Toute la Nouvelle-France

Place Royale, Québec

26 juin 1759   Ce jour-là, les anglais avaient jetés le siège devant Québec, pris possession de l'Île d'Orléans sur laquelle ils avaient placé des batteries d'artillerie pointant vers la ville. Devant Québec, une armada de plus d'une centaine de navires de guerres comptant 30 000 hommes. Québec lui opposait les vétérans de Montcalm, soit 4000 réguliers de Régiments venus de France et 2500 coloniaux des Compagnies Franches de la Marine aguéris par 5ans de campagne lors desquels ils avaient mené des dizaines de bataille, parcouru de long en large la Nouvelle-France et enfoncé les anglais jusque dans les 13 colonies. Ces soldats avaient tellement combattu que le journal de l'une des compagnies du Régiment de Lasarre comptant un peu plus d'une centaine d'hommes répertoriait que parmi ses 19 officiers, aucun n'avait pas encore été blessé et parmi eux, 11 l'avaient été plus de 3 fois, mais ils étaient toujours-là; fidèle au poste et prêt au combat.   La belle Marquise se tenait debout sur le balcon de sa demeure dont la vue donnait sur la Place Royale, les nouvelles n'étaient pas bonne, malgré tout le courage des vétérans de Montcalm, comment ceux-ci allaient-ils résister face à 30 000 anglais? Que faire alors que la rumeur voulait que les canons anglais allaient bientôt cracher des boulets sur toute la ville et qu'un seul tombant au mauvais endroit le jour durant pourrait mettre fin à une Éternité? La belle serra entre ses mains la rampe de son balcon, ne pouvant cacher sa peur devant l'impuissance qui l'envahissait. Son attention s'attarda alors vers un officier des Compagnies Franches de la Marine qui, parmi une foule d'hommes jeunes et vieux, était assis à une table prenant des notes. La belle le connaissait; c'était un ingénieur des Compagnies Franches: Gaspard-Joseph Chaussegros-de-Léry architecte des fortifications de Québec et de Montréal, il en avait supervisé la construction; son jeune fils François 1, déjà en uniforme, le suivait.     Le jeune garçon, dont la tête dépasse à peine la table regarde le registre que rempli son père alors que défile devant lui, un par un, les hommes réunis sur la place.   '' Pierre Deslauriers, milice de Boucherville, avec 89 hommes '' 2 prononça le capitaine de la Milice de Boucherville alors que de Léry notait son nom et le nombre de ses miliciens.   À ses côtés, le petit garçon lisait les noms des villes et des villages notés par son père dans son registre, ses lèvres prononçant en silence les noms, la Marquise lisait sur les lèvres du petit la liste des endroits: St-Jean-sur-le-Richelieu, Saint-Antoine-de-Tilly, Kamouraska, Rivière-Ouelle, Saint-Roch-des-Aulnaies, Trois-Rivières, Montréal, Sorel, Tadoussac, Verchères, Beauport, Cape-Rouge, Batiscan, Berthier, La Malbaie, l'Isle-au-Coudre, Chambly, Longueuil. Lorsque les premières voiles anglaises avaient été aperçu dans l'embouchure du St-Laurent quelques semaines plus tôt, Montcalm missionna alors des officiers pour aller aviser les campagnes de l'arrivée des anglais et lever les milices et, de partout, ils avaient répondu à l'appel de Montcalm, sur une population total de 55 000 personnes (hommes, femmes et enfants), 15 000 avaient marché vers Québec pour grossir les rangs de ses défenseurs: des Outaouais à Kamouraska, de St-Jean-sur-le-Richelieu à Trois-Pistoles, la Nouvelle-France s'était levée comme un seul homme pour venir porter main forme aux vétérans de Montcalm. On compta même parmi eux les abénaquis de Saint-François-du-Lac, les hurons de Wendake et d'autres alliés des premières nations qui étaient au total plus de 1200 guerriers et s'ajoutaient à ce vaste contingent de volontaires: 150 acadiens commandés par Boishébert qui avaient été déporté de leur pays et comptaient bien prendre leur revanche contre les anglais étaient aussi du nombre.   Dans les semaines qui suivront, lorsque les anglais apprendront que les hommes des villages avaient pris les armes, dans le but de les démoraliser, ils brûleront leurs champs, leurs maisons, leurs vies. Leurs femmes et leurs enfants prendront la fuite dans les bois pour se protéger de la fureur des anglais, mais certaines d'entres elles prendront les armes et s'attaqueront aux anglais venus piller leurs villages et brûler leurs églises. Ceux qui résisteront seront massacrés par les anglais, comme le Curé de Saint-Joachim qui sera battu à mort par des Rangers américains alors qu'il était blessé. Les miliciens, impuissants, regarderont les lueurs des incendies qui ravageant leur patrie du haut des ramparts de Québec, sans nouvelle de leurs familles, les larmes aux yeux; mais malgré ce terrible coup de faux de la fatalité, aucun ne quittera son poste. 3  
1- François Chaussegros-de-Léry avait 6ans lors du siège de Québec; il y participera comme servant de canon et survivra à la difficile campagne tout comme son père il est fait prisonnier par les anglais, il sera envoyé en France avec les officiers français après la reddition de la ville. Il fera une brillante carrière d'ingénieur militaire, comme son père; et il reviendra en Amérique alors qu'il sert aux côtés de Lafayette durant la guerre d'Indépendance Américaine, puis participera à la Révolution Française en rejoignant les troupes révolutionnaire puis, il deviendra Général sous les ordres directe de Napoléon et il participera à toutes les grandes batailles de l'historique général et, pour ses services, son nom sera gravé sous l'Arche de Triomphe à Paris, à ce jour, il est le seul natif de Québec à avoir reçu cet honneur.

2- Pierre Deslauriers est le véritable nom du Capitaine de la Milice de Boucherville, il sera blessé à la bataille des Plaines d'Abraham et mourra de ses blessures à l'hôpital général de Québec, il sera enterré dans la fausse commune à côté de l'hôpital et, à cet endroit, sera érigé le Mémorial de la Guerre de 7ans, sur lequel figure son nom.
3- Wolfe, le commandant anglais, ordonnera de brûler tous les villages de la Côte de Beaupré et de la rive-sud de Lévis jusqu'à Kamouraska. La population se retrouvant sans demeure et sans nourriture trouvera refuge dans les bois. Il y aura certains villages qui résisteront, mais avec seulement les veillards et les femmes pour les défendre, les anglais les écraseront. L'objectif de Wolfe est que les miliciens veuillent quitter la ville de Québec pour aller défendre leurs familles, mais la stratégie sera un échec, les miliciens resteront à leur poste et les registres militaires rapportent un nombre anecdotiques de départs de miliciens. Plusieurs villages ont érigé des mémoriaux énumérant les victimes civiles des soldats anglais ayant été massacré par ces derniers lorsqu'ils détruisirent leur village.

Commentaires

Please Login in order to comment!