Following
Sage RougeQc
Francis Soulard

Table of Contents

Chapter 1: La Bataille de Fort Carillon Chapitre 2: Le Mythe Scène cachée

In the world of Nouveau-Monde

Visit Nouveau-Monde

Ongoing 2309 Words

Chapitre 2: Le Mythe

134 0 0

La Naissance d'un mythe

Immédiatement après la bataille, je fis affecté à la garde de la rade en contrebas du fort avec les autres officiers des Compagnies Franches afin de charger les blessés qui ne pourraient plus combattre afin de les rapatrier à Montréal.  C'est alors que D'Avesnes-des-Méloizes apparu avec le fameux pavillon qu'eut brandit Montcalm durant la bataille puis, au même moment où nous allions le mitrailler de question; un étrange personnage bondit du pont du sloop sur lequel nous chargions les blessés et il s'adressant à au trio d'officiers composés de moi-même, Des Méloizes et Legardeur.

'' Messieurs, je vous félicite pour cette éclatante victoire.  Je suis ici pour vous rapatrier à vos maîtres qui insistent que votre présence est nécessaire afin d'organiser la défense de Montréal et Québec. '' dit-il

Ils avancèrent une protestation d'un '' Mais... '' et n'eurent pas le temps de terminer leur phrase que le personnage cracha un '' Montez! '' sur le ton d'une implacable invective.  Sans réfléchir, je montai avec mes camarades et l'homme se rendit à la barre de son navire.

'' LARGUEZ LES AMARRES! AFFÂLEZ LES VOILES ET FAITES MOI CLAQUER LES GARCETTES DU BEAUPRÉ À LA DUNETTE AHAH! '' comprenant qu'il était le capitaine de ce petit vaisseau.

Il utilisa la Rivière La Chute afin de faire demi tour pour remonter vers le nord sur le Lac Champlain et alors qu'un amas de nuage cachait la lueur de la lune et que nous étions au milieu du lac et qu'un hurlement de loup perça dans le lointain, il dit: '' On a traîné ici assez longtemps messieurs! Êtes-vous prêt à faire un pacte avec le yâb?! ''

'' Un quoi?! '' dis-je

'' C'est vrai, c'est qui celui-là? Il est pas sur ma liste. '' dit le capitaine

'' C'est un prospect pour un ventrue de Québec, ne lui touchez pas mon capitaine. '' dit Des Méloizes

'' T'sais quoi Des Méloizes? J'crois que tu m'empiffres là; mais j'vais manger de ton bluff, mais si tu me chantes la pomme pour protéger un de tes potes officiers; c'est ta maîtresse qui va payer la facture. '' rétorqua-t-il à Des Méloizes

'' Tu peux donc rester à bord mon gars, mais c'est toi qui va signer le pacte avec le Yâb pour qui nous aide à sortir d'icitte. '' ajouta le capitaine sortant un contrat de sa veste et me le tendant avec une plume

'' Tu devrais faire ce qu'il te dit, Léry; sinon personne se rendra à Montréal. '' dit Legardeur

J'arrachai furieusement le document des mains de cet hurluberlu, ainsi que la plume et lu le document qui était par ailleurs très mal écrit et qui stipulait, et je cite: 

Demande des vents d'enfers du Lac Champlain à Montréal jusqu'à l'aurore,

en guise de quoi je vais donner au yâb un des ceuze qui ont tord.

'' Qu'est-ce que cette mauvaise boutade, messieurs? '' dis-je

'' Signe! '' cracha le capitaine de son ton n'invitant pas à la négociation et sans réfléchir, je trempai la plume dans l'une de mes blessures fraîches et signai le bout de papier qui se mis alors à disparaître comme avalé par les ténèbres. Abasourdi, je lâchai le parchemin qui eut complètement disparu avant de finir sa chute.  

L'eau autour de nous, déjà sombre devint opaque et sans aucune transparence et cette marée noire s'étendait doucement autour du navire.

'' AUX HAUBANS MATELOTS, TOUTES VOILES DEHORS ET HISSEZ HAUT!  PLEIN CAPE SUR MINUIT! BLOQUEZ L'CABESTAN QUESTION K'LE YÂB NOUS ATTACHE PAS AU PASSÉ! AHAHA! ''

Le petit équipage du sloop monta aux gréements des mâts du navire, s'échinant aux garcettes.

'' DÉFERLEZ! ''

Alors les voiles se déployèrent comme un seul et, même s'il n'y avait -pas de vent- elles se gonflèrent comme si nous étions en pleine bourrasque, le navire gagna du tirant d'un seul tenant et se mis à glisser sur les flots comme une traîne-sauvage sur la neige puis, je dus me pincer à plusieurs reprises afin de m'assurer que je ne rêvais pas lorsque le navire s'arracha des flots et montant dans le ciel.

'' ALLEZ LES GARS, HISSEZ NOS COULEURS QUE LE SEIGNEURS VOIT NOTRE PAVILLON NOIRS PASSER SOUS SON NEZ COMME UN DOIGT D'HONNEUR ENVOYÉ PAR LES PLUS DAMNÉS DE SES ENFANTS À SA PÂLE CANDEUR! AHAHAHA! ''  hurla-t-il en tenant la barre tel un timonier infernal.

El'Grand Tâssé qui dormait dans la cale avec les blessés arriva sur le pont, et vomis tout son sous pardessus bord, se redressa et réalisa que nous étions dans le ciel et vomis une deuxième fois.

'' AHAHAHAHA Y'EN A D'AUTRES QUI VEULENT ENGRAISSER LES CHAMPS DE LAPRAIRIE?! ''  lança le capitaine

Bien que nous étions ''dans le ciel'', je ne distinguais aucune étoile, il était d'un noir d'encre et seul la lune était droit devant nous.  Nous traversions parfois des nuages comme des écrins de brumes humides.  Je raccompagnai el'Grand Tâssé dans la cale et lui donnai sa flasque de caribou qu'il cala cul-sec.

Tâssé: '' Est-ce que j'ai vu ce que j'ai vu? ''

Léry: '' Non non, tes saoul ''

Rassuré, il s'affala de tout son long et s'endormis comme une roche.  Je remontai à temps pour voir sous nous les lumières du Fort Chambly à l'embouchure du Lac Champlain et de la Richelieu.  Nous remontâmes de Laprairie à St-Hubert jusqu'aux campagnes de Longueuil puis de là, le navire piqua vers le fleuve St-Laurent.  La proue du navire heurta sans ambages les flots, je fis propulsé par devant et m'assommai contre le bastingage. C'est ainsi que je revins à Montréal à bord de la barque du diable.

 

Gardien de mémoires

 

Au centre de la vénérable Maison longue servant d'Élysée à mon allié Ohanzee, Prince de Québec.  J'avais déroulé une grande carte de la Nouvelle-France au sol.  Il était assis face à moi, attentif à mon discours, flanqué de sa Sénéchal Milady, sa Fléau Aliénor, Lazare, son maître des harpies et sa Gardienne d'Élysée, la délicieuse Marquise Rose-Épine.  Ma fille Amarillys m'avait accompagné dans cette épopée ainsi que les trois officiers mortels et goules revenus du front.  Je terminais alors avec éloquence le récit de la bataille de Fort Carillon:

'' Devant ses hommes exténués par une journée de combat, il chevauchant en brandissant le Drapeau du Carillon qui claqua fièrement au vent et provoqua la clameur de toute l'armée du Général qui ralluma les braise de leur courage dans une flamme inaltérable qui allait bouter pour une 7e fois les anglais devant Fort Carillon.   Grâce à cette victoire, Montréal est sauve, les anglais se rabattent vers Albanie et New-York; nous sommes une fois de plus victorieux!  '' clamais-je un pied sur une grosse buche, rapière brandit  

Je pointai alors avec la pointe de ma rapière Fort Détroit sur la carte puis enchaînai: '' Nos nombreux alliés rapportent que les anglais buttent aussi à l'ouest, ils ne progressent pas et leurs troupes, particulièrement les coloniaux, craignent de s'enfoncer dans nos forêts. ''

Je pointai maintenant Louisbourg sur l'île du Cape-Breton: '' Si Montréal est sauve, nous ne pouvons en dire autant de Québec, chers voisins.  Les anglais assiègent Louisbourg, après avoir échoué en 57, ils remettent la partie cette année.  Si Louisbourg tombe; leurs flottes pourront remonter le St-Laurent et ils planteront le siège devant Québec.  ''

Lazare: '' Et que peut-on faire? ''

Léry: '' Les attaquer. '' lança l'officier 

La réplique d'un lieutenant mortel jeta la surprise parmi les sujets de Québec, plusieurs froncèrent un sourcil; d'autres le fixèrent et la Sénéchal demanda: '' Ce mortel est à qui? ''

Je repris les rennes: '' Il s'agit du Lieutenant Joseph-Gaspard Chaussegros-de-Léry, natif de Québec; officier des Compagnies Franches de la Marine; ingénieur militaire. ''

L'officier inconscient de la situation ajouta: '' J'ai participé à l'amélioration des fortifications de Québec et de Montréal, à la construction du fort Chambly et des défenses devant Fort Carillon.  J'ai participé au siège du Fort Oswego puis à la bataille de fort Carillon. ''

Sénéchal: '' Il est à qui? Il a coupé la parole à un officier puis à un Prince; si personne ne le réclame, il aura beau me défiler un portefolio de 10 pages, je l'étripes sur le champ. ''

Un jeune ventrue s'avança aux côtés d'Aliénor: '' Il est à moi, c'est mon protégé. '' dit le jeune Charles-Eustache alors que sa sire lui jeta un regard, surprise.  Par la mine de la fléau, je devinai que le petit Charles venait de s'improviser une nouvelle propriété sur cet officier, ce qui lui avait sans doute sauvé la vie.

La Sénéchal: '' Parfait Charles, si votre protégé coupe de nouveau la parole à l'un de nous, je t'arraches la langue. ''

 

Je repris la parole: '' Il n'y a aucune offense, grâce à ces hommes et leur courage: mon domaine est sauve.  Je préfère encore qu'un brave officier des Compagnies Franches nous partage ses faits d'armes que d'avoir les sbires de la Perfide Albion souillant mes terres. Maintenant que ce léger accroc à l'étiquette est derrière nous; et que nous pouvons nous réjouir de la victoire des troupes de Montcalm; j'aimerais cependant vous faire part d'une nouvelle plus inquiétante.  Les anglais ont reçu des renforts de 20 000 hommes alors que la flotte apportant les renforts de France ont été coulé dans l'Atlantique par la Royal Navy.  Sans ses renforts, Montcalm ne pourra pas marcher sur Albanie, ce qui lui aurait ouvert la route vers New-York.  Pire, le gros des renforts anglais sont devant Louisbourg et menace de faire tomber la forteresse.  Il nous faut agir sinon votre ville sera la prochaine sur la liste de la Perfide Albion. ''

Milady: '' Ce sont des affaires mortelles, ce n'est pas notre combat. ''

Je répondis: '' La Sénéchaussée a raison, ce sont des affaires mortelles.  Nous pourrions les laisser s'étriper jusqu'au dernier... mais derrière les armées de l'Empire vous devez voir les tentacules des vampires de Londres, croyez-vous que nos domaines demeureront aussi calme et serein qu'ils le sont actuellement si, après les armées mortelles; leurs maîtres débarquent chez nous? Croyez-vous que les prochaines générations de mortels qui s'établiront sur nos terres parlerons notre belle langue? Croyez-vous qu'ils honoreront comme nous la mémoire de ceux qui ont foulé ce vaste continent de fond en comble, le baptisant de leurs noms, repoussant ses frontières de leur audace?  ''  Je sentis le ton de ma voix prendre de l'ampleur, mes paroles prendre de l'emprise sur mon auditoire alors que je me laissais transcender par l'effluve de mes mots.

'' FILS ET FILLES DE FRANCE! Nous ne pouvons pas laisser cette Terre qui est la nôtre nous être arrachée sans combattre!  Les villes de ce pays portent nos noms, les rivières nos souvenirs!  Nous y avons mené milles et une bataille, accompli autant d'exploits!  Nous ne pouvons laisser cela être effacé sous les bottes de cet impétueux empire!  Ohanzee, tes fiers guerriers ont combattu avec courage; ils se rallieront à toi si tu le leurs demande à nouveau!  Milady, tes équipages te suivrait jusqu'en enfer si tu le pointait sur une carte!  Aliénor, je sais que tu brûle d'envie d'occire encore ces sals anglais!  Mais où les affronter?  Il nous suffit de regarder la carte: Il nous faut repousser la flotte en rade de Louisbourg.  Avec quelle flotte?  Je viderai mes coffres pour te convaincre s'il le faut Milady! Et avec quelle armée? Des braves acadiens dévalent un peu plus chaque jour en votre ville, dépossédée et chassée de leurs terres, ils rêvent de prendre leur revanche!  De braves miliciens combattent depuis maintenant 4ans, nombreux sont de Québec et des environs!  Pourquoi nous suivraient-ils dans une aussi téméraire épopée me direz-vous? '' 

Alors je sortis de la maison longue en leur faisant signe de me suivre, je montai sur un cheval, ma fille me tendis une longue lance et ils montèrent également à cheval.  Je sortis de l'enceinte au galop sous le claire de lune et fonçai vers la ville et alors que je traversais les Méandres jusqu'aux campagnes de Ste-Foy, je pris la Grande Allée et me tournai vers eux dans notre cavalcade effrénée et leur dit: '' Car nous avons ceci! '' et je déployai le Drapeau du Carillon et le fit claquer au vent en dévalant la Grande Allée jusqu'à la Place d'arme en criant: '' FILS ET FILLES DE FRANCE! QUI EST AVEC MOI?! ''  Alors que nous traversâmes les portes de la citadelle, les soldats des Compagnies Franches qui montaient la garde reconnurent le drapeau de la victoire de Montcalm et répondirent: '' ON EST AVEC TOI! '' et ils furent bientôt imités par les soldats patrouillant le long des courtines et occupant les bastions, dans les faubourgs de Beauport; les réfugiés acadiens répondirent aussi à l'appel, dans la Basse-Ville, les plus humbles ne se laissèrent pas prié; un milicien au crâne rasé sorti de chez lui en criant: '' J'ÉTAIS LÀ À CARILLON! CHU AVEC TOÉ! '' se mettant à taper une grosse mayoche contre la rampe de son balcon.  Puis nous nous arrêtâmes finalement le long de la St-Charles et je dis aux Sujets de Québec: '' Donnez aux hommes de l'espoir, et ils attendront... donnez-leur de la fierté et ils se battront. Armé du symbole d'une telle victoire, des dizaines se rallieront à nous, voir des centaines.  Qui parmi vous est prêt à me suivre à Louisbourg?'' 

Aliénor s'avança la première: '' Comme dans le bon vieux temps à la Fausse, Lawrence. ''

Les trois officiers mortels s'avancèrent aussi, puis D'Iberville s'avança également: '' Avec un nom aussi légendaire, je ne m'attendais à rien de moins de ta part. ''

Ohanzee: '' Ohanzee ne partira pas en mer, mais j'enverrai des guerriers avertir la tribut Micmacs de vous aider là-bas. ''

'' Merci, toute l'aide nous sera précieuse. ''

Please Login in order to comment!