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Sun 31st Jul 2022 09:28

Grimoire du Magicien Blanc : Livre I

by Gwen Sombrelune

Gwen Sombrelune n’a qu’une connaissance partielle de sa lignée. S’il connait sa mère, une humaine prénommée Ana, ce n’est pas le cas de son paternel, à part bien sûr qu’il s’agissait d’un elfe. Ana a toujours refusé de lui révéler quoique ce soit à ce sujet. Seule explication qui lui a été donné est celle de son nom. A la naissance, ce dernier était des plus pâles. L’accouchement ne se passait pas mieux pour la mère, c’est donc la sage-femme qui choisit à la place de sa mère. Cette dernière était une elfe, elle le prénomma Gwen qui veut dire blanc et lui adjoint le nom de Sombrelune pour être né lors d’une nuit sans lune. Une seule fois, sa mère par énervement lui appris par mégarde le prénom de cette sage-femme Althaea.
 
Source de grande dispute entre Gwen et sa mère, le sujet n’empêche pas pour autant le jeune demi-elfe de vivre une vie agréable et paisible au royaume de Breta. Son ascendance lui forgea le caractère car elle lui valut aussi bien de susciter l’intérêt que le mépris et le rejet. Les périodes où il fut rejeté, l’amenèrent à cultiver sa curiosité pour absolument tout ce qui pouvait se tramer aux alentours. La moindre connaissance était un trésor qu’il devait absolument acquérir. Ce qui n’était malheureusement guère évident quand on vit dans un village paumé en pleine cambrousse non loin de la frontière avec Vert-Feuille.
Le seul attrait pour ce village était qu’il se trouvait non loin de la route principale qui menait à la capitale de Breta. Une conséquence heureuse pour Gwen car de nombreux voyageurs s’arrêtaient au village. Les plus affables acceptaient de répondre à ses nombreuses questions, certains finissaient même par lui céder des livres ou des parchemins sur divers sujets, amusé surement par la soif insatiable de connaissance.
 
Il faut attendre l’adolescence pour que Gwen découvre qu’il était doué de magie. Il y avait certainement eu des signes avant-coureurs mais dans un village comme le sien, personne ne connaissait la moindre chose sur la magie. On s’occupait de cultiver la terre et de vendre le surplus des récoltes pour recommencer l’année d’après. Il faut donc attendre une nouvelle dispute avec Ana au sujet de l’elfe qui était son géniteur pour qu’une vague de magie manque de peu de détruire toute la ferme.
C’est donc autant par peur de ses pouvoirs que par la peur de voir le village se retourner contre son fils qu’Ana prend la décision de l’amener à Zhoar, la capitale. La meilleure académie du monde s’y trouve et même si elle s’était caché de connaitre quoique ce soit de ce monde, elle savait que la place de son fils était à présent ici.
 
Gwen entra donc relativement jeune à l’académie, à l’âge de 12-13 ans. Le premier changement notable se fait au niveau religieux. Si dans son enfance les divinités vénérées étaient principalement Farore et Sélune, à l’académie, on ne révérait pour ainsi dire qu’un dieu : Kornos. Plus minoritaire certains se tournaient vers Romack et Délios, selon leur aspiration guerrière ou leur volonté d’être des éminences grises. Des rumeurs faisaient état d’adepte de Tyrannus, mais il semble que la rumeur venait d’une volonté de nuire plus que d’une vérité. Bien qu’il ne soit pas étonnant pour Gwen que les magiciens adeptes de la nécromancie puissent y voir un intérêt. Sombrelune se conforme au culte de Malygos, il y trouve une forme d’apaisement contemplative et les préceptes de ce dieu sont en complète adéquation avec son esprit d’érudit.
 
D’ailleurs, assez rapidement, il montre son appétence déjà acquise depuis longtemps pour les connaissances de toutes sortes. Il n’éprouve aucun problème à devoir étudier de longues heures chaque jour, même les plus ennuyantes des connaissances selon les dires de ses camarades de l’académie. Cela lui vaut d’être remarqué, bien malgré lui. En effet, Gwen ne cherchait que peu à impressionner ses percepteurs. Il se contentait de faire ce qu’on lui demandait sans faire de vagues même quand il était capable de faire bien plus. Il attendait toujours qu’un ou deux étudiants réussissent le sort demandé avant de montrer qu’il y arrivait à son tour.
 
Mais ce n’est pas la seule chose qui le rendit remarquable aux yeux de ses mentors. C’est aussi le fait qu’il n’était nullement à la recherche du pouvoir et de la puissance à des fins personnelles. Quand d’autres étudiants faisaient montre d’ambition à devenir le plus puissant pour vaincre des armées comme les histoires du passé, à s’accaparer une place de choix dans le Royaume par la magie voir pour les plus ambitieux se prendre à rêver d’être un jour l’archimage de l’académie. Gwen lui était affable, toujours prêt à rendre service sans attendre de retour, concentré sur ses études. Il se dit même que certaines éminences de l’académie venaient l’interroger sur certaines lectures pour s’éviter d’avoir à ressortir les vieux grimoires ou devoir demander et surtout attendre à de jeunes novices de leur trouver la réponse. Le demi-elfe faisait preuve d’une grande mémoire et sans en faire étalage ni même se vanter d’être ainsi mis à contribution.
 
S’il ne fait pas office d’exception, l’académie de Breta formait principalement des magiciens en mesure de défendre le Royaume. C’était la principale aspiration de ceux qui étaient appelé à intégrer l’institution. Est-ce parce qu’il était jeune, ou à cause de son ascendance, mais malgré la bienveillance de ses mentors, Gwen finit par atteindre un plafond de verre. Il avait étudié tout ce qu’il pouvait étudier à l’académie. Il y avait certes bien d’autres connaissances mais l’accès lui en était refusé. Comprenant qu’il fallait agir différemment, il prend la décision en accord avec ses mentors de quitter l’académie et de partir arpenter les terres d’Auria, toujours dans le même but acquérir puissance et pouvoir au service de la connaissance et du bien. Il reprend sa liberté qu’il avait abandonnée en rentrant à l’académie quinze ans plus tôt.
 
Gorion, un sage parmi les sages de l’académie, le fit mander la veille de son départ, demandant à ce qu’il vienne avec son grimoire. Ils se connaissaient bien, Gorion était sans aucun doute celui qui avait le plus œuvré à son éclosion, lui ouvrant le plus d’accès qu’il avait pu pour tenté d’étancher sa soif. L’homme avait presque atteint les 70 ans, et s’il avait encore bon pied bon œil, il ne se gênait pas pour rappeler qu’il était plus proche de la fin que du début. S’il avait bon espoir de revoir son élève préféré, même s’il nierait auprès de tous avoir une préférence, il voulait s’assurer que ce dernier serait le garant de sa mémoire. Il n’ignorait pas que Gwen vivrait bien plus longtemps que lui et qu’il irait certainement plus loin dans les arts arcaniques et peut-être même avant d’avoir atteint son âge.
 
Quand le demi-elfe pénétra dans les quartiers de Gorion, il ne pouvait qu’être attiré par les deux objets que son mentor avait laissé en évidence son bureau, un grimoire et un bâton. Le grimoire n’avait rien à voir avec celui que possédait Gwen, le sien était un amoncellement de feuillets accrochés comme il avait pu. S’il n’avait manqué de rien au cours de ses quinze années, il n’était pas aussi bien loti que de nombreux membres de l’académie issu de familles bien plus aisés que lui.
 
Le grimoire était simple, une reliure en cuir épais et assez de pages pour y inscrire les sorts de toute une vie. Il ne portait aucun signe distinctif. Le bâton était tout aussi simple assez massif dans un bois qui était tout un symbole le coudrier-noisetier. Un arbre qui en Breta et ailleurs représentait la connaissance chez les druides. Gorion s’expliqua sur ses deux présents et surtout sur l’absence d’une quelconque personnalisation contrairement aux autres magiciens. Le mentor ne se voyait pas offrir les symboles du mage, son grimoire et son focaliseur, personnalisé par une autre personne que son élève si particulier. Il enjoint donc à faire évoluer ses deux objets au cours de ses pérégrinations. Bien entendu, la première chose à faire pour Gwen fut de devoir recopier son grimoire, cela lui prit toute la soirée et une bonne partie de la nuit. Une fois le travail accompli, Il remit son ancien grimoire à Gorion. Avant de partir ce dernier lui demandât s’il savait pourquoi il ressentait ce besoin de connaissance. Gwen ne s’était jamais poser la question du moins consciemment mais sa réponse fut assez rapide. Ce besoin était au début un palliatif à la méconnaissance de son ascendance et à présent un espoir qu’un jour son pouvoir et sa puissance lui permettrait de répondre à toutes les questions qu’il a pu un jour se poser voir un attrait pour son géniteur pour se faire connaitre. La seule réponse de Gorion fut un sourire, heureux et fier de constater une nouvelle fois la sagesse du demi-elfe.
 
Son périple commence par les terres les plus proches le Royaume de Breta bien sûr mais aussi celui d’Alamur. Comme dans sa jeunesse, il n’hésite pas à interroger quiconque lui semble intéressant. Du magicien, ensorceleur au clerc et au druide, sans pour autant oublier les anciens et les historiens, Gwen fait feu de tout bois. Chaque connaissance pourrait bien lui être utile un jour. Après quatre années a arpenté les royaumes humains, la suite de son aventure se trouve en Vert-Feuille. Malgré son ascendance, il ne connait la culture elfique que par les livres et les clichés colportés par les voyageurs. C’est un grand chambardement pour lui, l’attrait est immense. C’est sur la terre des elfes que Gwen a passé ses quatre dernières années, apprenant les us et coutumes, rencontrant les lanceurs de sort et les érudits elfes et faisant état de tout cela à ses mentors toujours à l’académie. C’est au cours de ces quatre années en Vert-Feuille que Gwen se fit tatouer la droite du visage de fins entrelacs celtiques d’un bleu rappelant ses yeux alliant à la fois ses origines bretaniennes et elfiques un peu plus dans sa chair.

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  1. Grimoire du Magicien Blanc : Livre I
  2. Chapitre II : La communauté