La Disgrâce d'Achilus

Prélude à la Disgrâce

La Croisade Achilus est une vaste entreprise, si prodigieuse qu'elle retient l'attention des Hauts Seigneurs de Terra eux-mêmes. En tant que tel, Lord Tetrarchus sent le regard de pouvoirs bien plus élevés que lui, et a plus à prouver que n'importe quel homme, à l'exception de ceux surdoués, certains diraient maudits, portant le titre de « Maître de Guerre ». Des centaines de mondes subsisteront ou tomberont ; des milliards de guerriers fidèles vivront ou mourront, tout cela selon la parole du maître de la croisade d'Achilus. L’effort militaire et logistique requis pour maintenir la croisade est si énorme qu’aucun organisme administratif ne possède une vision complète. Des milliers de régiments de la Garde Impériale se sont engagés dans le conflit, mais rares sont les honneurs de bataille qui ont été confirmés ou autorisés à être célébrés sur les mondes de leur fondation. Sur les dizaines de régiments cadiens engagés dans la croisade, seuls deux ont été décorés par exemple. Pour chaque régiment dont les efforts et les sacrifices sont officiellement reconnus, des centaines d’autres ne sont pas célébrés, la mort de milliers d’hommes et de femmes courageux n’est ni marquée ni déplorée.
Le nombre de gardes impériaux introduits dans ce hachoir à viande sans fin ne peut être que deviné. Au début de la croisade, il est possible qu’un milliard de soldats aient marché pour reconquérir Jericho Reach. Alors que la croisade se retrouvait confrontée à une opposition bien plus grande que prévu, ce nombre augmenta régulièrement jusqu'à ce qu'environ quatre milliards de soldats soient en action. Les meilleures estimations de l’Officio Munitorum suggèrent qu’avec l’engagement des réserves de théâtre formellement retenues par le seigneur militant Achilus, jusqu’à six milliards de soldats pourraient être opérationnels. Combien d’entre eux servent dans des unités de combat de première ligne et combien dans les échelons de soutien et les armes de service est une question de débat houleux, quoique finalement futile, parmi les adeptes de l’Officio Munitorum. Comme si le nombre de personnes impliquées dans la croisade n'était pas assez stupéfiant, les planificateurs stratégiques doivent également faire face à la nécessité de cacher la véritable nature de la bataille à tous, à l'exception des plus hauts dirigeants du secteur Calixis.
Si les gouvernements planétaires de ces mondes découvraient que les dîmes toujours croissantes de guerriers et de matériel étaient déployées pour la défense d’un secteur de l’autre côté de la galaxie, ils pourraient très bien hésiter devant le prix élevé qui leur est exigé. Même s’ils pouvaient comprendre la véritable nature de la Porte Warp de Jéricho-Maw et la menace posée par son utilisation par les ennemis de l’humanité, les dirigeants des mondes de Calixis pourraient se rebeller ou désespérer. C'est bien loin, croit-on, de leur refuser des vérités qu'ils ne peuvent pas ou ne veulent pas comprendre. À cette fin, la grande majorité des serviteurs impériaux envoyés dans le Jericho Reach ne reviennent jamais. Les vaisseaux spatiaux ne parcourent que des tronçons relativement courts dans une chaîne d’approvisionnement divisée en dizaines d’étapes. Même les serviteurs les plus haut placés ignorent largement la vérité, et ceux qui ne le sont pas ont tendance à évoluer dans des cercles sociétaux si contraints que la nouvelle sort rarement au-delà de ceux autorisés à le savoir. Même lorsque la nouvelle s’échappe, rares sont ceux qui prêtent attention aux divagations touchées par le vide d’une personne récemment revenue d’une zone de guerre lointaine. Pour le sujet impérial moyen, les mondes d’un même système planétaire sont lointains et obscurs, et un secteur voisin incompréhensible. Si un officier de marine prétendait avoir servi de l'autre côté de la galaxie, la plupart de ses pairs hocheraient simplement la tête en signe de sympathie et lui serviraient un autre amasec.
Bien entendu, toutes les ressources de la croisade ne proviennent pas du secteur Calixis, car cela le soumettrait à une ponction intolérable. Des régiments individuels sont levés pour servir dans la Crevasse depuis des mondes aussi éloignés que Cadia et Mordia, acheminés par la porte Warp de Jéricho-Maw et n'ont plus jamais de nouvelles. D’autres matériels, depuis les blocs d’alimentation des fusils laser jusqu’aux batteries de défense orbitales, sont produits dans des dizaines de secteurs selon un système de réquisition incroyablement complexe impliquant une armée de scribes presque aussi nombreuse que la croisade elle-même. En vérité, l'Imperium est si vaste, l'existence quotidienne si dure et ses structures de pouvoir si stratifiées et ses systèmes d'administration et de production si alambiqués que même les faits les plus évidents sont délibérément ignorés ou écartés au profit de l'obéissance aux ordres, de l'accomplissement de son devoir et de l'absence d'invocation. la colère des surveillants. Bienheureux l'esclave qui apprend à aimer le fouet.

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