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Tue 30th Jan 2024 10:28

Un souvenir douloureux (partie 1)

by Samãy

SCHKLACK !


Un coup sec. Le bruit de la douleur qui claque dans l’air. Le picotement sur la peau qui deviendra brûlure puis sang, et fulgurance nerveuse… Bien plus tard, la honte, la marque de sa déchéance.
 
« Un ! Pour avoir osé accuser le fils du seigneur Aridel ».
 
Salaud ! ce salaud de petit parvenu qui l’avait attiré par de belles promesses, le jeune samay se remettant à peine de la perte de son protecteur, cherchant un peu de chaleur, de douceur, de promesse de sécurité. Les poings du jeune prince en exil se serrèrent, mais ça ne servit qu’à égratigner ses poignets déjà mal menés, enserrés par des cordes de chanvres, face à un poteau de bois planté dans l’écurie. L’odeur de sueur, de peur, de sang et de crottin de cheval irritait les narines du jeune elfe, qui n’avait pas d’autre choix que de subir, goutant avec amertume toute la saveur de l’injustice. Le jeune nobliau, fils du seigneur Aridel, était plutôt bel homme, mais il cachait une personnalité hideuse, sadique et manipulatrice. Profitant de l’état d’égarement de Samay, Ardian l’avait minutieusement attiré dans son filet, alors qu’il avait surpris ce dernier à dormir dans l’écurie, faignant d’être concerné par la condition précaire du jeune prince, lui offrant chaleur, confort et sécurité… Il n’eut rien de tout cela.
 

SCHKLACK !


« Deux ! Pour avoir osé voler le dur labeur des ouvriers du domaine ». Ce n’était pas totalement faux, mais ça ne reflétait pas la stricte vérité. Les pommes étaient tombées, et ne seraient pas ramassées, jugées trop mures pour les délicates papilles de ses parvenus… Samay n’avait pas vu d’inconvénient à en ramasser pour lui, et évidemment son sac remplis de fruits trop murs était à présent déversé devant ses yeux humides de rage, dans la fange et le crottin… Tant de gâchis ! Il se rappelait pourtant sa vie de cour, et imaginait, il l’espérait à raison, son père laisser les habitants profiter des largesses des vergers… Ses beaux vergers réduits en cendre par le fléau !
 
« trois. »
« Attends ! » Samay frémit d’anticipation et de dégoût. Il avait reconnu les accents précieux de cette voix. Le miel cachant autant de malfaisance.
« Mon père est bien trop clément… Il ne sera pas dit que le nom de notre famille soit ainsi trainé dans la boue. Il faut quelque chose de bien plus… marquant… ».
 
Des bruits de main s’affairant dans un sac de toile. Une odeur, typique, iodée. Du sel.. du sel brut, tiré d’une mine quelconque du coin… Les secondes s’égrenèrent, battant la cadence au même rythme que son cœur, puis quand vint la brulure sur les plaies encore fraiches, samay compris que ces cicatrices-là ne pourraient pas partir avec le temps, et que la douleur continuerait longtemps après la punition… Dix coups. Il fallait qu’il tienne dix coups, sauf si Ardian changeait de nouveau les règles. Mais ce dernier ne comptait visiblement pas en rester la. Samay entendit avec dégout le son caractéristique d’une main enduisant le fouet.
« Seigneur ? Vous êtes sur.. c’est.. Inhabituel »..
« ne discute pas mes ordres ! »
 

SCHKLACK !


 
« Trois. Pour avoir déshonorer les terres Aridel ».. La voix était un peu moins forte, presque triste, compatissante, mais le fouet mordit violemment la peau du dos du jeune prince. De sa vie il n’avait connu pareille douleur, mais il se remémora son domaine, à l’abris et essayait de s’en faire une armure d’insensibilité. Une fugue mentale, suffisante pour supporter le traitement, mais pas trop forte pour ne pas s’évanouir, ce qui reviendrait à tout recommencer… Il ne leur fit cependant pas cadeau de larmes, de peur, et ses cris étaient réduit au strict minimum induit par un réflexe musculaire incompressible…
 
Il perdit le décompte, enfermé dans son univers rouge, blanc et chauffé au fer blanc, des lumières dansantes derrière ses paupières… Si son châtiment était allé au-delà des 10 coups, il n’en savait rien… Quand tout fut finit, il fut brièvement inquiet de se voir encore ligoté, avant de sombrer dans une bienheureuse inconscience…
Bien plus, tard, il fut réveillé par le son des insectes de la nuit, et de la fraicheur du vent frais sur ses plaies à vif.
 
« Répugnant ! Mais le reste est toujours aussi plaisant, et je l’espère accueillant ! » un rire qui n’avait rien de noble ponctua la remarque salace de Ardian, alors qu’il promenait presque amoureusement sa main sur les plaies du jeune prince. Le peu de dignité qui lui restait, amalgame informe de tissus souillé, lui furent arrachés prestement. Samay bessa la tête, ferma les yeux, il ne lui ferait pas grâce de se retourner pour voir son bourreau. Il ne lui ferait pas grâce de se démener, de trembler de peur et de dégoût, car il savait que ça ne ferait que l’exciter d’avantage…
 
« tu ne peux t’en prendre qu’à toi, joli minois… Il t’aurait suffi de me satisfaire, plutôt que de te débattre et me jeter à terre…. A présent, j’aurai mon du, et tu a souffert, en plus, pour rien… Tu vois, c’est la triste réalité de ta vie sans relief.. il faut juste que tu saches rester à ta place… »
 
Un bâton, dont le quart supérieur était enduit de sel, et d’une substance poisseuse qui maintenait le sel sur le bois, tomba devant samay, ponctué d’un rire gras. « mais je suis magnanime, tu ne saurais m’accueillir dans toute ma gloire avec aussi peu d’expérience.. Je vais donc te préparer comme il se doit, et te laisser longtemps le doux souvenir de ma présence »..… La suite de ses souvenirs serait trop immonde pour y gâcher de l’encre, aussi, cher lecteur, ne souillez pas votre imagination par autant de dégout, car celui du prince est grand, et revient le hanter régulièrement…
 
Cependant il y eut un moment de pureté, une particule d’humanité, de compassion. Des mains douces le délièrent, légères comme des ailes d’oiseaux et il reçu ce qui pouvait le plus s’apparenter à un onguent sur les plaies béantes de son dos.. « tu m’autorises à en mettre.. la ? ».. Le contact le fit frémir, mais il acquiesça, incapable de parler… Quand il peut se retourner, son être était une ode à la douleur, mais cette dernière s’estompait déjà en partie… Il avait face à lui une femme entre deux âges, la peau tannée par des heures de labeur sous le soleil.. Ces mains caleuses étaient étonnamment douces et elle semblait avoir une expérience certaine dans le soin. Ces pauvres gens devaient sans doute régulièrement se débrouiller à ce sujet, la magie curative n’était pas si courante, hors des grandes villes…La femme jeta au loin le bâton enduit de cristaux de sels, dont l’extrémité était ensanglantée, et aida le jeune elfe à se relever… « il ne faut pas que tu restes ici… il.. il t’épuisera jusqu’à ta mort, autrement.. il n’a aucune limite »… Il y eut un hurlement de rage muet dans la gorge du prince, alors qu’emplit de la rage froide de l’hiver, il envisageait de se venger, de tuer son bourreau, mais la voix de son défunt protecteur résonna à ses oreilles « tu devras t’échiner à réunir ton peuple. Ce sera souvent injuste et la plupart des gens ne te donneront aucune raison de le faire. Mais ce sera ta vocation… »… Ardian ne méritait pas de vivre, mais sa mort provoquerai sans doute toute une série d’injustice par rebond. L’hiver implacable était aussi pragmatique. Alors le prince, une nouvelle fois, fuyat loin d’ici, aidé par cette femme dont il ne connut jamais le nom. Un sac de victuailles, de l’onguent pour la douleur, et des cicatrices honteuses comme seule compagnie…
 
Avec le temps, la guérison fit son office, et Samay usa d’artifices magiques pour masquer sa honte…
 
Il vint encore lui souffler sur la nuque, ce souvenir, alors qu’il dénudait son torse pour révéler le tatouage des elfes noirs, au chaud dans son domaine, attendant de pouvoir sortir de son médaillon. Il espérait ainsi leur faire comprendre qu’il n’était pas un ennemi. Pour accepter le livre des ombres, Samay avait renoncé à son pouvoir de déguisement, ne pouvant plus cacher ce mauvais souvenir… Le sac qu’il tenait était emplis d’armes. Peu de temps avant, ses camarades et lui avaient convenu que kethot ou kay viendrait l’approcher de la cage, y glisserait le médaillon et la, le jeune prince en sortirait avec suffisamment d’armes pour les prisonnier elfes. Le début fut assez conforme à leur préparation, le brave Bran étant resté pour veiller sur les enfants et Rufus, et kay partit en éclaireur… La conversation entre un gobelin et un prisonnier elfe intrigua Samay, car il y faisait mention de quelque chose trouvé dans les mines…
 
Kethot se faufila, comme un chat, entre les barreaux et y déposa le médaillon sous le regard intrigué des elfes prisonniers. Samay en sortit, mimant un silence avec son doigt et montrant ostensiblement sa marque. Le gobelin avait été tué par kay.. Las ! la clef n’était pas sur ce dernier et les prisonniers expliquèrent que le chef en était dépositaire… Mais que ce dernier prenait ses ordres d’une entité sombre via ce que samay associa à un orbe de communication…
 
Il attendit un moment, mais n’y tenant plus, il se téléporta de l’autre côté des barreaux, en promettant de revenir délivrer ses amis.. En effet, via la vision de Prom, il avait compris que ses camarades se battaient déjà, et contre des adversaires un peu plus costauds…
(… a suivre)..