Après avoir trinqué avec Brän, Kay, Samay et Pangur au Poney Frétillant, je me dirige, avec Mars sur mon épaule, vers le lac Mehon de Neverview. L’objectif est de trouver un arbre pour y dormir mais surtout pour communiquer avec Mars.
Mars jette son dévolu sur un magnifique saule pleureur aux larges branches sur lesquelles je pourrai m’allonger sans crainte de tomber. Je grimpe, m’installe et vois Mars me regarder avec son regard qui brille dans la nuit. Je mets un moment à invoquer le sort car je suis à la fois impatient de lui parler et à la fois apeuré d’entendre ses éventuels reproches... Je me lance….
Mars : « Bonjour Kethot, j’ai plutôt envie de dire : Enfin… !
Kethot : Bonjour Mars, je suis désolé… Depuis que j’ai retrouvé mes amis d’enfance, je t’ai délaissé et j’en suis sincèrement désolé. Hormis les jours où je n’avais plus de sorts disponibles, je me suis toujours trouvé une excuse : trop fatigué… en même temps tu as suivi nos folles journées… c’était compréhensible non ?
M : Si tu le dis…
K : ce n’est effectivement pas une excuse vue que je prenais le temps de discuter avec les autres…. Mais je n’avais pas envie de discuter avec toi avec les autres autour de moi…
M : Pour quelles raisons, il ne parle pas hibou à ce que je sache !
K : C’est exact ! Je crois que j’avais envie de me consacrer totalement à mes amis d’enfance pour combler les 10 années qui nous ont séparés et peut-être inconsciemment de prendre du recul sur nous… j’ai vécu les deux dernières années dans la nature avec toi en hibou avec pour unique contact humain le druide que j’avais rencontré….
M : Pourtant ça ne t’a pas empêché de me parler pour vous aider dans vos missions….
K : Tu as raison mais je ne le souhaitais pas, ce sont souvent les autres qui le voulaient…. Et je ne voulais pas les contrarier…. Tu sais, je pensais retrouver mes amis d’enfance mais en fait non… ce sont des inconnus, ils ont tellement changé…. Ils doivent dire la même chose de moi… Je ne voulais pas les décevoir et j’ai voulu leur donner l’image intrépide du Kethot qu’ils connaissaient mais ce n’est plus moi… mon adolescence a été plutôt calme et après notre fuite de ta ville, on s’est réfugiés dans une forêt où nous avons attendu ce fameux rendez-vous du pacte de la main… Tu vois, le Kethot intrépide n’existe plus… en deux ans, j’aurais pu essayer de te sauver mais non… je me suis planqué dans une forêt… alors que les autres semblent avoir eu des aventures rocambolesques…. Et lors des combats, ça se voit, ils savent tous aussitôt ce qu’ils doivent faire, moi par contre je prends trop de temps même si je trouve que je m’améliore…
M : Je trouve effectivement que tu t’améliores au combat…. Mais rappelle-toi d’une chose : C’est moi qui ai mangé cette graine. Tu n’as donc pas à t’en vouloir… Et j’ai apprécié ces deux ans avec toi même si j’aurai préféré avoir ma forme humaine pour pouvoir t’embrasser et te câliner…
K : Merci, je t’aime (un peu gêné)….
M : Je sais. Moi aussi je t’aime….
K : Oh regarde ! Y’a Brän et Luna qui se baignent dans le lac… Tu crois qu’il se baigne nu ?
M: Je serais lui, je me baignerais nu. Que penses-tu de lui ?
K : Brän le sauveur… Il nous met parfois en danger mais il est tellement prêt à risquer sa vie pour les nôtres que tu ne peux que l’aimer. Parfois, j’ai envie de lui dire : concentrons-nous sur nos propres missions mais il a un argument de taille : sauver des vies… donc on le suit…
M : C’est un paladin, tout est dit… Et Moonie ?
K : Moonie n’est plus la petite fille d’antan. Elle est devenue une femme pulpeuse aux mœurs particulières. Elle est extravertie, extravagante, exubérante… tout dans l’excès et comme tu le sais, c’est tout ce que je déteste (rires) mais elle est gentille dans le sens noble du terme. Par contre, j’ai l’impression qu’elle nous cache des choses et qu’elle nous ment parfois… même si elle nous a fait une énorme révélation sur les méchantes prêtresses… Et puis, j’ai l’impression que je la mets mal à l’aise mais je ne sais pas la raison… On s’entend bien mais pour l’instant ça ne va pas plus loin. Après elle me fait rire à vouloir coucher avec tout le monde ou à faire ses poses lascives pour détourner les monstres.
M : Un sacré personnage cette Moonie. Et Kay ?
K : Kay le mystérieux fonceur. Je ne sais pas quoi te dire de plus. Il est assez distant du groupe. Est-il devenu solitaire ou l’était-il déjà enfant ? difficile à dire… Je ne connais pas son histoire vue qu’il parle rarement de lui… Ca reste pour l’instant un mystère pour moi… Mais le mystère a son charme… Je pense que je peux compter sur lui… et ce soir par exemple, c’est lui qui voulait qu’on aille tous ensemble boire une bière au poney frétillant…. Il a peut-être besoin d’une bière pour se sentir plus à l’aise ? En tant que roublard, penses-tu qu’il pourrait-il nous la faire à l’envers ?... Non, ce n’est pas le style de Kay…
M : Seul l’avenir te le dira…. Et que penses-tu du prince ?
K : Mais qu’est-ce que vous avez tous à l’appeler le prince ?
M : T’énerves pas. Je ne le connais pas et c’est son titre non ?
K : Oui, je sais… excuse-moi. Brän l’a toujours appelé ainsi mais maintenant même Kay et Moonie le surnomment parfois mon prince. Je ne comprends pas ! Je suis revenu pour Samay mon ami d’enfance qui est effectivement prince mais pour moi ça ne change rien… bon ok, notre mission est de le remettre sur le trône… mais plus je le côtoie, plus je doute de sa capacité à devenir roi…. Quand je le regarde, je vois du noir en lui, de la souffrance, de la tristesse même quand il rigole ou joue avec les enfants…. Et son pacte avec les elfes noirs… Ok c’est une tactique politique mais j’ai peur qu’il bascule du côté obscur…. J’ai fait ce pacte de la main enfant mais aujourd’hui les histoires de trône je m’en moque… Ils sont tous prêts à se battre pour le pouvoir mais ce qui nous gouverne c’est la nature et les dieux… pas les rois….
M : Pourquoi restes-tu avec eux ?
K : Par nostalgie de mes amis d’enfance que j’ai perdus et pas retrouvés. Et j’espère que je les considérerais de nouveau comme mes amis… il n’y a pas de raison…. Et puis, les aventures que nous vivons ensemble actuellement ça ne peut que renforcer les bases anciennes de notre amitié… Il faut qu’on se réhabitue et retrouve confiance les uns envers les autres… Et… Et…
M : Et... ???
K : Et… j’y trouve un intérêt….
M : Lequel ?
K : En restant auprès du groupe, j’ai plus de chance de trouver les graines d’inversion qui te rendront ta forme humaine. C’est horrible de dire ça mais je sais que je pourrais compter sur eux. Brän me répète qu’on les trouvera ces fichues graines d’inversion… On prend des chemins détournés mais il m’y amènera tôt ou tard…. Si on les trouve ou on fait tout pour, je serais reconnaissant à vie…. »
Sauvez par le gong…. Les 10 minutes du sort sont terminées. Je n’entends plus que le hululement de Mars. Je lui dis bonne nuit, me couche mais je sens Mars me donner des coups de bec sur l’épaule.
Un sujet n’a pas été évoqué et je ne peux pas faire ça à Mars…. N’ayant pas utilisé de sort aujourd’hui, j’invoque donc pour la seconde fois le sort qui me permet de discuter avec lui.
M : « Tu comptais vraiment me quitter comme ça ?
K : Euh….
M : Tu n’as oublié personne ?
K : Oh regarde Brän est en train de parler avec une jeune femme.
M : Ne change pas de sujet... Tu n’as oublié personne ?
K : Euh… Tu parles de Pangur et de sa panthère ? Je n’ai pas encore trop parlé à Pangur. Tu connais ma timidité avec les inconnus… Mais il a l’air très gentil… Et comme Samay, je vois également du noir en lui…
M : Je ne parlais pas du très beau Pangur mais de l’inconnu que tu as embrassé sur la bouche. Pour un mec timide….
K : Il était inconscient, nous avions tenté plein de chose et je ne sais pas pourquoi, j’ai pensé à ces vieux contes où le prince réveille la princesse en lui offrant un baiser….
M : Tu n’oses même pas dire son nom devant moi… pourtant tu le draguais devant moi….
K : je ne l’ai absolument pas dragué….
M : Je connais les regards que tu lui lançais et j’ai senti ton cœur s’emballer quand il t’a mis la main dans les cheveux. Je nous ai revus tous les deux….
K : Je suis sincèrement désolé Mars, je trouve Aleksander si beau et si charismatique que tout mon corps s’est enflammé mais je n’aurai rien fait, je te le jure….
M : Etait-ce uniquement de l’attirance physique
K : Je crois… De toute façon, je ne suis qu’un humain pour lui… et quel p*** de raciste !... En plus, il n’a d’yeux que pour Samay… Et tu me vois aimer un mec avec un tel égo ?
M : Non, je ne pense pas mais je ne suis qu’un hibou actuellement et le moindre beau gosse qui s’approche de toi me fait peur et me rend triste. Tu as 20 ans, je ne peux pas t’interdire de vivre ta vie mais sache que je t’aime et j’espère que tu crois en nous et que tu m’attendras. Mais, j’ai eu 20 ans et la libido qui accompagne cet âge et tant que je suis hibou, je t’autorise à avoir une vie sexuelle avec uniquement des inconnus mais je souhaiterai que tu m’en parles avant afin que je te donne mon consentement.
K : Je n’ai pas trop envie de parler de ça Mars…
M : Promet-moi qu’à compter de ce jour, on se parlera tous les jours au moins 10 minutes afin que ton cœur me soit toujours fidèle. Après je te fais confiance pour ne pas mettre de sentiment dans tes futurs plaisirs charnels.
K : On peut arrêter s’il te plaît.
M : C’est important Kethot. Je t’aime et je ne veux pas te perdre… »
Je n’arrivais plus à dire un seul mot. Je me perdais dans le regard brillant de Mars l’hibou sans retrouver le regard de Mars l’homme que j’aime… Plus le temps passe et plus l’image de Mars l’homme que je désire disparaît. Je ne le considère presque plus que comme un hibou, sans aucune attirance physique. L’amour peut-il survivre longtemps sans les regards, les câlins, les bisous… de l’être aimé. En deux ans, je ne m’étais jamais posé toutes ces questions car mes relations sociales se limitaient à Mars et à un autre vieux druide… Mais le fait de revenir en ville, de voir tous ses corps masculins me font douter de mon amour pour Mars…. Il a raison, nous devons au moins nous parler quotidiennement même si je dois sacrifier un sort pour cela et nous mettre en danger moi et mes amis Moonie, Kay, Brän, Samay et Pangur.