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Fri 5th Jan 2024 01:04

La chouette et l'arraignée

by Samãy

Promesse éclatante n’aime pas le manque de soleil. Je n’ai pas toujours porté ce nom. Avant ma rencontre avec le prince, je n’étais que chaos, du gris mouvant dans des nuées noires de possibles et de doutes…. Et puis j’ai entendu son chant, qui sentait bon la caresse du soleil, les épines et la suavité de la rose. Et puis j’ai vu son regard mordoré, cuivre et or, et les petites étoiles qui brillaient dedans, comme des friandises qui piquent sur la langue, ou des petites épines perçant délicieusement mes ombres….
 
Depuis je le suis partout, curieux, obnubilé, concerné et doutant de tout ce qui avait lieu avant. Il était le favori dans le royaume de l’éternel été, avant ça. Sa mère l’a guidé vers un autre chemin, hors du Royaume et depuis il vit des aventures rocambolesques et dangereuses avec ses nouveaux amis…Il ne me connait pas encore, je suis juste quelques idées couchées sur un grand grimoire qu’il appelle le livre des ombres… Je n’existerai que lorsqu’il m’invoquera la première fois, et je lisserai mes plumes d’encre pour qu’il m’aimen et que son regard d’eladrin se souvienne de l’ancien peuple… Mais il m’a déjà donné, en son fort intérieur, le nom de « Promesse éclatante », et je sais aussi qu’il m’appellera plutôt « Prom ». ça me va, on dirait le début d’un air chanté lorsqu’on prend la route, lorsqu’on a encore l’exaltation de la découverte…
 
Noir est mon pelage, tout comme l’obscurité qui encercle le jeune prince et ses amis… J’entend des murmures, dans une langue que je ne comprend pas, et je vois des ombres graciles et dangereuse les viser avec des flèches empoisonnées, mais je ne peux rien faire… Prom n’aime pas ça… Pas du tout…
ElvenBleak ! Ce son doit être merveilleux à prononcer, en claquant du bec, j’en salive d’avance… Prom aime bien les noms qui claquent dans le bec… Il faudra que je m’en souvienne.. Le vieux hibou avec lequel parle mon prince explique qu’il est maudit, qu’il se transforme.. L’abhishaap… Il explique qu’il lui faut trois ingrédients, mais je n’y comprend pas grand-chose en magie, si ça ne se mange pas, ce n’est pas intéressant… En revanche Mars, le volatile qui accompagne le rouquin m’intrigue, il n’est pas normal….Et il aurait mangé l’un de ces ingrédients…. Si je pouvais claquer du bec, je le ferai de frustration, mais Prom n’est pas encore physique, uniquement spirituelle…
 
Ils demandaient tous au vieux hibou de leur dire si leurs trouvaillent étaient magique, ce qui était le cas…Un anneau, une chevaliere, des graines… Prom était très agacée, pourquoi mon prince n’avait rien lui ? Prom irait leur piquer leurs affaires, quand je serai vivante…Je n’aime pas trop les enfants, ils sont trop bruyants et m’empêchent de dormir en journée…Et ils sentent mauvais…. Mais mon prince a l’air de réellement se soucier d’eux, alors Prom se dit qu’ils doivent sentir moins mauvais que les autres, surtout le petit elfe, Valor… Il doit beaucoup rappeler à mon prince sa propre enfance…. Je m’ébouriffe, chassant la tristesse dans l’ombre de mes plumes d’encre chimérique…
 
Mais voila que les jeunes inconscients tombent sur des cadavres de gnoll, lardés de toute part par les mêmes flèches qui pointaient plus tôt dans l’ombre vers leur petites têtes d’inconscients… Que c’était frustrant de ne pouvoir ululer, avertir du danger…
 
Ils tombèrent sur un groupe d’elfes noirs, des drows, comme ma mémoire atavique me le rappelait, mais impossible de comprendre leur charabia. Autant discuter avec une perruche à col vert ou un épervier adolescent…Je n’eut cependant pas le temps d’égrener les autres comparaisons aviaires que le combat éclata, faisant battre mon cœur éthérique face au danger réel qu’affrontait le prince et ses amis… Ce fut très rapide , mais au final le groupe de Drows se rendit, alors que la jeune Moonie soignait les victimes dans leur rangs… Etrange, cette femelle….
 
Prom écouta la prêtresse Drow expliquer que tout cela était un test, pour savoir si les jeunes blanc becs étaient digne d’une quête… COUAC ! je m’offusquait d’une telle vulgarité, évidemment qu’ils étaient à la hauteur !
 
Un certain Elandil expliqua qu’a cause de leur coutumes, ou de leur religion, ils ne pouvaient affronter eux même le faux avatar de leur déesse, ou quelque chose comme ça, mais que, du coup, mon prince et ses amis feraient l’affaire… ben voyons ! Et le joli garçon avec sa grande hache de hurler « pour gaïa », scellant le sort tout le groupe…. Celui la faudra que je lui ulule dans le creux de l’oreille un de ces quatres…
 
Prom voyais bien que son prince s’inquiétait de laisser les enfants ici, mais un certain Eleon, un hibou plus jeune que le vieux, fit son entrée remarquée, et assura qu’il pouvait les protéger, ce qui soulagea tout le monde… Peut être à l’exception de Prom, qui voyait une menace partout…
C’est avec une pointe de regret, celui de ne pas pouvoir me lover sur la tête du prince, que je les regardai s’endormir, sachant qu’ils iraient encore risquer leur vie le lendemain… J’étais déjà lui à lui, aussi je ressentai ce grand vide en lui, et j’avais accès à ses mémoires, qui auraient fait rougir n’importe quelle tourterelle, tant les ébats masculins étaient détaillés et précis…. Cependant, je ressentais aussi ce manque, la maison à ciel ouvert censé recueillir tout l’amour dont il pouvait faire preuve, et qui restait désespérément vide, le doute, l’obligation et les regrets formant des toiles d’araignées entre les murs de sa détermination…
 
Et des araignées, ils ne manqueraient pas d’en rencontrer… La caverne ou les laissa l’efle noir était tout sauf accueillante, et prom les suivit, ne pouvant rien faire d’autre que les observer… Je rageai d’être aussi inutile…
Le rouquin mangeur de ver se permit une familiarité avec mon prince, et je claquais du bec, avant de me raviser, voyant qu’il lui octroyait en fait la possibilité de s’agripper aux parois, telle une araignée… Ingénieux, cette frimousse aux tâches de rousseur… Finalement je décidai de bien l’aimer, même si son piaf était horripilant , étant donné qu’il pouvait sentir le vent sous ses ailes, lui…
 
Mais des saletés fureteuses leur jeta un sort de ténèbres, masquant tout, y compris ma vision… Oui oh, je vous vois venir, étant donné que je ne suis que la projection du subconscient de Samäy, il est normal que je ne vois rien quand lui-même ne voit rien. Eh bien sachez que je vous opposerai que la poésie n’a pas besoin d’être logique, couac !
 
Le combat fut court, mais sanguinolent. Le rouquin revint avec beaucoup plus de pattes qu’il n’en avait l’habitude, puis repris sa forme bipède avant d’expliquer être tombé sur un lac souterrain, ou quelque chose comme ça, et une bifurcation vers l’entrée du temple de Kalee Malee… Mais ce grand gamin déclencha un piège et fut séparé du reste du groupe, promettant de les retrouver !
 
Prom n’est pas facilement impressionnable. Mais la, je dois avouer que quand le groupe arriva au bord d’un grand précipice, la majestuosité du temple me saisis, et je faillis pousser un cri d’orfraie..
J’avoue que j’eus un moment de contemplation égarée, car quand je tournai ma tête à 180 degré, ces andouilles étaient déjà en train de se battre , encerclé par des araignées pas du tout comestibles.. Ce n’était rien face à l’adversaire qui avait pris le paladin en grippe, haute d’au moins quatre mètres, toute bleue, et très inquiétante…
 
De nouveau, de l’encre plus noire que mes plumes les plongea dans les ténèbres, et je ne pu qu’entendre la voix de mon prince, exhortant Moonie à le suivre, pour me repérer… Il va sans dire que je ne lui parlerai jamais de ma vie avant son invocation, il est déjà assez perturbé comme ça, le pauvre…
Mais cette saleté de bleutée poilue se téléportait, disparaissait, plongeait dans les ténèbres et faisait un carnage autour d’elle. Heureusement Bran, brillant comme un soleil, finit par la terasser, pendant que le reste de la troupe faisait son office également…
Prom savait ce qui allait se passer dès lors que la main de Moonie s’approcha du trésor ! Patatras ! tout le nid s’effondrait, et les petits oisillons couraient partout, en danger… Je volait dans un abîmes de possibilités, espérant pouvoir naitre un jour, m’inquiétant pour mes ouailles, avec comme seul réconfort le bruit de leurs cris, prouvant qu’ils étaient vivant…
 
Des cris, il y en auraient d’autres, ensuite, alors qu’ils revenaient, triomphant, dans le village des drows en exil.
 
Très bientôt, c’est un chant d’allégresse qui retentit enfin, alors que les elfes noirs pouvaient enfin exprimer la puissance de leur joie, les arbres de suie répondant en echo au chant universel de la victoire…
 
Quant à moi, mes jeunes lecteurs, je ne puis jouer bien plus longtemps à ce jeu de dupe. Vous faites semblant de croire que je suis vivante, et je vous en remercie, mais Prom n’a pas encore été invoquée… Alors permettez que je lisse mes plumes d’encore une dernière fois, et que je redevienne des mots couchés sur le vélin d’un livre apparu comme par enchantement dans une demeure hors du temps, au sein d’un bijoux appelé Shaktiyon…