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Sun 28th Apr 2024 04:41

Chasse, malheur et nécromancie

by Princesse Amellys

À la suite du combat que nous avons mené, nous nous sommes mis à fouiller dans les différentes tentes du camp. Pour ma part, je commençais par celle des grandes prêtresses. Je souhaitais, au fond de mon cœur, retrouver Thanae en vie. C'est avec le cœur palpitant que je l'ai trouvé ligoté et blessé. De toute évidence, celui-ci avait été torturé. J'imagine que c'est de cette manière que la prêtresse des souterrains a pris connaissance du passage secret permettant de passer de l'extérieur à l'intérieur de la ville. À mon arrivée près du ménestrel, je me suis mis à entamer une ode permettant de panser ses plaies. Bien qu'étant bâillonné, force est de constater le soulagement qui s'exprimait dans son regard. Son cauchemar était terminé. Ce dont il ne se doutait pas, c'est qu'une nouvelle aventure l'attendait. Nous devions nous presser : la Main Rouge nous talonnait. Après avoir récupéré quelques chevaux, nous avons filé à toute allure. Du haut des collines du Nord, nous avons constaté avec horreur la mise à feu et à sang d’Edgewind par les prêtresses de Sumie menant une armée d’Orcs. Prenant la direction des montagnes de Montasantar, nous avons cheminé pendant bien 2 semaines. Nous avons mal estimé la quantité de rations nécessaires pour ce voyage. De telle sorte, nous avons dû nous mettre en mode survie et trouver des ressources afin de nous nourrir. Rationner ne suffisait pas. Nous avons donc décidé de chasser, pêcher, cueillir. Il va sans dire que nous avons été obligés de tricher un petit peu. Lucens, de son côté, lançait des boules de feu pour chasser le gibier. De mon côté, je m'attardais à rendre la fuite des poissons présents dans le fleuve la plus lente possible. Cela nous permettait de les attraper plus facilement. Sur la route, Thanae et moi chantions ou contions des récits, des hymnes que nous avions auparavant déjà entendus. En chemin, Lucens nous demanda de nous arrêter dans une ville nommée Pishaar. D'après lui, l’Intendant Duvall l’avait missionné d’y récupérer quelque chose. Notre ami ensorceleur était resté bien discret à ce sujet. Il devait récupérer dans cette ville une chose qui devait nous aider. Il semble qu'il avait reçu des instructions bien précises. Nous sommes donc arrivés dans la ville en question en milieu de soirée. Nous étions épuisés, nous ne voyions plus clair, et la ville semblait déserte. Après un petit tour de passe-passe, Lucens, à travers les yeux de Valor, nous renseigna sur la présence de presque une centaine de villageois à l'église. Étant affamée et fatiguée, je proposai de commencer par nous restaurer. J'étais un peu inquiète de nous faire voler nos chevaux. De fait, à l'arrivée à l'auberge, j'ai préféré rester à l’extérieur pour les surveiller. Edras et Lucens restèrent avec moi. Après plusieurs minutes de patience, puis constatant que Milérion et Loen tapaient la causette aux différents protagonistes de la taverne, j'ai fini par rentrer et commander moi-même à manger pour tout le monde. Malheureusement, le responsable du beurre nous annonça qu'il était nécessaire d'attendre une petite demi-heure. Nous ne pouvions nous empêcher de sauver la veuve et l'orphelin. Lucens nous convainquit de nous rendre à l'église, point en effet, le fils d'un couple présent dans l'auberge à notre passage avait été condamné à mort. Or, il serait exécuté sous la présidence d'un prêtre de la cathédrale de la Lumière. Cela était inconcevable pour notre ami sorcier. Espérant que nous ferions une entrée discrète, cela se passa tout autrement. Lucens entra de manière particulièrement théâtrale s’opposant frontalement à ce qui s’apparentait de près à un gourou. Nous faisions face à un groupe de fidèles fermement attachés à ce qui semble être une vision ancienne et très conservatrice voire extrémiste des enfants de Diche. Pendant sa plaidoirie, Milérion se précipita sur le bras d’une statue à l’effigie de la déesse et commença tout bonnement à le scier. Bien évidemment, la réaction des fidèles ne s’est pas faite attendre, ils se révoltèrent tous et commencèrent à assaillir notre ami. Dans une tentative de convaincre de sa bienveillance, Lucens tenta de faire apparaître une boule de lumière apaisante. Mais ce qui résonna dans la chapelle ressemblait à ne pas s’y tromper à un « Counter Spell » mettant fin au sort lumineux. De mon côté, je me rendis invisible. Je n’étais ni d’accord avec le fait d’être venue ici, ni avec le fait d’endommager une sculpture à la vue de tous. J’ai préféré rester en dehors de cette histoire tant que personne n’était blessé. Après le remue-ménage, Lucens réussit à convaincre la foule en délire qu’il s’occuperait lui-même de l’exécution de notre ami cornu. Nous avons ainsi pu sortir de cette chapelle sains et saufs. De retour à l’auberge, nous avons tranquillement dîné. Pendant le repas, Loen nous raconta qu’il avait trouvé le responsable qui avait annulé le sort de Lucens. Un gobelin ! Quelle surprise de trouver une telle créature. Une idée me traversa l’esprit pendant le repas. J’allais vérifier l’état des chevaux que nous avions laissés à l’étable. J’observais comme une morsure sur la croupe de l’un d’eux et m’empressai de le rapporter à mes amis. Edras alla y jeter un coup d’œil et confirma qu’il s’agissait d’une morsure… d’humain. Afin d’innocenter l’enfant accusé, nous sommes allés au puits où ce dernier aurait jeté le corps de son ami après l’avoir poignardé
 
. Je me sentais encore très épuisée et aurais préféré aller me reposer. Ils insistèrent tous encore pour que nous nous déplacions en pleine nuit sans avoir pu récupérer. Le père nous accompagna plus ou moins contraint pour nous montrer le lieu du dit-crime. À la lisière du bois, nous avons trouvé un dolmen au sein duquel un rituel nécrotique avait été réalisé. Il était aisé de s’en apercevoir, puisqu’un crâne avait été utilisé comme calice pour y loger un onguent à l’air suspect. Milérion s’enquit de le garder. Quand tout d’un coup, un immense golem de pierre s’anima autour de nous et commença à nous attaquer. J’avais bien conscience que je n’étais pas de taille à affronter cette créature et que je ne serais pas d’une grande aide pour mes amis. La seule chose que je pouvais faire contre elle était de la ralentir dans ses déplacements. Pendant la bataille, j’observai que Loen et Lucens se faisaient attaquer par une force invisible. Était-ce encore ce gobelin ? Je ne pouvais probablement pas vaincre ce golem, mais je pouvais tenter de chasser la petite créature maligne. Loen finit par le retrouver en premier, mais il prit la fuite sentant qu’il ne pourrait plus nous nuire. Tandis que mes amis au front subissaient des attaques quasi mortelles, je contrecarrais la mort en leur psalmodiant des mots de guérison. C’est à force de radiance que l’être de pierre perdit la vie. Et c’est avec tristesse que Lucens m’apprit que le père de l’enfant qui nous avait accompagné était mort durant les échanges belliqueux. Je dois avouer avoir été déçue par le comportement peu valeureux de Thanae. Mais puis-je vraiment le lui reprocher ? Ce n’est pas un guerrier après tout. S’il se passait quoi que ce soit entre lui et moi, il me paraissait plus qu’évident que je serais celle qui porte la culotte ! Pour finir cette longue soirée, nous avons jeté un œil au puits et trouvé le campement du gobelin. C’était extrêmement malodorant, sale… Je n’en pouvais plus et le repos s’imposait. Nous nous sommes relayés pour tenir la garde. Bien que je prenne une garde de quatre heures comme d’habitude, il ne s’est rien passé. Tout a été très calme pour ma part. À notre réveil, un de nos chevaux avait disparu et selon Lucens, il s’était enfui en direction du village, avec les yeux glacés d’un mort-vivant dans une course folle effrénée. L’heure filant aussi vite que notre monture, nous nous sommes dépêchés de courir à la chapelle. Il était déjà 09h00 et l’exécution avait lieu lorsque le soleil atteindrait son zénith. Tandis que nous allions à destination, j’ai proposé à Lucens le plan suivant : en dernier recours, me dénoncer en tant que criminelle afin d’être brûlée en même temps que l’enfant. Ainsi, Lucens aurait créé une illusion de l’enfant et moi dans le brasier pendant que je nous éclipsais par magie ! Néanmoins, cette situation n’arriva jamais. Nous avons subi l’attaque de nouveaux morts-vivants menés par un zombie géant ! Je ne peux me défaire de ce souvenir où je vois encore les villageois courageux tenter d’empêcher d’entrer ces monstres dans l’édifice. Je ne peux me défaire d’imaginer le courage nécessaire qu’il leur a fallu pour affronter leur peur et ces démons. Une autre chose aussi qui me ronge est le fait d’être responsable de la mort de plusieurs villageois. Je ne me doutais pas qu’une vague tonnante puisse être aussi létale. Sur le moment, j’espérais principalement repousser nos assaillants. Au lieu de cela, je n’ai fait qu’allonger ma liste de créatures à qui j’avais ôté la vie. Depuis deux jours, j’ai l’impression que même guidés par les meilleures intentions, nous enchaînons les mauvaises décisions et les incidents : l’entrée fracassante dans l’église hier soir, faire venir le père de l’enfant dans la forêt, faire boire l’onguent à l’enfant, lancer une vague tonnante mortelle.
 
Il me tarde que le vent de malheur se mette à souffler sur d’autres gens que nous...