" Derrière, c'est l'enfer ... " (Première vague)

Orta Anthony
" ... que les astres seront tombés depuis bien des lunes, à ce moment là viendra le métal et l'industrie. Ils ne trouveront aucun réconfort dans cette apparition. Certains seront son esclaves, d'autres maudirons sa présence, mais aucun ne pourras inverser la courbe du temps. Seul le futur sera présent dans ce qui s'est passé..."  
Extrait de la 56e prophétie du 6e livre d'Ithilvion.
5 Kahri'Cermië   Dune du Molgon, lisière de la Ceinture Tropicale, extrême Nord de Saline.   22h35.     Les flammes rougeoyaient à l'horizon. L'archipel du mirage était en feu et nul n'y pouvait plus rien. Un chevalier en armure se tenait en haut de la dune, contemplant la longue plage qui s'étalait devant son regard morne et fatigué. Le chevalier arborait une barbe grisonnante qui trahissait un âge mûr. La lumière lointaine du brasier illuminait son visage qui était fermé, ses traits indiquant une inquiétude certaine. Mais sa posture était solide. Un soldat balafré au visage le rejoignit au pas de course en haut de la dune. Après un regard inquiet vers l'archipel, le soldat s'inclina devant le chevalier.  
  • " Seigneur Sildden, ils sont là." annonça le soldat.
  • " Combien ? " demanda le chevalier.
  • "... Environ mille hommes Seigneur. "
  • " ... "
  •   Parangon Sildden fit demi-tour et constata les troupes qui se rassemblaient de l'autre coté de la dune. Suivit du soldat, il descendit la pente de sable, la main sur le pommeau de son épée. Tandis qu'il descendait, il passait en revu la maigre ligne de défense. Ses hommes tentaient d'organiser au mieux l'arrivage de conscrits qui s'étaient portés volontaires pour défendre leur terre. Le chevalier vint se poster devant la masse de population qui le regardait avec un mélange de détermination et de peur. Il y avait des hommes braves et travailleurs qu'il connaissait bien, des halfelins ingénieux et même des gnomes que l'on avait munis d'arbalètes qu'ils avaient du mal à soulever. Parangon était fier des hommes et femmes de son domaine qui avait répondus présent à son appel. Il se tourna vers le soldat :  
  • " Tristan, rapport. "
  • " Vos hommes sont en place Seigneur. 60 archers postés à la lisière de la ceinture, prêts à tirer sur votre ordres. Les trois chefs ballistaires sont restés avec les tireurs civils afin de leur indiquer quand envoyer les salves de flèches. "
  • " Qui commande les archers ? "
  • " Brachens, Seigneur. "
  • " Bien. Poursuit. "
  • " Vos 130 fantassins organisent la ligne de front avec les civils. Thornwell et Rocald gèrent les balistes et sont en positions. Ils n'ont plus qu'à les actionner. Vos 30 cavaliers sont derrière le rocher aux Mouettes, prêt à charger au son de votre cor. Ils chargeront le flan sud comme convenu ou le commandement ennemi si vous soufflez deux fois. "
  • " Bien. Regroupe les civils, je vais leur parler. "
  • " Oui Seigneur ! ... "
  • Le soldat hésita à partir. Parangon tourna la tête vers lui.  
  • " Dis ce que tu penses Tristan. "
  • " Seigneur... Pourquoi ne pas nous replier vers Saline ? Le roi nous y rejoindras avec l'armée. Tenter de repousser cet ennemi inconnu avec ces civils... Nous n'y arriverons jamais... "
  • Parangon regarda autour de lui puis fit face à son capitaine.  
  • " Quel est notre blason Tristan ? "
  • Le capitaine baissa les yeux.  
  • " Le loup Seigneur... "
  • " Sais-tu pourquoi j'ai pris le loup comme emblème ? Pas pour effrayer mes ennemis ou me donner une allure comme tous ces riches seigneurs du Sud. J'ai pris le loup car il est tenace. Le loup obéit aux règles de la Meute, il ne se fatigue pas, ne ploie pas le genou, il se bât. Le roi n'arrivera jamais à temps. "
  • Parangon posa une main sur l'épaule de son capitaine.  
  • " J'ai bien peur que l'envahisseur à déjà gagné alors qu'il n'a pas encore posé le pied sur le pays. L'archipel s'est embrasé en quelques heures à peine, avant même que nous ayons pu réagir. La flotte royale est inexistante, les troupes du roi sont éparpillées dans tous Abrasia et combattent les orcs à l'Est et les divisions sont légions dans le pays. L'envahisseur n'a pas choisit au hasard d'attaquer maintenant. "
  • " Mais... Pourquoi nous battre aujourd'hui si c'est peine perdue Seigneur ? "
  • " Parce que si nous n'essayons pas de les arrêter maintenant, nous ne les arrêterons plus jamais. Des temps sombres sont à venir Tristan. L'envahisseur doit comprendre que dès qu'il posera le pied ici, il rencontrera de la résistance, la plus féroce. Et je préfère être ici avec 1000 civils que de ne pas y être avec toutes les troupes du roi. "
  • Le capitaine releva la tête, une fierté renouvelée sur le visage, ainsi que la résignation de sa mort à venir.  
  • " Oui Seigneur, je fais préparer votre cheval et vous... "
  • " Père ! "
  • Un jeune homme aux long cheveux noirs portant deux épées dans le dos s'approcha. Un autre jeune homme se tenait derrière lui, musclé avec une crête de cheveux roux et une énorme hache en main. Parangon indiqua à son capitaine qu'il pouvait disposer.  
  • " Mes fils. "
  • " Pourquoi personne ne veut nous déléguer d'affectation ? " demanda calmement le jeune homme aux cheveux bruns.
  • " Car j'en ai donné l'ordre, Harald. Vous devez rentrer, je n'ai pas besoin de vous ici. "
  • " Conneries, Père ! " tempêta le jeune homme à la crête écarlate. " Pour Skalden et Alek d'accord ! C'est des gosses ! Mais nous on est en âge de s'battre ! Mais dis-lui Harald bordel ! C'est toi l’aîné ! "
  • " Arrête de crier Dunkan. " répondit d'un ton froid Harald. " Il a raison Père. Si vous nous avez formés c'est pour ce jour-ci. La Meute se doit de protéger son territoire. Vous avez plus que besoin de nous aujourd'hui. "
  • Parangon soupira. Son air inquiet implora une dernière fois ses fils.  
  • " J'imagine que vous n'obéirez pas si je vous en donne l'ordre direct ? "
  • " Foutreciel que non Père ! " s'exclama Dunkan.
  • Harald ne dit mot et se contenta de fixer le regard de son père, n'ayant nul besoin de répondre.  
  • " Soit. " abdiqua Parangon avec un éclair de fierté dans le regard. " Mais plus de " Père ", désormais c'est " Alpha ". Harald tu prend ton poste d' " Ordonnateur " et Dunkan tu prend celui de " Rouge ". Comme je vous ai enseigné. Vous savez ce que vous avez à faire... "
  • Les deux jeunes hommes acquiescèrent puis partirent se positionner dans la derrière la ligne de front. Parangon monta sur son cheval que lui apporta son capitaine. Il chevaucha jusque devant le millier de civils qui se tenait aussi prêt que possible, imitant de leur mieux une armée respectable. En haut de la dune, un éclaireur sonna l’olifant.  
  • " Seigneur... Ils approchent. " déclara Tristan.
  • Parangon fit face aux civils et s'adressa à eux d'une voix puissante en pointant son épée vers la dune.  
  • " Derrière, c'est l'enfer ! Un nouvel ennemi frappe à nos portes. Nul ne saurait vous dire ce qui va franchir cette colline de sable et je donnerai cher pour qu'Ithilvion me prête ses yeux pour savoir ce que l'ennemi va faire déferler sur nous. En attendant, mes yeux de mortels sont posés sur vous. Ceux qui viennent défendre leur maison avec le courage et l'honneur comme seuls armes ! Néruviens ! Vous gagnez le droit que l'on vous nomment ainsi de par votre seule présence ici ! Les héros sont tombés il y à longtemps ? Eh bien laissez-moi vous dire que j'en ai un millier ici, juste sous le regard ! Regardez autour de vous ! Vous êtes entourés de héros car vous êtes ici, en toute première ligne contre cet ennemi inconnu. Non car on vous l'a ordonné, mais car vous avez choisi ! En hommes et femmes libres ! "
  • Un son de guerre retentit derrière la dune et plusieurs cliquetis métalliques se firent entendre. Des cris de guerres aussi.  
  • " Ecoutez ! Leurs cris sont enthousiastes ! Ils savourent déjà leur victoire comme s'ils avaient déjà gagnés ce qu'ils viennent nous prendre. Prenez courage !! Ils vont bientôt découvrir qu'ils vont devoir mériter leur victoire !!! "
  • Galvanisés par les paroles de Parangon Sildden, les civils tinrent fermement leurs armes et maintinrent leurs positions. Parangon fit pivoter son cheval et enfonça son casque sur sa tête. Tous attendirent de longues minutes. La lumière s'accentuant au dessus de la ligne d'horizon de la dune. Le bruit des soldats et des armes se rapprochant inexorablement. Et ce cliquetis incessant... C'est alors que Parangon vit la tête du dragon de fer apparaître...           6 Kahri'Cermië   Plaine du Molgon   7h43     La plaine était en flammes. Les combats se terminaient petits à petits et la défaite marquait chaque néruviens d'un coup fatal. Parangon était gravement blessé mais se battait toujours, aux cotés de ses deux fils. La dune ne cessait de déverser ces soldats ennemis aux épaisses armures et aux armes avancées. Parangon observait la situation par coups erratiques. Ses hommes étaient quasiment tous morts. Les quelques civils qui restaient prenaient la fuite, seule action encore réalisable face à cet ennemi. Il vit Tristan au loin qui périt d'un coup de lance en plein poitrine. Parangon occis un soldat ennemi mais sa jambe commençait à montrer de sérieux signes de faiblesses. Il confia un étui à parchemin à un de ses hommes qui monta sur un cheval.  
  • " Ne t’arrêtes pas, Doclaf ! " lui dit-il. " Va directement à Saline ! "
  • Le cavalier lança sa monture au triple galop. Parangon se tourna vers ses fils.  
  • " Ordonnateur, Rouge. Retraite immédiate. Vous devez rentrer au domaine et protéger votre mère et vos deux frères. Amenez-les dans la maison de votre mère dans la ceinture tropicale. Vous y serez en sécurité. "
  • " On vous laisse pas Alpha ! " cria Dunkan.
  • " Rouge ! C'est un ordre " hurla Parangon d'un ton sévère.
  • " Au cul cet ordre ! " gueula Dunkan avec des larmes sur les joues. " Harald ! "
  • Son frère aîné repoussa un ennemi en l'éventrant. Harald tourna son visage noir de sang et de sable vers son père. Lui qui avait un sang froid que son frère n'avait pas analysa la situation et comprit ce que son père ne disait pas.  
  • " Père... " commença-t-il.
  • " Pas de " Père " !! cria Parangon. " Je suis Alpha ! Et j'ordonne à mon Ordonnateur d’obéir ! Il n'y à plus de Meute à protéger ici, mais il y en a une chez nous ! C'est la seule Meute qui importe ! Fais ce que je dit ! "
  • Dunkan pleurait de rage en décapitant un ennemi. Harald lui ne pleurait pas, ne montrait aucune émotion comme son père lui avait apprit. Mais pourtant il hésita. Il tenta un pas vers son père.  
  • " Non Ordonnateur ! Par mon sang et par la Meute, je t'ordonnes d'obéir ! ".
  • Les ennemis étaient presque sur eux. Après un dernier regard lourd de sens entre Parangon et ses fils, Harald tira son frère par l'épaule et ils montèrent sur un cheval qu'ils lancèrent au grand galop vers l'Ouest. Dunkan hurlait de rage et de peine au loin, Harald ne se retourna pas. Parangon se retrouva vite seul, entouré de soldats boréaux et de cadavres de néruviens. Épuisé, à bout de force, Parangon lâcha son épée, mais aucun soldat ne leva la main sur lui. Un ennemi aux yeux bridés et portant une magnifique amure en cape pourpre se dirigea vers lui. Il portait un casque reproduisant les traits d'un dragon et orné d'une immense plume noire. Les soldats ennemis le laissèrent passer jusqu'à Parangon. Cet ennemi, apparemment chef du commandement, retira son casque et pointa son épée vers Parangon. Il s'adressa dans un commun fortement imprégné d'accent.  
  • " Rends-toi, Homme. Ta défaite est totale. A genou. "
  • Parangon se redressa du mieux qu'il put, dans une posture digne et droite.  
  • " Les loups ne ploient pas le genou... Ils se battent... "
  •   Au loin, Harald et Dunkan avaient immobilisés leur cheval. Ils virent leur père se faire décapiter d'un coup de lame ennemi. Dunkan fit raisonner la plaine d'un puissant hurlement de douleur. Harald observa la scène, réprimant les larmes et relançant le cheval vers la dernière mission que lui avait confié son " Alpha ".         7 Khari'Cermië   Saline, porte Nord.   7h53     Le chef de la garde se dirigea vers la porte Nord d'un air bougon. Il se dirigea vers les quatre gardes qui entouraient un cheval à la robe blanche de sueur.  
  • " Ardlen ! C'est quoi s'bordel par Otthar ! J'étais en train de bouffer, ça pouvait pas attendre un peu ? "
  • Le chef de la garde remarqua que le cadavre d'un guerrier gisait près du cheval, une flèche dans le dos.  
  • " C'est qui c'lui-là ? "
  • " Un messager chef ! Il venait du Nord et d'après sa raideur, il est mort depuis hier au moins. On à alpaguer le cheval qui errait vers nous. On connait pas ce genre de flèche, mais le gars avait cet étui sur lui. "
  • Le chef de la garde arracha l'étui des mains d'Ardlen et sorti le parchemin qu'il lut avec désinvolture. Au fur et à mesure de a lecture, le chef de la garde blêmit. Il regarda vers le Nord, un air de panique vers le visage.  
  • " Ardlen... Allume le fanal d'alarme pour Emésir. Préviens l'maire. Préviens tout l'monde..."

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