La Dernière page du journal de Duvamile
Dans une chambre secrete, situé sous la tour de l'observatoire du manoir de Shaotomelle, étrangement perdu au milieu de nul part, bati sur les bords d'un lac à l'écart de toutes routes commerciale, vous découvrez les restes de Dame Shaotomelle que vous comprennez être un autre nom de Duvamile. Son squelette est affalé sur le bureau, le crane appuyé sur la page de gauche d'un grand livre grand ouvert. Dans sa main droite, une plume en argent semble terminer d'écrire la dernière page, la seule encore lisible, le reste de l'ouvrage s'étant décomposés en même temps que le corps de Dame Shaotomelle.
C’est au tour de Shaotomelle de mourir. Cette fois, c’est la bonne. Je ne reviendrais pas comme quand j’ai tué Duvamil pour devenir celle que je suis aujourd’hui. Je le sens, mon corps s’éteint. Je lutte au point de ne plus dormir, mais maintenant, je suis épuisée. La souffrance m’empêche de terminer mon périple. Je vais changer les plans, m’enfermer ici, dans les sous-sols de mon manoir où je vais précipiter ma fin. Je n’aurais pas eu le temps de cacher la dernière clef, ou plutôt la première, la mère de toutes les autres. À la place, j’ai protégé mon laboratoire à l’aide de mécanisme à base de reliques. J’y emporterais aussi ce journal. Je ne peux me résoudre à le détruire, il est tout ce qu’il me reste de toi, Yohanna. Pour m’aider à oublier la douleur, je le relis le soir pour me souvenir de nos moments ensemble.
L’autre clef que vous m’aviez confiée est en lieu sûr. Je l’ai remise dans l’écrin où nous l’avions trouvée. Là, où emportées par l’excitation, nous nous étions embrassées pour la première fois. Le souvenir des visages éberlués de tes frères, les yeux ronds comme des billes et de notre fou rire qui en suivit, est un pur bonheur. Ils avaient gentiment accepté de sceller notre union, le jour même. Quand je ferme les paupières, que je respire la fiole de parfum que tu m’as laissée, je revois les fines gouttes déposées par les chutes sur tes cheveux que nous avions garnis de fleurs de la forêt. J’entends le bruit assourdissant de l’eau tombant des hauteurs du plateau au-dessus de nous. Je ressens à nouveau la douce caresse de la lumière dorée filtrant au travers des nappes cristallines du rideau liquide bloquant l’accès à l’apic. Nos anneaux doivent toujours y être, témoins éternels de notre amour.
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