3- Pisteuses traquées

Le ciel flamboyant avait laissé la place aux pourpres sombres et constellées d’étoiles multicolores tandis que la lune annulaire couvrait maintenant les deux soleils. De vieux sapins nous entouraient désormais parmi les rochers, rachitiques, desséchés. Ils faisaient planer dans l'air une ambiance de mort et de désolation aussi pesante qu'ils étaient la preuve de l’insoupçonnée vivacité encore présente en ces lieux.

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Cinq heures que nous suivions la trace magico-odorante laissée dans le village par peu importe ce qui avait pu faire disparaître les habitant·es.

Xelia s'arrêta net à la présence que chacune d'entre nous avait pressenti, dans notre corps, notre sang et nos os. Je n'avais jamais vu mon ougrise adorée si terrorisée. Ses poils dressés comme des piquants de hérisson, les babines retroussées dévoilant une dentition carnassière plus qu'acérée, elle tournait en tous sens, agitée. Son regard, nerveux et effrayé, ne parvenait pas à localiser la source d'un danger qui nous semblait, à toutes, particulièrement imminent.

Rien. Plus exactement : ce silence, un silence ponctué de brusques craquements d’écorce et de claquement de bois éclaté. Fendu à pas de géant sur les troncs d'arbres.

À seulement quelques encablures, les arbres semblaient se liquéfier, paraissaient s’assembler ensemble en gerbes de bois, fagotés par magie comme des ponts supportant les pas de l'invisible.
Un fragment de seconde.
Tout ce qu'il nous fallût pour détaler de toute notre vitesse à la recherche d'une échappatoire. Vite, toujours plus vite alors que nous étions poursuivis par les pas de la mort elle-même.
Les déflagrations magiques étaient bien à nos trousses, régulières. Leur lenteur était aussi angoissante que la distance qu'elle parvenait à parcourir à chaque pas. Courant devant à pleine vitesse, nous allions tout de même être rattrapées.