Caelora Magna

Il n’est de joyau plus précieux au peuple Cenn que leur célèbre capitale, la magnifique Caelora Magna. Construite au sommet du Tol Caelus, arbre géant parmi les géants et spécimen unique dans la forêt, elle culmine Vertoile à une hauteur telle que la brume ne peut l’atteindre. C’est tout naturellement que la Reine en a fait sa demeure officielle et permanente, en rassemblant autour d’elle ses sujets les plus prestigieux.    

Histoire

Tol Caelus fut le point de départ de l’histoire post-Eveil des Cenns. La Rémanence  les y avait attirés, et la vision de cet arbre gigantesque, surpassant en taille et en envergure tous les remarquables spécimens de Vertoile, avait rapidement entériné une vénération aveugle. Il fut, dès l’an 1, la demeure royale et le carrefour de tout ce qui fut ensuite entrepris.   Nulles ruines à son sommet laissaient supposer l’établissement d’une ville avant l’Eveil et pourtant, c'est sans hésitations qu’ils y bâtirent leur capitale. Les premières cabanes furent installées sur les branches les plus hautes, et la ville en grandissant colonisa peu à peu les branches intermédiaires. La règle première fut naturellement édictée par la première des reines, Falambre la Jeune : il fut strictement interdit d’alterer Tol Caelus de quelque façon que ce soit. Nul tunnel ne fut creusé dans son tronc, nulle gravure ne vint érafler son écorce, nulle planche ne fut clouée sur ses branches.   Toute la structure de Caelora Magna ne tient ainsi qu’à l’aide d’épais liens de toile et de cuir. Ceux-ci abimèrent de toute manière l’intégrité de l’arbre sacré, en déformant sa lente croissance, mais le temps qu’on le réalise, on estima que le mal était fait et que nulle vengeance arboricole n’était encore tombée. Cela fut toléré, et même intégré dans l’acceptation culturelle. Lorsque l’on remarque ces déformations dans le bois, on parle de l’Etreinte du Tol, un symbole de la symbiose supposée entre l’arbre et ses habitants.   Les Cenns se félicitèrent d’avoir choisi cet endroit comme berceau de leur civilisation, car il devint assez vite évident que le Tol Caelus était si grand que même les brumes les plus agressives ne parvenaient qu’à en lécher le tronc, faisant de la cime aménagée un havre paisible.   En l’an 221 cependant, un foyer d’infection de purpurine se déclara dans l’un des quartiers périphériques suite à la mort d’un des réfugiés de la Combe. Le mal était alors encore assez méconnu, mais ses dangers très pris au sérieux. Les caemagnens firent de leur mieux pour éteindre l’incendie écarlate, mais leurs efforts furent vains. On dit qu’ils luttèrent trois jours et trois nuits, terrifiés à l’idée que le Tol pourrait en souffrir. C’est alors que la reine de l’époque, Emellia la Sereine, pris la décision drastique d’amputer l’arbre sacré. La mort dans l’âme, ses sujets scièrent la branche Oridienne pour la faire chuter, avec tous ses bâtiments, jusqu’au sol toxique de la forêt. Là, ils l’incinérèrent jusqu’à ce qu’il n’en reste que des cendres. Ils avaient ainsi sauvé le Tol, mais le moignon de l’Oridienne demeure encore à ce jour une cicatrice douloureuse dans leur histoire. Celle-ci accueille aujourd’hui un grand autel de mémoire, où les caemagnens viennent se recueillir et déposer des offrandes pour demander le pardon de l’arbre.   C’est l’incident de la branche Oridienne qui motiva la reine Emellia à former la Patrouille Pourpre, qui combat depuis la propagation de la purpurine.   Aujourd’hui, la ville est plus florissante que jamais. Ses quartiers suspendus, derniers-nés de l’urbanisation du Tol, descendent désormais jusqu’à chatouiller les feuillages du plafond de Vertoile. Ces habitations souffrant, cette fois, des incursions brumiques, on a dû les équiper d’éochasses. Bien entendu, elles sont le foyer des castes inférieures.  

Structure et lieux notables

Si aucun tunnel ne fut artificiellement creusé dans le tronc du Tol Caelus, il en existe pourtant un certain nombre d’origine naturelle. Le plus imposant est celui de Confluence, situé au centre de la ville, à la jonction des branches supérieures. Cette immense dépression dans l’écorce accueille une étendue d’eau pure - le lac de Confluence. Sa profondeur est insondable… à tel point que les Caemagnens pensent que ce trou se prolonge à l’intérieur du tronc jusqu’au sol de la forêt, ce qui en ferait un tronc creux rempli d’eau. Cette particularité de l’arbre est pour eux une preuve supplémentaire de sa nature divine. L’eau de Confluence est en tout cas garante de leur survie là-haut.   La structure de la ville suit celle de l’arbre, naturellement. Le palais royal se trouve au centre, sur la rive de Confluence, ainsi que les quartiers les plus riches qui hébergent les institutions prestigieuses et la cour de la Reine. Tout autour s’étendent, à divers niveaux, les branches supportant les différents quartiers. Ces branches sont nommées en fonction de leur direction, en faisant le lien avec les constellations qu’affectionnent particulièrement les Cenns.   L’urbanisation verticale a rencontré une barrière naturelle en s’étendant vers les hauteurs : les caemagnens ont réalisé qu’en s’élevant trop haut, ils avaient du mal à respirer, et déploraient de nombreux malades. C’est pourquoi les branches les plus hautes sont boudées, et qu’on a préféré suspendre des bâtiments le long du tronc pour descendre, toujours plus bas, vers Vertoile. La surface habitable est désormais presque totalement occupée, aussi la ville ne peut-elle plus réellement accueillir de nouvelles personnes et encourage les siens à partir fonder de nouvelles colonies ailleurs dans la forêt.   L’accès à la ville se fait à l’aide de monte-charges, que l’on actionne grâce à l’énergie des éoancres. Il est également possible, pour les moins fortunés, d’opter pour l’escalade le long de la voie de l’Ecorce, un chemin de cordes et d’échelles fixé sur le tronc, mais celui-ci est particulièrement physique et dangereux, même pour les cenns qui sont pourtant des grimpeurs nés. Les chevaucheurs d’Auron seront encore les mieux lôtis si les ascenseurs ne sont pas une option.
Gentilé : caemagnens
Autre(s) Nom(s)
L'Etoile de la forêt