindre la petite cible qu’était la lampe à l’huile.
Il tomba à l’extérieur en appuyant sur la détente. Il sentit ses réflexes et son positionnement ne faire qu’un avec son arme alors que les connexions neuronales de son esprit et de son implant s’alignaient.
Une boule de feu colossale saisit la maison.
Un cri strident. Inhumaine. Une rage froide.
La silhouette faite de ténèbres luttait contre la lumière des flammes, puis l’acide et la vermine entremêlés ne purent lutter au torrent d’huile enflammée qui chutta depuis le bassin de rétention. La créature fut plaquée au sol sous un torrent de mélasse inflammable et malgré ses tentatives d’en sortir, elle fut plaquée au sol pour la maison endommagée par le conflit et le passage des âges qui succomba finalement au braser qui emportait sa charpente.
Ses cris s’arrêtèrent, alors que Valerius observait tétanisé le brasier duquel il avait honoré sa proie. Il éjecta la douille de la chambre de son arme, glissa un nouveau chargeur dans son fusil de tir de précision, et observa le carnage dans une posture souple et décontractée.
***
Trentia reçut la frappe du Phare de plein fouet. Une énergie dévastatrice qui la heurta, submergea son champ de force et vaporisa les troupes en opposition autour d’elle. Les fourrées desquelles émergeaient les troupes ennemies prirent feu, de même qu’un pâté de maisons derrière elle, transformant la ville côtère de Praxis en un enfer terrestre.
Son armure absorba le gros de l’impact et elle fut paralysée un bref moment par l’énergie électrique rampant dans ses muscles et synapses. Dans son heaume, elle sentait la chair brûlée et l’odeur de la lymphe qui ruisselait. Elle poussa un cri de douleur et de consternation et fonça sur l’autre engin ennemi. Son arme tronçonneuse s’abattit sur ce dernier alors qu’elle bondissait hors du chemin de son rayon désintégrateur. Elle fracassa la créature et fut aspergée d’acide. Elle vit des dents de son épée se consumer, le sentit l’air circuler dans l’armure souple de sa cuirasse, et elle chancela face à la force sappée hors des actuateurs de son armure.
Elle pivota, son chien achevant la bête qu’il avait été envoyé confronté, lui-même fumant des acides qui rongeaient la céramite couvrant les organes fragiles de sa forme première. Hors des fourrées enflammées, de simples rumeurs dans la fumée se mélangeant avec la brume, une nouvelle horde d’ennemis déambulait vers eux, leurs armes faisant déjà feu.
Le confesseur clama son défi aux cieux, seul au sein des corps déchiquetés de ses fidèles et ennemis.
“Empereur-Dieu! Je suis votre servant! Mes services attendent votre jugement!”
Il était à genoux, levant son aquila vers le firmament.
Le phare se déchargea de nouveau et creusa un fossé de sable vitrifié à l’endroit ou fut Cyril un moment plus tôt.
Une balle ricocha contre Trentia. Une faux mordit contre son épaulette. Son arme tronçonneuse bisecta un premier adversaire et une contre-attaque s’enfonça dans la tête de deux autres. Son chien bondit à sa suite, alors que les miliciens survivants sur les remparts reprirent le combat, leurs armes tonnant de façon éparpillée mais prélevant leur tribu dans les opposants de l’Arch-Militante.
Son coude fracassa une mâchoire, son arme nota un arc de cercle qui en décapita deux autres. Elle trancha le détonateur d’une grenade à fragmentation et pivota le corps de son porteur à temps pour qu’elle explose et ne relâche un torrent de morts vers ses semblables.
Une larme trouva un chemi dans son gorgerin et lui arracha une larme de sang. Le liquide chaud commença ensuite à se répandre dans son cou puis sur sa poitrine. La garde de son épée tronçonneuse défonça le crâne d’un autre ennemi avant que la lame ne morde la gorge d’un autre dans le même mouvement.
Gauche à droite. Bondit, saute, pare, contre-attaque, plaque, écrase, coup de genoux, taille grossière. Ses ennemis s’effondraient autour d’elle, leur sang brûlait sa cuirasse, perçait ses actuateurs, mordaient sa chair. Elle posa un genou au sol.
La foudre retentit de nouveau depuis le phare. Trentia leva les yeux pour accueillir la mort.
***
Stefan Harp fut plaqué contre une poutrelle du phare, l’énergie crépitant son corps, rampant sur les murs environnant et semant les flammes ou elles n’avaient pu l’atteindre. Il poussa un râle de douleur en tombant à genoux, tâtant le sol malgré sa cécité instantané à la recherche de son ceinturon de grenades.
Il rampa dans la tourelle, s’approchant malgré lui de la masse pulsante de l’arme xéno. C’était un cylindre de chair implanté de filaments d’acier qui se connectaient à la structure du phare, et qui plongeaient vers le panneau de contrôle électrique du bâtiment, tirant son énergie de ce dernier.
Harp savait qu’il ne pourrait détruire cette abomination en lançant les explosifs et en espérant pour le mieux. Il devait prendre son temps de les placer, alors que la chose s’illuminait de nouveau d’un tonnerre dévastateur.
Il leva les yeux, sentant l’abominable intelligence xéno dans cette machine obscène concentrer toute sa volonté de destruction dans sa direction.
“Empereur pardonne-moi” murmura-t-il face au prospect de ne pas finir son travail. C’est alors un grondement étrange parvint de la mer. Parvint de l’ancien continent.
Le grondement traversa la brume, la plainte fautive qu’émettrait un dieu tentant une dernière fois de se faire connaître. Le sol trembla. La structure de la tour se fissura. Malgré lui, Harp regarda au-delà des vagues.
Il vit l’impossible. Il vit des doigts surgir du cratère qu’était la seconde masse continentale de Royaume de Johams, cet endroit interdit suite à un exterminatus inquisitorial depuis des générations. Il vit la chair de la créature extradimensionnelle, une multitude d’écailles s’ouvrant et s’affaissant au rythme du souffle d’un dormeur. Le bout des doigts, des gueules béantes bardées de crox cristallins, retombèrent pour mordre dans le sol alors que la main s’agitait pour trouver ce qu’elle eut autrefois perdu.
Il avait le sentiment que le moindre des pores de sa peau s’agitaient et se reconfiguraient sympathiquement à cette vue indicible.
Stefan se secoua. Il avait uriné dans ses pantalons, il était tremblant de terreur face à l’entité cosmique révélée, mais il n’avait pas le temps de faire autre chose que se concentrer sur sa mission. Il remarqua que même l’engin Slaught avait ramené son attention vers la créature en peine de l’autre côté du détroit.
Elle fit feu. Et le tir percuta la chose, lui arracha un nouveau gémissement et l’encourageant à retourner dans le trou qui l’avait laissé quitter.
Stefan remercia l’Empereur pour cette diversion et connecta les fils.
Le détonateur ne s’activa pas.
“Merde!” gronda-t-il. Il sentit alors l’attention électrisante de la chose se retourner sur lui.
“Merde de merde!”
Il tira la goupille. Au diable le timing. Ça exploserait comme ça exploserait.
Il s’agrippa à son grappin et se jeta dans le vide, confiant que son équipement le retiendrait.
L’explosion secoua la tour, arracha de la maçonnerie et projeta des morceaux de charpente dans un torrent de destruction. Un instant plus tard, l’engin tenta de faire feu mais les dégâts catastrophiques à sa structure résultèrent en une réaction en chaîne cataclysmique.
La tour explosa et Harp fut secoué d’une décharge d’énergie qui lui brûla l’air dans les poumons. Il perdit connaissance mais fut ramené à lui lorsque son harnais vint percuter le flanc de la tour du phare avec une force qui aurait tué un humain ne portant pas un minimum d’armure.
Ses côtes se fracturèrent et il poussa un cri d’agonie. Il était bien en vie.
Il se détacha, retomba sur ses pieds devant le phare enflammé, et regarda un moment son oeuvre.
Il fit l’Aquila, recommendant l’âme de Martine et Clemens à Sa Majesté Qui Règne Sur Terre.
“À bientôt, bande de chanceux”
***
Des fantômes.
Des mémoires distantes d’un temps meilleur.
Un temps ou le rire des enfants se mélangeait au hennissement des chevaux, aux cloches qui sonnaient depuis l’Église ou bien au crapahutement des moteurs des premières voitures attirant le regard des curieux comme des envieux.
Maintenant, plus rien. Seulement le craquement des flammes qui rongent les demeures sans se soucier des générations qui y grandirent. Seulement le fracas de la maçonnerie qui abandonne après des décennies de dur labeur pour s’abattre dans les ruelles dans une cascade de mortier effrité.
Seulement les cris d’agonie et les miaulement des endeuillés.
Mais pas pour l’Inquisition.
Praxis ne pourrait supporter une autre attaque. L’équipe d’intervention spéciale devait neutraliser cette menace.
Ils étaient rassemblés au pied de la chapelle effondrée, abattue par un tir de l’arme xéno que Harp avait neutralisé. Le 7ème Leororam n’avait que que 4 morts en combinant les hommes de Gorgon et ceux de Harp, mais la compagnie des Braseros et la capitaine Agathe Dye elle-même avaient été en totalité éliminés alors qu’ils tentaient d’endiguer la percée au nord-ouest de la ville.
Couverts de boue, de suie, de sang, de poussière, courbés sous le poids du devoir, les agents de l’Imperium s’apprêtaient à définir la prochaine étape pour servir le Trône.