Arrivée à bon port

Tout au long de la route sinueuse qui descend vers le village, les Héros peuvent remarquer de nombreuses calèches luxueuses situées à proximité du port. Lorsqu ’ils arrivent à quelques centaines de mètres de l ’entrée du village, ils sont abordés par une importante patrouille d ’hommes en armes. Une fois encore, l ’invitation sera un magique sésame. Les soldats se chargent de les conduire jusqu ’au port en leur expliquant que le carnaval auquel ils sont conviés a lieu sur une île proche portant le même nom que le village.
Ils embarquent dès lors dans un navire de taille moyenne à bord duquel il est possible de côtoyer une partie de la plus haute noblesse de Théah : boyards ussurans, officiers montaginois, érudits castillians, etc. Tout ce beau monde cohabite de manière plutôt paisible. La traversée dure une heure. Pendant ce temps, il est aisé d ’en apprendre plus sur le carnaval d ’Assina : référez-vous à l ’historique page 5 pour divulguer les informations aux Héros.

Histoire du Canival

Il y a plus de deux cents ans de cela, un noble argenté, Armando d ’Arrezo, fondateur d'Assina , eut l ’idée de créer de toutes pièces une ville de rêve sur une petite île inhabitée située au sud de ses terres. Nommée comme le village de pêcheurs permettant d ’y accéder, Assina demanda dix années, des milliers d ’hommes et la fortune entière d ’Armando pour être créée. Alors que la dernière pierre venait d ’être posée, au moment où le pied du dernier ouvrier quittait le sol de cette île étonnante abritant une ville sans habitant, Armando d ’Arrezo rendait l ’âme, victime d ’une attaque tout aussi soudaine que mortelle.

Sa fille et unique héritière, Rébecca d ’Arrezo, eut pour charge de devoir éponger les immenses dettes accumulées par son père pour achever un rêve qu ’il ne vit jamais terminé. L ’état de sa fortune ne lui attira aucune demande de mariage, et nombreux furent les créanciers à guetter sa chute, espérant ainsi fondre sur les terres familiales. Contre toute attente, Rébecca d ’Arrezo eut pourtant une idée de génie qui sauva son nom et sa fortune.

Lorsqu ’elle vendit le peu de biens qui lui restaient encore, nombreux furent ceux qui pensèrent que la fin était proche. Lorsqu ’elle épousa un roturier, un artisan reconnu pour son talent à confectionner des masques de bal, plus nombreux encore furent ceux qui pensèrent qu ’elle avait perdu la raison. Puis vinrent les premières invitations…

Les plus grandes personnalités de Vodacce se virent conviées à venir vivre une semaine dans la ville d ’Assina au rythme d ’un long carnaval. La plupart des nobles vodaccis, poussés par la curiosité, répondirent à l ’invitation, accompagnés de leurs gens afin de prévenir une éventuelle action hostile à leur égard. Les villageois d ’Assina se transformèrent alors, l ’espace d ’une semaine, en autant de serviteurs faisant enfin vivre une ville jusqu ’à présent inhabitée. Les bâtiments résonnèrent des cris et des rires d ’une foule nombreuse et joyeuse. Une semaine durant, Assina accueillit plus de deux mille habitants. Une semaine durant, un fantastique carnaval emplit les rues de la cité. Ces sept jours de festivités s ’achevèrent par le plus magnifique des bals masqués, des loups de toute beauté, uniques et originaux, ayant été créés par l ’époux de Rébecca pour cette grande occasion.

Le succès de cet évènement permit à Rébecca de trouver de nombreux mécènes prêts à investir dans l ’espoir de participer l ’année suivante. La magnificence des masques fit la renommée et la rapide fortune de la famille d ’Arrezo. Au fil des ans, le carnaval prit toujours un peu plus d ’ampleur.

Désormais le carnaval d ’Assina est devenu un monstre étonnant. Les semaines le précédant, des centaines de villageois viennent vivre sur l ’île afin de remettre les lieux en état et de les préparer pour les convives et leur suite. Des boulangers relancent les fours, les bruits de marteaux des forgerons résonnent de nouveau dans les rues et durant cette semaine préparatoire, les quais sont encombrés d ’innombrables barils de vin, de caisses de fruits, de pièces de bétail attendant d ’être abattues pour nourrir les futurs arrivants.

Alors que nul ne vit sur cette île durant l ’année (en dehors d ’une centaine de gardes veillant à ce qu ’aucun malandrin ne vienne profiter des lieux), la population va passer à près de dix mille personnes au début du carnaval : environ sept cents des individus les plus nobles, les plus érudits, les plus riches ou les plus célèbres de tout Théah arriveront accompagnés de leur suite (limitée à une dizaine de personnes au maximum afin d ’éviter trop de débordements), mais aussi de quelques centaines des plus fameux bateleurs du continent, de quelques dizaines de cuisiniers d ’exception, etc.