Accident de la porte de Phlegethos

Anthony Orta

No've s'était téléportée avec Zen, Khuzdumaz et Thülaë sur la plaine Rhost à l'Est de l'école d'Ormandus.

Ou est-il ? demanda Khuzdumaz à Zen.

Je ne sais pas exactement, répondit ce dernier. Mais je sais qu'il est par ici.

Thülaë cherchait du regard dans les alentours.

Je ne comprends pas, dit-elle. Qu'est-ce qui te fait croire qu'il se passe quelque chose de si terrible que tu nous traîne tous ici ?

Faites moi confiance, insista Zen. Fend'hor est par ici et j'ai peur qu'il ne soit vraiment allé trop loin cette fois. Je le sens.

Je sais que tu fait plus confiance en ton flair qu'en tes yeux aveugles, rétorqua Thülaë, mais mes yeux ne me montre rien.

Alors utilises ta perception de la magie, intervint No've. Ne sens tu rien ?

Thülaë se concentra un instant puis blêmit.

Si, souffla t-elle. La magie est déchirée plus a l'Est.

Ils se précipitèrent tous dans les profondeurs de la plaine en contournant l'amas rocheux gigantesque. Loin en dessous d'eux, Fend'hor se tenait devant une faille magique qui ne cessait de croître. Aucun n'avait jamais vu de perturbation aussi grande. Un frisson les parcourus. La terreur s'empara d'eux. Le silence était total dans la plaine mais un son sourd venait de la faille, comme un souffle puissant et continu. Ils accoururent aux cotés de Fend'hor mais s’arrêtèrent à quelques mètres de lui. Les mains tendues vers la faille, il était en sueur et semblait épuisé par la peur et l'effort.

Fend'hor ! lui cria No've (la faille émettait un vacarme assourdissant). Met fin à cela immédiatement !

J'peux pas, hurla t-il. J'contrôle plus rien ! Ça fait une heure que j'essaie de refermer !!

Ou mène cette faille ? lui demanda Zen.

Fend'hor hésita et jeta un regard en coin à ses compagnons. Un regard effrayé.

Répond ! lui hurla Khuzdumaz.

C'est... c'est la Toile de Lolth .

Tous restèrent ébahis.

Le quatrième enfer ?! Thülaë n'en croyait pas ses oreilles.

Pourquoi essaies-tu d'ouvrir les enfers Fend'hor ! Khuzdumaz était rouge de colère. Par toutes les barbes as-tu perdu la raison ? Si Ormandus l'apprend il va te...

C'est pas moi qui ai fait ça ! se défendit Fend'hor. J'ai juste essayer d'entrer en contact avec dame Fierna, la maîtresse du feu, afin d'avoir plus de savoir sur la maîtrise du feu des enfers..

Dame Fierna ! Thülaë se tourna vers les autres, plus pâle que ne devrait l’être une elfe noir. La fille de Bélial...

No've explosa et déversa sa colère sur Fend'hor.

Es-tu fou ?! Tu communiques avec une maîtresse des enfers ! Que croyais-tu qu'il arriverai ?

J'ai juste demander un simple rituel d'invocation du feu des enfers, se justifia Fend'hor. Mais elle m'a dupé, il s'agissait d'une ouverture de portail...

Zen s’avança et déroula un de ses parchemins.

Les explications viendront plus tard, dit-il. Il faut nous préparer, le portail est presque ouvert...

Il commença à réciter une incantation en posant le parchemin au sol. Le parchemin se dissipa et créa un immense dôme magique au dessus de la faille et d'eux- même. No've ferma les yeux et réfléchit.

Bon, dit-elle au bout de quelques secondes. Khuzdumaz prépare nous un terrain de combat. Thülaë c'est toi la spécialiste des invocations, tu vas m'aider à refermer le portail. Fend'hor, dans quelques instants, des créatures et des flammes vont sortir de ce portail, fais de ton mieux pour les repousser. Zen je peux te laisser le sort de blocage ?

J'ai mieux, répondit-il. Je vais arrêter le temps à l'entrée du portail.

Ça n’arrêteras pas ce qui en sortira, remarqua Thülaë. Mais ça peut les ralentir.

Tres bien, dit No've. Allons-y !

Tous s’affairèrent le plus rapidement possible. Khuzdumaz fit élever des colonnes de pierre sur lesquelles ils se positionnèrent tous afin de prendre de la hauteur. Pendant que Fend'hor reprenait son souffle, No've et Thülaë effectuaient leurs mouvements complexes afin de sceller la porte. Zen s'assit en tailleur en haut d'une colonne et commença à incanter une puissante formule de temps. Trop tard. Un craquement assourdissant suivi d'un souffle suffocant de fournaise jailli de la faille. Le portail était ouvert. Ils pouvaient tous voir l’intérieur du quatrième enfer. Une terre désolée et en cendre parsemée de volcan et de flammes. Au loin ils apercevaient une tour noire immense au milieu d'un lac de lave. Puis ils virent l'armée de démons qui se dirigeait vers le portail précédée par un béhémoth gigantesque qui pris bientôt toute l'ampleur du portail. Le colosse était à moitié sortit, accompagné par des dizaines de diablotins volant, quand Zen bloqua le temps et immobilisa toutes les créatures.

Fìn Gah Ton Rhost Oert Wu ! Zen se redressa et regarda ses compagnons. Nous avons moins de cinq minutes, je ne pourrais les retenir plus longtemps.

En effet, No've remarqua que le Béhémoth était déjà en train de bouger au ralenti. Les diables qui étaient encore loin lancèrent des colonnes de flammes par dessus le monstre gigantesque dans leur direction. Fend'hor fit des moulinets avec son bâton et guida les colonnes jusqu’à lui pour concentrer les flammes en une grande boule de feu. Mais il n'y parvenait qu'avec difficulté. Il était en train de perdre le contrôle quand Khuzdumaz fit jaillir un énorme geyser d'eau du sol qui vaporisa la boule de feu. Le Béhémoth commençait a reprendre mouvement quand Thülaë lança sur lui un sort de domination universelle et en prit le contrôle. Elle put voir au travers des yeux de la bête et lui faire faire demi-tour et charger en direction de l'armée derrière lui. Pendant que Fend'hor incendiait les diablotins du plus puissant feu qu'il possédait, No've se créa un boucliosphère autour d'elle et se posta juste devant l'entrée du portail. Khuzdumaz vint se poster non loin d'elle et provoqua un séisme à l’intérieur des enfers qui plongea nombres de démons vers d'autres abysses.

Il faut fermer le portail ! cria No've en continuant ses mouvements pour sceller le portail.

Fend'hor invoqua une pluie de météores qui se précipitèrent dans le portail, ravageant les bataillons ennemis. Les diables tuèrent le béhémoth ce qui rompit le contact avec Thülaë. A ce moment, une puissante vague de force les projeta tous a terre et brisant leur colonnes de pierres. Bléssés, il se relevèrent et Fend'hor les regarda.

Fierna approche, dit-il. Elle est en chemin.

Aidez moi ! dit No've. On s'y met tous.

No've, Khuzdumaz et Thülaë concentrèrent leur magie pour fermer le portail qui se résorbait lentement. Beaucoup trop lentement pour être fermé à temps.

On y arrivera jamais, souffla Fend'hor épuisé derrière eux.

Zen, qui ne voyait pas avec ses yeux aveugles mais avec son sens aigu de la magie, marcha d'un pas décidé à l’intérieur de la porte. Les autres le regardaient avec effarement pendant qu'il se dirigeait vers l'armée de diables qui approchait.

Que fais-tu Zen ?! lui cria No've. Reviens de ce coté du portail !

C'est inutile No've, lui répondit-il de sa voix grave et calme. Le moment est venu et je savais qu'il viendrait. Je me suis préparé à cela.

Il déroula un parchemin immense qu'il avait toujours eu avec lui aussi loin que se rappela No've. Zen le mit au sol et monta dessus. Il psalmodia quelques mots et une multitude de chaines sortir de son corps pour aller s'encrer sur les bords du portail. Zen tomba à genou et cracha du sang.

NON ! hurla No've en courant vers lui. Fend'hor et Khuzdumaz la retinrent.

No've restes là, dit Khuzdumaz les larmes aux yeux. Il a fait son choix.

Lâchez-moi ! Il faut l'aider !!

Les chaines étaient en train de refermer le portail de manière très efficace. Un démon gigantesque apparaissait au loin; Fierna. Voyant qu'elle n'arriverait jamais à envahir Abrasia, de rage, elle invoqua une apocalypse de feu en direction du portail qui se refermait.

Je n'arrive pas à arrêter ce feu ! dit Fend'hor les mains tendues en direction de la mort lancée sur eux. C'est fini...

A ce moment, Ormandus en personne apparut derrière eux et tendit son bâton.

FUS MERGORH ! incanta t-il de sa voix puissante.

La vague incandescente fut absorbée par son bâton pendant qu'il repoussait les diablotins vers les enfers de son autre mains. Ses yeux sévères exprimait toute sa puissance. Les chaines du sort de Zen étaient en train de refermer la porte. Il chercha de son regard aveugle No've et lui sourit. Le portail se referma sur un Zen agenouillé et des diables qui s'approchait dangereusement de lui.
No've s'effondra par terre et hurla de douleur. Un hurlement qui déchira la plaine.
Khuzdumaz et Thülaë étaient en larmes eux aussi. Fend'hor était assis par terre, la tête baissée et les yeux rivés sur ces mains, comme si elles le dégouttaient.

Qu'est-ce que j'ai fait... marmonna t-il.

Ormandus les toisa avec compassion.

Tu as fait ce que je vous ai tous encouragé à faire, dit-il la voix lourde et fatiguée. Tu as repoussé les limites de ton art. Tu as vu jusqu’où la magie peut aller. Et l'ombre de Zen est sur moi bien plus que sur toi...

Le grand mage laissa tomber son bâton par terre et fit demi-tour. Plus jamais on ne le revit.

Date de début

-6 514