Le mot oyomadas désigne un peuple majoritairement composé d’humains, apatride et établi dans la bordure et les pays environnants. Vivant en communauté, ils tendent à être victimes de nombreux préjugés et quolibets. On les surnomme les sans-déserts, les exilés, les pillards bruns ou les chacals, cette dernière insulte faisant référence au charognard qu’ils utilisent comme animaux de compagnie.
Un peuple au lourd héritage
Les Oyomadas tirent leurs origines d’un mythe célèbre de l’ère des Légendes. Parmi les récits hérités de cette période, celui de Tcheck’oulma perdure encore de nos jours. Tantôt présenté comme un tyran, tantôt sous les traits d’un saint, il aurait refondé la nation jinane, commis d’innombrables massacres et fait s’abattre sur son peuple une terrible malédiction divine.
Cependant, parmi ceux qui furent ses plus proches serviteurs, certains furent épargnés par l’affliction. Ceux-ci furent bannis du désert et condamnés à errer en Abrasia, sans terres pour les accueillir. Leurs descendants traversèrent le continent et s’installèrent dans la Bordure. Territoire inhospitalier et occupé par diverses tribus néruviennes, il devint un foyer pour les Jinanes en exil. Peu à peu, les peuples de l’est finirent par se mêler aux habitants autochtones et se disperser dans les pays environnants tout en maintenant leur propre culture. Couramment rejetés, discriminés, voire persécutés par les populations locales, ils apprirent à ne compter que les uns sur les autres. Citoyens de seconde classe, sans patrie, mais avec de nombreux bourreaux, ces réprouvés sont souvent considérés comme des voleurs, des parias, des gens de mauvaise fréquentation.
Ce peuple se nomme les Oyomadas, les sans-déserts, et ses membres attendent avec une vénération presque religieuse d’être rappelés dans leur société originelle. Après des milliers d’années de séparation avec le désert, les exilés continuent de vivre leur éloignement comme une souffrance nécessaire et juste qui leur permettra, un jour, d’expier leur péché primordial. Certaines allégeances se paient pendant des années, d’autres sur des générations, celle des Oyomadas, sur plus de dix-mille ans.
L'intégration à d'autres sociétés
Si pendant de nombreuses générations les Oyomadas s'établirent dans la Bordure, ils vinrent peu à peu à migrer dans différents pays offrant des conditions de vie plus paisibles.
Densité de la population Oyomadas
On retrouve des
Oyomadas quasi exclusivement dans la
Bordure et ses environs. Les trois foyers de population pricipaux sont situés, au nord d'
Arhmen (dans la région des Marches dorées), au nord-est d'Urnyria et à la frontière entre la désolation et Salinya. Sur la carte, la densité de noir des zones est proportionelle à celle des sans-déserts.
En Arhmen
Au début de l’Ère du déclin, Farassant Cyri'Andil le frère du roi et souverain de la principauté de Dureterre décida de se débarrasser du péril que représentait les « pillards de la bordure ». En effet, les Oyomadas vivant dans ces terres désolées se constituaient régulièrement en bandes, menant des raids sur les riches et fertiles territoires à leur sud. Réalisant que fortifier des centaines de kilomètres de sa frontière septentrionale se révèlerait une entreprise contre-productive, le monarque choisit d’employer une stratégie différente. Il fit convier des dirigeants oyomadas et leur proposa de s’installer au nord d’Arhmen. Formant ainsi les Marches dites "dorées", il s’assura que ces khomas (chefs) locaux se chargent d’administrer la région en son nom.
Si la transition se passa selon la volonté de Farassant s’en suivirent de nombreux conflits internes opposant ces nouveaux seigneurs aux nobles et notables déjà établis. La population autochtone vécut avec difficulté l’immigration massive du peuple de la Bordure. Ce phénomène fut particulièrement visible pour les hautes sphères de la société dont les membres furent remplacés progressivement, laissant place à une nouvelle administration. Au fil du temps, la situation finit par se stabiliser et un équilibre vint à se trouver dans la contrée.
Des siècles plus tard, alors que l’invasion d’Abrasia de l’ Empire Boréal s’acheva et que commençait dans la principauté de Dureterre la Guerre des Jumeaux,Edwyle Cyri'Andil devint le monarque d’Arhmen. À cette époque, il ne restait plus que deux Khomas se partageant les marches, les autres ayant été écartés progressivement du pouvoir. Afin d’accroitre ses revenus et ses troupes, la reine soutint le Khoma Sossiman Logomos, rival du Khoma Mokrane. Ensemble, ils firent arrêter le souverain de Hautpuits et tous ses proches ne laissant à la tête des marches dorées qu’un seul homme.
Omas jouant un rôle important dans les marches dorées
Traditions et particularismes
Les Oyomadas perpétuent un ensemble de traditions qui leur sont propres. Certaines sont antérieures au jour de leur bannissement du désert tandis que d’autres prirent forme au cours du temps.
Le sang jaune
On accède au statut d’Oyomadas par la naissance, sous condition que l’un de ses deux parents le soit. Cependant, on ne devient un membre à part entière du peuple exilé qu’après avoir effectué la marche aride. Ce rituel de passage à l’âge adulte a lieu au cours de la quatorzième année des jeunes sans-déserts et consiste à parcourir une distance de deux cents kilomètres en autonomie. À la fin de cette épreuve, le majeur doit choisir le nom de l’un de ses géniteurs. Il rallie alors l’oma (la famille) associée à son nouveau patronyme (ou matronyme). Les mariages entre membres d’un même oma sont traditionnellement réprouvés du fait des risques d’inceste ce qui entraine des jeux politiques complexes. En effet, deux tribus prestigieuses peuvent vouloir sceller un rapprochement en mêlant certains de leurs constituants. Cependant, si une oma a besoin d’augmenter le nombre de ceux qui en font partie, il y sera incité des unions avec des clans « inférieurs » afin de garantir que leurs descendants décident de rester dans la famille. Cette politique a pour conséquence de limiter les mariages avec des partenaires externes de peur de voir les enfants délaisser le peuple. Ainsi, un individu né d’un père oyomadas et d’une mère elfique, par exemple, aura le choix à ses 14 ans d’intégrer la tribu de son géniteur ou de quitter les sans-déserts.
Les Oyomadas sont donc à très vaste majorité des humains , bien que des croisements avec d’autres néruviens aient parfois lieu.
L'oma, (la famille, le clan)
Les sans-déserts appartiennent tous à un oma, dirigé par un ou une Khoma. En Arhmen, le Khoma Logomos a aussi le titre officiel de marquis du Royaume, il est donc à la fois le chef d’un clan, mais également un responsable politique. Il doit composer avec le fait de légalement administrer un territoire et sa population, et avec la réalité que cet espace est habité par des "tribus" ayant leurs propres hiérarchies et cultures internes. Il prend par conséquent soin de consulter les autres Khomas avec qui il interagit directement afin de ménager le particularisme de son peuple.
Il est constitutif de l’identité du peuple exilé que les membres d’une même famille se soutiennent mutuellement. Un petit-neveu qui sombre dans l’alcoolisme ternit ainsi la réputation de tous ceux qui portent son nom. De même, un Oyomadas accédant à des responsabilités importantes dans un état, glorifie son oma.
Il est possible de se faire exclure par son Khoma, mais cela reste extrêmement rare, car le déshonneur frappe à la fois la victime et le bourreau. Le réprouvé prend alors le nom d’Omasen (sans oma) et est destiné à vivre sans aide. Ses enfants n’ont ainsi plus de clans, mais peuvent prétendre à en réintégrer un s’ils accomplissent un fait qui les en rend dignes.
De même que les Oyomadas portent le fardeau de l’allégeance de leurs ancêtres, leurs descendants héritent des fautes de leurs ascendants.
Il est possible, dans des circonstances exceptionnelles, de se faire adopter par un oma et rejoindre les Oyomadas. Il n’existe pas de procédure particulière pour que cela arrive, mais il a fallu à chaque fois un acte extraordinaire de sorte qu’un Khoma prenne cette décision en toute légitimité.
La danse des dunes
Descendant de puissants énergistes, l’on retrouve chez les Oyomadas une prédisposition héréditaire à se lier. Si autrefois les jeunes de la tribu y étaient formés, les arts arcaniques se sont progressivement perdus au fur et à mesure du temps faute de professeur.
Durant l’ère des royaumes, nombre des praticiens du cercle étaient issus des différents clans. Plusieurs d’entre eux mirent au point un art martial à destination des arcanistes. Mêlant combat à l’arme et sortilège, ce style que l’on nomme la danse des dunes n’est aujourd’hui perpétué que par quelques individus en Abrasia.
L'esclavage
Malgré son interdiction dans quasiment toutes les sociétés abrasiennes, les Oyomadas continuent de pratiquer l’esclavage. Cela a amené à de nombreux conflits avec d’autres nations dans de multiples pays et avec plusieurs cultes. À l’exception de quelques clans dans la bordure, la plupart des omas ne s’adonnent plus qu’à la traite de sans-déserts. Souvent, l’esclavagisme prend la forme d’état de servitude abusive ou de contrats obscurs permettant une justification auprès des autorités locales. Les exilés étant généralement vus comme des parasites ou des pillards, peu se préoccupent de la façon dont ils traitent leurs semblables.
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