Armir
Longeant le trait de côté, nous crûment tout d'abord à un bras de mer de plus. Rien de très étonnant. Nous parcourions depuis des semaines les eaux vertes et joueuses de ce que le carto appellerai, plus tard, le Golfe de l'Œil. Longeant les falaises escarpées d'une petite chaîne de monts de pierres vertes et grises empilées comme les pages d'une grande bibliothèque, le relief s'arrêta net au devant de nous. Transpercé, tranché par cette nouvelle langue d'eau ne laissant que deviner la berge opposée, derrière d'intenses brûmes de chaleur. Une dense et ancienne forêt s'étendait à l'horizon. Notre mission de repérage arrivait enfin à son terme : Une nouvelle terre riche et fertile à conquérir. Le capitaine décida néanmoins de remonter les falaises à revers. Nous devions assurer notre découverte. Quelle découverte en effet ! Après plusieurs jours de navigation, nous fîmes subjugués par l'évidence : face à nous s'opposait un fort courant qui n'avait qu'une signification possible. Nous étions à l'embouchure d'un fleuve. Probablement le plus grand fleuve connu à ce jour.
Ainsi commença le périple inachevé de la relation complexe entre le grand fleuve Armir et les Bâtisseurs. Siècle après siècle, les pionniers de montèrent son cours cours tumultueux. Bordant d'épaisses forêts humides à flancs de collines en nihil, il séparait celles-ci d'une autre forêt, à l'apparence plus ancienne, plus hostile aussi. Ceci jusqu'au premier quart de son cours d'environ 3000km de long. Cette ancienne forêt se muait alors en savanes sèches, parfois inondables lors des crues. Une terre particulièrement fertile contrastant avec l' aridité environnante. Les méandres souples y formaient de nombreux îlots stables.
A l'approche du Lac Sombre, les eaux s'élargissaient, plongeaient abruptement et viraient d'un bleu verdoré à un redoutable noir de jais. Les berges étaient alors invisibles l'une à l'autre pendant plusieurs centaines de kilomètres avant de se retrouver pour délimiter un Armir plus étriqué, bien qu'encore navigable. Pendant un bon millier de kilomètres, le fleuve contournant un vaste massif collinéen avant de rencontrer les chutes majestueuses de Dukolmir.
Là, les eaux dansaient et chantaient avec les pierres dans un étrange et mystérieux ballet mystique célébrant leur union. À travers les cavités minérales, le fleuve s'était négocié un chemin qui le rendait désormais impraticable. A cet endroit terminait sa décente tumultueuse depuis les Monts de Sang. Depuis la grande table de pierre de laquelle émane un fin filet d'humidité perpétuelle. Source de ce périple.
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