Recruté au dernier moment, on m’a sorti de ma cuisine de bouiboui près du port pour me joindre à une autre expédition dans la forêt du Sud. Mes compagnons pour cette balade me sont inconnus. Il s’agit de Caesar, le poète masqué accompagné de son corbeau taciturne, de Flint, un nain costaud aux allures brutales, d’Eleanys, le drake magnétique au visage à demi-couvert et du fameux Jax, l’elfe sylvestre, tueur des plus dangereux monstres des Terres Sauvages.
Devant Merrick, nous tergiversons sur la destination à prendre. Motivé par une rencontre précédente avec des manticores, certains d’entre nous souhaitons retourner en montagne pour rétablir une relation avec ces mangeurs d’orques. La perspective de rencontrer le supposément puissant maître des manticores n’est pas étranger à la prise de cette décision.
Ainsi, nous prenons la route du sud, jusqu’à la Tour Noire. Les occupants nous accueillent avec chaleur et hospitalité, nous offrant une part des réserves de viande de grand singe qu’une autre bande de nos compagnons leur a rapporté récemment.
Sur la route, malgré une vigilance exacerbée par notre passage à proximité du territoire des orques, ce sont une meute d’ours-hiboux qui nous est tombée dessus. Avant même que je ne puisse me défendre, leurs coups de griffes et de bec m’ont envoyé mordre la poussière. Heureusement, Flint dispose d’une bonne réserve de potions soignantes. Grâce à lui, j’ai été ramené à la vie avant que je finisse dévoré par ces redoutables prédateurs.
Mes compagnons ont également bien casqué face aux ours-hiboux. Amochés, nous établissons un premier campement sur les hauteurs qui bordent le sentier. Après avoir dégusté une grillade de viande fraîchement tranchée, l’heure est au repos. Avant longtemps, à peine la nuit est-elle installée qu’un escouade d’orques s’avancent sur notre position.
À la faveur du terrain et d’un tour de garde réussi, nous nous préparons à recevoir ces guerriers. Nos ennemis sont coriaces, protégés par une armure atypiquement lourde pour des créatures sauvages. Également, ils manient tous des épées de facture modeste mais solide et des arbalètes.
Toujours pas remis de notre précédente rencontre, le combat contre les orques est rude. Armé de mon arc et de ma rapière, je bondis de position en position pour tenter de transpercer nos ennemis. Mais le mérite de la victoire revient surtout à Flint, qui fauche l’ennemi de ses griffes, ou de sa queue, sans relâche, pratiquement indifférent aux coups de ses adversaires.
Une fois le calme revenu, nous dépouillons les corps de leur possession avant de prendre un peu de repos. Dormir en forêt, non loin d’une pile de cadavres n’est pas une sinécure, mais chacun a pu reprendre un peu du poil de la bête avant de se remettre en route vers les montagnes, laissant derrière nous un butin encombrant.
Notre chemin nous mène dans la direction du camp orque qu’avait repéré Flint et ses autres compagnons, quelques semaines plus tôt, pendant l’hiver. Il m’a raconté comment lui et sa bande avait eu maille à partir avec des manticores, et autres bestioles ailées. Quoiqu’il en soit, le camp avait été ravagé. Il était déserté.
Or, en se rapprochant de l’endroit, nous avons constaté que les activités ont repris. Ne voulant pas risquer d’être vu, nous sommes confinés à l’orée de la forêt, éloignée de la palissade par plusieurs centaines de pas. Heureusement, Eleanys, le drake aux étranges pouvoirs, se rend invisible pour tenter une approche discrète.
Après de longues minutes d’attente, à supputer discrètement sur la présence d’un ours aux allures suspectes, l’ensorceleur confirme la présence des orques du Poing de sang. Tout un bataillon occupe maintenant le camp. Les forces en présence sont bien au-dessus des nôtres, alors nous retraitons avec cette nouvelle et importante information.
Sur le chemin du retour, au moment de récupérer les offrandes offertes par la troupe d’orques et la harde d’ours-hiboux, nous tombons sur une escouade de gobelins, embusquée près de notre camp.
Sans tarder, une pluie de flèches rudimentaires s’abat sur nous. Aussitôt, chacun se déploie dans les bosquets pour débusquer un des tirailleurs. J’essuie quelques coups de la vile créature, mais je parviens à l’abattre avant de me lancer à la poursuite d’une deuxième. Pendant ce temps, Flint reste fidèle à son mode d’opération. Les gobelins sur son passage tombent comme des mouches. Eleanys n’est pas en reste car il fait appel à la foudre qui carbonise une poignée de voyous d’un seul trait.
Sans trop souffrir, nous anéantissons les bestioles. L’armée de Ta’arsh voit ainsi son nombre se réduire. Je me questionne tout de même sur le réel impact de nos actions. Personne à la guilde ne semble connaître la taille de cette armée. Mais le captif que nous avons interrogé ne paraissait pas intimidé par son revers, et le destin funeste qui l’attendait. Au contraire, ce qui n’augure rien de bon.
Nouvelle-Audarque manque de préparation face à la terrible menace qui pèse sur la ville. Ce serait dommage que la ville change encore de main, si peu de temps après avoir été prise aux mains des orques.