Ami lecteur, bonjour. Je m'appelle Koriolis. Je suis un aventurier dans l'âme à la recherche de gloire et trésors. Les rumeurs sur les quais mentionnent allègrement les Terres Sauvages de la Nouvelle Sarnale. J'ai donc décidé de trouver un passage sur une navire à destination de Nouvelle-Audarque.
Peu après être débarqué à la ville en reconstruction, je fais la connaissance de Sonaria le noble. Lui faisant part de mes intentions, il m'invite à rejoindre la Guilde des aventuriers. Mon mal de terre est à peine dissipé que je me trouve à l'Auberge, devant Merrick le sage, qui m'accueille cordialement. Autour de son bureau se trouve d'autres compagnons de Sonaria. Il y a Fabio, un autre sang-mêlé. Clairement orque d'une part et sang bleu de l'autre. Mailliw, l'homme masqué, est certes volubile et versé dans les arts magiques. Eprax, sous sa carapace métallique, ne laisse pas sa place.
Après un entretien sur les objectifs de l'expédition et la rencontre de Rika, une intriguant femme tournée vers le cosmos, je me lance à la conquête de la forêt en bonne compagnie. Notre parcours nous mène d'abord au Camp Brennos, pour un bref repos, puis au Puits de l'Ours, pour bifurquer vers le sud.
En cheminant, nous avons croisé les traces d'une meute de loups, certaines visiblement plus grandes que les autres. Mes compagnons avancent qu'il s'agirait d'une patrouille d'orques chevauchant leur montures lupines. Nous approchons du territoire de l'ennemi. La nuit vient, et la pluie contine. Nous dénichons un emplacement pour monter un camp de fortune, à l'abri des regarde. L'ambiance est maussade sans feu, ni soupe chaude pour nous réchauffer.
Je n'ai pas tardé à réaliser d'où venait le Sauvage du nom de ces terres. Pendant mon tour de garde nocturne, une bande de créature traverse la forêt non loin de notre camp, judicieusement caché par le relief et les préparations des aventuriers expérimentés. Par un lien magique, Sonaria et Eprax parviennent à contrôler un oiseau, qui retrace les créatures que j'ai entendu. À la description, il s'agirait de serpents gigantesques portant un immense bec d'aigle, et deux paires de serres terminant des tentacules attachées à leur tête. Un vrai cauchemar. Personne ne connaît ces créatures et personne n'a envie de les connaître. Je n'ai jamais entendu une telle description, et pourtant, j'en ai croisé des curiosités monstrueuses. Autre climat, autre faune.
Aux premières lueurs, nous reprenons la route, sous une pluie qui s'acharne. Attentif à l'environnement, nous détectons bien assez vite les signes d'une occupation du territoire : arbres coupés et sentiers naissant. Encore une fois, Sonaria envoie son compagnon ailé en reconnaissance, mais l'oiseau ne revient pas. Mais le druide nous indique qu'il a été abattu par la flèche d'un orque. Accompagné de Fabio et Mailliw, je tente une approche discrète pour en avoir le coeur net.
Les orques sont à l'affut, et il découvre notre présence. Le groupe d'une douzaine de combattants réagit vivement, et hostilement. Le combat s'ensuit. Le nombre nous désavantage, mais l'expérience des combattants compensent tout juste. Fabio est magistral avec son arme d'hast. Il fauche les orques les uns après les autres. La magie de Mailliw est saissante, tout comme celle de son adversaire, qui use des mêmes sorts. Sonaria me surprend par son lien avec les constellations. Tout son corps brille et nous apporte la bienvaillance des étoiles. Eprax tente de résister comme le rempart qu'il est, accusant coup sur coup, contre les projectiles et les haches massives des orques. Pour ma part, je me préserve de foncer dans la mêlée, en tirant des flèches sur les cibles à ma portée. Le magicien orque me semble particulièrement dangereux avec ses souffles magiques. Je le darde de flèches.
Malgré la chute de plusieurs de mes compagnons, il y a toujours quelqu'un pour les relever. Les orques sont battus. La victoire est à nous. L'effigie du Poing de sang orne les plastrons des orques. Ils sont sous le joug de Ta'arsh, qui voit ses forces amoindries par l'extermination de cette bande, qui compte un shaman, un orog et un maraudeur. Les corps sont poussé dans un trou caché près de la scène. La pluie battante nettoiera les traces du combat. Personne ne saura ce qui est advenu de ce brutal bataillon, sauf vous et moi.
Après l'escarmouche, nous tentons de retrouver l'un des camps orques, question d'évaluer la progression des forces. Mais le ciel et Tempête en décide autrement. Notre vision est limitée à la distance que parcourt la buée qui sort de notre bouche. La nuit approche et nous établissons un autre camp. À l'abri de la toile des tentes, nous discutons des événements récents et à venir, et des femmes. Ne manquait plus que le rhum et la bière pour réchauffer les coeurs, à défaut de réchauffer les corps.
La nuit est tranquille, mais la pluie ne prend pas de repos. Complètement imbibé, le sommeil est difficile. À l'aube, que l'on devine difficilement sous cette chape nuageuse et ce rideau de pluie, nous tentons de continuer l'expédition. Chacun a le caquet bas et le nez qui coule. Sans réelle direction, nous errons dans la forêt. Notre marche est détectée et soudainement, une troupe de colossaux gobelours nous tombent dessus, telle une avalanche de pierre puante.
Emmitouflé dans ma pelisse tout aussi mouillée de l'intérieur que de l'extérieur, je n'ai pas de temps de réagir à l'assaut. Le choc des gourdins m'envoie au sol. Pendant un moment, je vois noir et je n'entends que des sons de combat étouffés. Le temps s'écoule drôlement dans cet état. La conscience me revient soudainement. Fabio me surplombe avec son hast et mon agresseur git au sol, éviscéré. Je me relève promptement et je m'écarte de l'attroupement. Arme au clair, je fonce et je pique et je pique et je plonge, en invoquant l'énegie de Tempête, qui doit certainement rôder dans les parages, à en juger du vent et de la pluie qui continuent de nous fouetter.
À bout de ressource, la compagnie des aventuriers de Nouvelle-Audarque finit par avoir le dessus sur les assaillants, qui portent également le symbole du Poing de Sang. Leur présence est un signe que les troupes de Ta'arsh occupent de plus en plus le territoire. Si la guerre déferle sur Nouvelle-Audarque, la vague orque pourrait être dangereuse. Un peu moins, si on considère qu'une vingtaine de combattants ont été éliminés.
Mais il me semble essentiel de garder un oeil attentif sur les agissements de Ta'arsh et ses troupes. L'ignorance pourrait causer de mauvaises surprises à cette jeune ville. Je dois l'avouer, embrocher de l'orque a quelque chose de satisfaisant. Ce sont de rudes combattants et de glorieux combats. J'ai encore de longs jours à m'exercer avant d'avoir l'efficacité d'un Fabio. D'un sang-mêlé à un autre, peut-être consentira-t-il à partager son savoir.