Eochasses

Si les brumes grimpantes de Vertoile ont toujours constitué un danger omniprésent et meurtrier pour le peuple Cenn, l’invention des éochasses au début du second siècle a permis aux habitants des cîmes de réduire leur impact de façon significative, tout en donnant à leurs villages l’allure de cerf volants mécaniques.    

Usage et fonctionnement

Les éochasses sont de grandes hélices en bois et en toile qui agissent comme des ventilateurs : lorsqu’on les met en marche, leurs larges pâles créent un puissant courant d’air descendant. Comme on les place sous les habitations, le long des immenses troncs d’arbres qui supportent les villages équipés, elles permettent de faire refluer les dangereuses marées ascendantes de hye. Elles sont également efficaces contre les grands nuages de speck, lorsque ceux-ci remontent trop haut. La gooj est trop rapide et latérale pour être ainsi repoussée, mais heureusement ses incursions en altitude sont très rares.   Pour les faire tourner, les Cenns construisent des éoliennes au-dessus des habitations, dont le rôle est de capter l’énergie du vent qui survole la forêt. Celles-ci nourrissent un système de poulies qui fait remonter de lourdes ancres le long du tronc. Lorsque les brumes menacent, on libère une ancre après l’autre pour activer les éochasses. Une fois le danger écarté, on les fait monter à nouveau…  

Manufacture

La technologie est assez rudimentaire, dans le sens où elle fait appel à des matériaux faciles à trouver dans la forêt. Le solide et souple bois de jompe de l’Orée est préféré pour les cadres, même si on peut se contenter d’autres variétés de bois pour les villages au nord de Vertoile. Les toiles peuvent être tissées ou bien être constituées de cuir animal, selon les ressources disponibles dans les environs. Les ancres quant à elles sont en général en pierre massive, souvent gravées et peintes des symboles du village - et font ainsi office de bannières. On a tendance à les appeler les éoancres.   Il existe peu de parties métalliques, mais celles-ci sont indispensables au fonctionnement du mécanisme. Le far est préféré.   Pour manoeuvrer tout ceci, les villages ont besoin d’ingénieurs spécialisés. Ceux-ci sont chargés de surveiller que les ancres sont toujours au maximum de leur capacité de stockage d’énergie, et doivent pour cela régulièrement déplacer et orienter les éoliennes. Le système au complet doit également être révisé au moins deux fois par an, car les cadres s’usent vite.  

Limitations

Le bon fonctionnement des éochasses est tributaire de l’énergie potentielle accumulée par les ancres. Si toutes les ancres sont basses, les pâles ne tournent plus… Certains villages se sont dotés d’un système d’urgence qui permet aux habitants ou à des animaux apprivoisés d’activer les éochasses manuellement, mais c’est un pis-aller qui ne fait que retarder l’inévitable : si les brumes insistent, il faut évacuer le village. Ces exils sont de toute façon temporaires : une fois l’air pur retrouvé, on peut revenir s’installer chez soi. Ils sont pourtant dangereux, car les brumes sont rapides, et on déplore souvent des victimes si l’ordre d’évacuer arrive trop tard.