S2E17 : Les sirènes de la trahison
La forme draconique fit s’effondrer un des mâts du bateau. Il s’agissait d’une grande wyvern, accompagnée de son bébé. Le bébé wyvern fondit sur les Cavaliers de Abrokälypse étant à la proue du bateau, quand sa mère se chargeait du gros des troupes de l’autre côté du mât brisé.
Manolito qui était comme rarement le plus à l’avant, ne parvint pas à esquiver les attaques du bébé wyvern, qui le lacéra, le mordit et le laissa presque pour mort, si l’adresse de Nalafinwë , la férocité de Korg , la réactivité d’Asoran, et le style de Gustavo achevant la wyvern, n’étaient pas venues à bout de cette bête déjà étonnamment forte malgré son jeune âge.
Pendant ce temps à l’arrière du bateau, un cri désespéré se fit entendre : l’un des leurs avait péri sous les coups de la terrible Wyvern. Le courage de l’équipage ne faiblit pas pour autant et dans un geste de maître, Yu, l'impérial, parvint à loger sa gracieuse lame dans la mâchoire de la créature, lui assénant le coup de grâce. Ses hommes célèbrent d’un même rugissement, la victoire acquise. Ils étaient saufs désormais.
Korg , soucieux de voir le mage dans un si sale état, s’empressa de lui donner une de ses décoctions faîte à base d’herbes, dont lui seul avait le secret. Le gnome remercia l’ orc et alla voir le médecin pour continuer son rétablissement.
Il trouva là dans la cale un cyclope qui le toisait bien là de plusieurs mètres, et qui n’avait guère l’air commode :
« Euh… Bonjour aimable euh… créature ? Comme tu le vois je suis mal en point, j’ai besoin impérativement de soins et … euh … » dit Manolito incertain.
Le cyclope lui répondit par un grognement et en mimant de ses membres la façon dont ses bras musclés frappaient pour prodiguer des soins. Le gnome ne fut pas réellement séduit par cette offre, et quitta calmement la cale, laissant notre médecin sans patient.
Facino fit s’amarrer le bateau quelques minutes plus tard, et rassembla l’équipage. Il désigna une petite colline à quelques étendues de là. Il était l’heure de passer la nuit et de monter la garde. Nos aventuriers y allèrent et passèrent la nuit sans le moindre soucis.
Le lendemain, ils rembarquèrent et se livrèrent à des activités diverses. Nalafinwë , semblait s’accommoder plutôt bien de ce nouvel environnement, et si elle n’était pas libre de chasser avec Lugia comme elle aimait faire, trouva une nouvelle occupation. Elle se mit à s’entrainer à voler l’équipage pour améliorer ses capacités de discrétion. Elle trouva Gustavo comme maître tout indiqué, et ensemble ils dérobèrent la large bourse de Manolito et furent ébahis d’y trouver son pesant d’or. Le gnome lui, ne s’aperçut de rien.
Korg faisait ses potions, et Gustavo après s’être « amusé » avec Nalafinwë , s’entretint un peu avec Facino, son beau-frère. Ce dernier lui apprit qu’il aurait séjourné dans un fortin dans la La Cité des Exilés. Il indiqua aussi au demi-elfe, qu’il restait environ 25h de navigation jusqu’à Patience) (savoir commun), puis 50 autres pour atteindre Erionth. Il lui confie aussi qu’il quittera l’expédition au bout d’un certain temps, ayant une mission de la plus haute importance à Ouestgarde. Ses dires ne semblèrent pas évoquer de réaction particulière qui se contenta d’acquiescer, estimant grandement sa famille, et ses choix.
Une fois les mixtures de Korg , parvenues à parfaite température et ses infusions embaumant de parfums exotiques l’entièreté du navire, il les embouteilla et donna quelques potions à ses amis, qui le remercièrent.
Alors que la nuit tombait et que certains matelots dormaient déjà, un chant étrange parcourut le navire. Il résonnait dans les lattes de bois, et semblait percer la chaire et l’âme de ses auditeurs. « LES SIRÈNES ! » hurla un membre de l’expédition, la peur se lisant sur son visage. Tous s’affolèrent sur le pont, courant à droite et à gauche pour aller chercher un peu de cire à mettre dans ses oreilles. Mais quelque chose d’étrange se produisit chez l’ orc . Alors qu’ils se levèrent et cherchaient la cire en faisant leur poche, les voix envoûtantes et aériennes produisant une harmonie rarement entendue même chez les bardes, s’emparèrent littéralement de leur esprit.
Ils bondirent hors du bateau et partirent à la nage, rejoindre ces voix qui les appelaient.
Gustavo Montefalli rapide comme l’éclair, plongea pour aller retenir Korg , puis hurla à l’équipage qu’il avait besoin d’aide. Ameuté par les cris du demi-elfe , l’équipage se rua sur le pont et avec l’aide de cordes et de noeuds parvint au bout de quelques longues minutes à les extirper de l’eau glaciale du fleuve.
Chacun ayant ses morceaux de cire dans les oreilles, on put reprendre la course, n’entendant plus qu’un fond sonore difforme n’opérant plus sa magie . Mais, un nouveau raffut s’installa très rapidement. On s’aperçut à force de gestes effrénés de la part de quelqu’uns que Yu, l’impérial n’était plus là…
Panique à bord. Nos aventuriers se proposent d’aller le récupérer, pendant que Facino larguerait les amarres en attendant leur retour. La fine équipe plongea, et entama une course effrénée contre la montre. En atteignant la berge elle entendit dans la forêt environnante la voix de Yu qui apparemment en plein délire, se hâtait de rejoindre son nouvel amour. L’équipe n’arrivait pas pour autant à le rattraper, et après quelques bonnes minutes de course à tâtons dans le noir essayant d’esquiver racines, branches d’arbres et trous, ils atteignirent une clairière. Au centre de ce délicieux paysage, éclairé seulement par quelques rayons de lune, siégeait une petite butte, en haut de laquelle se tenait une femme drow à la peau violacée, aux yeux d’un rouge perçant, et vêtue d’une magnifique robe noire épousant le moindre de ses contours. À ses pieds Yu, l’impérial, semblait en vie et avait uniquement l’air de la supplier, comme on idolâtre une déesse.
Sa voix se faisant plus forte d’ici, et sa vue ne pouvant laisser indifférent aucun homme, Gustavo succomba à son charme, ainsi que plus étonnamment Lugia. Tous deux sprintèrent pour aller rejoindre cette voix qui les appelait. Ils se jetèrent à ses pieds et alors qu’elle continuait son chant déchirant toute âme éveillée dans la nuit, elle leur apposa quelques petites tapes sur la tête, pour affirmer sa domination, et les remercier de leur obéissance aveugle.
Korg qui est revenu de cette emprise, voulut comprendre, et il s’essaya à quelque chose de nouveau pour lui : la magie . Il se concentra, et à la surprise de ceux étant encore lucides dans le groupe exécuta un sortilège de détection de pensée. Ce qu’il vit dans cet état de transe, où le réel se mélange avec les arcanes, n’était une vision que d’aucun trouverait plaisante. Un mélange d’animalité farouche, de concepts sans queue ni tête pour lui, et de charabia chaotique emplirent son esprit. Ne voulant pas rester plus longtemps dans cette nouvelle expérience craignant de devenir fou, il mit fin au sortilège, n’ayant appris qu’une seule chose de tout cela : cette créature était diablement dangereuse.
Le gnome méfiant, mais rassuré du fait qu’elle ne semblait pas attaquer, se décida à essayer d’établir le contact avec elle. Peut-être pouvait-elle les comprendre ? Peut-être pourrait-t-elle être raisonnée ? Il s’essaya à quelques vers maladroits, mais l’ elfe noire lui répondit et arrêta son chant. Elle indiqua à nos amis qu’il s’agissait d’un rituel effectué par sa communauté en certains soirs auprès de ce fleuve qui leur était sacré. Nous étions là à mille lieux des mythes des hommes des sirènes faisant sombrer dans la folie le coeur des hommes. Néanmoins nos amis au coeur le plus réceptif se sentaient emplis d’un nouvel amour sans limite pour la charmante cantatrice, et alors qu’elle fut rejoint par d’autres de ses membres qui regardaient passif la scène assez cocasse, Gustavo oubliant sa famille, sa femme et ses récents engagement d’homme marié sortit le grand jeu. Il fit tout pour charmer l’elfe, la désirant ardemment, et lui offrant de les rejoindre sur le bateau. Agacées les deux autres elfes aux cheveux argentés, semblant ne plus être aussi passives et voulaient continuer la cérémonie, démontrant une impatience qui ne garantirait pas une résolution pacifique à ce conflit.
Korg gonflant ses muscles et parlant de sa vox grave et rauque d' orc parlementer aussi bien avec les sorcières qu’avec Yu et Gustavo, un elfe noir qui surgissait de nulle part arriva.
Il informa ses alliées que l’équipage des CDA avait pris en otage l’un des leurs. Cette nouvelle au lieu d’aider les tentatives désespérées de Manolito , d’Assoran et de Nalafinwë de calmer la tension fit l’effet d’une bombe. Une des elfes sortit de rage son épée, mais les CDA restant calmes, proposèrent une issue pacifique à la situation. Leur témoignant que depuis le départ ils ne se sont pas comportés comme des ennemis, et qu’ils ne cherchent qu’à repartir avec Yu et Gustavo , ils proposèrent aux femmes de rentrer sur le bateau où ils s’assureraient que les hommes ne fassent aucun mal à l’ elfe , et qu’ils le laisseraient repartir librement. Les elfes se firent menaçantes expliquant que leur vengeance serait terrible si tel n’était pas le cas, et les laissèrent partir.
Après quelques minutes, notre troupe retrouva Facino et les autres qui étaient heureux de les revoir sains et saufs. Ils leurs expliquèrent qu’ils avaient fait prisonnier un drow pensant qu’ils avaient captifs les CDA. Ces derniers lui racontèrent brièvement leur aventure et parvinrent à convaincre Facino de relâcher l’homme. Il s’exécuta mais avec une certaine retenue, insatisfait, et ne comprenant pas le point de vue des aventuriers, lui qui voit ces femmes comme des bêtes et des ennemies.
Exténué, l’équipage s’endormit. Le lendemain alors que Manolito parlait seul avec son gant, ce dernier acceptant de le renseigner plus sur Escanor quand ils arriveraient à Erionth , Nalafinwë arriva. Elle redonna à Manolito sa bourse (moins 7po), et lui expliquant qu’elle s’entrainait au vol, lui proposa de faire diversion pendant qu’elle déroberait la bourse de l’ orc . Le gnome , fourbe et amusé par ces enfantillages, accepta. Alors qu’il fit la conversation à Korg , lui donnant un grand discours sur l’amitié, et lui expliquant que son geste le sauvant de la wyvern, lui faisait reconsidérer les orcs et Korg lui-même; Nalafinwë parvint à subtiliser sa bourse. Elle fut déçue de constater cependant qu’elle ne contenait que 2pa.
On approche de Patience , qui avait les allures d’une ville fantôme, un grand trouble semblait agiter la région et nos amis décidèrent de ne pas s’y arrêter. Ils montèrent un camp la nuit un peu plus loin.
Le surlendemain alors que Nalafinwë s’améliorait au vol, et déroba le sac d’Asoran, on vit se dessiner de grands murs de 30m, au bord d’une presque-île, où au milieu du fleuve se brisent avec force les eaux dans un large trou profond les tourbillons ravageurs de l’eau : Gouffre aux échos.
On s’y arrête. On passe un contrôle impérial, où le garde nous intime de rester discrets et de ne pas donner des idées à une paysannerie qui subit les malheurs d’une dure vie de labeur.
Manolito paye la caution du groupe pour qu’ils puissent y entrer. Le garde ne laisse pas passer le beau tigre de Nalafinwë , mais pâlit quelque peu devant le cyclope et fait profil bas. Après tous ces jours d’isolement sur l’esquif, il ne traverse qu’une seule envie au groupe : boire et manger. Ils se dirigent vers une charmante bâtisse, l’auberge de l’Appétit du Gouffre. Mélissa la serveuse accourt et leur sert un repas copieux, d’andouilles au blé, une spécialité des environs. Nos amis se régalent, et un homme encapuchonné vient à leur rencontre. Il leur parle avec une voix basse et en évitant de se faire trop remarquer :
« Est-ce vous les CDA ? Les villageois ici attendent que vous nous racontiez vos aventures. On a entendu dire que vous avez traversé un camp d' orcs ?! » L’émerveillement se lisait dans ses yeux. Les CDA s’entretiennent un bref instant avec l’homme, Ils conviennent d’un entretien qu’ils donneraient mais les gardes tenus vite au courant insiste, pour que ça se fasse en plein air sur place publique, et que le discours devrait être « approprié ». Les CDA acceptèrent, comprenant bien que leur discours serait minutieusement écouté par la garde.
L’après-midi, ils se rendirent sur l’estrade, d’où ils déclameraient leurs exploits nombreux. Ils se pavanaient avec fierté sur ces marches de bois devant foule de paysans avides d’écouter leurs dires. Ne sachant quoi dire, ni qui devait parler, nos amis se regardèrent entre eux, attendant que l’un d’eux parlent ou qu’Anastasia, qui avait les mots surgissent de nulle part, pour mettre en chanson leur message. Elle ne vint naturellement pas, et le gnome qui cherchait à gagner de l’assurance et améliorer son talent oratoire quelque peu maladroit prit la parole. Il commença par une longue tirade dithyrambique sur les vertus du travail, ce travail qui leur permit de venir à bout de maints ennemis et de contribuer à la stabilité de l’ Empire Boréal et des royaumes. Puis, scrutant l’assemblée, pour voir s’il y avait beaucoup de gardes, et n’en voyant pas ou peu, décida de changer la ligne de son discours. Il commença à inciter la foule à se révolter contre leur maître perfide, puis soudainement fut interrompu. Une lame le traversa, ainsi qu’une voix soufflant ces mots dans son oreille :
« Vicélion te dit bonjour ». Sa vision s’obscurcit, un instant. Ses amis dégainèrent les armes et se mirent à lutter contre l’ennemi. Les paysans se révélèrent être en fait des agents de Vicélion. Korg fit s’effondrer l’estrade, Nalafinwë décocha ses flèches, son tigre bondit sur le premier venu et Gustavo enchaîna les carreaux d’arbalètes. Manolito se préparait à former une boule de feu, mais constata avec surprise qu’un homme contrecarra son sort. Alors qu’il put renvoyer l’appareil à un autre qui avait la même idée que le gnome , il ne put lutter plus longtemps et sombra inconscient devant les attaques d’un hommes passant là. Asoran et Gustavo luttaient avec acharnement, mais ne tardèrent pas à rejoindre le mage dans l’inconscience, devant une boule de feu les mettant K-O. La brutalité, et la vitesse du combat rendit tout recensement difficile. On sait juste qu’à la fin, se tenaient haletants Korg , et Nalafinwë , qui avait réussit à venir à bout des agresseurs, et qui stabilisèrent nos compagnons tombés au combat.
L'ennemi avançait masqué et les sirènes n'étaient pas celles que l'on croyait.
Commentaires