E6 – Un œil pour un œil

Illustrations par Elsa - Instagram

Written by Silviooooooo

General Summary

En cette journée calme dans le Marais de la Sorcière, un petit vent chaud soufflait au travers des arbres et venait caresser les visages de nos compagnons. Sir Guérin d'Orocastre était justement dehors à s'entretenir avec Octave, le maître d'écurie récemment embauché dans l'auberge, « J'te jure mon p’tit gars, ces fers à cheval carrés c'est ce qui se fait de mieux pour les canassons à trois pattes, j'devrais pas te le dire mais c'est un secret que j'ai volé à l'Empire. Comment tu crois que leur cavalerie nous a écrasés si facilement y a treize ans ? Hein ! Voilà... ». À quelques pas de là, Fracasse était assis sous un vieux saule, les boutons de sa chemise ouverts pour laisser à son estomac toute l'amplitude nécessaire à la digestion du goulash des marais de Mamma qu'il venait d'engloutir. « Lève ta garde gamin ! Sinon je donne pas plus cher de ta peau que de celle des poulets d'Uriah. » dit-il à Labroche qui s'entrainait à l'épée avec Nèfle. « Tu ne crois pas qu'il est un peu jeune pour ces choses-là tout de même ? » lança Fénésia du haut de l'arbre où elle s'était installée pour observer un nid de drakillons mangemouches dont les œufs venaient d'éclore. C'était une journée calme dans le Marais de la Sorcière, un petit vent chaud soufflait et l'été touchait déjà à sa fin.

-∘∾∘-

Nos héros profitaient d'un peu de repos après leurs précédentes aventures, cela faisait environ trois semaines qu'ils étaient revenus du Bois aux Serpents où ils avaient sauvé la Mamma des griffes d'une guenaude après qu'elle eut été enlevée par des chasseurs de prime. Il était tard danns la nuit quand, quelques instants avant l'aurore, ils furent réveillés par un cri aigu suivi d'un grand fracas. À peine furent-ils descendus dans la salle commune qu'ils trouvèrent Labroche, armé de son aiguillon, le visage pâle mais solide sur sa posture. À ses pieds, le corps d'un brigand gisant dans son sang et à ses côtés la Mamma dont la hache dégoulinait de trippes.
« Pas très vivace celui-là, si au moins ceux qui en veulent à ma peau pouvaient avoir la décence de m'envoyer des pros ! grogna-t-elle.
— Mais c'est quoi ça encore ? hurla Guérin outré qu'un gueux ait perturbé son sommeil.
— On dirait qu'ils vont pas me lâcher. Mes petits chéris, l'heure est grave ! Des vilains jaloux de ma beauté souhaitent s'en prendre à moi et je vais vous dire une chose, si c'est la guerre qu'ils veulent, ils l'auront !
— Mais enfin, répondit Nèfle, pourquoi est-ce que l'on s'acharne à vouloir te kidnapper ?
— Ah mon petit bout d'chou, je sais que tu me vois avec les yeux d'un fils et donc que tu ne perçois pas entièrement ma grâce et ma noblesse, mais sache que je suis une princesse. lui souffla-t-elle de sa voix gutturale. Une princesse qui apparemment intéresse l'Empire Boréal.
— Woaaaa, une princesse... reprit Labroche plein d'admiration.
— Il va falloir partir mes bébés, nous n'aurons plus jamais la paix ici.
— Partir, comment ça ? interrogea Fénésia.
— Quitter les lieux, abandonner la maison, répondit Uryah. Je vais retrouver les miens dans le Ziraï-Nath et tenter de sceller une alliance avec les Nomades des Steppes. Ces derniers sont en guerre avec l'Empire depuis de nombreuses années et ne se laissent pas faire.

— Et tu penses que tu sauras convaincre les Nomades de joindre leurs forces aux tiennes ? C'est un peuple fier et difficile à aborder. fit remarquer Fracasse, sceptique.
— C'est là où vous entrez en jeu mes poussins. Quand je vous regarde, je suis tellement fière de ce que vous êtes devenus grâce à moi. Dire que lorsque je vous ai recueillis vous étiez une pauvre bande de petiots sans défense et maintenant... vous avez tellement grandi, je suis émue de voir à quel point vous avez su apprendre de moi !
— Mpfff... ne put s'empêcher de réprimer Guérin.
— Mais à présent, fini de jouer, il va falloir réellement mettre en application vos talents et je vais avoir besoin de vous. Non, je sais que je n'ai même pas à vous le demander, car, sous le charme magnétique de ma beauté sidérale vous m'êtes entièrement dévoués et vous feriez n'importe quoi pour moi sans que j'ai à claquer des doigts, mais j'y tiens ! dit-elle en prenant une grande respiration et un ton pénétré. S'il vous plaît, mes mignons, Mamma a besoin que vous lui rendiez un petit service, pas grande chose... il faut simplement que vous réalisiez un coup d'éclat suffisamment retentissant pour impressionner les Nomades et leur montrer que la Compagnie de la Sorcière Découpée joue dans la cour des Grands. Pour cela, rien de plus facile, allez trouver Zurto, ce boréal malotru qui a voulu me faire du mal, et faites-lui payer ! Vengez mon honneur, vengez ma fierté, soyez mon orgueil, soyez ma hache ! Et faites comprendre à cet avorton, aussi gouverneur impérial soit-il, qu'on ne plaisante pas avec la Mamma !
— Eh les amis, regardez ce que j'ai trouvé sur le cadavre de l'assassin ! s'exclama Nèfle qui n'avait pas vraiment écouté la diatribe d'Uryah. On dirait un avis de recherche avec la tête de la Mamma dessus ! La prime est de vingt plaquettes impériales, vous savez combien ça vaut ça ?
— Vingt plaquettes impériales... cinq cents pièces d'or chacune... articula Guérin qui était déjà en train de faire les calculs dans sa tête.
— Au moins ils ne m'ont pas sous-estimée sur la prime ! ricana l'intéressée dans un large sourire. Allez, ouste maintenant ! Commencez à réunir vos affaires, nous partirons demain matin. Vous vers l'île de la Septième Perle au nord de Grouleaux pour trouver le gouverneur, et moi dans le Ziraï-Nath pour rencontrer les clans nomades. Allez, au boulot, on s'ramollit pas ! »

Nos héros s'activèrent toute la journée pour rassembler leur équipement, huiler leurs armures et préparer leur paquetage. Vint ensuite le moment de discuter de ce qui allait advenir de l'auberge de la Sorcière Découpée :
« Octave le maître d'écurie et Péril le forgeron s'en occuperont. Ils ont les pieds sur terre et ils forment un beau p'tit couple tous les deux. dit Uryah tout en aiguisant sa hache. — Et moi, je peux venir avec vous ? demanda Labroche timidement. »
Tout le monde tourna les yeux vers Fracasse. « Et comment mon neveu ! Bien sûr que tu viens avec nous ! répondit-il en s'esclaffant. Je serai six pieds sous terre avant de t'abandonner !
— Vous aurez peut-être aussi besoin de mes potions ? proposa Massimigliana.
— Tu veux venir avec nous malgré le danger ? demanda Fénésia.
— Et pourquoi pas, je suis une saltimbanque, je vais là où le vent me porte, que ce soit dans un carnaval, une jolie auberge ou sur un champ de bataille. Et en plus... tiens, je t'ai fait une nouvelle potion d'amitié avec les animaux, essaye de l'utiliser à meilleur escient que pour charmer un crapaud des marais cette fois !
— Ah, bon d'accord. Si tu me prends par les sentiments alors... Viens avec nous ! D'ailleurs, tu saurais me préparer une petite concoction de guérison ? »

Le soir venu, les membres de la compagnie se réunirent pour partager un dernier repas autour de la grande table. Mamma avait cuisiné des poissons marcheurs grillés au jus de cèpes, un délice de l'avis de tous, et elle déboucha la bouteille de vin de Médessim qu'elle gardait précieusement sous une latte de son plancher. On mangeait et on buvait en se racontant des histoires, on trinquait et on profitait de ces instants, car nul ne savait quand serait la prochaine fois que la compagnie serait réunie de nouveau. Mais peu importait, car en cet instant, seul le présent comptait et la joie d'être réunis encore un peu. Puis, lorsque le feu ne fut plus qu'un tas de braises, Fracasse déposa une couverture sur Labroche qui s'était endormi et chacun alla se coucher. Nèfle, qui ne dormait que très peu, posa une cloche sur la dernière chandelle et l'obscurité tomba une ultime fois sur l'auberge de la Sorcière Découpée.

-∘∾∘-

Le groupe partit le lendemain au matin en direction de Bergo, Guérin n'avait pas oublié que le comte de la Fouine lui devait une faveur pour avoir sauvé sa fille lors du carnaval. Ils marchèrent pendant deux jours et demandèrent à parler au seigneur lorsqu'ils arrivèrent devant son donjon. Ils furent accueillis de manière un peu circonspecte, mais dès qu'ils se présentèrent comme la Compagnie de la Sorcière Découpée la cheffe des gardes leur enjoignit d'entrer sans faire de bruit. « Bien sûr que je sais qui vous êtes, j'étais là le jour du carnaval, mais les choses ont changé et certains membres de votre groupe sont désormais recherchés par les Impériaux. Je vais vous avoir une audience, mais restez discrets s'il vous plait. »

Le comte les reçut le jour d'après, il était entouré de quelques conseillers, dont son gendre. Ce dernier avait l'air d'avoir une dent contre le groupe, probablement car ils avaient sauvé sa fiancée et que cela lui causait une sorte de blessure narcissique. Le seigneur des lieux leur demanda ce qu'ils étaient venus faire dans sa ville et ce qu'il était advenu d'Uryah qui était recherchée par l'Empire Boréal. Nèfle et Guérin mentirent à son sujet, disant qu'ils avaient été trompés par elle et que le groupe voulait maintenant quitter au plus vite la région pour ne pas avoir d'ennuis. Leur interlocuteur leva un sourcil à ce discours, mais acquiesça silencieusement :
« Si je comprends bien, vous avez besoin d'un navire pour partir à Erionth et vous refaire une vie. Qu'il en soit ainsi, j'avoue que je me serais plutôt attendu de ta part à ce que tu me demandes un mariage avantageux Guérin, mais j'imagine que c'est ton esprit chevalier qui parle.
— Euh... oui, un mariage... balbultia le noble sir d'Orocastre pris au dépourvu.
— Oui, quel dommage, il y avait la baronne de Tormiel. La jeune veuve cherchait à reprendre un époux.
— La baronne... veuve ?
— Qu'importe ! Votre navire, vous le préférez petit et conduit par des personnes respectables et bien dans la loi, ou bien robuste et discret, mais doté d'un équipage peu fréquentable ?
— Huuum... Peut-être qu'on le préfère robuste Monseigneur. répondit Nèfle.
— Ah ah ah ! C'est bien ce qu'il me semblait ! Prenez cette lettre et remettez-la à Marina à Grouleaux, c'est... une capitaine qui n'a pas froid aux yeux, dirons-nous. Elle vous rendra le service que vous lui demanderez. »

-∘∾∘-

Le groupe repartit et marcha encore trois jours en direction de la petite ville portuaire de Grouleaux. Le gouverneur Zurto avait son manoir sur une île à proximité appelée la Septième Perle. Certains des locaux appréciaient beaucoup les impériaux, car depuis leur arrivée et la sécurisation des routes maritimes, les pirates évitaient les côtes de la Baie d'Argent. En revanche, une autre partie de la population les détestait pour précisément la même raison. Dans cette région reculée, toute manière de gagner son pain est bonne, même si elle frise parfois la frontière de l'illégalité.

Trempés par une pluie fine qui n'avait pas cessé depuis le départ de Bergo, ils arrivèrent finalement en vue de Grouleaux. Nèfle partit le premier en éclaireur, il trouva un village de pêcheurs dont la majorité des maisons étaient faites de bois ou de terre, sauf une, dont les murs de pierre dénotaient du reste. Un boréal à la peau noire de jais montait la garde devant, une épée tintée de reflets violets à sa ceinture. Nèfle savait que ceux-là ne rigolaient pas et qu'il valait mieux ne pas se faire remarquer, particulièrement parce que l'arme qu'il portait était d'une puissance prodigieuse. Il observa au niveau du port une douzaine de barques de pêcheurs et un fier navire bien gardé, très certainement une frégate impériale, il vit aussi une barge de taille moyenne autour de laquelle rodaient trois personnes patibulaires.

Durant son absence, le reste de la compagnie s'était fait aborder par un certain Jako. Celui-ci, un humain édenté aux manières un peu trop insistantes, avait essayé de tirer les vers du nez de Fénésia pour savoir ce que le groupe faisait dans le coin. Mais l'ensorceleuse ne lâcha aucune information concernant leur but, au contraire, avec l'aide des autres elle réussit à en apprendre plus sur la capitaine Marina. Celle-ci n'était pas souvent en ville, mais une personne avec des intentions louches saurait surement la trouver dans une caverne en bord de mer en longeant la côte vers l'Ouest.

La Compagnie de la Sorcière Découpée se dirigea donc dans cette direction et en milieu d'après-midi trouva une grotte qui correspondait à la description qu'en avait fait Jako. L'embrasure taillée dans la falaise était large et un bras de mer pénétrait à l'intérieur, une barge de taille moyenne aurait pu s'y faufiler et disparaître sous son manteau minéral. Alors qu'ils s'y engouffraient, Nèfle remarqua des silhouettes juchées dans les escarpements rocheux en hauteur, certains les suivaient avec des arcs, quand soudain une puissante voix de femme retentit : « Qui donc nous fait l'honneur de leur visite dans un lieu si reculé ?
— Nous sommes la compagnie de la Sorcière Découpée, nous ne vous voulons aucun mal. cria Guérin qui ne pouvait pas voir son interlocutrice.
— Oh ! Quelle heureuse surprise. » répondit Marina. Elle sortit de derrière une paroi escortée par une dizaine de pirates aux gueules balafrées et aux bras couverts de cicatrices. Il s'agissait d'une naine d'un certain âge, au sourire malin et à la crinière rousse. « Si je m'attendais à recevoir en mon antre les hors-la-loi en vue du moment ! Puis-je savoir ce qui vous amène, camarades ?
— Nous venons de la part du Comte de Bergo, il nous a recommandés à vous pour obtenir un navire et partir vers Erionth. répondit le chevalier.
— Erionth, tiens. Vous souhaitez disparaître ? Et votre cheffe, elle n'est pas avec vous ? On fuit son passé au premier coup de vent ? répliqua la pirate, narquoise.
— Oui, hemm... reprit Nèfle. Elle nous a trompés, vous savez nous sommes de braves gens et nous ne voulons rien avoir à faire avec des personnes recherchées par l'Empire.
— Tout à fait, nous sommes parfaitement dans la légalité et nous ne souhaitons aucun tort aux Boréaux. enchaina Fracasse.
— Que c'est... noble... de votre part. Vraiment. Souligna Marina en fronçant un sourcil.
— Oh et puis à quoi bon ! s'impatienta Guérin. Vous êtes une pirate, notre amie est recherchée, je crois que l'on peut se parler franchement après tout ! En réalité, nous ne voulons pas fuir, mais nous voulons un navire pour nous infiltrer sur l'île de la Septième Perle et rendre nos hommages au gouverneur Zurto. Voilà, vous savez tout ! Et voici la lettre du comte qui vous demande de nous aider dans notre entreprise.
— Ah enfin on s'amuse ! s'exclama la capitaine dont le sourire remontait jusqu'aux oreilles. Allons, ne restons pas là, suivez moi et je déboucherai une bonne bouteille de rhum ! Vous me plaisez de plus en plus bande de gredins ! »

Marina les invita dans une cabane sur pilotis dont l'intérieur était tapissé de cartes marines, de vieilles idoles à l'effigie des primordiaux et autres objets hétéroclites. La lumière chaude des chandelles baignait la pièce d'une atmosphère agréable que les épices du rhum venaient compléter. La capitaine pirate leur parla de la géographie de l'île de la Septième Perle, il y avait un port pouvant accueillir frégates et galions, un certain nombre de gardes, mais le manoir du gouverneur, en haut d'une colline dominant la rade, n'était pas fortifié. Elle proposa de les déposer à la tombée de la nuit sur une plage non surveillée et d'attendre leur retour pour permettre leur évasion. Cependant, s'ils venaient à ne pas se présenter avant le lever du jour elle n'aurait d'autre choix que de repartir sans eux. Le groupe acquiesça, cela semblait raisonnable.
« Au fait, dit-elle en se tournant vers Fénésia, vous êtes plutôt douée avec le feu, n'est-ce pas ?
— Plutôt oui, pourquoi ça ? répondit l'ensorceleuse.
— Je vais vous faire cadeau de quelques bombes explosives, après tout vous allez rendre visite au gouverneur, il serait impoli que je ne rajoute pas mon grain de sel à cette rencontre !
— Des bombes ? interrogea Fénésia.
— Oui, des sacs de poudre... Kaboum !
— Des sacs de poudre ? répéta Nèfle incrédule.
— Combien ? s'enquit Guérin les yeux remplis d'étincelles.
— Il nous en faut beaucoup ! s'exclama Fracasse surexcité.
— Kaboum ! hurla Labroche.
— Ah ah ah ! Bien ! rit Marina. Je vois que j'ai affaire à des gens de goût, vous me rappelez tellement mes débuts ! Je peux vous avoir beaucoup de poudre, mais je ne pourrai pas vous la céder gratuitement.
— De quelle quantité parle-t-on reprit Guérin ?
— Oh, en réalité j'ai de quoi faire sauter tout un port dans mes stocks. Mais soyons raisonnables, pour cent pièces d'or je peux vous remplir un canot de suffisamment d'explosifs pour pulvériser une frégate, éventuellement pour cent cinquante vous pourriez...
— Combien pour tout acheter ? la coupa Fracasse.
— Décidément, je me retrouve tellement en vous. répondit la pirate dont les yeux brillaient à présent. Je vous cède tout pour quatre cents pièces d'or, il y a là de quoi envoyer par le fond tout ce qui flotte dans les docks de la Septième Perle. Fénésia, une fois que les canots explosifs auront été placés près de leurs cibles tu n'auras qu'à les enflammer avec ta magie. Et en prime, parce que vous m'inspirez tellement de sympathie, je vous mets à disposition un petit équipage qui vous aidera à vous approcher de l'ennemi discrètement !
— On dirait qu'on a un marché, s'exclama Fracasse en pleine jubilation.
— La Mamma sera ravie, surenchérit Nèfle tout aussi joyeux, elle qui nous a demandé que notre action soit un coup d'éclat, elle sera servie !
— Voici l'or capitaine, dit Fénésia en plongeant la main dans sa bourse, imitée par ses camarades.
— Et si jamais cela vous intéresse, au lieu de vous donner une petite barge pour votre fuite, je peux aussi vous vendre un navire suffisamment grand pour vous accueillir tous les six et y mettre vos chevaux ainsi que votre carriole pour, disons cinquante pièces d'or. C'est un prix d'ami ! Oh, et ai-je oublié de mentionner qu'il est équipé d'un canon ?
— Marché conclu ! s'exclama de nouveau Fracasse, les Impériaux garderont un souvenir impérissable de notre visite ! »

-∘∾∘-

Et c'est ainsi que le lendemain soir, alors que la lune Amarandil entrait dans son premier croissant, baignant les flots d'une lueur fébrile, un navire silencieux et sans pavillon glissait sur les eaux argentées. Sa cargaison était recouverte d'une large toile noire tandis que quatre petits canots étaient accrochés sur les rambardes extérieures. Sur la proue se détachaient en ombres chinoises les silhouettes des membres de la Compagie de la Chimère scrutant l'horizon. Une bande de fous qui ne savaient s'ils regardaient vers un avenir glorieux ou vers une mort rapide. La seule chose dont ils étaient sûrs, c'est qu'ils partaient pour l'aventure, pour leur Mamma et pour la Compagnie !

by Elsa

Cover image: Fénésia and Massimila dancing at the fair by Elsa

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