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Mon 8th Apr 2024 02:44

Le Serment des Terres Flétries I - Un long voyage

by Pangur Bán Jowro Futatoro

UNE LETTRE
Je me méfiais de cet Arin. Il ne faisait pas vraiment encore partie de mes amis. Pourtant j’avais aidé Kethot à soulever la lourde pierre qui le maintenait prisonnier face à la terrible hydre. Je l’avais mis sur le dos de Cwengu. Je lui avais donné de précieuses baies nourricières… Mais le destin m’avait appris à me méfier des étrangers, c’est comme ça.
Alors au petit déjeuner ce matin-là, dans l’auberge du « Logis d’Etain » où mes compagnons et moi avions élu domicile, je ne lui ai pas rendu son sourire.
Cependant il avait du courrier ! Une lettre pour Samay, et… Une lettre pour moi ! Quand il m’a tendu le parchemin cacheté d’un sceau représentant une magnifique plume, d’une cire d’un splendide vert de jade, je me suis senti empli de joie ! Qui m’écrivait ?
J’ai remercié Arin chaleureusement. Après tout, il avait su conquérir le cœur de notre prince, comment pouvait-il avoir le cœur belliqueux ?
C’était mon ami Loen ! Le moine bondissant avec qui j’avais partagé des aventures si excitantes sur l’île des nagas, au milieu de la mer du désespoir ! Le même Loen avec qui nous avions partagé deux crocs de serpent constricteur en gage de notre amitié. Il me parlait de destin. Comment notre destin était lié. La tour des Nagas où il avait rencontré les personnes entrevues dans ses visions. Lucens la créature à la puissante magie en faisait partie !
La tragédie d’Edgewind… La ville assiégée par des orcs, alliés à des prêtresses ! Comment le destin pouvait-il se montrer si cruel ?
Loen me rappelait aussi le crâne géant de Naga que nous avions découvert sur l’île. Peut-être devrais-je affronter à nouveau ma peur de l’eau pour embarquer vers l’île à nouveau. Car il nous faut cette écaille de naga. Même si Loen, à la fin de sa lettre, me met en garde. De sombres personnages convoitent ces écailles pour un grand mal. Il m’invite à la prudence.
Merci Loen. Moi aussi je suis sûr que nos chemins se croiseront à nouveau !
 
J’ai appris que Kay était parti pour une autre mission. Nous lui avons laissé des potions à l’auberge, certains de retrouver notre compagnon lors d’une autre aventure...
 
LA PRETRESSE ATTAQUEE
Alors que Bran préparait les chevaux et que nous accrochions nos potions à nos ceintures, notre chère prêtresse Moonie a disparu ! « Je veux revoir le conseiller avant que nous partions pour la Cité des terres sauvages » nous a-t-elle dit. Ses beaux yeux brillaient d’amour.
Il est vrai que nous projetions d’atteindre la cité en contournant les montagnes de Coppenwren. Un long, très long voyage nous attendait.
Moonie est donc partie vêtue d’une belle robe rouge, dans un nuage de parfum épicé. Mais comme au crépuscule elle n’était toujours pas rentrée, j’ai fait sentir à Cwengu ma fidèle panthère la selle du cheval de Moonie sur lequel elle était venue jusqu’aux portes de Neverview. Le postérieur de notre prêtresse adorée avait imprégné le cuir d’une odeur tenace semblait-il, car mon félin adoré bondit à toutes pattes vers le centre de la ville.
Je ne sais pas ce qui s’était passée mais Moonie était dans un sale état. Nous l’avons sauvée in extremis. Elle avait été durement attaquée et avait perdu une partie de ses pouvoirs pendant le combat. Elle nous a dit qu’elle avait dû choisir une voie très importante pour elle et que ses pouvoirs iraient dorénavant vers la Lumière, ce qui lui octroyait un fort potentiel offensif. J'étais heureux que Moonie ait choisi la Lumière !
 
UNE CHANSON PENDANT LE VOYAGE
Nous avions cinq semaines devant nous avant les Cités des Terres Sauvages…
Beaucoup de plaines ! Je connaissais ce type de terrain. Mes capacités de rôdeur nous ont permis de survivre sans encombre ! Je chassais et je préparais plein de petits plats pour mes compagnons et moi. Mon civet de lièvre sauvage à la sauce aigre douce a rencontré un certain succès ! Mon secret ? Quelques baies nourricières nées de la magie dans ma main, des baies dont les sucs diffusaient un goût acidulé prononcé à mes sauces, mais qui se mariait bien à la chair blanche de mes proies.
Arin parlait beaucoup. Des légendes toutes plus passionnantes les unes que les autres. Nous étions tous suspendus à ses lèvres tant Arin mettait de détails dans ses descriptions. On aurait dit un barde !
Il nous parlait d’Anantakaal. Quand le serpent régnait sur les créatures des ombres afin d’étendre un pouvoir absolu sur le monde. Quand son plus jeune fils, Vasuki (qui signifie « le matin ») a été le pivot d’une révolution en se dressant directement contre son propre père. Comment Vasuki est devenu le nouveau roi des Nagas, le Nagaraaja. De chagrin, d’une larme, d’un saphir…
Les légendes relatées par Arin nous emmenaient loin dans la nuit et semblaient nous rendre plus forts contre les Nagas !
Si Arin est bon conteur, il est par contre un bien piètre chanteur !
Un soir, j’ai pris mon tympanon et j’ai chanté une chanson que j’avais écrite pour Samay quelques jours auparavant :
 
Samay, Samay, tu ne sais pas
Samay, Samay, si tu seras roi
En attendant, prends confiance en toi
Tous tes amis seront toujours là.
 
Samay, Samay, vilaines cicatrices
Samay, Samay, que Bran les guérisse
Même si elles seront toujours profondes
Accueille-les comme l’amour du monde
 
Bran, Kay, Kethot, Moonie, et moi Pangur
Et puis aussi ton tout nouvel amour
Nous t’aiderons sur les terres d’Herra’tat
Tu n’es pas seul… alors à l’attaque !

J’ai bien senti mon public réagir au deuxième couplet ! L’évocation des cicatrices du prince a provoqué un certain émoi. Quelle gaffe ! Moi qui parlais de cicatrices morales, je me suis souvenu soudain des cicatrices physiques du prince entrevues en toute innocence près de notre camp au pied de la tour d’Elvenbleak effondrée…
Que n’avais-je chanté en ma langue natale, le peul… Personne n'aurait compris !
Levant les yeux de mon tympanon au maniement si compliqué, merci à mon père Abba de me l'avoir enseigné, j'ai aussi bien regardé l'elfe aux yeux de miel, Arin, en évoquant le "tout nouvel amour" de notre prince. Mais comment discerner dans ses yeux cet amour pour Samay que j'espérais tant ?
En attendant, ma petite ballade sans prétention a déclenché une conversation profonde et sacrée entre notre prince et son fidèle paladin. Des paroles importantes ont été échangées ce soir-là.
Une petite indiscrétion pour un grand bien donc.
 
Petite indiscrétion suivie d’une autre encore plus grosse !
Alors que Bran et Samay étaient à leur sérieuse conversation, j’ai décidé, avec l’aide de Kethtot et de Moonie, de fouiller les affaires d’Arin ! Malgré ses histoires passionnantes que nous avions bues pendus à ses lèvres, malgré ses beaux yeux de miel qui avaient su séduire notre prince, la façon dont il avait laissé ses affaires sans surveillances m’avait intrigué.
Alors que Moonie se tenait un peu à l’écart, prête à lancer une lascive danse de diversion, Kethot et moi avons découvert des dessins dans les affaires personnelles d’Arin. Des dessins d’amour, mais aussi des représentations très précises de Samay étreigant un naga ! Et aussi une page déchirée d’un livre, que nous avons réussi à traduire (pas moi, je suis bien piètre linguiste !) Une histoire de rituel ouvrant un portail… Rituel nécessitant quelques objets comme… Un « Ghanakshetr » (qu’était cet objet ?) et… une écaille de Nagaa !!!
 
Avant de m’endormir à la belle étoile tel le rôdeur que je suis, la tête posée sur ma vieille armure de cuir confectionnée par ma sœur, la lettre de Loen, mon ami le moine, m’est revenue en mémoire…
« Méfie-toi des écailles de Nagaa que tu convoites tant. De sombres personnages semblent être capables de les utiliser pour éveiller le mal qui habite ces terres. »