Journal de bord, L'Auberge du Crépuscule

On m'avait parlé d'un lieu étrange que je voulais absolument visiter : L'Auberge du Crépuscule.
Je l'ai cherché longtemps, car elle à possède la fâcheuse habitude de ce déplacer. Je l'ai finalement localisé dépassé midi. Son aspect délabré m'a d'abord fait hésiter, mais la faim et la curiosité l'ont emporté. J'ai donc établi un camp en attendant la nuit, que la magie opère.
Comme de fait, à la tombée de la nuit l'endroit s'est animé comme par magie. Une fumée aux couleurs impossibles s'échappait de la cheminée, portant des odeurs contradictoires qui me donnaient à la fois l'eau à la bouche et l'envie de vomir.
À l'intérieur, l'ambiance était indescriptible. Des ombres dansantes, des murmures incompréhensibles comme si l'endroit était bondé. La sensation d'être constamment observé. Nous étions quelques clients seuls...avec le cuisinier. Un être grassouillet au front luisant de sueurs, des gouttes perlant constamment le long de sa longue barbe. Il devait nécessairement en avoir dans tous les plats... Ses vêtements étaient un véritable catalogue de taches. Malgré son apparence repoussante, il se mouvait avec aisance dans sa cuisine, ses gestes précis dans l'élaboration de ses plats.
Son art culinaire défiait l'entendement. On m'a servi un plat qui changeait de couleur et texture à chaque bouchée. Je crois qu'il était à base de mimique. La première bouchée avait un goût de fruit, la deuxième m'a donné l'impression de pouvoir comprendre le langage des insectes qui se promenait un peu partout dans l'auberge. J'ai même cru en entendre une curieuse de voir si j'allais tomber raide mort et du goût que j'aurais.
Chaque plat était une expérience à lui seul. Le désert ressemblait à une sorte de gâteau vivant, je crois qu'il a même poussé un cri lorsque j'ai mis ma fourchette dedans. La texture était indescriptible, je ne saurais dire si c'était solide ou liquide. Le goût était tout simplement irréel, j'ai été envahi d'une vague de souvenir qui n'était pas les miens.
Chaque bouchée est un pari, un jeu du destin. Certains clients sont partis avec des dons incroyables, d'autres...he bien, disons que leurs chaises se sont vidées sans explication.
Jamais plus je ne regarderai un repas de la même façon.

Falem