Mamébukiths

Anthony Orta
Extrait de " L’art de la mort ".   " ...mais là je vous parle d'une créature qu'il faudra combattre en étant quatre minimum.   Si aucune relation commerciale ou diplomatique n’a jamais été possible avec le continent de l’ouest, ce n’est pas sans raison. Abrasia contient nombre de monstres et les différents plans inférieurs abritent bien des cauchemars. Mais il y a un terrain que je redoute plus que tout : les profondeurs aquatiques. Sous l'eau, des horreurs sans noms surveillent la surface et les nombreuses épaves déchiquetées qui échouent sur les côtes le long de Venim et de la Bordure en attestent. Je sais que j’suis pas un bon gars et que y’a peu de chances que j’finisse dans le paradis de Neru ou d'un autre dieu (de toute façon je n'en vénère aucun). Si je finis face aux démons des Enfers, soit, j’en ferais mon affaire. Mais la perspective de combattre dans ce terrain où l’on ne peut ni respirer ni se mouvoir... j’en mouillerais mes braies. Et cette peur remonte à la première (et la seule) fois où j’ai vu un mamébukith.   J’étais alors en mission pour chasser des sirènes qui étripaient des pêcheurs à l'extrémité Nord de la Baie d'Argent. C’est alors que je le vit, une vision cauchemardesque. Un navire commercial était attaqué par une créature gigantesque. Ses membres supérieurs agrippaient le bateau alors que ses trois têtes dévoraient les passagers (surtout l'énorme gueule de la tête principale). On pouvait voir le bout de sa queue tentaculaire attraper hommes et femmes un par un, sans qu'ils ne puissent rien faire pour s'en libérer. Le capitaine de mon navire voulait leur porter assistance mais j'eut fait vite de l'en dissuader. On ne se précipite pas dans un terrain qu'on ne maîtrise pas contre un monstre qu'on ne connait pas. Certes, j'enviais pas leur sort à ces gens, mais inutile de rajouter un autre navire dans le carnage. A cette distance, je voyais qu'une sorte de petite tempête débutait juste au-dessus de la bête, comme si ce dernier influait sur le climat. En tout cas je voyais bien que les armes semblaient bien peu efficace sur ce monstre ; ils le frappaient avec un bâton mais cela ne semblait pas l'affecter.   Je crois que j'ai plus jamais foutu les pieds sur un navire plus grand qu'une barque depuis ce jour-là... Mais la curiosité professionnelle me poussa à me renseigner sur cette terreur des mers. Pendant plusieurs années, chaque fois que je me trouvais sur le littoral, je questionnais les marins dans les tavernes. Les premières fois, j'ai cru à des histoires farfelues de poivrots, des divagations d'ignares qui croient voir des kraken derrière chaque vagues. Cependant, je finis par remarquer des similitudes dans les récits et ceux à plusieurs endroits. Une chanson et plusieurs histoires indiquaient souvent que la bête redoutait le froid et avait un souffle fétide qui brûlait la chair (un souffle d'acide ?). Je me souviens encore du récit de ce vieux marin dans une taverne de Kélès à qui il manquait un bras. Il racontait qu'il avait survécu à l'attaque de ce mamébukith ( " les gueules de l'eau " ) lorsqu'il était jeune. Il me raconta la peur qu'il éprouva à la vue de la bête, lorsque celle-ci ouvrit sa cage thoracique pour déverser une nuée de "parasites" ou de "symbiotes" (d’après ce que je comprit). Des bestioles pleines de dents dont une le mordit au bras pendant que le mamébukith dévorait tout l'équipage. Ce marin et un de ses collègues réussirent à en réchapper en s'enfuyant sur un canot de sauvetage. Le marin avait la plaie de son bras qui le faisait horriblement souffrir et son collègue lui coupa le bras pour lui sauver la vie. Lui eu moins de chance car il avait été mordu à la poitrine... Vingt-quatre heure après, le marin vit son collègue se faire dévorer de l’intérieur par ce qui avait été implanté par les rejets du mamébukith et dû jeter son corps à la mer.   Ce récit fut très instructif. Le marin me raconta aussi que juste avant de jeter le corps de son ami, la bestiole qui dévorait les entrailles fut en contact d'une amulette en or que son ami portait et qu'elle poussa une sorte de cri de douleur... Comme si le contact de l'or lui avait été néfaste. L'or serait-il aussi efficace contre ce mamébukith que l'argent sur les lycanthropes ? De toute façon, qui irait façonner des armes et armures en or ..? Je n'irai jamais en mer pour me prêter à l'exercice. Toutefois, si je devais élaborer une stratégie pour combattre ce monstre je conseillerais de réunir tout les barils de poudre / huile / alcool du navire dans la cale. La priorité serait de couper sa tentacule en tenant les têtes à distances avec des lances ou des hallebardes (en or si possible). Je conseillerais aussi d’accrocher des pièces d’or aux endroits non protégés de votre corps par des armures, afin de vous prémunir contre ces petites saloperies qui implantent ces merdes qui dévorent de l’intérieur. Si vous vous faite avaler, ayez toujours votre bourse d’or sur vous pour la déverser dans sa gorge pour qu’il vous recrache. Une amulette ou un sortilège de marche sur l'eau serait plus que nécessaire pour éviter de nager dans une eau infestée de centaines de petites mâchoires acérées. Il faudra ensuite faire une diversion qui vous permettra de vous échapper sur un canot juste après avoir enflammé la cale, en espérant que l’explosion causée par les barils suffisent pour lui faire suffisamment de dégâts pour l’achever...   Dans ma carrière, j’ai vu plus que ma part de cauchemars et j'espère que je mourrais dans une traque contre un monstre honorable, un Dragon bleu si je suis chanceux. Mais foutreciel, que je finisse pas dans l’gosier d’un mamébukith... »   Vynian Dreslard, "L'art de la mort, vol. 2"

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