En Abrasia, il est difficile de définir de manière claire ce qu’est la technologie. En effet, le terme peut à la fois inclure les outils et les machines conçues par les néruviens que les services rendus par des formes diverses de l'utilisation de l'énergie. Ces deux sujets tendent à s'entremêler et le recours prédominant à un de ces deux aspects dépend à la fois d'une civilisation et d'une époque donnée.
Le déclin : La régression technologique
S’il parait bien hasardeux d'invoquer la notion de progrès, tant elle peut être subjective, la période du Déclin voit tout de même les connaissances technologies fortement s'amenuiser. Sous l'action combinée de la dépopulation, de catastrophes, d'invasions, de la montée de l'obscurantisme, mais aussi de la disparition de talents, l'ère voit la somme des connaissances globale décroitre et l'apparition de nouvelles découvertes se raréfier.
L'utilisation de l'énergie
La combinaison de la détérioration du voile et de l’action des théocydes a rendu l’accès à l’énergie plus compliqué et moins courant. La proportion d’énergistes dans les différentes sociétés diminuant grandement durant la période, les chaines de transmissions du savoir se sont alors rompues. Les académies de magie, confréries d’arcanistes, guildes d’enchanteurs et même certains cercles druidiques commencèrent à disparaitre faute de nouveaux apprentis et d’enseignants compétents. Les infrastructures complexes nécessitant un entretien et du personnel qualifié entrèrent en décrépitude au cours de cette période jusqu’à ne devenir que des reliques. Les systèmes de téléportations qui reliaient autrefois les cours de grands royaumes se révélèrent risqués à emprunter et furent rapidement remplacés par des messagers, plus fiables. Les illustres devins des rois du passé furent bannis, incapables de prédire le raz de marré qui initia cette ère maudite, ni d’anticiper de nombreuses anomalies qui survinrent partout en Abrasia. Là ou de puissants jeteurs de sorts pouvaient changer le cours d’une guerre, ils peinent désormais à s’imposer lors d’escarmouches. Nul aspect de l’utilisation de l’énergie n’échappa à la tendance. Les prêtres, clercs, paladins et autres adorateurs d’Eveillés virent le lien avec leurs divinités perdre progressivement en substance du fait de la détérioration du Voile. Les sociétés Abrasiennes dépendant largement des ordres sacrés pour la gestion des soins firent face à l’explosion de la mortalité infantile et à la suite d'accouchements, à la propagation de plus en plus d’épidémies et à la détérioration massive des conditions de prise en charge des maladies et des blessures.
Pire encore, les religieux représentant le compas moral de ces sociétés se révélèrent moins capables de transmettre la volonté de leurs dieux et perdirent beaucoup de leur crédibilité. La diminution du pouvoir de ces religieux mena à la résurgence de sectes et d’organisations occultes, mais aussi à l’émergence de pratiques pseudo médicales et superstitieuses aujourd’hui complètement répandues. Kalester, repère commun à tous les Abrasiens gisant mort à Erionth, c’est l’unité morale de tout un monde qui repose avec lui.
Les outils et les machines
À l’instar du phénomène observé précédemment, artisans, artistes, ingénieurs et inventeurs sont moins prolifiques et voient leurs statuts se détériorer durant la période. La première des causes à ce phénomène est l’effondrement de l’utilisation de l’énergie. En effet, la science s’employant en combinaison avec cette dernière, elle souffre de son déclin. Là où l’on pouvait se servir des cristaux pour alimenter une forge gigantesque permettant de réaliser des pièces de machines de sièges colossales, l’on doit maintenant faire avec du bois et du charbon. Là où l’armurier pouvait fabriquer des épées aux tranchants incomparables grâce à des matériaux ensorcelés, il doit alors composer avec de l’acier de piètre facture. Ces limitations ont entrainé au cours du temps une poussée à la baisse de la complexité des techniques, à l'amenuisement de la qualité des produits et là encore, à une perte progressive du savoir.
La deuxième cause de la presque disparition de l’innovation est le manque de financement. Là où de puissants états, de riches mécènes et des corporations avides de nouveaux profits pouvaient investir dans de grands projets et subventionner des créateurs, le phénomène du Déclin est venu tarir ces sources d'argent. Faisant face à des cataclysmes en tous genres, royaumes et empires ont vu leurs ressources considérablement diminuer. L’appauvrissement général de la population a également largement fait chuter la demande de biens complexes et chers au profit d’outils plus rudimentaires et robustes. Quel paysan peut se permettre la plus belle et efficace des charrues, quant bien même elle doublerait sa productivité, si son seigneur exige l’intégralité de son surplus en taxes ?
La troisième cause est l’explosion des coûts des matières premières. Durant cette ère se met en place un cercle vicieux. La baisse de la productivité entraine une diminution de la quantité de matériaux extraits. Ces matériaux doivent être acheminés sous bonne garde du fait de l’augmentation globale de l’instabilité, faisant apparaitre de nouvelles charges. Le prix final étant alors considérablement plus élevé, les outils et machines fabriquées avec des matériaux gagnent en cherté, les rendant moins accessibles et amenant une chute de la productivité générale. Ce phénomène se met en place progressivement si bien que peut nombreux sont les états ou les organisations à réaliser les investissements nécessaires pour enrayer la boucle.
Etat des lieux en l'an 512
Abrasia fut autrefois une terre d’innovations où le progrès était une valeur partagée par le plus grand nombre et où science, religion et institutions s’entre influençaient. Certaines périodes virent des civilisations prospérer et s’élever par leur développement et d’autres disparaitre dans les néants de l’histoire après avoir manqué un saut technologique majeur. Cependant, l’ère du Déclin a pour caractéristique que la somme globale des connaissances et la capacité à produire des inventions à l’échelle d’Abrasia, est en très forte diminution. Les intellectuels qui ont la possibilité de porter le regard sur le passé ne peuvent que constater la réalité, l’âge d’or de ce monde est derrière lui. À l’époque contemporaine, l’utilisation de l’énergie ne fait plus partie du quotidien des néruviens. Ces derniers emploieront, pour l’immense majorité d’entre eux, des outils existant déjà du temps de leurs grands-parents. Des découvertes locales sont parfois amenées par des inventeurs d’exception, mais il ne s’agit pour la plupart que de pâles copies de technologies autrefois largement répandues. Quelques pays, cités, organisations tentent de renverser ce coup du destin. Rarement avec succès, souvent vainement. Seul l’Empire Boréal semble pouvoir proposer une vraie voie alternative, mais ses secrets, ses sciences et ses machines restent un mystère lointain pour une proportion écrasante de la population. Enfin, si l’innovation technologique est au point mort, celles artistiques, militaires, mais aussi sociales, perdurent. Face à un monde de plus en plus dur et l’accumulation de contraintes, c’est l’entièreté des civilisations d’Abrasia qui se réorganisent pour le meilleur comme pour le pire. Surtout pour le pire.
L'empire Boreal
Débarqué depuis quelques années l'Empire Boréal surpasse technologiquement l'entièreté des civilisations qui le précédait en Abrasia. Le Peuple Boréal a réalisé par la science une parfaite synthèse entre la machine et l'énergie, le rendant capable de prouesse qui n'ont été observées dans ce monde que durant ses âges d'or. Capables de naviguer les océans les plus fougueux aussi bien que dans les airs, de bâtir des constructions spectaculaires en un temps record mais aussi de porter un feu destructeur à leurs ennemis, il n'est pas nation capable de leur faire face. Les impériaux sont eux aussi affectés par le déclin mais leur supériorité face aux forces locales ne permet pas au conquis de s'en rendre compte. Leur colonisation d'Abrasia fut source d'affliction pour nombre de locaux mais après quelques années, ils apparaissent pour beaucoup comme un espoir de renouveau. L'Empire se révèle peut enclin à partager sa technologie avec le plus grand nombre et la réserve au service de ses propres intérêts. Cette même technologie repose sur l'extraction de l'énergie par delà le Voile en passant par le lien qui relie le quangénieur avec l'L'Ordre et est considérée par les religieux néruviens comme impie. On l'appelle la sphère de Quanlin et est un des moteurs de la colonisation d'Abrasia. Cependant, si elle ouvre de nouvelles portes, pour l'instant seuls les théocydes ont put réaliser la symbiose entre les deux approches, leur procurant un pouvoir capable de triompher des Eveillés.
La technologie au quotidien
L’abandon de l’usage de la magie a profondément bousculé la vie des Abrasiens. La vitesse de transmission de l’information, la productivité et même la répartition du travail s’en est retrouvée bouleversée. Aujourd’hui, les paysans ont recours à des charrues, des mules et des bœufs. Les plus aisés ont à disposition des chevaux, dont les élevages sont gardés avec attention, pour transporter rapidement leur outillage entre leurs champs. Les agriculteurs réutilisent leurs propres semences autrefois modifiées pour produire d’autant plus et les nombreuses variétés de céréales qui composaient, il fut un temps, le repas des classes moyennes a laissé place à des formes pauvres de blés, d’orges et de millet. Les instruments ruraux, bien que sujets à des altérations locales, demeurent assez basiques : faux, coutelas, haches et fléaux. La plupart des miliciens et soldats sont armés de dérivés des outils agraires, adaptés au combat et seuls les nobles et guerriers d'élite peuvent accéder à des armures complètes. Il faut parfois parcourir de nombreux kilomètres pour se rendre chez l’apothicaire ou le forgeron lorsque l’on réside dans les campagnes et l’artisan disponible ne sera alors qu'à même à effectuer des tâches simples à un prix exorbitant.
C’est en ville que l’on peut retrouver les spécialistes et les ouvriers les plus qualifiés. Cependant, les grands projets de construction sont souvent abandonnés faute de moyens et de machines adaptés. Jadis, l'enceinte d’Erionth fut battit à l’aide d’immenses grues et engins de levage, mais qui sait encore bâtir de si imposantes cages à écureuil et qui peut s'en payer le luxe ? Ainsi les palais sont ponctuellement restaurés, les murailles rapidement rafistolées, les antiques châteaux, eux, menacent de s’effondrer. Les bourgades loin de points d'eau furent progressivement abandonnées, les aqueducs s'érodant les uns après les autres et il ne reste plus que les quartiers les plus prisés des plus riches cités qui peuvent se gargariser d'un système d'égouts fonctionnel.
Dans des lieux stratégiques et isolés tels que la nouvelle Zhan ou les domaines fortifiés, les impériaux ne rechignent pas à mettre à profit leurs outils. D’immenses grues ont ainsi permis d’ériger le mur d’enceinte de vent-qui-chante, des charrues lévitant grâce au Quanlin rendirent à une vitesse absurde les terres du gouffre aux échos. Un astucieux système de pompage alimente maintenant la citadelle noire en eau potable directement puisée dans l’Isil. Ces démonstrations technologiques sont utilisées à des fins de propagandes dans tous les territoires contrôlés de l’Empire, promesses hypothétiques de jours meilleurs.
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