Le Traité de Mayhar

Fière de ses valeurs de progrès et de neutralité, la sulfureuse cité de Nepo a pourtant autrefois hésité. Sans l’inflexibilité tenace de ses guildes les plus puissantes, elle aurait bien pu se laisser plus d’une fois entraîner dans le torrent impétueux de la guerre. Il a jadis été nécessaire de graver ces principes dans la roche, ou du moins sur une grande plaque de métal, aujourd’hui exposée dans les jardins de la Tour Athane .    

Histoire

Bien qu’aujourd’hui la plus grande ville du Refuge, Nepo est toutefois l’une des seules cités qui n’ait pas été bâtie sur des ruines véléides du pré-Eveil . En effet, durant les quelques années qui ont succédé à l’Eveil, le massif des Dents ainsi que l’ensemble du territoire népéen étaient considérés comme des territoires vierges et inexplorés. Il ne fallut cependant pas bien longtemps avant que les premiers explorateurs ne s’y aventurent, et cartographient l’endroit. Assez rapidement, on établit un avant-poste au pied des majestueuses chutes de Mayhar.   C’est très naturellement que l’endroit attira tous les rejetés du Llahe , du Souffle et de Vertoile, ainsi que ceux qui souhaitaient s’affranchir du carcan de ces cultures si rigides. Parmi eux, les notables premiers mélangeurs désireux de perfectionner leur art loin des contraintes sociétales et religieuses. Ceux-ci ne mirent pas longtemps avant de déceler la qualité incroyable de l’eau du Mayhar, qui devait avec le temps leur donner une véritable avance technologique vis-à-vis des autres territoires. Au fil des années, ils bâtirent les fondations de ce qui deviendrait la ville de Nepo.   Ces temps de construction et de développement fébrile ne furent pas exempts de divers heurts au sein de cette communauté cosmopolite et grandissante, pourtant les différences ethniques et l’absence de réelle autorité protégèrent les népéens de fléaux qui frappaient durement les autres régions du Refuge : la haine raciale, la peur de l’autre, le rejet des différences et le repli culturel. Ces années-là ne virent pas seulement les bâtiments s’élever, mais également une identité profonde d’ouverture au monde et d’acceptation placide.   Tandis qu’à l’extérieur les premiers conflits enflaient en rougissant la terre de sang, Nepo prospérait. Elle fut quelques fois sollicitée par un camp ou l’autre, mais la première véritable question se posa en l’an 86 lorsqu’une escarmouche entre un bataillon cenn et une unité tribale vèdre s’écharpèrent sur le col du Luax dans le massif des Dents, à quelques kilomètres à peine des premières fermes népéennes. Les habitants de la cité neutre comprirent alors que leur territoire était devenu un terrain stratégique dans la Guerre de l'Orée , et qu’ils avaient potentiellement un rôle à jouer dans l’issue de celle-ci. Devaient-ils ouvrir leurs frontières, ou au contraire les fermer ? Pouvaient-ils vendre des armes et des fournitures à l’un et pas à l’autre ? Ou bien au deux ? À aucun des deux ? À qui louer les services de leurs redoutables mercenaires ?   Ces questions embrasèrent le Conseil des Guildes, au même titre que la cité toute entière. Durant ces quelques semaines, beaucoup ressentirent la crainte brûlante que cette belle unité chaotique qui avait fait leur force tout ce temps ne parte en fumée. Des émeutes éclatèrent çà et là, pour manifester le désir d’action - ou d’inaction.   Ce furent les braves du Serment de Mayhar, ainsi que les savants alchimistes de l’Athanor, qui menèrent le plus solidement les débats. Ces deux guildes étaient déjà les plus influentes de la ville, et en constituaient l’identité, car elles l’avaient modelée de leurs mains. Elles furent intraitables et surent convaincre, une à une, les autres guildes constituant l’assemblée. Une position fut déterminée et acceptée par tous - ceux qui la contestèrent, très minoritaires, furent invités à s’y faire ou bien à partir : Nepo était, et demeurerait une ville neutre, qui ne saurait prendre position pour qui que ce soit vis-à-vis des conflits extérieurs.   Ces résolutions furent inscrites sur une grande plaque d’argel, fixée par une solution alchimique la préservant de toute corruption. Chaque dirigeant de guilde y apposa sa marque, et depuis chaque nouvelle guilde qui parvient à une influence suffisante pour être intégrée au conseil peut à son tour y inscrire la sienne.   Bien entendu, il s’agit là de beaux principes, et si ceux-ci dirigent l’esprit général des décisions qui sont prises à Nepo, n’en demeurent pas moins les tractations de l’ombres et autres complots qui se discutent à demi-mots. Le tout est de ne pas se faire prendre… car la peine est sévère.  

Contenu

  Nul à Nepo   ne prêtera son bras pour occire ou affaiblir une nation étrangère   ne produira ni ne vendra des outils pour la guerre   ne fermera sa porte à un voyageur sous seul prétexte son visage ou son allégeance   n'entendra ou ne chantera la musique de la propagande belligérante   ne trahira cette promesse.   Ainsi que l’eau de ses chutes, le cœur de Nepo est pur et ne saurait se laisser corrompre par la haine et la violence. Si la vérité est une course, nous avons le pied leste et l’épée nous ralentirait.
Média
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Lieu
Signataires (Organisations)