Les Sildden
Sibyle attendait le reste de ses fils dans sa petite maison en bois. Il faisait chaud en cette fin d’été et l’humidité de cette Ceinture Tropicale n’arrangeait rien. Sibyle avait la patience qui vient avec l’âge et pourtant... Elle appréhendait. Cela faisait longtemps qu'il n'avait pas été tous réunis. Alek était déjà là, il était toujours là, à protéger sa mère. Il était le plus jeune et les autres était tous partis de leurs cotés et aucun ne l’avait pris sous son aile. Alors il était resté... Il se tenait debout à côté de sa mère, assise à un bout de la table. Il était aussi fin que son arc mais son visage était celui de quelqu’un de sincèrement gentil. Ses cheveux ébouriffés tombaient en mèches blondes sur son front. Sibyle et Alek fixait Harald, l’aîné, qui était également assis à l’autre bout de la table.
Harald était arrivé le matin après un long voyage. Il se tenait droit, ses longs cheveux bruns (quoique légèrement grisonnant)Après avoir embrassé sa mère et son petit frère, il avait pris un repas et s’assura qu’ils allaient bien depuis le temps. Depuis, plus personne ne disait mot en attendant les autres. Harald restait avec les bras croisés, les yeux mi-clos. Impassible, sérieux, contenu. Tout le portrait de son père...
La porte finit par s’ouvrir brutalement. Si brutalement que Harald avait dégainé son épée en la brandissant vers la porte et qu’Alek avait encoché une flèche sur son arc.
Dunkan ... Le cadet venait de faire irruption dans la maisonnée. Sibyle ne le reconnut pas l’espace d’une seconde avec sa barbe hirsute et son crâne rasé. Il avait toujours été le plus sauvage, le plus brutal.
Harald se rassit et regarda sa mère avec un regard déterminé et hocha légèrement la tête. Il avait un sourire. Pas le sourire de la joie, ni du bonheur. Non, le sourire du sang à venir, celui des jours de tempête. Celui de la guerre...
- "Quel accueil ! Ça plaisir d’vous r’voir aussi les gars..."
- "D’solé d’pas être venu plus tôt mère..."
- "Bienvenu mon fils. Assieds-toi et prend à manger. Nous allons bientôt commencer."
- "T’as grandit le louveteau !"
- "Hé ! Regarde moi ça Juldia ! Toute la famille au complet ! N'est-ce pas vivifiant !?"
- "Il me semble, jeune Prissca, que tu devrais être avec tes sœurs pour la récolte du sel à cette heure, dit Sibyle d'un ton autoritaire. Tu ne tiens pas a ce que tes parents apprennent ce que tu fait de ta vertu sur ton temps de travail, n'est-ce pas ?"
- "Je... non... Je vais de ce... Bonne journée dame Sibyle ! Messeigneurs..."
- "Non Juldia ! Ne part pas !! Elle plaisante voyons, ne p... Ah bravo ! Votre sens de l'hospitalité mère me laisse pantois ! Avec qui vais-je danser maintenant ? Alek !?"
- "Tu as bu mon fils ?"
- "Comme tous les jours à cette heure ! Et alors ?"
- "Bienvenue à toi Skalden, prends place à table, toi aussi Alek. J'ai à vous parler depuis longtemps. Mais il n'a pas été facile de vous joindre tous les trois (elle regarda Harald, Duncan et Skalden), j'ai du envoyer des messagers discrets pour ne pas utiliser vos prénoms et attirer sur vous l'Empire."
- "Je suis mourante."
- "Une maladie est en train de m’emporter, il ne reste que quelques mois de vie en moi."
- "Comment est-ce possible mère ? Vous êtes sûrement la plus grande alchimiste de votre temps, il existe bien un remède !"
- "Non aucune potion, aucun élixir ne peut vaincre ce mal. Je meurt de chagrin... La mort de votre père m’a causée une blessure mortelle. Et l’échéance de ma vie approche."
- "Mais par toutes les putes d'Erionth, tu as à toi toute seule empoisonnée un régiment entier d'impériaux ! Tu es surement la seule à pouvoir aller si loin dans la ceinture tropicale et tu as inventé ta potion fantôme, c'est pas rien ! Tu dois bien pouvoir guérir un maladie Foutre-ciel !"
- "Ne jures pas fils ! Non aucune magie ne peut guérir de ce mal, hormis celle qui demande un coût trop élevé que je m'interdis d'utiliser. Et la mort fait partie de la vie. C'est dans l'ordre des choses."
- "Mais mère, tu ne peux pas mourir, supplia Alek."
- "Grandis un peu p'tit frère, trancha d'un ton sec Skalden. Tout le monde finit par crever."
- "Eh là, doucement belle gueule."
- "Ah ca y est, tu as finit de remplir ta panse de vachemouth !?"
- "Ma panse de quoi ?"
- "S'il-te-plait Skalden, implora Alek d'une voix apaisante et faussement légère, ne fait pas d'histoire aujourd'hui."
- "Au contraire ! Je ne vois pas meilleur jour pour en faire ! Pour une fois que nous sommes tous réunis..."
- "Ta gueule Skald'..."
- Mes fils, calmez-vous je vous prie. J'ai un...
- "Oh mais j'ai toujours fermer ma gueule Dunkan. Mais je ne suis plus un gosse, et tu n'es pas père..."
- "Ne parles pas de père."
- "Aah ! Le fils parfait ! Je m'étonnais de ne pas avoir encore entendu de sermon."
- "Skalden, fermes-là un peu, gronda Alek. T'es pas là depuis cinq minutes que..."
- "Oui je sais, c'est encore moi qui gâche le moment ! La honte de la famille... c'est ça !?"
- "Par Kharishaa si tu continue de parler jte jure que j'défonce ta jolie p'tite gueule..."
- "Ma p'tite gueule en a assez de voir les vôtres. J'en ai marre j'me tire. Désolé mère mais je crois que je vais..."
- "Tu ne vas nulle-part Skalden, annonça Harald. Mère n'a pas finit de nous parler".
- "Et quoi ?! C'est toi qui va m'en empêcher ?
- "Ou c'est toi peut-être Dunkan ? Qu'est-ce que vous croyez que j'ai encore seize ans ? Vous n'allez rien faire c'est ce que vous faites de mieux ! Comme lorsque vous avez laissé mourir père !"
- "Tu ne sais pas de quoi tu parles, lui dit Harald en enlevant le poignard de son bras. Tu n'étais pas là. Dunkan et moi avons vu père combattre comme jamais pour repousser l'invasion impériale. Les autres seigneurs tombaient un à un, succombant à la force de cette armée qui était plus forte que tout ce que nous avions pu voir auparavant. Père à été le dernier à tenir. C'est lui qui à donna l'ordre de se replier. Pour que nous ne mourrions pas tous inutilement à cette bataille. Duncan voulait mourir avec père. Moi aussi. Mais il avait donné un ordre, et j'ai du faire un choix. J'ai traîné Dunkan de force pour qu'il quitte le champs de bataille. Et alors que nous fuyions avec ce qu'il restait de guerriers, nous avons assisté à la grandeur d'un homme. Parangon Sildden qui tenait tête a une armée entière. Il combattit vaillamment comme seul lui pouvait le faire. Mais ils tuèrent, le décapitèrent et utilisèrent son corps comme bannière pour humilier notre résistance. J'ai fuit et j'ai forcer ton frère à fuir... et je doit vivre avec ça tous les jours."
- "Votre père était un homme de valeur et le traitement qu’il reçu par ses envahisseurs pèse sur mon âme. Je vais mourir car ainsi je rejoindrais le flux de Parangon. Mais je ne peux partir tant que je n’ai pas sauvée ses fils. Alek a besoin de mentors, Skalden d’une cause, Dunkan a besoin d’une revanche et Harald, il te faut assumer l’héritage de ton père. Avant de partir je compte venger la mort de mon époux... en attaquant L'archipel du mirage."
- "Cela fait treize ans que l’Empire nous a tout pris. Notre terre, nos proches, notre fierté... Ils ne craignent rien ni personne et je n’arrive plus à le tolérer. Si je doit partir je veux le faire en paix, et pas avant d’avoir fait payer l’Empire."
- "Attends mère, interrompit Dunkan. Tu... veux qu’on aillent attaquer le camp de l’archipel ?"
- "Et que vous tuiez chaque impériaux qui s’y trouvent, oui."
- "Mais mère c’est impossible, tenta de raisonner Alek, il doit y avoir presque 600 soldats avec tout les ravitaillements et les navires et un armement d’une puissance qui... ça serait du suicide."
- "D’accord, annonça simplement Harald."
- "Quoi « d’accord » ?! demanda Dunkan. Tu voudrais qu’a quatre on aillent attaquer une armée entière !? D’habitude c’est moi qui propose de foncer dans l’tas mais là..."
- "Si il s’agit de la dernière volonté de mère, alors nous le feront."
- "Mais... on va tous crever."
- "Et alors, tu avais quelque chose de mieux a faire prochainement ?"
Harald se rassit et regarda sa mère avec un regard déterminé et hocha légèrement la tête. Il avait un sourire. Pas le sourire de la joie, ni du bonheur. Non, le sourire du sang à venir, celui des jours de tempête. Celui de la guerre...
Children
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