Samãy

Samãy Ashtikar Prakaash

Jeune prince de Neelam, déchu et exilé, ayant passé un pacte grâce au Shaktiyon avec un ancêtre, Mahaan Prakaash, obtenant enfin des pouvoirs, lui qui n'en avait aucun jusqu'ici, à son grand désarrois...   Réveil... La houle du bateau ne le gêne pas. Il y a une tempête bien plus terrifiante en son cœur, et la nausée n'est pas due aux vagues qui viennent se briser sur la coque du bateau, mais plutôt au sang qui bat à ses tempes, dans ses tripes, et ses larmes au goût salé se mêlent à l'infini de la mer, semblant presque le réconforter tellement il est insignifiant. Prince en exil, vengeance en devenir, il se sent s'éloigner de ses amis, de sa sœur, de qui il est réellement et le pouvoir qui sourde à présent en lui ne suffit pas à le réconforter.. D'une oreille distraite, il entend les instructions de son bénéfactor, le son de la voix comme du coton glissant sur un oreille de plumes. il voudrait dormir pour toujours, mais il à des devoirs à présent. Devoir de vengeance, devoir de souverain et de protecteur envers son peuple. Il se sent responsable et ne pourra pas dormir avant d'avoir respecter sa promesse. L'hiver qui le caractérise depuis sa fuite ne lui laisse aucun répit, mais à présent, il relève la mâchoire, fier, décidé, sous le regard approbateur du garde chargé de sa survie..   Exil La claque sonna bruyamment sur sa joue, et il serra la mâchoire, stoïque. Il savait que le chevalier se faisait réellement du soucis pour lui, mais plutôt que de fuir dans son univers de poche, comme il l'avait fait si souvent, il s'était entrainé à survivre, seul, en prenant différentes apparences, en apprenant, en surprenant des conversations, et en agissant avec ses nouvelles informations... La colère de son protecteur passé, il lui fit part de ses découvertes, et un rictus amusé et fier passa sur le visage buriné de son mentor qui essuyait avec de l'alcool l'estafilade sur le "beau visage à damner un saint du prince", comme il lui disait avec un étrange regard..   De ville en ville, de corps en corps En fuite, toujours, des coups perdus, des coups reçus, des coups donnés.. Le corps du jeune prince apprend à la dure la vie d'un habitant du peuple qui doit survivre, et il perd et gagne plus d'un combat... Mais son habileté à se faire passer pour autrui lui permet de survivre, lui et son mentor, pendant un temps. Il le considère presque comme son père, c'est son seul repère affectif, sa seule boussole de cœur... Alors quand même celui ci finit par mourir lors d'une stupide rixe, l'hiver revient, et en enfonçant sa dague dans le cœur du bourreau de son deuxième père, il écrase une larme rageuse et se perd de ville en ville, prenant un succédané d'affection ou il le trouve... Prenant de plus en plus de plaisir avec les jeunes hommes plutôt qu'avec les jeunes femmes, il envisage pendant un temps de finir sa vie ainsi, loin des rouages politiques, des devoirs.... Mais il ne peut renoncer à sa promesse, et à l'idée de revoir sa sœur, seul vestige de sa famille et seule possibilité de retrouver son honneur, et se rappeler, enfin, qui il est...   Le rivage des possibles C'est le coeur battant, ayant pris l'apparence banale d'un jeune travailleur de la ville que le prince scrutte le rivage, mu par un étrange espoir incongru, faisant germer les graines du printemps en son âme... Son étrange repère, son monde miniature est plein de présents symboliques pour ses amis et une joie matinée d'appréhension semble donner aux reflets argentés des vagues cajolant le rivage une sonorité joyeuse. Celle du rire de ses amis, celle du renouveau.

Physical Description

Aspect Physique Général

Samãy est maintenant un jeune elfe eladrin male très séduisant, avec un air mélancolique mais un regard décidé et franc. Ses yeux sont dorés, mais l'un des deux, depuis son pacte a des reflets cuivrés. Ses cheveux courts, en bataille, sont d'un blanc platine immaculé et son sourire ravageur laisse peu voir les souffrances qu'il a subit et qui ont à jamais marqué son coeur. Lorsqu'il ne change pas d'apparence, il aime se montrer et séduire, comme pour se faire une carapace gardant sa véritable personnalité.

Caractéristiques Physiques

Corps athlétique, peau hâlée.

Caractéristiques Faciales

Regard captivant, yeux rieur et sourire ravageur.

Caractéristiques d'Identification

Yeux vairons (or / cuivre)

Vêtements et Accessoires

Des bagues, coliers et bijoux, et notemment le shaktyon.

Mental characteristics

Histoire Personnelle

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Personality Characteristics

Motivations

Malgré sa noble naissance, il ne se place pas au dessus des autres. Nous avons tous le même sang.   Il est à présent marqué du sceau de l'indépendance, après la tragédie de la perte de ses parents, même si il espère du fond du coeur que sa mère ait pu se sauver, il veut à présent prouver qu'il peut se débrouiller seul et prendre soin de ses proches.   Il veut être un héros du peuple.   Peut être parcequ'il s'est senti seul depuis que lui et ses pairs ont été séparés, mais il a depuis une soif de plaisirs charnels, qui ne lui apportent du réconfort que quelques heures, tant qu'il n'aura pas trouver de quoi combler son coeur aussi bien que son corps.
Character Location
View Character Profile
Alignement
Neutre Bon
Localisation Actuelle
Espèce
Âge
20
Lieu de Naissance
Children
Sex
Male
Gender
Homme
Yeux
Un oeil doré, un oeil cuivré
Cheveux
Platine, courts et en bataille
Couleur de Peau
teint hâlé
Taille
1m80
Poids
70 kg

Sans retour

An zero après mon erreur.   Lorsque je franchis le seuil du portail, l'énergie rougeoyante m'engloutit et me projeta à travers le temps et l'espace. J'atterris lourdement sur un sol froid et désolé. La première chose qui frappa mes sens fut le silence oppressant. Plus de rugissements de dragons, plus de cris de bataille. Juste un silence mortel. Je me relevai lentement, mon cœur battant à tout rompre. Autour de moi s'étendait un paysage apocalyptique. La terre, craquelée et aride, semblait avoir été brûlée jusqu'à l'os. Des ruines de bâtiments se dressaient comme des squelettes dans un cimetière oublié. Le ciel était d'un gris plombé, lourd de cendres et de désespoir. Les rares arbres qui subsistaient étaient dépouillés de feuilles, leurs branches tordues comme des mains suppliantes. Mes mains étaient vides. Le cube, cet artefact que je devais détruire pour sauver mes amis, avait disparu. Un frisson glacé parcourut mon échine alors que je réalisais l'étendue de mon erreur. J'avais sauté dans le portail avec l'espoir de tout réparer, mais j'avais condamné mes amis, ma sœur, et peut-être même le monde entier. J’étais tellement sur, sur le coup, qu’en emmenant le cube avec moi et en le détruisant dans le futur, personne ne le trouverai, et que tout ça ne serait jamais arrivé. Pas d’échange de bébé, pas de prophétie. Ma sœur Amelys découvrant un autre frère, son vrai frère… Pas une vie idéale, peut être, mais une vie normale… Mais je tenai du vide dans mes mains, et mon cœur ne pouvait les remplir. Je les avais trahis. Tous… Pour rien… Les jours devinrent des semaines, les semaines des mois, et les mois des années. Je parcourais ce monde dévasté, survivant à peine, toujours à la recherche du cube. La rudesse de la vie était incommensurable. Les vents hurlants fouettaient ma peau, chargés de poussière et de cendres, et chaque souffle semblait me couper comme une lame. La nourriture était rare, l'eau encore plus. Les nuits étaient glaciales, et les jours brûlants.   Les premières années furent les plus difficiles. Lorsque je franchis le portail et atterris dans ce futur dévasté, la réalité de ma situation s'imposa à moi comme une lame froide. Le paysage était un cauchemar éveillé : une terre stérile et craquelée, parsemée de ruines de bâtiments effondrés, vestiges d'une civilisation autrefois florissante. Le ciel était perpétuellement couvert de nuages gris et lourds, obscurcissant le soleil et plongeant le monde dans une lumière morne et sans espoir. Les jours se succédaient, marqués par une lutte incessante pour la survie. Les ressources étaient rares, et chaque goutte d'eau, chaque bouchée de nourriture était une victoire amère. Je devais me contenter de racines desséchées et de l'eau croupie que je trouvais dans des flaques stagnantes. Mon corps, habitué aux privations depuis mon exil, s'adapta rapidement, mais l'épuisement et la faim étaient des compagnons constants. Le vent, ce vent cruel et implacable, soufflait sans cesse, transportant des volutes de poussière et de cendres qui s'infiltraient partout, rendant chaque respiration douloureuse. Il hurlait à travers les ruines, émettant des sons étranges et désolés, comme les murmures de fantômes oubliés. La nuit, le froid mordant me transperçait jusqu'aux os, et je me recroquevillais sous les débris pour trouver un semblant de chaleur. La solitude était mon plus grand ennemi. Sans personne à qui parler, sans amis pour partager mes peurs et mes espoirs, je commençai à me parler à moi-même. Au début, ce n'était que de simples murmures, des mots échappés dans l'obscurité. Puis, au fil des mois, ces monologues se firent plus longs, plus élaborés. Je racontais mes journées, évoquais des souvenirs d'un temps révolu, et parfois, je parlais à Arin comme s'il était encore à mes côtés. "Arin, tu aurais aimé cet endroit, malgré tout," murmurais-je souvent, les yeux fixés sur l'horizon désolé. "Tu aurais trouvé un moyen de voir la beauté dans ce chaos." Crocs. Dents. Sourire… Sang.. Je chassai ces images de mon esprit…   Les ruines devinrent mes refuges. J'explorais les décombres, espérant toujours trouver quelque chose d'utile, un indice sur ce qui s'était passé, une trace du cube. Mais les vestiges n'offraient que des échos de désespoir. Parfois, je découvrais des objets du passé : une vieille clepsydre, ironiquement, un jouet cassé, des choses que je ne comprenai pas aussi, sans doute crée pendant ces siècles qui étaient passé depuis mon erreur… des fragments de vie que je ne pouvais que deviner. Les nuits étaient les plus cruelles. Allongé sous un ciel sans étoiles, je repensais sans cesse à mon erreur, à cette décision fatidique qui avait condamné mes amis. Le remords était un poison qui me rongeait lentement. Les souvenirs de Bran, Kethot, Moonie, Katarina, et surtout Arin, étaient autant de lames plantées dans mon cœur. Mais aussi ma sœur et l’étrange sourire qu’elle avait eut à nos retrouvailles. Même Millerion, lucens, loen qui était venu me trouver pour me parler du portail rouge et du trône, edras, qui s’était lié au fils de vasuki… Mais déjà leur traits, aperçus à peine quelques heures avec nos retrouvailles, s’éffaçaient…   "Pourquoi ai-je fait ça ?" me demandais-je, la voix brisée. "Pourquoi ai-je cru que je pouvais tout réparer ?"   Les années passèrent, et je commençai à m'adapter à cette existence de survie. Mon corps, bien que fatigué, devint plus résistant. J'appris à trouver de la nourriture et de l'eau plus efficacement, à utiliser les ruines pour me protéger des éléments. Mais la solitude restait, une ombre insidieuse qui ne me quittait jamais. Un jour, alors que je fouillais les décombres d'un ancien village, je sentis une présence. Au début, je crus que c'était le fruit de mon imagination, un autre tour cruel de mon esprit fatigué. Mais lorsque je me retournai, je vis une petite créature, pas plus grande que trois pommes. C'était un petit dragon, ses écailles cuivrées scintillant faiblement sous la lumière grise. Il me fixait avec des yeux curieux et malicieux.   Je tendis la main, hésitant, et le petit dragon s'approcha lentement. "Bran," murmurai-je, une larme roulant sur ma joue. "Tu me rappelles Bran., haut comme trois pommes". Pas Arin. Non. Pas arin… Il sembla accepter ce nom, et dès lors, il devint mon fidèle compagnon. La présence de Bran apporta une lueur d'espoir dans ma vie morne. Il me suivait partout, ses petites pattes créant des empreintes légères dans la poussière. Ses jeux et ses cabrioles, bien que modestes, m'arrachaient parfois un sourire. Les années suivantes furent un mélange de désespoir et de ténacité. Avec Bran à mes côtés, je continuai de chercher le cube, d'explorer ce monde dévasté. La rudesse de la vie ne s'atténua jamais, mais la petite créature qui m'accompagnait me rappelait chaque jour qu'il restait une part de lumière dans ce monde de ténèbres. "Un jour, Bran," disais-je souvent, caressant doucement ses écailles, "nous trouverons un moyen de réparer tout ça. Je ne sais pas comment, mais je ne peux pas abandonner." Et ainsi, nous continuâmes notre voyage, deux âmes perdues dans un océan de désolation, unies par un espoir fragile mais tenace.   Les décennies passèrent, une lente et implacable marche du temps dans ce monde désolé. Les paysages restaient invariables, témoins silencieux de ma lutte incessante pour la survie et la rédemption. Chaque jour apportait son lot de défis, mais aussi de maigres victoires, alors que Bran et moi continuions notre quête désespérée à travers cette terre ravagée.   An 120 après mon erreur   Les ruines, autrefois mystérieuses, devinrent familières. J'appris à lire les traces du passé, à déchiffrer les indices laissés par une civilisation disparue. Les vestiges de la technologie ancienne étaient rares, mais je trouvais parfois des fragments de connaissance, des bouts de papier jaunis, des livres à moitié brûlés. Ces découvertes nourrissaient mon esprit et maintenaient ma détermination. Le paysage restait sévère et impitoyable. La terre, fissurée et stérile, ne laissait pousser que des herbes éparses et des buissons épineux. Les montagnes au loin semblaient être des géants endormis, veillant sur un monde qu'ils ne reconnaissaient plus. Les rivières, jadis vives et bondissantes, n'étaient plus que des filets d'eau boueuse. Les tempêtes de poussière étaient fréquentes, de véritables démons de vent et de sable qui fouettaient ma peau et rendaient chaque respiration douloureuse. Le ciel, perpétuellement couvert de nuages gris et lourds, me privait de la chaleur du soleil et de la beauté des étoiles. Les rares fois où le ciel s'éclaircissait, c'était pour révéler une lune pâle et morne, offrant peu de réconfort. La solitude me pesa lourdement. Bran était mon seul compagnon, sa présence un baume sur mes plaies émotionnelles. Il grandit, mais jamais beaucoup, restant une petite créature fidèle et protectrice. Ses yeux pétillants et sa curiosité constante étaient des rappels de la vie et de la joie, même dans ce monde morne. Parfois, je lui parlais longuement, partageant mes pensées, mes peurs, et mes souvenirs d'un temps révolu. "Bran, tu te souviens de cette vieille ruine près du lac ? Nous y avons trouvé ce vieux livre de contes," disais-je souvent, assis près du feu, Bran lové contre moi. "Je me demande si ces histoires de héros et de magie avaient un fond de vérité." Les années n'épargnèrent pas mon corps. Les rides marquaient mon visage, mes cheveux grisonnaient et mes forces déclinaient. Mais mon esprit, nourri par l'espoir et la détermination, restait vif. Je continuais à chercher le cube, à explorer chaque recoin de ce monde en ruines, espérant toujours trouver une solution, un moyen de corriger mon erreur fatale.   Les saisons changeaient, mais la désolation restait. Les étés étaient brûlants, le soleil implacable écrasant toute vie sous une chaleur torride. Les hivers étaient glacials, le vent coupant comme des lames de glace. Le printemps et l'automne étaient des intermèdes furtifs, offrant de maigres répit dans ce cycle infernal. La solitude et l'espoir se mêlaient en une danse mélancolique. Les souvenirs de mes amis et de mon amour perdu étaient des phares dans l'obscurité. Je me rappelais les rires de Bran, la sagesse de Kethot, la chaleur de Moonie, la détermination de Katarina, et surtout, l'amour d'Arin. Ces souvenirs étaient à la fois des réconforts et des tourments, rappelant ce qui avait été perdu et ce qui devait être retrouvé. Parfois, le désespoir menaçait de m'engloutir. Les nuits étaient les pires, lorsque le silence devenait écrasant et que mes pensées tournaient en boucle. Je me souvenais de ce dernier regard d'Arin, de son ultimatum désespéré, de mon saut dans le portail. La culpabilité était une plaie béante, mais elle alimentait aussi ma détermination à ne pas abandonner.   "Je trouverai un moyen, Arin," murmurais-je souvent dans l'obscurité, les yeux fermés. "Je te le promets."   Les décennies continuèrent de s'égrener, et malgré la dureté de ma vie, je trouvais de petites joies. La découverte d'un ruisseau caché, la floraison inattendue d'une fleur sauvage, les jeux de Bran qui m'arrachaient des sourires malgré tout. Ces moments étaient des éclats de lumière dans un monde de ténèbres. Au fil des ans, je m'adaptai de plus en plus à cette existence. Ma connaissance du terrain et de ses dangers grandit, et je devins un survivant aguerri. J'appris à chasser les rares animaux encore présents, à trouver des plantes comestibles et à utiliser les ressources naturelles pour me protéger et me soigner. Bran, fidèle compagnon, veillait sur moi. Sa petite taille était un atout, lui permettant de se faufiler dans des endroits inaccessibles pour moi, trouvant souvent des cachettes secrètes et des trésors oubliés. Sa présence était un rappel constant que même dans les pires situations, il restait une lueur d'espoir et de vie. Un siècle passa, et malgré tout, je continuais à avancer. Mon corps, bien que fatigué, n'était pas encore prêt à succomber. Les elfes vieillissent lentement, et bien que les marques du temps commençaient à se voir sur mon visage, j'étais loin de l'épuisement final. Mon esprit restait déterminé. La quête du cube, bien que vaine, me donnait un but. Les souvenirs d'un amour éternel et d'une promesse non tenue étaient des flammes qui me poussaient à ne jamais abandonner.   An.. je ne sais plus... après mon erreur   Les décennies devinrent des siècles, chaque année s'étirant dans une monotonie douloureuse et implacable. Le paysage restait inchangé, une étendue désolée de terre craquelée et de ruines silencieuses. Le monde, autrefois vibrant de vie et de couleurs, n'était plus qu'un désert de cendres et de désespoir. Chaque jour était une lutte pour la survie, chaque nuit une confrontation avec la solitude et le regret. Les ruines, ces témoins silencieux d'un passé perdu, devinrent mes compagnons familiers. J'explorais chaque recoin, fouillant les décombres à la recherche de quelque chose, n'importe quoi, qui pourrait m'aider à réparer mon erreur. Le cube restait introuvable, un spectre insaisissable qui hantait mes jours et mes nuits. Bran, mon fidèle petit dragon, grandit un peu mais resta toujours à mes côtés, un éclat de vie dans un monde morne. Les tempêtes de poussière devinrent plus fréquentes, leurs hurlements remplissant l'air de terreur et de tristesse. Le vent coupait ma peau comme des lames, et la poussière s'infiltrait partout, rendant chaque respiration douloureuse. Les rares sources d'eau s'asséchaient peu à peu, et trouver de la nourriture devint une tâche presque impossible. Mais je continuais, animé par une détermination obstinée et un espoir presque irrationnel. Les souvenirs de mes amis et de mon amour perdu étaient mes seules consolations. Chaque jour, je me rappelais leurs visages, leurs voix, leurs rires. Je parlais souvent à Bran de ces souvenirs, comme pour les garder vivants dans ma mémoire. "Bran," disais-je un soir, assis près d'un feu de fortune, "Arin avait ce tatouage sur son torse, son dos, une marque de notre amour , de ce qu’il était vraiment et de notre lien éternel. Je pense que je vais me faire le même." Avec une détermination douloureuse, j'utilisai ma télékinésie pour marquer ma peau, recouvrant les cicatrices qui avaient été ironiquement effacée en partie par Bran, il y si longtemps.. La douleur était intense, chaque ligne gravée dans ma chair un rappel de mon amour perdu et de ma promesse non tenue. Le tatouage prenait forme lentement, un miroir de celui qu'Arin portait autrefois.   "Pour toi, Arin," murmurai-je à travers la douleur, mes larmes se mêlant au sang. "Pour nous." Les années passèrent, et malgré tout, je continuai de chercher. Mon corps, bien que marqué par le temps, restait robuste grâce à ma nature elfique. Mais l'épuisement mental et émotionnel était palpable. Les nuits étaient de plus en plus difficiles, les souvenirs de mes erreurs me hantant sans relâche. La solitude devenait insupportable, chaque moment de silence un rappel cruel de ce que j'avais perdu.   Bran, toujours à mes côtés, devint mon seul réconfort. Sa présence fidèle et ses petits gestes d'affection étaient des lumières dans mes ténèbres. Mais même lui ne pouvait pas apaiser la douleur qui grandissait en moi. Deux siècles passèrent ainsi, dans une danse mélancolique de survie et de désespoir. Finalement, mon corps commença à faiblir. Les années de privation et de lutte laissèrent leurs marques, et je sentis mes forces décliner inexorablement. Un jour, alors que je m'effondrais sur le sol poussiéreux, je sus que la fin était proche. "Bran," murmurai-je faiblement, le petit dragon lové contre moi, "Je suis désolé. Je n'ai pas pu tenir ma promesse." Mes yeux se fermèrent lentement, et dans mes dernières pensées, je revis les visages de ceux que j'aimais. Arin, Bran, Kethot, Moonie, Katarina... Ils étaient tous là, m'accompagnant dans mes derniers instants. Le vent continua de souffler, recouvrant lentement mon corps de sable et de poussière. Les années passèrent, et mon squelette resta là, une silhouette solitaire dans un monde en ruines. Des années plus tard, alors que le vent dévoilait à nouveau mon repos éternel, une silhouette apparut à l'horizon. La figure, courbée par les années et marquée par les épreuves, s'approcha de mon squelette. Avec une ironie cruelle, la lumière du crépuscule révéla, à quelques mètres de mes os blanchis par le temps, le cube tant recherché.   L'inconnu, dans un geste de curiosité fatale, ramassa l'objet. Mon ultime erreur, mon ultime espoir, reposait maintenant entre ses mains, alors que le vent continuait de hurler son chant de désespoir à travers la terre dévastée.  

TIME

Le monde semblait s'effondrer autour de moi alors qu'Anantakal, le grand dragon rouge, émergeait du portail dimensionnel, ses écailles écarlates brillant d'une lueur sinistre. Chaque battement de ses ailes envoyait des vagues de chaleur brûlantes, chaque rugissement résonnait comme le tonnerre dans la plaine dévastée. La lumière rougeâtre du portail nimbait la scène d'une atmosphère apocalyptique.   Je m'appelle Samay, prince en exil et réceptacle d'une prophétie ancienne. Je suis aussi connu comme Mahaan Prakash, le Maître du Temps. Le médaillon que je porte, le Shaktyon, renferme mes pouvoirs et me lie à un destin que je n'ai pas choisi. Aujourd'hui, toutes les pièces de ce puzzle infernal convergeaient vers ce moment fatidique. Mon cœur battait la chamade, partagé entre la terreur palpable et une douleur plus intime, celle de l'absence d'Arin.   Arin, l'elfe séduisant, n'était pas à mes côtés. Il menait une armée contre les orcs en direction de Neelam. La dernière fois que nous nous étions vus, son regard brillant d'amour m'avait donné la force de continuer. J'avais toujours su que nos chemins seraient difficiles, mais l'intensité de mes sentiments pour lui dépassait tout ce que j'avais pu imaginer.   Mes amis se tenaient prêts à mes côtés. Kethot, le druide sage, invoquait des racines gigantesques pour tenter de ralentir le dragon. Bran, le preux paladin de Gaïa, brillait d'une lumière divine, son épée étincelante d'espoir. Moonie, la prêtresse aux formes généreuses, murmurait des prières anciennes, ses mains prêtes à guérir. Katarina, autrefois Kay, avait son arc tendu, ses yeux brûlant de vengeance. Pangur Ban, le rôdeur, surveillait l'horizon avec sa fidèle panthère, prêt à frapper à tout moment.   Mais malgré leur présence rassurante, mon esprit dérivait vers Arin. Je me souvenais de nos moments partagés, des nuits où nous nous étions blottis l'un contre l'autre sous un ciel étoilé, de la douceur de ses caresses, de la chaleur de son souffle contre ma peau.   C'était une nuit claire, les étoiles scintillaient comme des diamants dans le ciel noir. Nous étions assis près d'un feu de camp, la chaleur des flammes contrastant agréablement avec la fraîcheur de la nuit. Arin s'était tourné vers moi, ses yeux de bronze brillant d'une lumière douce.   "Samay," murmura-t-il, sa voix comme un murmure de vent dans les feuilles. "Je sais que nos chemins sont semés d'embûches, mais tant que je serai à tes côtés, je me sentirai chez moi."   Je sentis mon cœur se serrer, une émotion tendre et puissante m'envahissant. "Arin, je n'ai jamais ressenti cela pour qui que ce soit," répondis-je, la voix tremblante. "Tu es ma lumière dans cette obscurité."   Il sourit, et ce sourire était tout pour moi. Il se pencha et déposa un baiser doux et léger sur mes lèvres. Ce baiser, si tendre, contenait toutes les promesses de notre amour, toutes les espérances d'un avenir ensemble. Nous nous étreignîmes, et dans ce moment intime, le monde extérieur s'effaçait, ne laissant que nous deux, nos âmes entrelacées dans une danse éternelle.   La réalité me rattrapa brutalement alors qu'un autre portail s'ouvrait, libérant de nouveaux antagonistes. Mes anciens amis, ceux qui avaient partagé mes jeux d'enfant, apparurent. Milerion, désormais marqué par la corruption, ressemblait à un démon. Edras, l'occultiste séduisant, me fixa avec une intensité glaciale. Lucens, androgyne et puissant sorcier, semblait presque désolé. Loen, le moine, conservait une tranquillité inquiétante. Et là, parmi eux, Amelis, ma sœur bien-aimée, perdue depuis si longtemps, ses yeux reflétant un mélange de tristesse et de détermination.   Le dragon de bronze qu'ils chevauchaient attaquait sans discrimination, nous forçant à nous disperser. Mon cœur se serra en voyant Arin combattre, même s'il était loin d'ici, son esprit et son courage me donnaient la force de continuer.   Le choix me déchirait. Me sacrifier pour enfermer Anantakal dans une boucle temporelle éternelle ou combattre aux côtés de mes amis pour une chance, même infime, de vaincre ce fléau une bonne fois pour toutes. Mon amour pour Arin, mon désir de revoir des jours paisibles avec lui, se heurtait à mon devoir envers ce monde, envers mes amis.   "Samay !", la voix de Bran résonna dans le tumulte, "Qu'attends-tu ? Nous devons agir maintenant !"   Je savais que le temps de la réflexion était passé. Je levai mon regard vers le ciel en flammes, vers Anantakal qui se déchaînait, et vers mes anciens amis devenus ambigus. La décision était prise. Mes doigts se serrèrent autour du Shaktyon que je portais toujours. Je pouvais sentir la magie de Mahaan Prakash pulser à travers lui, une énergie ancienne et redoutable. Ce pouvoir, mon pouvoir, était le seul espoir de contenir la destruction imminente.   Je regardai mes amis, ceux qui avaient risqué leur vie à mes côtés, et je savais que je devais être à la hauteur de leur confiance. "Pour Gaïa," murmurais-je en regardant Bran. "Pour la liberté," ajoutai-je en croisant le regard de Katarina. "Pour l'amour," pensai-je, les yeux posés sur un horizon lointain où Arin combattait.   La lumière du Shaktyon se mit à briller intensément, une lueur dorée enveloppant mon être. Je sentis le pouvoir de Mahaan Prakash m'envahir, une force ancienne et incommensurable. Les souvenirs de vies passées déferlaient en moi, les batailles anciennes, les amours éternels, et surtout, la présence constante d'Arin, toujours à mes côtés, à travers les âges.   Avec une détermination renouvelée, je me préparai à affronter mon destin. Qu'il soit de lumière ou d'obscurité, je savais que je devais essayer. Pour ceux que j'aimais, pour le monde, et pour l'amour éternel que je portais en moi. Car, en fin de compte, c'est dans les moments les plus désespérés que nous découvrons qui nous sommes vraiment. Et moi, Samay, le Maître du Temps, allais découvrir une fois de plus la véritable étendue de mon pouvoir.

Prom aux milles visages

Prom observait la scène de haut, ses yeux perçants de chouette captant chaque mouvement, chaque souffle du groupe. Elle avait toujours été avec Samay, depuis les premiers jours de son exil. Elle l’avait vu grandir, endurer et devenir le prince courageux qu'il était aujourd'hui. Prom, avec ses plumes chatoyantes d’encre de nuit et son regard argenté, était un symbole de constance dans un monde en perpétuelle mutation. Mais maintenant, tout avait changé.   Samay avait invoqué Harlow, une fée séduisante et magnétique, une présence qui faisait naître une étrange chaleur dans l’air autour d’eux. Prom avait ressenti la jalousie pour la première fois, une émotion acide et brûlante. Harlow, avec ses manières gracieuses et son charme envoûtant, captait souvent l’attention de Samay, laissant Prom se sentir reléguée au second plan. Elle n'était plus l'unique, elle devait partager, et cela la rongeait lentement.   Et puis, il y avait eu le rituel. Un ancien enchantement découvert dans les pages poussiéreuses d’un grimoire oublié. Samay, avec sa détermination inébranlable, avait réussi à le déchiffrer et à le mettre en œuvre. Les mots anciens avaient flotté dans l’air comme des volutes de fumée, entourant Prom d’une lueur éthérée. Elle avait senti sa forme changer, ses ailes se rétracter, ses plumes se transformer en peau douce et iridescente. Elle n’était plus une simple chouette ; elle avait pris une forme humanoïde, féerique, magnifiquement étrange, tout en étant toujours Prom. Elle pouvait ainsi changer de forme si son ami et maître le désirait.   Dans cette nouvelle forme, Prom se sentait à la fois puissante et vulnérable. Les regards des autres se posaient sur elle différemment maintenant, mêlés de curiosité et d’émerveillement. Et au cœur de tout cela, il y avait Samay, son prince, son ami. Elle pouvait sentir ses pensées, ses émotions, chaque nuance de son être. La connexion entre eux s’était intensifiée. Elle pouvait parler à travers lui, entendre sa voix résonner à travers sa propre bouche, une symbiose parfaite, peu importe ce qui les séparait. Prom savait que le prince avait tenu sa promesse, lui avait donné ce nom pour une raison. A présent, nul distance tangible et bassement matérielle ne les séparait. Il ne l’avait jamais envoyé au combat, prouvant ainsi qu’il tenait à elle, même si mécaniquement le vieux chaudron qu’il portait avec lui pouvait de nouveau lui offrir un cocon de renouveau.   Pourtant, malgré ce lien renforcé, une ombre de doute planait toujours. Elle craignait de perdre son essence, de devenir une extension de Samay plutôt qu’un être à part entière. La jalousie envers Harlow n'avait pas disparu, mais elle s’était transformée en quelque chose de plus complexe. Une rivalité silencieuse, teintée de respect et d’un soupçon d’amertume.   Prom se tenait à l’écart, ses nouveaux doigts effleurant la surface rugueuse d’un vieux chêne. Elle ferma les yeux, plongeant dans ses pensées. Elle voyait Samay, combatif et résolu, une lumière dans les ténèbres. Elle voyait Harlow, majestueux et tentateur, une énigme aux multiples facettes. Et elle se voyait elle-même, une créature féerique, prise entre deux mondes, entre deux formes, cherchant sa place dans cette lutte contre le fléau.   Les souvenirs affluaient comme une rivière souterraine, éclatant à la surface en éclats de lumière et d'ombre. Elle se rappelait les cicatrices de Samay, chacune marquant une bataille, une perte, une victoire amère. La première fois qu’elle les avait vues de près, c’était une nuit où la lune était pleine, baignant tout dans une lumière spectrale. Samay était assis près du feu, ses vêtements déchirés, révélant des marques profondes et anciennes sur sa peau. Chaque cicatrice racontait une histoire, un souvenir gravé dans sa chair. Prom avait ressenti une douleur sourde en les voyant, un mélange de compassion et de colère envers le destin cruel qui s'acharnait sur lui.   Puis, il y avait eu la rencontre avec Arin. Un elfe à la beauté envoûtante, chaque mouvement empreint de grâce et de mystère. Arin, avec ses yeux brillants comme des étoiles et son sourire charmeur, avait rapidement trouvé une place dans le cœur de Samay. Prom avait vu comment l'elfe regardait Samay, avec une admiration non dissimulée, un désir palpable. Cela ajoutait une nouvelle couche à la complexité de ses sentiments. Arin représentait une autre forme de rivalité, mais aussi un allié potentiel, quelqu’un qui pouvait renforcer leur quête contre le Fléau. Les pensées de Prom étaient un tourbillon de couleurs et de sensations, un mélange de souvenirs et de présages. Elle voyait le passé et le futur se mêler, tissant une tapisserie complexe où chaque fil avait une signification. Elle se rappelait la première fois qu’elle avait vu Samay, un jeune prince au regard farouche, déterminé à se battre contre l'injustice. Elle avait choisi de le suivre, de le protéger, de l’aimer d’une manière que seules les créatures féeriques pouvaient comprendre.   La forêt autour d’eux semblait vibrer avec leurs émotions, les arbres murmuraient des secrets anciens, et les ombres dansaient au rythme de leurs pensées. Prom savait que leur chemin serait semé d’embûches, que les ténèbres du Fléau tentaient de les engloutir. Mais elle se sentait prête. Prête à déployer ses ailes, prête à affronter ses propres démons pour le bien de Samay. Dans le silence de la nuit, Prom fit un vœu. Elle jura de protéger Samay, de l’accompagner jusqu’au bout, même si cela signifiait affronter ses propres peurs. Elle ouvrirait ses ailes, qu’elles soient de plumes ou de soie de lune féérique, et volerait aux côtés de son prince jusqu’à ce que la lumière triomphe des ténèbres. Elle se promit aussi de trouver une harmonie entre elle et Harlow, de dépasser la jalousie et de forger une alliance solide. Et peut-être, juste peut-être, elle apprendrait à accepter la présence d’Arin, à voir au-delà de la rivalité et à embrasser l’aide qu’il pouvait offrir. Prom ouvrit les yeux, son regard argenté fixé sur l’horizon. L'aube approchait, une nouvelle journée se levait avec ses promesses et ses défis. Elle savait que, quels que soient les obstacles, elle resterait fidèle à Samay. Ensemble, ils affronteraient le Fléau, ensemble, ils trouveraient leur place dans ce monde en mutation. Et dans cette quête, Prom espérait découvrir sa propre essence, se révélant enfin à elle-même et aux autres, comme la fée qu’elle avait toujours été destinée à devenir.  

Marchandage et rêveries

Je sentais mes blessures se rappeler douloureusement à mes souvenirs. Pourtant, elles avaient été soignées. Curieux de penser que des cicatrices vieilles de plusieurs années me susurraient encore ma honte malgré l’intervention de Bran, alors que ces saletés de bourdonneurs m’avaient littéralement transpercé et que je n’en aurai probablement aucune trace. L’ironie de la chose ne m’échappait pas. C’était bel et bien l’esprit humain qui m’avait fait le plus mal, la perversion de la « noblesse » quand le regard régalien se portait ailleurs… Si jamais j’accédai au trône, maintenant que j’avais promis à Bran de le faire, et qu’un souffle nouveau parcourrai mon cœur et mes veines, aurai-je l’occasion de régler ces injustices ? aurai-je assez de temps pour ça ?... Je regardai mes compagnons de route et commençais à réfléchir à une façon de les impliquer à ce sujet si il le souhaitaient... Avoir de tels conseiller serait à coup sur une bénédiction.   Je fu heureux d’enseigner à Jalel comment utiliser la pierre et lui expliquait comment se lier à celle-ci. Son pouvoir sourdait, tentateur, mais son peuple en avait plus besoin que moi.   Lorsque qu’Arin me tendit une lettre, je su, dans son regard de bronze, que l’heure était grave. Leyvin, tout en trouvant le moyen d’adresser ses pensées tendres à Moonie, nous indiquait que l’heure n’était pas aux réjouissances et qu’il doutait que nous arrivions à temps pour leur prêter main forte. J’avais la désagréable sensation d’envoyer les gens à une mort certaine et pourtant il fallait que je continue. Que je trouve le maximum d’alliés pour combattre l’énnemi commun. Mais à quel prix ? Je n’avais jamais été aussi proche de ma vie de comprendre enfin ce que signifiait être un roi. C’était cruel, lourd, exaltant et terriblement chargé de conséquences.   En mon fort intérieur, j’aurai voulu pouvoir respecter mes promesses de protéger tous ceux que je rencontrait et qui acceptaient de me suivre dans cette croisade. Mais je savais que mon âme serait souillée de toutes ces morts… L’inéluctabilité de ce destin me faisait froid dans le dos, mais je ne retournerai pas sur le chemin de la désinvolture et du désintérêt. Il fallait, coute que coute, que j’assume mon rôle et la tâche qui m’avait été confiée… Je ne me faisait pas beaucoup d’illusions sur ma longévité dans cette entreprise, même si les écritures étaient passibles d’interprétation, il y était bien question d’abnégation et de sacrifice. Si j’avais l’heur de ne pas mourir, alors je tâcherai d’utiliser mes nombreuses années de vie restante à faire quelque chose. Non seulement pour les elfes, mais pour tous les peuples… Je n’étais pas naïf au point de croire à une utopie auto gérée, mais peut être qu’un peu plus de bon et un peu moins d’injustice résulterait de toute cette histoire…   Les yeux de bronzes d’Arin semblaient sonder ma détermination. Il existait avant ma naissance et semblait même y avoir joué un rôle… Je ne savais plus quoi penser. Toutes les fibres de mon corps, toute l’attention de ma peau, semblaient le réclamer. Je pensai à lui, beaucoup, beaucoup trop… Je me perdais dans les méandres de son symbole d’éternité, j’embrassai ses lèvres comme une bouée salvatrice dans la mer de ma destinée… Rien de ce que disait mes camarades ne me ferait douter de lui, mais peut être serait-ce la ma perte, au final..   Le temps fila, comme une étoile dans une prophétie, et nous nous retrouvâmes, accompagnés par des guerriers de Jalel, en direction de la forteresse censée renfermer Le Céleste des Brumes, entité qui pourrait nous offrir une aide précieuse pour rejoindre à temps le conseiller et ses troupes. J’étais heureux de savoir que nos alliés les elfes noirs avaient tenu parole. Nous décidâmes de tenter une approche discrète, avec un argument officiel : négocier, marchander. Après tout, d’après Arin, Xorlock était un marchand… Le passage secret indiqué par Jalel nous mena effectivement dans le sein du sein, mais pour être pratiquement immédiatement repéré par des duergars. Ils semblèrent amusés de m’entendre énoncer mes titres et mon vouloir et nous conduisirent devant le marchand … Qui n’était ni plus ni moins qu’un tyranoeil !   A quoi jouais donc Arin ? Pourquoi ne rien nous avoir dit ? Mes pensées se mirent à danser, dans une chorégraphie chaotique : Il voulait nous protéger en nous offrant la chance de la sincérité, il voulait nous tester, il ne savait pas, il savait, il trahissait… Tout était trop intense, vertigineux… Je ne pouvais gouter à cette idée de trahison après avoir gouté à son baiser… Mais je n’eut pas le temps de m’accrocher à ces errances, car déjà nous négocions. Je fis signe à Pangur, qui chantonna un hymne flateur à notre hôte, et je profitais de ce moment pour lancer un sortilège de charme sur le marchand abjecte… Mes mots s’enroulèrent entre les Hymes de Pangur, et atteignirent leur cible. Las ! comment comprendre une créature aussi différente ? Il semblerait que la notion d’amité était très personnelle pour lui… Nous chutâmes de plusieurs mètre dans une fosse mortelle, et nous retrouvâmes nez à nez avec une créature effryante semblant tout droit sorti d’un autre âge…   Pire que tout, toute magie nous était à présent interdite, sous le regard étrange de Xorlock.. Je vis la mort de prêt, de nouveau et nous dûme notre salut à Kay, occupant dans un premier temps la créature véroce, me laissant l’occasion de l’occire, puis sautant comme un héro des contes de ma mère sur Xorlock, grâce à ses grapins… La magie revenue, nous pumes enfin remonter et affronter le tyranoeil, non sans mal…. Mon cœur battant la chamade, le dernier souffle de cette horeur encore exhalé dans l’air, j’hurlai aux duergar qui fuyaient de ne rien en faire… Faisant preuve d’une autorité qui m’avait quitté depuis longtemps, je les sommais de nous prêter allégeance, ce qu’ils firent… Nous pûmes alors libérer les nains artificiers, et, grâce à leur conseil, arriver à la prison enfermant le céleste…   J’eut une drôle d’image en tête : celle de Velor nous indiquant qu’il était le fils du conseiller.. En effet, lorsque les portes s’ouvrirent, tout comme lors de la révélation avec Vélor, la vérité otta son maquillage délétère… Ce n’était pas une créature , mais un véhicule… et sa « nourriture », son énergie pour fonctionner… Mais après tout, il en était de même pour nous…   Fort d’une nouvelle armée, et d’un espoir mécanique, nous nous apprêtions à rejoindre la bateille vers sombrefeuille, pour le meilleur et pour le pire…   Ma chère sœur, si tu m’entends, j’espère que nous pourrons combattre ensembles… Je ne peux pas t’atteindre, mais peut être qu’Edras, puisqu’il est avec toi… Je me concentrai, modelant déjà dans mon esprit des songes destiné à l’élu de celui qui fut le cœur et l’âme de mon propre ancêtre… Si seulement ça pouvait marcher…    

Prom Et Harlow, jalousie féérique

La forêt dense et ancienne entourant le campement provisoire du prince Samay murmurait de mystères et d’anciens sorts à peine audibles. Le prince avait choisi ce lieu, isolé sous l’épais feuillage, après leur longue et ardue traversée des terres désertiques et apauvries, cherchant à se reconnecter avec les forces élémentaires dans un environnement où la magie s'imbriquait profondément dans chaque racine et chaque brise.   Perchée sur une branche robuste d'un chêne séculaire, Prom, l’esprit-chouette aux plumes d’encre, observait de ses grands yeux lumineux le campement en contrebas. Elle scrutait l’endroit où Harlow, l’esprit féerique à la lumière capricieuse, flottait près du prince, éclatant par moments de sa lumière féérique, dansant autour de Samay qui méditait, absorbé par ses incantations silencieuses.   La jalousie bouillonnait dans le cœur spectral de Prom. Elle n'avait pas l'habitude de partager l'attention de Samay, encore moins avec un être qu'elle considérait comme un simple visiteur. Déjà que l'efle aux yeux de bronze l'agaçait car il semblait avoir une emprise sur Samay, maintenant voila que le fae bien trop mignon à son gout venait de plus en plus à la rescousse du prince. Prom se rappelait les siècles passés, du moins en temps féérique, toujours aux côtés du prince, à travers les époques et les crises, un pilier constant dans sa vie tumultueuse. Elle s’approcha de Harlow, ses mouvements silencieux comme la brise nocturne.   "Harlow," commença-t-elle, sa voix un grésillement doux qui trahissait son agitation, "sais-tu combien de cycles de lune j’ai veillé sur lui ? Combien de dangers j’ai détourné de son chemin ? Toi, tu viens à peine d’arriver et déjà tu prétends à une place à ses côtés ?"   Harlow, qui brillait doucement dans la pénombre, se tourna vers elle avec une expression de tranquille assurance. "Prom, je comprends ta préoccupation. Mais je suis ici parce que le prince m’a invoqué, pour ajouter à sa protection, pas pour te remplacer."   "Tu n'es ici que quelques heures chaque jour, alors que moi, je reste toujours. C’est moi qui reste à veiller lorsqu’il traverse ses nuits les plus sombres, pas toi," répliqua Prom, ses plumes semblant frémir dans la lumière lunaire.   Harlow hocha la tête, ses ailes de fée déployées en un geste pacificateur. "Je sais cela, et je respecte ton dévouement ancien. Mais Samay cherche à étendre ses alliances, à renforcer sa garde. Mon aide, même temporaire chaque jour, est voulue et précieuse."   Alors qu'ils parlaient, un frisson parcourut l'air—un signe indéniable d’une présence magique perturbatrice. Instinctivement, les deux esprits tournèrent leur attention vers cette nouvelle menace, mettant en pause leur dispute.   Prom, avec une rancœur résiduelle mais aussi un sens aigu du devoir, proposa à contrecœur, "Aidons-le ensemble, alors. Chassons ce qui menace sa quiétude."   Harlow acquiesça, reconnaissant l'opportunité de prouver sa valeur. "Ensemble," accepta-t-il, et ils s'élancèrent, unis par la nécessité, vers le prince toujours absorbé dans sa méditation, ignorant la jalousie et les conflits de ses gardiens invisibles. Ensemble, ils se préparaient à affronter l'esprit malveillant, unissant leurs forces pour la première fois dans un but commun. La menace, une créature malicieuse faite de brume et de murmures sombres, se glissait à travers les arbres centenaires, ses mouvements presque imperceptibles dans l'obscurité de la forêt. Prom et Harlow, réconciliés par la nécessité, se lancèrent à sa poursuite, leurs différences momentanément oubliées face au danger commun.   Prom, avec ses yeux perçants et son vol silencieux, guidait la traque, ses ailes d'encre laissant à peine une trace dans l'air nocturne. Harlow, éclatant sporadiquement de sa lumière féérique, illuminait leur chemin à travers les sous-bois, révélant les traces laissées par l'esprit malveillant. L'harmonie entre leurs compétences devenait évidente, chaque mouvement de l'un complétant l'autre, dans une danse aérienne de lumière et d'ombre.   Au fur et à mesure que la poursuite s'intensifiait, Prom commençait à apprécier la manière dont Harlow maniait sa magie, créant de petites zones d'obscurité pour les camoufler ou éclatant de lumière pour les désorienter. Elle voyait maintenant en lui non seulement un rival, mais un allié capable et digne de confiance.   Leurs efforts conjoints les menèrent finalement dans une clairière où l'esprit malveillant, pris au piège, se débattait avec fureur pour échapper à l'encerclement des deux esprits féériques. Prom plongea en piqué, ses serres s'étendant pour attraper la créature, tandis que Harlow lançait un sort d'entrave, ses mains dessinant des symboles complexes dans l'air, ses ailes diffusant une poussière scintillante qui liait l'esprit. Avec l'esprit capturé et contenu, Prom et Harlow se posèrent sur le sol de la clairière, le calme revenant lentement autour d'eux. Harlow regarda Prom, un sourire naissant sur ses traits lumineux. "Nous faisons une bonne équipe, n'est-ce pas ?"   Prom, observant la grâce avec laquelle Harlow avait manœuvré pendant la chasse, acquiesça, une lueur de respect dans ses yeux. "Oui, tu as ta place ici. Et... tu es vraiment magnifique, Harlow. Ta lumière est... envoûtante."   Touché par ses paroles, Harlow étendit une main, son geste offrant paix et réconciliation. "Alors, faisons un pacte, Prom. Protégeons ensemble notre prince, en harmonie. Partageons nos veilles et nos forces." "Accepté," répondit Prom, sa voix plus douce qu'auparavant. Ils scellèrent leur pacte par une alliance de magie, un tourbillon d'encre et de lumière enveloppant leurs formes, symbolisant leur nouvelle entente.   Dès lors, leur rivalité s'était transformée en camaraderie, leur lien renforcé par l'adversité commune et le désir partagé de servir au mieux le prince Samay. Ensemble, ils revinrent vers le campement, veillant de leurs différentes mais complémentaires façons sur celui qui les avait appelés tous deux à son service.  

The Journal Entry’s title

Au crépuscule d'un monde oublié par le temps lui-même, dans l'entre-deux des légendes et des murmures, je me réveille. L'auberge, un havre de mystères et de bois craquant, nous crache hors de ses entrailles comme un secret trop longtemps gardé. Moi, Samãy, avec mes comparses, entreprends le chemin vers un lieu où la bière mousse plus que les rivières ne chantent, le Poney Frétillant.   L'absence de Kay, tel un murmure dans le vent, pèse sur nous. Il est parti, comme ces étoiles filantes que l'on aperçoit du coin de l'œil, promettant un retour aussi incertain que les marées. Torfor, notre hôte, est le messager de ce vent d'indépendance.   Puis vient Arin, tel un fantôme d'or et de feuilles d'automne, portant des nouvelles d'un monde lointain. Ses yeux, deux éclats de bronze sous un ciel d'éternité, me trouvent, m'encerclent. Quand sa main me touche, j’ai un frisson, le temps s’arrête, un vent fou et dangereux souffle sur mes dernières réserves. Je le veux… Oh, dieux, je le veux ! Si la fatalité ou le destin m’épargne, je marcherai dans son ombre, je créerai ma propre ombre pour qu’il fasse de même avec moi, et je tisserai les tapisseries oniriques à raconter par la suite, comme il le fait si souvent… Je connais le destin, c’est un amant cruel, qui prend plus qu’il ne donne, mais qui fait qu’on se sent vivant.   La lettre qu’il me tend viens de ma sœur, et c’est le cœur battant que je la lis, heureux de la savoir saine et sauve. Cependant je comprend son message codé, et une angoisse me fait réaliser que tout n’est pas d’une clarté limpide autour de moi…   Nous sommes désignés, par le hasard ou les prophéties, à marcher ensemble vers les Terres Sauvages, à travers un chemin tissé d'herbe et de prudence, loin des montagnes qui promettent la fin autant que le commencement.   Les marchés de Neverview bourdonnent d'une vie ancienne, un carrefour de destins et de désirs. Nous y remplissons nos sacs, armures de nos âmes, boucliers contre l'inconnu. Moonie, séparée de notre cercle, danse avec la mort dans un ballet de sorts et de malédictions, un affrontement qui scelle son sort à la trahison d'une foi, alors que son cœur volait vers son amant.. Las ! ce n’est pas ses lèvres qu’elle rencontre, mais des sorts et des dagues plantées dans son corps.   L'absence devient recherche, et la recherche, salut. Nous la retrouvons, écho d'une vie qui bat faiblement dans le creux de ses veines, et la ramenons du seuil de l'oubli. J’ai de la peine pour elle, un rendez vous galant qui se transforme en piege. Nous allons voyager longtemps, je tenterai d’alléger sa peine. Les plaines nous accueillent, étreinte de vent et de liberté. Notre périple se tisse de chansons sous les étoiles, de confidences échangées près du feu. Des liens se forgent dans le creuset de la nuit, mélange de lumière et d'ombre.   Brän, à la lueur vacillante d'un feu de camp, ouvre son cœur comme on dévoile un trésor. Ses paroles sont un serment tissé d'espoir et de loyauté. Je lui promets, en retour, de marcher vers mon destin, une quête non seulement pour libérer ces terres, mais pour me découvrir moi-même.   Moonie se réinvente sous le regard de Sumie, déesse de vérités retrouvées. Son chemin de foi est parsemé de lumière, une renaissance à travers les ombres de l'erreur. Arin, silhouette d'étrangeté et de familiarité, devient part de notre histoire. Entre ses tentatives maladroites de divertissement et les soirs partagés, une chaleur s'installe, fragile et têtue, entre lui et moi. Je le découvre, nuit après nuit, suivant son tatouage avec mes doigts, déclenchant des pointes d’appréhension, d’envie, de sensualité. J’aime m’imaginer que parmi ces runes et ces glyphes, peut être, mon nom se trouverait enlacé un jour, comme je l’enlace… je n’ai pas eut l’occasion de connaître ça. Il a vécu bien plus que moi, je ne suis qu’un enfant à l’aulne de ces sentiments…   Un soir, il raconte l'histoire de Vasuki, un fil d'argent reliant nos âmes à travers les âges. Une résonance s'éveille en moi, intuition d'un lien tissé non par le hasard, mais par la trame du destin. Notre voyage nous mène à travers des terres qui racontent des histoires de fin et de commencement. Chaque rencontre, chaque défi est un mot dans le livre de notre épopée. Dans le désert, face à la désolation, notre combat se mêle à celui d'un village écorché par la malédiction. Nous y semons des graines d'espoir, des promesses d'aide et de retour. Moonie, bran, kethot et pangur, avec sa musique et sa panthère, promettent bien plus que des mots. La terre semble répondre à l’appel de Kethot, moonie prodigue eau et soins, et Bran s’occupe des blessés.   Nous acceptons sans hésiter de les aider, en partance vers un trou dans le désert, antre de notre ennemi désormais commun. La descente dans l'abîme est un pèlerinage vers l'intérieur, une quête dans les ténèbres où chaque pas est un écho dans le silence. Ensemble, nous affrontons des ombres, des murmures de malice qui se dérobent sous nos coups.   Au cœur de la nuit, la bataille se fait danse, un affrontement de lumière et d'obscurité. Je ne dois mon salut qu’à mes camarades, frôlant la mort, bien qu’heureux d’avoir pu invoquer une gangue de lumière, m’ayant permis de sauver moonie. Les fiélons sont des vices frappant nos corps et nos cœurs, mais le pire c’est de savoir qu’une âme impie psalmodiant des malédictions est à l’œuvre dans l’ombre… Notre pugnacité est mise à rude épreuve, mais je retiens finalement un cri d’exaltation, la créature honnie ayant décider de fuir… La pierre de Kantata retrouvée, nos pas nous mènent hors des ténèbres, vers la lumière d'un lendemain. Bien que la découverte de la graine d’opposition dans la main de kethot me choque quelque peu, pensant à l’avenir du village, je suis au diapason quant à son attente lorsqu’il tend l’artefact comestible à son amant et amour, mars…   Je suis déçu de constater que rien ne se passe, d’autant plus que je ne sais plus comment annoncer aux villageois que notre mission est un demi succès, la malédiction toujours présente, et qu’ils n’ont plus que deux graines…   Mais, alors que mes pensées courent plus vite que mes pas, une expression de surprise me fait me retourner, en même temps que mes camarades, et un grand sourire trouve refuge sur mon visage alors que Mars, nu comme un ver, regarde amoureusement Kethot..   A présent , des questions, pernicieuses, angoissées, me taraudent.. Kethot restera -t-il avec nous ? Je ne saurai lui commander de rester . De quel droit ? il a le droit de vivre sa vie, et peut être que suivre ma destinée n’est pas la meilleure chose qu’il soit pour qu’il le fasse avec joie et félicité… Je me retourne vers Bran, il semble préocupé aussi… Je dois tenir. Combattre le fléau… Et lui trouver son nom… J’ai fais une promesse… Je regarde au dessus de nous, Prom fait des cercles, semblant reproduire le schéma de mes pensées… Je n’ai plus d’énergie, je suis épuisé, la mort m’a susurré des promesses bien trop réelles, dans la grotte… Arin… Sois le pilier de chair sur lequel m’appuyer, soit la main qui me guidera si je flanche, sois le souvenir d’une vie précaire mais bien remplie…  

La rebellion des ombres (partie une)

Sous un ciel déchaîné, je me tiens là, Samay, prince elfe en exil, spectateur et acteur d'une bataille qui transcende l'entendement. La poussière du passé est encore collée à nos vêtements. La pluie, telle une larme des dieux, s'abat sur nous, mêlant sa voix au fracas des armes et des incantations. Les mots d’une lettre à peine lue se fraient un chemin dans le tumulte des voix qui crient dans ma tête, mais l’urgence les repousse dans leur vestibule d’angoisse, pour plus tard. Les ruines de la tour des mages de Naga témoignent du désespoir de notre lutte, tandis que l'hydre, monstre de légende, déchaîne sa fureur sur le champ de bataille.   Au cœur de cette tempête de violence, un elfe, pris au piège sous les décombres, attire mon regard. Sa beauté, même dans la douleur, éclipse la fureur de l'orage, sa bravoure illuminant les ténèbres de la bataille. Cet inconnu, dont la jambe est cruellement emprisonnée, incarne l'héroïsme dans sa forme la plus pure, comme Bran dont je suis fier d’être l’ami. Je sens en lui un frère d'armes, un esprit indomptable qui, malgré ses blessures, lutte pour survivre. Mes compagnons et moi faisons face à l'adversité avec une détermination farouche. Brän protège les enfants, confiant leur sécurité à Louna, sa louve. Kay, vif comme l’éclair qui vient de s’abattre, défie l'hydre avec une flèche bien placée, tandis que Pangur Ban se jette dans la bataille, sa fidèle panthère à ses côtés. Moi, je me tourne vers les pouvoirs que j'ai acquis dans l'ombre, un pacte scellé avec un ancêtre transcendé, qui s’était adressé à moi directement il y a maintenant une éternité… Je suis perdu, dépositaires de pouvoirs qui m’auraient fait rêver, enfant, mais qui m’étonnent toujours aujourd’hui..   Je rassemble mon énergie, canalisant les ténèbres pour envelopper l'hydre dans un voile d'obscurité, espérant l'aveugler, lui ôter son avantage. Mais ce n'est pas suffisant. Inspiré par l'héroïsme de l'elfe au sol, je puise plus profondément dans mon pouvoir, ouvrant une brèche entre les mondes, un soupir entre les étoiles. Je lui donne un but, une cible, je lui confie mon espoir et ma rage… Petit à petit je sens basculer les saisons en moi… Je m’accroche au printemps comme un enfant à son cerf-volant, mais je ne peux m’empêcher de penser à ce symbole frappé et déchiré par la foudre. Les voix et les murmures dérangeants se font entendre, emprisonnant l’hydre dans une gangue de tentations et doutes, de froid, et d’obscurité… Je sais bien que ce n’est qu’un mince répit, et notre adversaire comprend vite qu’il ne doit pas rester ici, mais au moins j’ai pu l’éloigner de l’elfe blessé. Franchissant le voile brumeux auquel tout Eladrin a accès, je raccourcis la distance qui me sépare de l’elfe blessé, au plus près possible, et, contournant la monstruosité, j’essaie d’évaluer son état et ce que je peux y faire.   Le combat s'intensifie, chaque coup porté avec la conviction que la fin est proche. Moonie tombe, et mon cri inaudible accompagne sa chute, mais heureusement elle se relève, grâce à notre Bran. Kethot arrive à nous faire gagner un temps précieux en enchevêtrant la bête, et Monnie à peine remise nous baigne de sa bénédiction divine, soignant les blessés avec une efficacité redoutable. Pangur et Kay ne sont pas en reste, harcelant au mieux l’Hydre, mais cette dernière est obnubilée par Bran, notre paladin lui ayant lancé un défi que nulle personne ou créature ne saurait ignorer, tellement baigné de divin et de force de conviction. Mais l’hydre est bien trop forte, à chaque tête coupée, deux repoussent. La maitrise sur ma saison se brise alors, et je cède à l’hiver, à nouveau. Froid. Implacable. Déterminé. Une main spectrale prolonge mon propre geste, vers l’hydre, et je l’attaque sans une once d’hésitation…Je ne sais pas si c’est mon ancêtre qui me guide, ou un instinct, peut-être est-ce juste de la folie. Mais, pourtant, le miracle opère. Cette chose semble ne plus pouvoir se régénérer. Il faut que je maintienne la pression, répétant encore et encore cette attaque que je répugne d’ordinaire à utiliser. Le secret pour briser la capacité de régénération de l'hydre, je le partage avec mes alliés, et ensemble, nous lançons un assaut coordonné. Nos attaques, imprégnées de magie et de courage, s'abattent sur la bête avec une précision mortelle. Je lance des décharges occultes, chacune portant en elle l'espoir de sauver l'elfe blessé, car il ne pouvait être dit que nous aurions traversé tout ça pour finalement voir mourir un héros à nos pieds.   Finalement, l'hydre succombe, s'effondrant sous le poids de nos attaques combinées. Le calme qui suit est un contraste saisissant avec le tumulte de la bataille. Nous sommes là, épuisés, trempés, mais victorieux, entourés des ruines et du souvenir de notre lutte. C'est une victoire, certes, mais pour moi, c'est plus que cela. C'est une affirmation de mon chemin, de mon exil, et de la connexion inattendue que j'ai ressentie avec cet elfe au sol, et la foi qui se nourrit dans les relations que j’ai à présent avec mes amis. Dans ce moment, je suis Samay, non seulement un prince en exil mais un frère d’armes pour ceux qui luttent dans l’obscurité. Peut être que ma lumière ne brille pas comme elle devrait, mais j’utiliserai tout ce que j’ai, tout ce qui me coute, pour poursuivre ce chemin. Après la victoire sur l'hydre, une victoire qui a exigé de nous chaque once de courage et de force, nous nous dirigeons vers un refuge naturel, un arbre majestueux sous lequel nous établissons notre campement. Les branches de cet arbre, s'étendant comme pour nous accueillir, nous offrent un abri contre les éléments, un moment de répit dans le tumulte incessant de notre quête.   Dans cette quiétude relative, un sentiment de paix m'envahit, contrastant fortement avec l'agitation de la bataille. Cependant, cet apaisement est teinté d'une préoccupation croissante pour l'elfe que nous avons sauvé, cet inconnu dont la beauté et l'héroïsme m'avaient marqué. Malgré les soins que nous lui prodiguons, il reste plongé dans un sommeil profond, inatteignable, ses yeux fermés comme s'il refusait de se réveiller dans un monde marqué par la souffrance. C'est dans ce contexte, alors que l'air est chargé d'inquiétude et de sollicitude, que Kethot, notre druide au cœur aussi ardent que sa chevelure, agit sous l'impulsion d'une intuition soudaine. Avec une tendresse qui semble puiser dans les profondeurs de la magie elle-même, il dépose un baiser sur les lèvres de l'elfe. Le geste, désespéré mais empreint d'une puissance inconnue, brise le voile du sommeil. L'elfe s'éveille, repoussant doucement Kethot dans un moment de gêne partagée qui, étrangement, dissipe la tension de l'air. J’ai un sourire sur le visage, car cette scène me rappelle beaucoup les récits que mère nous contait.. Mère… ce mot semblait prendre des significations diverses et perturbantes depuis notre passage dans la tour.   Lorsque ses yeux se posent sur moi, je ressens un frisson d'incertitude. Dans son regard, je lis une reconnaissance, un lien inexplicable qui semble nous unir au-delà de notre rencontre fortuite. Mon cœur est partagé entre la joie de le voir éveillé et une confusion profonde. Pourquoi son regard sur moi éveille-t-il une telle tempête d'émotions ?   Lorsque je me présente, sa proposition de me renommer "Ke Saman" me prend au dépourvu. Ce nouveau nom, un écho à une ressemblance que lui seul semble percevoir, me fait réaliser l'ampleur de notre connexion. Cette offre, bien que simple, me touche profondément, ravivant les feux de mon identité longtemps voilée par l'exil et la solitude. Je me sens à la fois honoré et intrigué, conscient que ce moment marque le début d'une nouvelle voie, non seulement pour moi, mais pour nous tous.   Comme pour appuyer ce fait, je sens que je peux à nouveau prendre d’autres apparences et identité. C’est à la foi une joie et une souffrance, car j’avais usé de ce stratagème pour survivre, lorsque mon protecteur avait été assassiné, et j’avais perdu cette faculté lorsque j’avais trouvé le livre des Ombres… Mais étrangement, à présent que je pouvais de nouveau être n’importe qui, je souhaitais être Samay… Ou peut-être « Ke Saman »…   Cette soirée sous l'arbre bienveillant se transforme en un carrefour de destins entrelacés, où mes sentiments contradictoires - l'émerveillement, la confusion, et une curiosité renouvelée pour l'avenir - se mêlent dans le calme de la nuit. La présence de cet elfe, et le nom qu'il m'attribue, s'inscrivent désormais dans le récit de ma vie, un récit où la magie et les liens humains dévoilent des chemins inattendus vers la rédemption et la découverte de soi. Lorsqu’il nous dit son nom, Arin, et sa renommée, fondateur des messagers d’Harmonie, je loupe quelques phrases… J’ai l’impression que l’espoir me transperce le cœur, alors qu’il nous confirme qu’il a croisé le chemin de ma sœur et de ses compagnons. Elle est encore en vie ! et elle trace son chemin qui semble auréolé de gloire. Mon sourire reviens et avec lui le printemps, mes yeux d’or et de cuivre brillants comme il se doit. Je le regarde benoitement, réalisant qu’il attend une réponse de moi, alors que je comprend à retardement ce qu’il vient de me proposer… Une nuit avec lui ?...   Le défilé royal, avec tambours, chevaux, trompettes et forces annoncements , semble vouloir élire domicile dans tout mon corps, l’hésitation , la peur, l’envie, la honte, toutes écrites en lettres ampoulées, en haut de la suite de décrets royaux à ratifier pour aujourd’hui… Je finis par balbutier de façon totalement stupide un « oui » faible, mais Arin ne me laisse pas le temps d’y réfléchir et me prend déjà par la main pour m’entrainer plus loin. Je crois me rappeler que je lui ai demandé si on pouvait parler de ma sœur, ce à quoi il avait répondu « oui, si ça te fais plaisir.. si on trouve le temps »…   Au sein du sanctuaire que formait notre temps partagé, baignée par la lumière argentée de la lune, l'air semblait chargé d'une promesse inexprimée. Le moment où nos regards se croisèrent, un frisson parcourut mon être tout entier, annonçant l'aube d'une révélation intime. Sa présence, à la fois rassurante et excitante, faisait vibrer en moi des cordes longtemps oubliées, éveillant un désir ardent mais teinté d'appréhension. Depuis longtemps je jouais une partition virtuose, écrite pour un hédoniste, jouée par un instrument brisé, mal accordé. Envie. Douleur. Passion… crainte…   "Ke'Saman," murmura-t-il avec une douceur infinie, ses yeux plongés dans les miens, "tu es si semblable à lui..." Sa voix était empreinte d'une mélancolie teintée d'espoir, et dans son appel, je perçus la profondeur de son affection, un hommage à la fois à son passé et au lien naissant entre nous, mais aussi une douleur, une gêne… Le masque autoritaire, hautain même, avait été déposé au milieu de la pile de nos vêtements.. Je frissonnai sous son toucher, non de peur, mais d'une révélation naissante. Ses doigts, en traçant des chemins invisibles sur mon corps, semblaient dialoguer avec chaque cicatrice, chaque mémoire enfouie. Lorsqu'il effleura une marque particulièrement sensible sur mon dos, mon corps se tendit malgré moi, un réflexe conditionné par des souvenirs douloureux.   Arin s'arrêta, son regard empli de compréhension. "Je suis là, Samay. Avec toi, tu es en sécurité," dit-il doucement, sa main quittant ma peau pour chercher la mienne, entrelaçant nos doigts dans un geste de soutien et de connexion. "Je ne te ferai jamais de mal. Nous irons à ton rythme, et seulement si tu le souhaites."   Son assurance, son respect de mes limites, alluma en moi une étincelle de désir, un besoin de me reconnecter avec une partie de moi-même longtemps négligée. "Je... je le veux, Arin," avouai-je, ma voix tremblante mais résolue. "Avec toi, je me sens... différent. Vu. Entier." Arin sourit, un sourire qui illumina son visage et réchauffa mon cœur. "Alors, explorons ensemble, Ke'Saman. » et il plaça ma propre main sur son torse, chaud. Obnubilé par ses yeux, je n’avais pas encore fait attention à son tatouage qui prenait pourtant une bonne partie de son corps… Un Ouroboros, si finement détaillé, si emplein d’éternité. A ma question sur sa signification, il me répondit gêné qu’il représentait le cycle éternel de la vie, lui rappelant son amour de jeunesse perdu. Un pincement au cœur s’invita soudain. Jalousie. Compassion. Quelque chose de plus grand et de plus vieux que moi, mais aussi une part d’Histoire, comme celle que nous narrait notre mère…   Ce qui suivit fut une exploration mutuelle empreinte de respect et de découverte. Arin me guidait avec une patience angélique, chaque caresse et chaque baiser semés comme des promesses sur ma peau. Ses gestes, toujours prévenants, me demandaient silencieusement la permission de continuer, s'assurant de mon confort à chaque instant.   Lorsque ses lèvres rencontrèrent les miennes, ce fut avec une douceur si palpable que mes dernières réserves semblèrent fondre comme neige au soleil. Le désir naissant entre nous était pur, exempt de la peur qui avait longtemps assombri mon cœur. Dans ses bras, je découvris une passion nouvelle, un désir libéré des ombres du passé.   Et moi, sous le regard aimant d'Arin, je me sentis renaître. "Avec toi, Arin, je me sens... libre. Comme si les chaînes de mon passé se brisaient enfin." À un moment, Arin, avec un sourire espiègle illuminant son visage, me proposa un défi. "Que dirais-tu, Ke'Saman, si nous inversions les rôles? Si pour une fois, le prince exilé prenait le contrôle sur le ranger solitaire?" Sa voix, teintée d'une malice joyeuse, piqua ma curiosité autant que mon désir.   "Hum, et si je refusais?" rétorquai-je, jouant le jeu, un sourire narquois aux lèvres.   "Alors, je serais forcé de recourir à des mesures... extrêmement agréables pour te convaincre du contraire," riposta-t-il, ses yeux pétillant de défi.   Acceptant le challenge, je pris une mine faussement autoritaire, m'avançant vers lui avec une démarche exagérément pompeuse. "Eh bien, ranger Arin, il semble que tu doives apprendre à respecter l'autorité royale," dis-je, peinant à maintenir un visage sérieux. Arin éclata de rire, un son si contagieux que je ne pus m'empêcher de le rejoindre, nos rires se mêlant dans l'air chargé d'une tension électrique. Mais alors, avec une rapidité surprenante, il inversa notre position, me plaquant doucement contre le sol, ses mains encadrant mon visage. "Oh, je respecte l'autorité, mais seulement quand elle sait exactement ce qu'elle désire," murmura-t-il, avant de capturer mes lèvres dans un baiser à la fois moqueur et incendiaire.   Notre jeu de rôle continua, oscillant entre domination et soumission, je m’amusai à prendre d’autres apparences, mais il n’aimait pas ça, aussi je restai simplement moi, et nos joutes toujours teintées d'un respect mutuel et d'un désir profond de faire plaisir à l'autre. Nous rions entre les baisers, et nos gestes beaucoup plus osés, nos corps s'exprimant avec une aisance et une joie libérées des conventions. À un moment donné, alors que j'avais repris l'avantage, j'ordonnai à Arin, avec un sérieux feint, de m'apporter la plus exotique des friandises de son imagination, qu’il devait me présenter sans utiliser ses mains. L'ingéniosité avec laquelle il s'exécuta, me fit rougir de naïveté lorsqu’il me présenta « la friandise », et transforma l'acte en une expérience à la fois hilarante et incroyablement sensuelle.   Chaque geste, chaque échange, renforçait notre connexion, transformant même les défis les plus absurdes en prétextes pour explorer la profondeur de notre désir. Dans ces moments, la vulnérabilité devenait notre force, et le rire, notre lien le plus intime. Ce jeu entre nous, cette capacité à naviguer entre les rôles avec aisance et humour, dévoila une couche supplémentaire de notre relation, un espace où la confiance et le consentement formaient le socle de notre intimité. Dans cette danse ludique, nous découvrions que l'érotisme, loin de se limiter à la passion, s'enrichissait de rires partagés, créant entre nous un monde où chaque moment était une découverte, chaque toucher, une promesse d'infinies possibilités.   Cette nuit-là, Arin m'apprit à désirer à nouveau, à faire confiance non seulement à un autre mais aussi à moi-même. Ensemble, nous avons tracé un chemin à travers les ombres, trouvant dans le partage et l'intimité une lumière qui promettait de guider nos pas vers un avenir empreint d'espoir. Je n’avais pas la naïveté d’y placer autant d’intensité et d’avenir, mais ses bras autour de moi était le seul avenir qui m’importait, ici et maintenant.   Bien plus tard, mes doigts s’amusant à tracer son tatouage, je lui demandai des nouvelles de ma sœur, le faisant rire dans un premier temps. « têtu comme lui hmm ? Ke’Saman ».. Mais il me répondit. Elle l’avait impressionné et il lui trouvait une véritable âme de dirigeant.. Il me confirma, sans vouloir le faire vraiment, pour ne pas briser une promesse, ce que je soupçonnais depuis que j’avais lu la lettre. Il me confia m’avoir cherché pendant deux ans avec les mages de Naga, mais en vain..   Nous de dormons pas, nous méditons… Mais pourtant, je ne fu jamais aussi proche du sommeil que contre lui, m’enveloppant d’Arin comme un manteau, pour m’y cacher et me réchauffer… Lorsque l'aurore effleura le ciel de ses premiers rayons, disséminant une lumière timide à travers les nuages, le réveil au camp fut doux, empreint d'un mélange de mystère et de réflexions nées de la nuit passée. Malgré l'épaisse brume d'incertitudes et de secrets non dévoilés, l'appel impérieux de l'aventure nous poussa à nous préparer, l'arrivée d'Arin parmi nous injectant un nouvel élan à notre détermination.   Arin, dont la présence s'était rapidement révélée indispensable, proposa d'accompagner notre périple vers Neverview, révélant ainsi que nos chemins étaient étrangement alignés. Cette alliance, bien que vue d'un œil méfiant par certains, ne pouvait être écartée, la réputation et le mystère entourant Arin Aleksander Drake, le fondateur des Messagers d'Harmonie, promettant d'être un atout de taille. Le crépuscule nous enveloppa de ses couleurs flamboyantes alors que nous approchions de Neverview, cité encerclée de terres fertiles et de marécages, se dressant fièrement devant nous. À ses portes, un mélange hétéroclite de marchands, d'aventuriers et de locaux témoignait de la vitalité de la ville, tandis que les gardes, imposants, contrôlaient l'accès en échange de quelques pièces. Brän tenta de négocier notre entrée, espérant que la mention du fils perdu d'un conseiller susciterait l'empathie des gardiens. Face à leur indifférence, ce fut Kay, avec une habileté de roublard, qui, en exhibant des trophées de Gnolls, gagna notre passage, transformant leur réticence en une acceptation silencieuse.   À peine les portes de Neverview franchies, une sensation étrange s'empara de Moonie, convaincue d'être suivie, une impression confirmée par le regard méprisant de fidèles d'une foi rivale. Leur dédain manifeste, marqué par un crachat à ses pieds, laissa un goût amer, révélant les fissures religieuses qui zébraient la cité. Devant un tableau d'avis de recherche, Kay reconnut, non sans stupeur, le visage d'un ami d'enfance d'Amellys, désormais recherché pour un crime grave. Cette découverte nous plongea dans un tourbillon d'émotions contradictoires, nous confrontant à la dure réalité de notre monde. Toutefois, l'urgence de notre quête nous rattrapa vite. La nuit tombante et les ombres s'allongeant sur Neverview nous rappelèrent à nos obligations. Nous nous mîmes en quête du palais du conseil, guidés par une mission dont l'issue pourrait bien déterminer notre avenir. Sur notre chemin, un messager reconnut les insignes de Sumie sur Moonie et lui remit une lettre de son temple, portant de sombres nouvelles. Tandis que Moonie absorbait le contenu de la missive, Arin échangea quelques mots avec le messager, avant de nous annoncer son départ, non sans promettre de nous retrouver au siège de sa guilde.   L'aube peignait le ciel de Neverview de teintes douces lorsque je me rendis compte que notre groupe, mal orienté dans cette immense cité, dépendait désormais de Vellor pour nous guider. Pourtant, le jeune garçon, habituellement loquace, se mura dans un silence troublant, multipliant les détours et tentatives de disparition, bien que Louna, notre louve fidèle, veillât au grain, déjouant ses plans d'évasion. Confronté à nos questions, Vellor révéla finalement que son histoire était un secret, inconnu des habitants de Neverview. Avec résignation, il nous conduisit jusqu'au palais du conseil, une structure imposante mêlant grandeur et élégance architecturale, ses gardiens austères nous défiant du regard.   Devant ces portes, Brän tenta, en vain, de négocier notre entrée, son statut de chevalier ne suffisant pas à fléchir la rigueur des gardes. C'est ma propre intervention, initialement vaine face au questeur, qui finalement permit notre entrée, grâce à une suggestion peu orthodoxe de Kay : un échange discret de sikka contre l'accès au palais.   Admis au sein du palais, nous fûmes dirigés vers la salle d'audience, un silence lourd pesant sur nos épaules jusqu'à l'arrivée du conseiller suprême. Son entrée, dénuée de toute pompe, nous prit de court, tout comme sa demande directe concernant notre présence. Brän, confus, tenta d'expliquer notre mission concernant Vellor, provoquant l'hilarité du conseiller qui confessa ne jamais avoir eu d'enfant. Le mensonge de Vellor, désormais évident, nous plaça dans une position délicate. Malgré le tumulte, nous saisîmes l'opportunité pour exposer notre quête principale : trouver une écaille de Naga. Je révélai également ma véritable identité, celle du prince héritier, ainsi que notre besoin urgent d'aide face aux sombres menaces pesant sur le royaume. Le conseiller, bien que sceptique, fut intrigué par notre audace et nos révélations. Il exprima ses propres inquiétudes quant à la situation précaire de Neverview et des environs, nous confiant une mission diplomatique cruciale vers l'ouest, dans l'espoir de rallier de nouveaux alliés. À peine cette audience terminée, le conseiller, connu pour son faible pour les dames, invita Moonie à dîner, une invitation qu'elle accepta presque aussitôt.   Nous décidâmes ensuite de clarifier les choses avec Vellor. Reconnaissant son ingéniosité malgré la supercherie, nous fûmes touchés par la décision du conseiller de prendre l'enfant sous son aile. Nos adieux furent émouvants, promettant à Vellor un avenir meilleur et à nous-mêmes un nouveau chapitre à écrire. La quête de la potion nous mena ensuite chez Rufus Didéon, l'apothicaire royal. La boutique, enveloppée de mystère et de silence, semblait abandonnée. Notre intrusion, bien que réticente, déclencha un piège magique, Kay frôlant la catastrophe. Heureusement, Moonie, par son intervention magique, neutralisa la menace, révélant la présence cachée d'artefacts précieux. Notre confrontation avec Roy Jabryt, l'assistant de Rufus, pris de panique, se transforma en échange d'informations et de conseils. Reconnaissants, nous quittâmes la boutique avec des promesses et une potion mystérieuse offerte à Kay. La soirée nous guida finalement vers Le Poney Frétillant, à la recherche d'un repos bien mérité. La découverte tragique d'un corps sur notre chemin ajouta une note sombre à notre quête, mais l'accueil chaleureux de Fortor à l'auberge nous offrit un moment de répit et de camaraderie, malgré l'ombre des préoccupations familiales planant sur moi. La soirée se clôtura sur la promesse d'une nouvelle aventure, Kay restant éveillé, avec visiblement une idée en tête….   (fin de la première partie)  

Un souvenir douloureux (partie 2)

Il ne fallait pas s’arrêter sur l’instant présent. Du moins pas dans ces circonstances… Ainsi le jeune prince n’eut pas le temps de réfléchir à se masquer, à camoufler le souvenir en lézardes brunes sur son dos, ni de s’appesantir sur ce cauchemar qui n’en finissait pas, commencé il y a combien de temps déjà ? Ces pauvres gosses qui avaient assistés au carnage, leur camarades dévorés devant leur yeux, et maintenant ça, de nouveau une horreur cannibale… Il serra les dents et mis un voile de détermination sur ses actes et ses paroles… Il s’acharnerait à les sauver, eux et ses amis retrouvés. Il n’était pas passé à travers…. Tout ça … pour en finir maintenant.   Et puis ils avaient à présent un nouvel atout de taille, un chasseur et sa panthère… Le destin avait une curieuse manie, celle de faire se rencontrer les solitudes…   Samay n’avait pas pu mener totalement son plan à son terme. Il était bien sortit de son médaillon avec des armes à distribuer aux elfes prisonniers, mais il lui manquait la clef… Quand il avait compris que ses camarades restés derrière se battaient, il s’était téléporté au-delà des barreaux pour courir les rejoindre. Il lui fallait cette clef.   Il envoya son alliée féérique, Prom, avertir Bran, Moonie et les autres pour que tous se regroupent. Une voix intérieure, qui était plus un cri dans une forêt ou nul ne vivait, un appel inaudible qui ne recevrait pas de réponse, lui fit de nouveau penser à sa sœur… Comment se pouvait-il que le destin le réunisse avec de parfaits inconnus, tissant des liens aussi résistant que la corde de soie d’araignée offerte par les elfes, et qu’il ne le mette pas sur la piste de sa sœur ? Et pourtant Pangur, le chasseur, avait rencontré Lucens. Ce dernier devait forcément être proche de sa sœur, ils s’étaient tous donné rendez vous et le tavernier avait décrit qu’elle était entouré de camarades...Le destin était un enfant capricieux qui se lassait de ses jouets, semblait-il..   Un cri de douleur le fit revenir à lui, quand il comprit que s’ était Kethot qui l’avait poussé. Il se tenait la main, et visiblement le fameux Orbe noir dont avait parlé le gobelin en était la cause. Pas le temps d’investiguer pour le moment, mais Kay entreprit de le recouvrir de tissus et de le cacher dans son sac… Pour sa part, Samay ne tenait pas spécialement à emmener cette chose dans sa dimension de poche, au risque de pervertir cette dernière…   Cependant ils avaient vaincu leur adversaire, et, grâce à la clef récupérée, ils purent délivrer les elfes qui étaient à présent armés.   Ces derniers douchèrent leurs espoirs de trouver des écaille de naga dans la mine, car elle était à présent grouillante de plus d’une centaine de gobelins… Le prince regarda Bran dans les yeux et y lut la même détermination fataliste : il fallait condamner cette mine, et les elfes délivrés leur parlèrent de barils de poudre explosive stoqués dans la salle à manger des gobelins… Un hochement de tête entre le paladin et l’occultiste valida le nouveau plan qui se résumait peu ou prou à tout faire sauter et s’effondrer..   Tous écoutèrent les paroles précises et expérimentées de Bran. Samay se demanda ce qu’il avait bien pu vivre, à son tour, pendant toutes ces années, pour avoir appris ces qualités de meneur et de tacticien. Quand tout serait plus calme, il se promit de lui parler, de se confier à cœur ouvert, car il se rendit compte à sa grande honte qu’en voulant préserver ses amis de sa propre histoire tragique, il avait agi égoïstement : ils avaient visiblement tous vécus des tragédies, et si, tout comme lui, elles leur rongeait les veines et l’âme, alors le mieux était de crever l’abcès et de trouver de la force dans le soutient des autres…. Quand les enfants seraient en sécurité, il pourrait leur en parler…   La porte s’ouvrit, et avec un synchronisme admirable, Kethot et Samay commandèrent à la terre et aux ronces de piéger leurs adversaire, pendant que Bran et Elendil les contournait avec un objectif en tête : la poudre explosive.. Les racines s’enroulèrent, le terrain se fit vindicatif et les gobelins hurlèrent de rage, de peur et de douleur… Tout se passa très vite, et Samay eut un rire irrépressible lorsqu’ils se retrouvèrent tous dans le couloir, après l’explosion du baril de poudre qui fit tout s’effondrer. En effet, une image rémanente du clone de Moonie en train de danser lascivement et de façon tout à fait incongrue au milieu de ce capharnaüm , avait finit d’achever le barrage qui empêchait son rire nerveux de déferler…   Le campement était une bulle hors du temps, les enfants jouant avec le gros chat, ce dernier jetant des regards qui en disaient long sur sa relation de confiance avec le chasseur… Samay s’était recouvert, heureux que personne n’ait remarqué ses marques du passés sur son dos…   Ses pensées vagabondèrent, de nouveau baigné de soleil, le pépiement des oiseaux, dehors, lui indiquant qu’il y avait encore de belles choses… Addam l’enserrait et c’était le seul et unique matin qu’il lui restait de lui.. Ou pouvait-il être ? La nuit avait été bien plus efficace que tous les baumes et les onguents… Il l’avait approché, doucement, le corps du prince frémissant dans un reflexe de douleur et de dégout, mais le guerrier occulte, Addam, avait été patient, et quand finalement il avait pu enlacer le jeune elfe sans que ce dernier se recroqueville et se fustige lui-même, Samay s’était laissé aller… Presque un sommeil.. Une inconscience, bien loin des méditations de son peuple. Il était dans une guangue de chaleur, sentant le fin duvet des avants bras du guerrier sous ses propres mains. En sécurité… Désiré, mais pas forcé. Protégé.. C’était il y a bien longtemps, à présent, mais même si sa solitude était bien plus fidèle maitresse que les rencontres de chair et de sang, il était entouré ce soir, et encore vivant… Son regard balaya la troupe hétéroclite, et y trouva de l’espoir…   Son répits ne fut que de courte durée, car, alors que Moonie semblait avoir trouvé une solution pour Rufus, ce dernier se métamorphosa sous leurs yeux, en une hideuse caricature de lui-même, assoiffée de pouvoir, et disparu, choquant toute l’assemblée… Il était trop tard pour lui, il était devenu une liche, malfaisante et puissante. Et comme souvent, dans ce fragile équilibre, la perte fit place à un cadeau : l’apparition de la Louve de bran, entité lumineuse et bienveillante, qui dissipa toutes les craintes des enfants. Samay sourit à Bran, heureux qu’il ait pu mettre à profit les enseignements de la prêtresse elfe. La louve était magnifique et empreinte d’intelligence. Elle ferait une bonne nounou pour les enfants.   Le prince avait gardé depuis toutes ces années le manifeste de Mohun, reproche tangible de la mort de son père. Mais il avait bien fait, car grâce à ce dernier et à la perspicacité de ses camarades, ils purent déchiffrer les inscriptions de la tour et comprendre qu’il fallait rester dans la lumière. Kethtot alluma tous les braseros trouvés et heureusement, car la nouvelle vision dans les ténèbres du jeune prince lui fit voir des créatures qu’il valait mieux ne pas décrire à ses camarades… Moonie fit l’étrange découverte, aidée de Bran, que ce lieu était béni par sa déesse. Avec son aide, la troupe pu conclure qu’il serait bon de prendre les flèches trouvées dans un tombeau, gardé religieusement par un chevalier décédé longtemps auparavant. Un rituel inscrit dans son livre des ombres permit au jeune prince de comprendre que c’était des flèches tueuses de dragon…. Ils les emportèrent avec eux..   Mais c’est lorsqu’ils découvrirent la tombe de Malicia que le cœur de Samay s’arrêta net. Dans les bras de la grande mage Naga, se tenait le squelette d’un nourrisson enveloppé dans des draps frappés du sceau royal. Il ne faisait aucun doute, c’était le squelette d’un elfe… Il vécu la suite dans une gangue de coton et de doute, se demandant ce que cela pouvait signifier… Un enfant royal ? protégé par une mage puissante ? Pourquoi ? Etait-ce son frère ? avait-il eut un frère ? Il marchait sur une corniche de doutes, menaçant à tout moment de lâcher, et sa chute était vertigineuse.   Il se rappela vaguement qu’ils renoncèrent à garder une épée démoniaque épargnée par le temps. Mais la réalité vint le gifler de nouveau violemment quand, après avoir fait léviter livres et parchemins, il tomba sur une lettre… La voix tremblante, il la lu à ses camarades, et chercha du réconfort dans leur regard.. Cela ne se pouvait, cela ne se pouvait !   Il était à nouveau un enfant, son père explosant devant lui, le maculant de sang… Il faisait de nouveau son pas féérique, mais avait l’impression d’être tout de même écrasé… Puis tout bascula de nouveau, la tour s’effondrant… Il tenta de sauver Velor, mais Bran avait réagit avant lui, comme toujours. Dans la poussière et le fracas, le groupe se relève, pour assister à une nouvelle épreuve : un elfe au prise avec un monstre reptilien à plusieurs têtes… Sans même se demander pourquoi, ils tombèrent d’accord pour lui porter secours, l’urgence lui laissant un répit mental pour toutes les questions insidieuses que suscitait la lettre.        

Un souvenir douloureux (partie 1)

SCHKLACK !

Un coup sec. Le bruit de la douleur qui claque dans l’air. Le picotement sur la peau qui deviendra brûlure puis sang, et fulgurance nerveuse… Bien plus tard, la honte, la marque de sa déchéance.   « Un ! Pour avoir osé accuser le fils du seigneur Aridel ».   Salaud ! ce salaud de petit parvenu qui l’avait attiré par de belles promesses, le jeune samay se remettant à peine de la perte de son protecteur, cherchant un peu de chaleur, de douceur, de promesse de sécurité. Les poings du jeune prince en exil se serrèrent, mais ça ne servit qu’à égratigner ses poignets déjà mal menés, enserrés par des cordes de chanvres, face à un poteau de bois planté dans l’écurie. L’odeur de sueur, de peur, de sang et de crottin de cheval irritait les narines du jeune elfe, qui n’avait pas d’autre choix que de subir, goutant avec amertume toute la saveur de l’injustice. Le jeune nobliau, fils du seigneur Aridel, était plutôt bel homme, mais il cachait une personnalité hideuse, sadique et manipulatrice. Profitant de l’état d’égarement de Samay, Ardian l’avait minutieusement attiré dans son filet, alors qu’il avait surpris ce dernier à dormir dans l’écurie, faignant d’être concerné par la condition précaire du jeune prince, lui offrant chaleur, confort et sécurité… Il n’eut rien de tout cela.  

SCHKLACK !

« Deux ! Pour avoir osé voler le dur labeur des ouvriers du domaine ». Ce n’était pas totalement faux, mais ça ne reflétait pas la stricte vérité. Les pommes étaient tombées, et ne seraient pas ramassées, jugées trop mures pour les délicates papilles de ses parvenus… Samay n’avait pas vu d’inconvénient à en ramasser pour lui, et évidemment son sac remplis de fruits trop murs était à présent déversé devant ses yeux humides de rage, dans la fange et le crottin… Tant de gâchis ! Il se rappelait pourtant sa vie de cour, et imaginait, il l’espérait à raison, son père laisser les habitants profiter des largesses des vergers… Ses beaux vergers réduits en cendre par le fléau !   « trois. » « Attends ! » Samay frémit d’anticipation et de dégoût. Il avait reconnu les accents précieux de cette voix. Le miel cachant autant de malfaisance. « Mon père est bien trop clément… Il ne sera pas dit que le nom de notre famille soit ainsi trainé dans la boue. Il faut quelque chose de bien plus… marquant… ».   Des bruits de main s’affairant dans un sac de toile. Une odeur, typique, iodée. Du sel.. du sel brut, tiré d’une mine quelconque du coin… Les secondes s’égrenèrent, battant la cadence au même rythme que son cœur, puis quand vint la brulure sur les plaies encore fraiches, samay compris que ces cicatrices-là ne pourraient pas partir avec le temps, et que la douleur continuerait longtemps après la punition… Dix coups. Il fallait qu’il tienne dix coups, sauf si Ardian changeait de nouveau les règles. Mais ce dernier ne comptait visiblement pas en rester la. Samay entendit avec dégout le son caractéristique d’une main enduisant le fouet. « Seigneur ? Vous êtes sur.. c’est.. Inhabituel ».. « ne discute pas mes ordres ! »  

SCHKLACK !

  « Trois. Pour avoir déshonorer les terres Aridel ».. La voix était un peu moins forte, presque triste, compatissante, mais le fouet mordit violemment la peau du dos du jeune prince. De sa vie il n’avait connu pareille douleur, mais il se remémora son domaine, à l’abris et essayait de s’en faire une armure d’insensibilité. Une fugue mentale, suffisante pour supporter le traitement, mais pas trop forte pour ne pas s’évanouir, ce qui reviendrait à tout recommencer… Il ne leur fit cependant pas cadeau de larmes, de peur, et ses cris étaient réduit au strict minimum induit par un réflexe musculaire incompressible…   Il perdit le décompte, enfermé dans son univers rouge, blanc et chauffé au fer blanc, des lumières dansantes derrière ses paupières… Si son châtiment était allé au-delà des 10 coups, il n’en savait rien… Quand tout fut finit, il fut brièvement inquiet de se voir encore ligoté, avant de sombrer dans une bienheureuse inconscience… Bien plus, tard, il fut réveillé par le son des insectes de la nuit, et de la fraicheur du vent frais sur ses plaies à vif.   « Répugnant ! Mais le reste est toujours aussi plaisant, et je l’espère accueillant ! » un rire qui n’avait rien de noble ponctua la remarque salace de Ardian, alors qu’il promenait presque amoureusement sa main sur les plaies du jeune prince. Le peu de dignité qui lui restait, amalgame informe de tissus souillé, lui furent arrachés prestement. Samay bessa la tête, ferma les yeux, il ne lui ferait pas grâce de se retourner pour voir son bourreau. Il ne lui ferait pas grâce de se démener, de trembler de peur et de dégoût, car il savait que ça ne ferait que l’exciter d’avantage…   « tu ne peux t’en prendre qu’à toi, joli minois… Il t’aurait suffi de me satisfaire, plutôt que de te débattre et me jeter à terre…. A présent, j’aurai mon du, et tu a souffert, en plus, pour rien… Tu vois, c’est la triste réalité de ta vie sans relief.. il faut juste que tu saches rester à ta place… »   Un bâton, dont le quart supérieur était enduit de sel, et d’une substance poisseuse qui maintenait le sel sur le bois, tomba devant samay, ponctué d’un rire gras. « mais je suis magnanime, tu ne saurais m’accueillir dans toute ma gloire avec aussi peu d’expérience.. Je vais donc te préparer comme il se doit, et te laisser longtemps le doux souvenir de ma présence »..… La suite de ses souvenirs serait trop immonde pour y gâcher de l’encre, aussi, cher lecteur, ne souillez pas votre imagination par autant de dégout, car celui du prince est grand, et revient le hanter régulièrement…   Cependant il y eut un moment de pureté, une particule d’humanité, de compassion. Des mains douces le délièrent, légères comme des ailes d’oiseaux et il reçu ce qui pouvait le plus s’apparenter à un onguent sur les plaies béantes de son dos.. « tu m’autorises à en mettre.. la ? ».. Le contact le fit frémir, mais il acquiesça, incapable de parler… Quand il peut se retourner, son être était une ode à la douleur, mais cette dernière s’estompait déjà en partie… Il avait face à lui une femme entre deux âges, la peau tannée par des heures de labeur sous le soleil.. Ces mains caleuses étaient étonnamment douces et elle semblait avoir une expérience certaine dans le soin. Ces pauvres gens devaient sans doute régulièrement se débrouiller à ce sujet, la magie curative n’était pas si courante, hors des grandes villes…La femme jeta au loin le bâton enduit de cristaux de sels, dont l’extrémité était ensanglantée, et aida le jeune elfe à se relever… « il ne faut pas que tu restes ici… il.. il t’épuisera jusqu’à ta mort, autrement.. il n’a aucune limite »… Il y eut un hurlement de rage muet dans la gorge du prince, alors qu’emplit de la rage froide de l’hiver, il envisageait de se venger, de tuer son bourreau, mais la voix de son défunt protecteur résonna à ses oreilles « tu devras t’échiner à réunir ton peuple. Ce sera souvent injuste et la plupart des gens ne te donneront aucune raison de le faire. Mais ce sera ta vocation… »… Ardian ne méritait pas de vivre, mais sa mort provoquerai sans doute toute une série d’injustice par rebond. L’hiver implacable était aussi pragmatique. Alors le prince, une nouvelle fois, fuyat loin d’ici, aidé par cette femme dont il ne connut jamais le nom. Un sac de victuailles, de l’onguent pour la douleur, et des cicatrices honteuses comme seule compagnie…   Avec le temps, la guérison fit son office, et Samay usa d’artifices magiques pour masquer sa honte…   Il vint encore lui souffler sur la nuque, ce souvenir, alors qu’il dénudait son torse pour révéler le tatouage des elfes noirs, au chaud dans son domaine, attendant de pouvoir sortir de son médaillon. Il espérait ainsi leur faire comprendre qu’il n’était pas un ennemi. Pour accepter le livre des ombres, Samay avait renoncé à son pouvoir de déguisement, ne pouvant plus cacher ce mauvais souvenir… Le sac qu’il tenait était emplis d’armes. Peu de temps avant, ses camarades et lui avaient convenu que kethot ou kay viendrait l’approcher de la cage, y glisserait le médaillon et la, le jeune prince en sortirait avec suffisamment d’armes pour les prisonnier elfes. Le début fut assez conforme à leur préparation, le brave Bran étant resté pour veiller sur les enfants et Rufus, et kay partit en éclaireur… La conversation entre un gobelin et un prisonnier elfe intrigua Samay, car il y faisait mention de quelque chose trouvé dans les mines…   Kethot se faufila, comme un chat, entre les barreaux et y déposa le médaillon sous le regard intrigué des elfes prisonniers. Samay en sortit, mimant un silence avec son doigt et montrant ostensiblement sa marque. Le gobelin avait été tué par kay.. Las ! la clef n’était pas sur ce dernier et les prisonniers expliquèrent que le chef en était dépositaire… Mais que ce dernier prenait ses ordres d’une entité sombre via ce que samay associa à un orbe de communication…   Il attendit un moment, mais n’y tenant plus, il se téléporta de l’autre côté des barreaux, en promettant de revenir délivrer ses amis.. En effet, via la vision de Prom, il avait compris que ses camarades se battaient déjà, et contre des adversaires un peu plus costauds… (… a suivre)..              

La voie du milieu

Je n’étais pas d’humeur à écrire une lettre, ce soir la… Bien que le moment fût illuminé par la liesse et que mon spectacle improvisé eut l’heure de plaire aux enfants, en mon fort intérieur, je savais que je ne pouvais plus me cacher… Que cette espèce de cauchemar qui avait commencé avec le sang de mon père sur mon visage, qui s’était muté en rêve, parfois, alors que j’étais loin du théâtre sanguinolent de mes souvenirs, et qui revenait sans cesse, comme une maitresse jalouse, reprenant des airs de tragédie effrayante, ne me laisserait cette fois ci pas m’en tirer à si bon compte.   Je m’octroyai tout de même une fugue mentale, un de ces moments de bonheur si court et si irréel que je me demandai parfois si c’était vrai ou si mon esprit fragmenté l’avait inventé…   Des rayons de soleils réchauffant ma peau, tout aussi bien que le bras posé sur mon torse. Des pépiements, au loin, naïfs et simples, inconscients du mouvement perpétuel du monde, constant dans la mélodie universelle… J’étais seul depuis quelques mois, mon protecteur ayant disparu, probablement mort, alors que nous avions été attaqués. J’avais accepté sans sourciller la lâcheté de l’ordre qui m’avait été donné « fuis, gamin ! tu es plus important que moi ! » … Mes pieds ensanglantés le long des rues humides et sales, mes larmes d’hiver sur les joues, j’avais couru autant que je pouvais, jusqu’au bord de l’épuisement, et encore ensuite, dans l’herbe gelée, mettant le plus de distance entre nos agresseurs et moi, entre mon protecteur et moi… Bien après, faisant fis de toute prudence, j’étais retourné sur les lieux et j’avais trempé le bout de mon doigt tremblant dans le sang, au sol et sur les murs, ne sachant pas à qui il appartenait. Avec une conscience aigue de la cruauté de la vie, celle qui serait la mienne désormais, j’avais cherché d’autre traces, en vain, avant de faire le deuil de mon deuxième père…   Empruntant diverses identités, j’avais fui de ville en ville, volant pour subsister, cohabitant avec des rats et des gamins des rues, des chevaux dans les écuries, parfois, lorsque mon déguisement était suffisant, dans des draps de soie et de laines féérique, dans des bras agréables ou repoussants, féminins et masculins…   En de rares occasions, comme ce matin béni par les pépiements et les particules de chaleur printanière, je sentais la chaleur d’un autre corps désiré contre le mien. La douceur des gestes, la protection bienheureuse et l’envie de rester ici, lové contre ce corps chaud et vigoureux, jusqu’à la fin de ma vie. Addam, il s’appelait addam, et il serait, au même titre que mon shaktykion, mon refuge, un foyer bien aimant, réconfortant, même si ce n’était que souvenirs et regret. Il avait percé mes mystères, mon illusion et n’avait pas chercher à savoir pourquoi. Il m’avait offert une confiance et des bras, de la chaleur et du désir, et m’avait réconcilié avec ces sensations, doucement, jusqu’à ce que mes frémissements et mes frissons sur ma peau ne soient plus des peurs ataviques, vestiges de sévices et de souffrance, de la crainte, mais simplement de l’envie et du réconfort. Il avait compris ce que j’avais vécu, les abus que j’avais subis, pour survivre… Et bien qu’il n’ait point tiquer lorsque je lui avais menti sur mon nom, il avait compris que ça aussi c’était un artifice…   Aussi, au matin ou j’avais suffisamment retrouvé de « Samãy » et perdu de « Darell » le lâche, mon identité d’emprunt, je su que je ne le reverrai plus. Il me fallait assumer mon rôle, et protéger mon peuple, même si je devais pour cela monter sur le trône, non pas par choix mais par devoir… J’essayais sans être sur d’y parvenir de graver ses traits… Un visage à la mâchoire volontaire, des yeux aux cils soyeux, d’une étrange couleur bordeaux sombre, des cheveux sable, mordorés, courts, un corps athlétique, avec un fin duvet sur le torse les bras et les jambes et des mouvements agiles, fruit d’un entrainement à l’épée et à la magie… Je ne lui avais jamais parlé de mon pacte, je lui avait juste dit que je connaissais un tour, celui de me déguiser…   Je lui laissais un simple mot. « Merci pour tout. Merci de m’avoir permis de redevenir quelqu’un. J’essaierai d’en être digne. Samãy ».. révélant ainsi pour la première fois depuis ma fuite il y a de nombreuses années, ma véritable identité…   Je crispai la mâchoire à ce souvenir, sachant que ce soir, je réitèrerait cette marque de confiance. Alors que Gugnyk avait fini son entretien mystique avec Bran, ce dernier revenant heureux et avec cette foi dévorante dans les yeux, je fis signe à la prêtresse elfe noire, afin de réquisitionner un peu de son temps à mon tour.   Quelque chose me taraudait suite à la déclaration de Vellor, car il me souvenait effectivement avoir connu le grand mage Mohun Gazdar, et si ce gamin disait vrai, il était mort à présent… Un autre atout tombé dans un jeu de carte dont j’avais l’impression n’avoir qu’une main bien maigre. Qu’importe, le bluff était tout aussi efficace… Le bluff et les alliances…   Je lui parlai avec mon cœur, lui donnant une précieuse information, à savoir mon identité, et lui proposant une alliance contre un ennemi commun. Je n’imaginai pas être à la hauteur de mon ancêtre, mais elle sembla réfléchir à une prophétie, me rappelant qu’il avait uni les elfes, et accepta. Je restai assez noble, pour une fois, pour accepter sans sourciller le tatouage qui unirait dorénavant nos deux peuples. La marque de kalee, sur mon épaule, me rendit étrangement fier et solennel. De nouveau, les petites étoiles dorées remplirent mon regard, remontant à la surface la saison qui m’était à la base intrinsèque : le printemps…   Même l’aveu émouvant de Moonie, alors que je crispai les poings face à tant d’injustice, ne comprenant que trop bien ce que c’était de devoir céder son corps contre sa volonté, ne parvint pas à me refaire basculer en hiver… Cependant nous lui promîmes, tous autant que nous étions, de l’aider à sortir de ce culte corrompu, privant de leur liberté ses pauvres prêtresse, avec à leur tête une dévoyée.Ma haîne, trop longtemps muselée, se forgea en une dague de glace et de cristal, et vint se ranger dans un tiroir dont le cadenas menaçait de se rompre, au sein de ma psyché. Si il devait sortir, ce serait peut être dans le cœur de cette garce tortionnaire.   Le matin du départ, ne sachant pas exactement pourquoi, je sentis que c’était le bon moment pour appeler un esprit pour veiller sur les enfants et notre troupe… Quand, grâce à l’aide de la prêtresse, je vis se former une idée, et que des plumes d’encre donnèrent des ailes à cette idée, je su que cette nouvelle amie était un peu de mon âme, et que je l’appellerai « PROM ». Promesse éclatante. Une étrange impression de déjà vu me parcouru l’échine, me donnant la sensation qu’elle me connaissait déjà, qu’elle avait déjà vécu mes périples, comme une présence réconfortante. Son regard insondable sembla s’illuminer d’un sourire moqueur quand je lui en fis la remarque…   Les lumières fantômes et les follets curieux nous accompagnèrent le long du chemin dans ces étranges grottes phosphorescentes. Elendil , Aridor, Beridor et Deltar nous accompagnaient et je ne pouvais que sourire de fierté en voyant leur propres tatouages, tout en sentant le mien sous l’étoffe cachant mon épaule.   Mon livre des ombres à la main, je notais, comme dans un journal intime, ce que je voyais, ce que je sentais, ce que j’imaginai. Les créatures étranges, les gardiens, le sol et les motifs…. Peut être prenais-je le risque de leur donner du pouvoir, en utilisant ainsi mon livre, mais je sentais au fond de moi que c’était la chose à faire… Il y avait une certaine lucidité sur mes chances de survie, et je voulais au moins un témoignage et des pistes à suivre si je ne devais pas aller jusqu’au bout du chemin, afin de donner une chance à notre peuple, tout entier, humain, elfes et autres, de survivre face au fléau. Un coup d’œil en arrière me montra le visage lumineux et fier de Velor, la timidité de Thai et l’effronterie de Hennie, mais, plus préoccupant, la mémoire défaillante de Rufus, qui semblait s’évaporer comme la fumée d’opium dans certains bouges que j’avais connu.   Guidé par Kai, Bran et l’étrange conseil de la prêtresse, nous suivîmes systématiquement la voie médiane, ce qui étrangement reflétait beaucoup mon état d’esprit depuis quelques années. Dans les nuances de gris, les couleurs sont d’autant plus éclatantes… Des trois portails entourés de runes que kai nous montra, nous choisîmes celui du milieu, après que j’eusse pu traduire leur signification en langage primordial. Ce langage semblait faire partie de moi depuis mon pacte.   Après une idée brillante de Bran, nous franchîmes le portail, de la nourriture sacrifiée dans des braseros éternels, mais je blêmis en voyant ce que nous devions traverser, la chaleur de la lave et du précipice, et l’espoir et la peur dans les yeux des enfants, étant chacun à leur façon plus difficile à soutenir. Le frisson était depuis longtemps parti, mais l’image rémanente de la panthère qui avait faillis mutiler kai restait, elle, bien présente.   Bran trouvât une solution pour nous faire traverser, et, alors qu’il était de l’autre côté, je pris sur moi pour être le suivant, accompagné de Velor. Ce dernier fit preuve de courage, mais aussi d’impatience, et lorsque Kethot nous fit voir nos ennemis, il était déjà en train d’aller bien trop loin. Je me notai pour plus tard qu’il fallait que j’ai une conversation sérieuse avec lui. Je n’eut pas le temps d’avoir honte de ma propre maladresse, Velor ayant crié de terreur, les diables accrochés à la paroi, en hauteur, commencèrent leur ballet mortel dirigé vers nous… Le combat fit rage, Bran au prise avec un cerveau sur pattes, les elfes tirant des salves de flèches, accompagnant mes propres décharges occultes… Une main posée devant Velor pour le protéger, je me demandai si cela suffirait. Finalement le calme retomba, plus vite que mon rythme cardiaque, et quand nous parvînmes de l’autre côté, ce fut avec la triste nouvelle : nous avions perdus de valeureux elfes… Je me sentis responsable, étant maintenant lié à eux. Mon regard coupable ne s’attarda pas longtemps sur le frère jumeau de la victime, de peur d’y voir mon incompétence. Plus loin, ce qui ressemblait vraiment à un traquenard, ,dont les victimes était encore une fois des elfes noirs, je vit kai bondir à l’assaut de ce qui s’avéra être un gobelin, ce dernier appelant nombre de ces congénères en renfort…   Avec mes maigres ressources, je tissais un mensonge visuel autour des enfants pour les inclure dans le décor de roche, pendant que nos assaillants faisaient des ravages… Les pertes de nos nouveaux alliés s’alourdirent, tout comme mon âme, quand le calme revint, notre répugnant prisonnier nous avouant qu’ils capturaient des elfes pour les réduire en esclavage jusqu’à épuisement, puis les dévoraient sans ménagement…   Un regard dans les yeux miroirs de Bran me confirma ce que je savais déjà. Nous irions les délivrer, coute que coute… Dans les écrits, devenir un héros est beau, les cheveux volent au ralenti dans le vent et les protagonistes sont désirables, auréolé de gloire. Cela ne me consola pas, ni n’effaça mes brulures, écorchures, traces nauséabondes sur mes vêtements souillés. J’eu peur. Pas pour moi, trop inconscient pour l’être, mais pour les enfants, qui n’en finissait pas de vivre ce cauchemar… J’avais à peine trouvé la force de survivre à ces années d’exil et de sévices, je ne voulais pas que ces trois la soient à ce point traumatisé… Nos ressources occultes étaient exsangues, mais notre détermination s’était réchauffée de lave et de rage..        

La chouette et l'arraignée

Promesse éclatante n’aime pas le manque de soleil. Je n’ai pas toujours porté ce nom. Avant ma rencontre avec le prince, je n’étais que chaos, du gris mouvant dans des nuées noires de possibles et de doutes…. Et puis j’ai entendu son chant, qui sentait bon la caresse du soleil, les épines et la suavité de la rose. Et puis j’ai vu son regard mordoré, cuivre et or, et les petites étoiles qui brillaient dedans, comme des friandises qui piquent sur la langue, ou des petites épines perçant délicieusement mes ombres….   Depuis je le suis partout, curieux, obnubilé, concerné et doutant de tout ce qui avait lieu avant. Il était le favori dans le royaume de l’éternel été, avant ça. Sa mère l’a guidé vers un autre chemin, hors du Royaume et depuis il vit des aventures rocambolesques et dangereuses avec ses nouveaux amis…Il ne me connait pas encore, je suis juste quelques idées couchées sur un grand grimoire qu’il appelle le livre des ombres… Je n’existerai que lorsqu’il m’invoquera la première fois, et je lisserai mes plumes d’encre pour qu’il m’aimen et que son regard d’eladrin se souvienne de l’ancien peuple… Mais il m’a déjà donné, en son fort intérieur, le nom de « Promesse éclatante », et je sais aussi qu’il m’appellera plutôt « Prom ». ça me va, on dirait le début d’un air chanté lorsqu’on prend la route, lorsqu’on a encore l’exaltation de la découverte…   Noir est mon pelage, tout comme l’obscurité qui encercle le jeune prince et ses amis… J’entend des murmures, dans une langue que je ne comprend pas, et je vois des ombres graciles et dangereuse les viser avec des flèches empoisonnées, mais je ne peux rien faire… Prom n’aime pas ça… Pas du tout… ElvenBleak ! Ce son doit être merveilleux à prononcer, en claquant du bec, j’en salive d’avance… Prom aime bien les noms qui claquent dans le bec… Il faudra que je m’en souvienne.. Le vieux hibou avec lequel parle mon prince explique qu’il est maudit, qu’il se transforme.. L’abhishaap… Il explique qu’il lui faut trois ingrédients, mais je n’y comprend pas grand-chose en magie, si ça ne se mange pas, ce n’est pas intéressant… En revanche Mars, le volatile qui accompagne le rouquin m’intrigue, il n’est pas normal….Et il aurait mangé l’un de ces ingrédients…. Si je pouvais claquer du bec, je le ferai de frustration, mais Prom n’est pas encore physique, uniquement spirituelle…   Ils demandaient tous au vieux hibou de leur dire si leurs trouvaillent étaient magique, ce qui était le cas…Un anneau, une chevaliere, des graines… Prom était très agacée, pourquoi mon prince n’avait rien lui ? Prom irait leur piquer leurs affaires, quand je serai vivante…Je n’aime pas trop les enfants, ils sont trop bruyants et m’empêchent de dormir en journée…Et ils sentent mauvais…. Mais mon prince a l’air de réellement se soucier d’eux, alors Prom se dit qu’ils doivent sentir moins mauvais que les autres, surtout le petit elfe, Valor… Il doit beaucoup rappeler à mon prince sa propre enfance…. Je m’ébouriffe, chassant la tristesse dans l’ombre de mes plumes d’encre chimérique…   Mais voila que les jeunes inconscients tombent sur des cadavres de gnoll, lardés de toute part par les mêmes flèches qui pointaient plus tôt dans l’ombre vers leur petites têtes d’inconscients… Que c’était frustrant de ne pouvoir ululer, avertir du danger…   Ils tombèrent sur un groupe d’elfes noirs, des drows, comme ma mémoire atavique me le rappelait, mais impossible de comprendre leur charabia. Autant discuter avec une perruche à col vert ou un épervier adolescent…Je n’eut cependant pas le temps d’égrener les autres comparaisons aviaires que le combat éclata, faisant battre mon cœur éthérique face au danger réel qu’affrontait le prince et ses amis… Ce fut très rapide , mais au final le groupe de Drows se rendit, alors que la jeune Moonie soignait les victimes dans leur rangs… Etrange, cette femelle….   Prom écouta la prêtresse Drow expliquer que tout cela était un test, pour savoir si les jeunes blanc becs étaient digne d’une quête… COUAC ! je m’offusquait d’une telle vulgarité, évidemment qu’ils étaient à la hauteur !   Un certain Elandil expliqua qu’a cause de leur coutumes, ou de leur religion, ils ne pouvaient affronter eux même le faux avatar de leur déesse, ou quelque chose comme ça, mais que, du coup, mon prince et ses amis feraient l’affaire… ben voyons ! Et le joli garçon avec sa grande hache de hurler « pour gaïa », scellant le sort tout le groupe…. Celui la faudra que je lui ulule dans le creux de l’oreille un de ces quatres…   Prom voyais bien que son prince s’inquiétait de laisser les enfants ici, mais un certain Eleon, un hibou plus jeune que le vieux, fit son entrée remarquée, et assura qu’il pouvait les protéger, ce qui soulagea tout le monde… Peut être à l’exception de Prom, qui voyait une menace partout… C’est avec une pointe de regret, celui de ne pas pouvoir me lover sur la tête du prince, que je les regardai s’endormir, sachant qu’ils iraient encore risquer leur vie le lendemain… J’étais déjà lui à lui, aussi je ressentai ce grand vide en lui, et j’avais accès à ses mémoires, qui auraient fait rougir n’importe quelle tourterelle, tant les ébats masculins étaient détaillés et précis…. Cependant, je ressentais aussi ce manque, la maison à ciel ouvert censé recueillir tout l’amour dont il pouvait faire preuve, et qui restait désespérément vide, le doute, l’obligation et les regrets formant des toiles d’araignées entre les murs de sa détermination…   Et des araignées, ils ne manqueraient pas d’en rencontrer… La caverne ou les laissa l’efle noir était tout sauf accueillante, et prom les suivit, ne pouvant rien faire d’autre que les observer… Je rageai d’être aussi inutile… Le rouquin mangeur de ver se permit une familiarité avec mon prince, et je claquais du bec, avant de me raviser, voyant qu’il lui octroyait en fait la possibilité de s’agripper aux parois, telle une araignée… Ingénieux, cette frimousse aux tâches de rousseur… Finalement je décidai de bien l’aimer, même si son piaf était horripilant , étant donné qu’il pouvait sentir le vent sous ses ailes, lui…   Mais des saletés fureteuses leur jeta un sort de ténèbres, masquant tout, y compris ma vision… Oui oh, je vous vois venir, étant donné que je ne suis que la projection du subconscient de Samäy, il est normal que je ne vois rien quand lui-même ne voit rien. Eh bien sachez que je vous opposerai que la poésie n’a pas besoin d’être logique, couac !   Le combat fut court, mais sanguinolent. Le rouquin revint avec beaucoup plus de pattes qu’il n’en avait l’habitude, puis repris sa forme bipède avant d’expliquer être tombé sur un lac souterrain, ou quelque chose comme ça, et une bifurcation vers l’entrée du temple de Kalee Malee… Mais ce grand gamin déclencha un piège et fut séparé du reste du groupe, promettant de les retrouver !   Prom n’est pas facilement impressionnable. Mais la, je dois avouer que quand le groupe arriva au bord d’un grand précipice, la majestuosité du temple me saisis, et je faillis pousser un cri d’orfraie.. J’avoue que j’eus un moment de contemplation égarée, car quand je tournai ma tête à 180 degré, ces andouilles étaient déjà en train de se battre , encerclé par des araignées pas du tout comestibles.. Ce n’était rien face à l’adversaire qui avait pris le paladin en grippe, haute d’au moins quatre mètres, toute bleue, et très inquiétante…   De nouveau, de l’encre plus noire que mes plumes les plongea dans les ténèbres, et je ne pu qu’entendre la voix de mon prince, exhortant Moonie à le suivre, pour me repérer… Il va sans dire que je ne lui parlerai jamais de ma vie avant son invocation, il est déjà assez perturbé comme ça, le pauvre… Mais cette saleté de bleutée poilue se téléportait, disparaissait, plongeait dans les ténèbres et faisait un carnage autour d’elle. Heureusement Bran, brillant comme un soleil, finit par la terasser, pendant que le reste de la troupe faisait son office également… Prom savait ce qui allait se passer dès lors que la main de Moonie s’approcha du trésor ! Patatras ! tout le nid s’effondrait, et les petits oisillons couraient partout, en danger… Je volait dans un abîmes de possibilités, espérant pouvoir naitre un jour, m’inquiétant pour mes ouailles, avec comme seul réconfort le bruit de leurs cris, prouvant qu’ils étaient vivant…   Des cris, il y en auraient d’autres, ensuite, alors qu’ils revenaient, triomphant, dans le village des drows en exil.   Très bientôt, c’est un chant d’allégresse qui retentit enfin, alors que les elfes noirs pouvaient enfin exprimer la puissance de leur joie, les arbres de suie répondant en echo au chant universel de la victoire…   Quant à moi, mes jeunes lecteurs, je ne puis jouer bien plus longtemps à ce jeu de dupe. Vous faites semblant de croire que je suis vivante, et je vous en remercie, mais Prom n’a pas encore été invoquée… Alors permettez que je lisse mes plumes d’encore une dernière fois, et que je redevienne des mots couchés sur le vélin d’un livre apparu comme par enchantement dans une demeure hors du temps, au sein d’un bijoux appelé Shaktiyon…  

Lettre à ma Mère // La Horde

Chère mère… Il est déjà loin le jour ou j’ai quitté l’été de votre palais… J’imagine que pour vous, un battement de cil, tout au plus, marque le passage du temps, que je ressens plus fortement ici. Oui, j’espère au plus profond de mon être que vous êtes encore vivante.. Et pourtant, j’ai trouvé une autre chaleur, ici, dans la simple compagnie de ces gens. Leur magie est différente et semblable en même temps. Ils ont chacun une particularité, qui semble être ce qui nous relie, visiblement. J’ai longtemps cru que porter votre sang était ce qui me distinguait, mais il semblerait qu’au contact de ces camarades, une autre partie se réveille.   Il y a d’abord Bran, si beau et si parfait… Dire qu’on l’appelait trois pommes, le voila bien murit, si tu veux mon avis. Il se lance dans le danger avec enthousiasme et naïveté, et semble mettre un point d’honneur à protéger ma personne. Je ne comprend pas pourquoi… Je ne mérite pas cet honneur…. Même si j’espère en secret vous revoir, je redoute ce jour, ou je devrai vous expliquer comment et pourquoi j’ai tué notre plus grand amour à tous deux… Père me hante, tel l’ombre d’un regret, et me mort comme le vent d’hiver qui semble ne plus quitter mon cœur désormais… Las ! je suis revenu, avec un mélange dangereux de détermination, justice, vengeance et, peut-être, d’espoir… Bran m’aidera, je sais pouvoir compter sur lui… Il est mon été, fier, brillant, réchauffant le cœur.   Moonie… Elle a bien grandit, elle aussi, et certaines parties de son anatomie plus que d’autres… Je pense sans trop me tromper que sous cette apparente superficialité se cache une histoire aussi cruelle et désespérée que la mienne… Te souviens-tu d’elle ? Elle ouvrait grand ses yeux sur l’âme des gens, et semblait trouver réconfort dans les prières… J’étais le vilain petit canard à l’époque, cherchant désespérément du pouvoir, pour être à la hauteur d’amélys… Pas une once de magie en moi, à part notre héritage de sang….Est ce que tout cela ne serait pas arrivé si je m’étais tourné vers la prêtrise, comme moonie ?... Je ne sais pas comment l’aborder… Elle se cache derrière une attitude aguicheuse et provocatrice, mais j’ai peur d’ouvrir des blessures non cicatrisées… Elle est l’automne qui me suit comme un chat nouveau-né, mélancolique, lascive, cachant une poésie derrière une flamboyance chamarrée…   Kethot est notre printemps à tous… Il a bien grandit et semble avoir arrêté de manger des vers de terre… Il est accompagné par un étrange volatil qui semble bien plus que cela à ses yeux… Une sorte de malédiction, comme dans les contes que tu nous lisais le soir avec Amelys… J’ai perdu sa trace. Ma sœur… Ma chère sœur, qui semble être devenu importante et se produit dans des tavernes et autres endroits prestigieux… Nous semblons systématiquement avoir une longueur de retard sur elle, mais je ne perd pas espoir. Kethot est toujours aussi lié à la nature, aux bois, à la terre… Il est courageux et à toujours ce sourire particulier…   Et enfin, il y a Kay… Il est l’hiver, pragmatique, rigoureux, sombre, mais qui sait aussi faire briller la beauté simple du reflet de la lumière… Il était déjà doué enfant, mais je peux te garantir que les assassins du maitre des murmures du palais feraient pale figure face à ce qu’il est devenu… Il n’y a pas l’once d’une hésitation en lui lorsqu’il doit plonger son coutelas dans la panse d’un adversaire… Pour une raison que j’ignore, il semble vouloir me protéger aussi.. Je ne puis me contenter d’avancer à l’aveuglette, avec tous ces gens qui comptent sur moi, et je ne puis leur donner comme valeur la simple perduration de ma propre étincelle de vie… Je dois agir… Nous avons eut une petite victoire, permet que je te la conte à mon tour, elle ne sera pas issu des vieux contes des noces du printemps, celle-ci… J’imagine qu’Amelys saurait mieux le faire, mais, las !   , Or, donc, toute cette joyeuse troupe se retrouva dans des circonstances pour le moins étrange, alors que nos retrouvailles amenuisaient nos ressources. Sans nouvelle d’Amelys, nous décidammes de partir faire enquête sur une horde de Gnolls… Il ne nous fallut pas longtemps avant de se diriger vers Copperwren Lake. Chemin faisant, nous avons pu mettre à l’épreuve notre détermination afin de sauver trois malheureux. Si le mot « courage » était alors un peu pompeu, n’ayant à affronter qu’un gnoll, il nous fallut le rassembler pour de bon pour la suite, le village qui était notre destination étant littéralement assiégé par les gnolls…   Il n’est aucun mot pour décrire l’horreur, tout ces gens qui sombraient sous nos yeux, et des décisions à prendre, car oui, comme les tragédies antiques dont j’étais friand lorsqu’elles n’étaient pas vraies, nous ne pouvions pas tous les sauver… Il nous était impossible de passer par l’entrée, au vu du carnage, il nous fallait un moyen détourné. Mars, le fidèle compagnon de Kethot, fit une reconnaissance aérienne, ombre noire gracile dans la nuit sans lendemain pour la plupart de ces habitants. Bran nous fit comprendre que c’était réellement des gnolls de lignée, et non pas des humains transformés par le fléau… La présence de hyène, comme nous l’avais signalé le druide via les yeux de son familier, était assez claire à ce sujet. Une soixantaine de gnolls… beaucoup trop pour notre petite troupe… Alors mère, qu’aurait été votre choix ? En tant que figure politique, il aurait fallut que je sauve les aristocrates, garant d’une politique et garde-fou du chaos social. En tant que prince ayant subit mon lot d’injustices et de souffrance, j’aurai choisit le mage, pour assurer la survie de mon peuple et permettre une prospérité et un renouveau printanier. Mais en tant qu’enfant perdu, celui qui est resté prisonnier de son cri alors que Père était démembré sous ses yeux, je ne pouvais qu’acquiescer à la proposition de Bran de sauver aussi les enfants… Notre choix était donc fait : le mage, puis les enfants… Vous ai-je dit que l’entité qui guide à présent mon avenir me sommait de gagner de l’influence ? Le choix judicieux aurait été alors les artistocrates… Ai-je jamais été judicieux, mère ? Kay nous ayant indiqué un endroit possible, une faille dans le mur d’enceinte, nous nous faufilâmes, espérant que notre plan, lui, serait sans faille. Je ne pense pas être de l’étoffe d’un héros, mais Bran, lui, en a à revendre, si fait que j’ai pu m’en draper à mon tours, revêtant pour l’occasion l’apparence d’un gnoll, moonie faisant de même.   La ruse fut de courte durée, et le combat de Bran risquait lui aussi de l’être si nous n’intervenions pas. De leur côté, Kay et Kethot combattais vaillamment, mais, alors que j’envoyais une décharge occulte en direction d’un gnoll aux prises avec Bran, je touchai Moonie par erreur, grimaçant par empathie avec elle… Il ne sera pas dit que ma carrière de Prince, si elle existe encore, sera toute reluisante… Le combat ne fut pas de ceux que l’on relate, avec forces arabesques et poésie. Il me rappela plutôt la hache à viande de notre chère cuisinière, et je puis te garantir ne plus jamais vouloir associer ces images.. Nous nous retrouvâmes finalement dans une masure, avec, gisant au sol, le mage que nous recherchions. Heureusement il était encore vivant, et en fouillant, l’on put sauver son grimoire, que je rangeai prestement dans mon petit domaine privé hors du temps… Bran ne serait pas Bran s’il n’eut ce moment d’été dans ses yeux… La maison en flamme, la ville à feu et à sang, il décréta ne pas pouvoir laisser les enfants… Mon cœur saignait de lui dire que nous ne pouvions pas, mais il était si déterminé que je laissait l’implacable hiver m’envahir, réchauffé par le cœur de soleil battant de Bran.. Moonie, kay et kethot partirent , pour survivre et raconter cette histoire, et je suivis Bran, la peur au ventre, mais heureux de, peut être, mourir en héros… La maison des enfants étaient envahie et ils se faisaient dévorer un à un. Je pris de nouveau l’apparence d’un de ces canibales et après avoir réuissit à faire sortir trois enfants, nous primes la fuite avec bran, se faufilant de maison en maison , usant de sortilèges d’illusion, et courant avec ce si fragile et précieux trésor…   C’est le cœur battant et l’amertume coulant sur mes joues que nous retrouvâmes nos camarades… Quand finalement le firmament nous fit grâce d’une pause, nous primes le temps de connaitre les enfants sauvés… Hennie, Thaï et Velor.. Cela me déchirait le cœur de savoir ce qu’ils avaient vu et vécu, aussi fis-je de mon mieux pour les distraires, jouant au saltimbanque, usant du peu de magie que j’ai à présent pour faire couler un ruisseau de printemps sur leur blessure à vifs… Velor attira plus particulièrement mon attention, issu d’une famille noble, il était capital qu’il rentre, au même titre d’ailleurs que les deux autres enfants, sain et sauf… Je devint de par le fait une sorte de grand frère pour lui et en retire encore aujourd’hui une sorte d’étrange réconfort… Je me sens si seul, entouré ainsi…   J’aimerai être aimé et non pas juste « important stratégiquement », je trouve un peu de soleil dans les yeux de Bran, mais je sais que ce n’est que du respect et de l’amitié… Nous décidons d’aller de l’avant, avec plus de questions que de réponses, malgré l’immense savoir du mage. Le ciel est parsemé d’étoiles, qui semblent discuter avec celles de mes yeux… Mère, cela suffit-il d’avoir les yeux qui brillent si le cœur est éteint ?  

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