Alfur Cassenoisette

Alfur Cassenoisette est un gnome des forêts né en 1589 à Journac, dans la Confédération de Sarliard. Fils unique et issu de parents menuisiers (son père a notamment fait fortune en inventant le concept de la table qui rentre dans le mur pour gagner de la place), Alfur était destiné à reprendre l’exploitation familiale.

 

Son père est en outre un membre influent de Journac, et sa famille était respectée dans toute la confédération.

 

Hélas, une catastrophe se produisit alors que le petit Alfur était âgé d’à peine sept ans. Tandis qu'il jouait avec son établi (son seul « jouet » à l’époque), le jeune gnome mis involontairement un coup de burin miniature dans la bibliothèque de son père. Avec le choc, un gros livre tomba sur la tête du petit garçon ! L’énorme volume retomba alors aux pieds du petit Alfur. Ce dernier le prit et commença à le lire.

 

Un catalogue de volets et fenêtres ! Quelle merveilleuse découverte ! Alfur fut subjugué par les images, les dimensions annotées en petit sur les côtés, les descriptions techniques, le cartouche mentionnant systématiquement, le type de bois utilisé, les modalités de paiement et de livraison, la durée de la garantie, etc.

 

Avant que ses parents ne soient rentrés de leur journée, Alfur avait déjà amoncelé des meubles de la maison pour grimper sur la bibliothèque et avait déjà lu six livres.

 

Son père, Norin, cru alors que le p’tit se passionnait déjà pour la menuiserie. Le bougre se fourrait lourdement le doigt dans l’œil, car ce qui passionnait en réalité Alfur c’était le livre lui-même, et non son contenu en particulier.

 

Le vice du jeune gnome ne s’améliora pas avec le temps. Ainsi à l’adolescence, il avait déjà entièrement lu l’ensemble de la bibliothèque de la ville et celle de l’Académie. De même que l’ensemble des catalogues de toutes les boutiques de la ville, puis les notices de des produits desdites boutiques. Hélas pour son père, le bougre ne montrait pas le moindre entrain pour la taille du bois.

 

Une nouvelle catastrophe se produisit lors de son quarante-quatrième anniversaire. À cette occasion, ses parents, espérant lui donner enfin goût pour la menuiserie, lui payèrent un voyage jusqu’à Peyve, la capitale de la Confédération, pour qu’il y visite le Comice des fabricants de meubles, et que s’épanouisse sa nouvelle passion. Alfur mit un point d’honneur à ne pas y mettre les pieds, mais explora au contraire la ville et surtout les bibliothèques.

 

Le soir, alors qu’il faisait déjà nuit, et qu’il rentrait de sa cinquième bibliothèque de la journée, Alfur tourna au coin d’une rue en direction de l’auberge où il devait passer la nuit. Là, sur le mur, il vit une affiche qui allait changer le cours de son existence. Un prestidigitateur elfe, en provenance de l’École de Thelwen, était en ville pour y présenter un spectacle de magie.

 

Alfur, hystérique à l’idée de découvrir cela, prit aussitôt un billet, en allant toquer à la porte du responsable de la salle de spectacle, toute la nuit, avant de jeter des petits cailloux à ses fenêtres pour le réveiller. Il fut le premier arrivé sous le chapiteau et prit place au premier rang. Alfur en prit plein les yeux ce jour-là !

 

C’était décidé, Alfur allait étudier la magie. Il rentra immédiatement en parler à ses parents et leur demanda de l’aider à financer son entrée à l’École de magie de Thelwen. C’était décidé, Alfur ne recevrait plus un sou de leur part, il était indigne de la famille et allait provoquer leur ruine avec ses histoires de lapins qui volent.

 

Le jeune gnome ne se désespéra pas une seconde. Il enchaîna les petits boulots à Journac, parfois même dans l’entreprise de ses parents, pour acquérir des économies. Ainsi, il fallut près de 50 années supplémentaires à Alfur pour économiser assez. Une fois ceci fait, il partit pour Thelwen sans même un au revoir avec ses parents.

 

Il arriva à la capitale elfique très fier et la tête remplie de rêves. Alors, il partit directement régler ses frais d’inscription. Hélas, le gnome n’avait pas pris conscience du coût réel des études de magie. En effet, aux 400 pièces d’or annuelles de frais d’inscription devaient s’ajouter l’hébergement, les vivres, les composants magiques, les frais administratifs pour l’obtention d’un permis temporaire de séjour, etc. Donc Alfur ne put rester à l’école qu’une petite année, après quoi il dut se résoudre à quitter cette école aux mille savoirs.

 

Ce fut un réel déchirement pour lui, et il n'avait eu le temps, malgré sa soif de connaissance, d'apprendre que les rudiments de la magie. Il était néanmoins un sort qu’il maîtrisait à la perfection, celui permettant de créer une petite illusion.

 

Que faire désormais ? Alfur profita de ses derniers jours en terres elfiques pour étudier à la bibliothèque de la ville (qui était si grande qu’une vie ne lui aurait pas suffi pour tout étudier). Alfur prit finalement la décision de rentrer à Sarliard, là où il avait ses attaches. Il finit par se dire qu’il lui faudrait sans doute se résoudre à reprendre l’exploitation familiale et savoir se contenter de ce qu’il avait… Cette perspective le rendait profondément triste.

 

À quelques heures de marche seulement de sa ville natale, Alfur traversa par hasard les ruines de ce qui avait probablement été un village elfe noir, il y avait de cela plusieurs centaines d’années. Par simple curiosité, il fouilla un peu les environs et tomba alors sur un vieux bouquin, un peu rapiécé. Alfur n’eut pas besoin de feuilleter plus de deux pages pour comprendre qu’il s’agissait d’un recueil de magie noire, très noire…

 

Alfur, pour la première fois de sa vie, paniqua. Il lui fallut plusieurs heures avant de décider de ce qu’il convenait de faire. Finalement, il décida que ce livre ne devait en aucun cas tomber entre des mains mal intentionnées, mais que son savoir pourrait peut-être être d’une grande utilité dans l’avenir. Alors, il ne fallait donc pas le brûler, mais pas l’étudier non plus, il s’y refusait en tout cas.

 

Alfur prit au même moment conscience que, pour veiller sur ce grimoire et pouvoir l’appréhender si nécessaire, il lui fallait impérativement reprendre ses études de la magie. Il n’avait cependant plus les moyens de retourner à l’académie magique, ni le temps d’accumuler les fonds requis. Il se retira alors dans un recoin en marge du petit village forestier de Bourg-Biais, à quelques encablures de Journac. Il décida qu’à compter de ce jour, il consacrerait entièrement sa vie à l’étude du monde en général, et de la magie en particulier. Autodidacte, il parvint à reconstituer de nombreux sorts qu’il avait pu observer ou étudier à l’académie. Il les mit alors au propre sur un parchemin.

 

Quelques mois plus tard, il décida finalement de créer une encyclopédie, qu’il appellerait plus tard, le Compendium du père Gribouille, contenant non seulement ses sorts, mais également tout ce qui lui semblait digne d’être noté.

 

Alfur fut ainsi rapidement surnommé le père Gribouille dans le village, puisqu’on le voyait en permanence en train de noter quelque chose dans son immense grimoire. Un jour, en 1724 de la seconde ère, Alfur rencontra un petit écureuil en forêt. Comme l’ensemble des autres petits animaux de la forêt, il le salua, et s’attendait à ce que le petit animal lui réponde gentiment comme les autres. Mais, le petit animal ne répondit pas. Cela intrigua Alfur, qui se retourna alors pour comprendre pourquoi cette petite bête à fourrure ne daignait pas répondre à son bonjour. Il vit alors que l’écureuil le fixait droit dans les yeux avec insistance. Alfur lui demanda si sa tête hirsute ne lui revenait pas, ou si au contraire elle lui rappelait l’un de ses ancêtres poilus.

 

Pour toute réponse, l’animal lui répondit : « Pourquoi tu te balades avec le Necronomicon sur toi, le barbu ? ». Alfur comprit que l’écureuil voulait parler du recueil de magie noire qu’il avait ramassé des années en arrière. Il lui expliqua alors en détail et sans la moindre précaution l’intégralité de l’histoire, comme il aimait à le faire, avec plusieurs petites anecdotes. L’écureuil lui répondit alors qu’il valait mieux ne pas toucher à ce genre de trucs. Mais, qu'il apprécierait bien apprendre la magie aussi un jour, et qu’il adorerait avoir une personne à qui parler, car il trouvait ses congénères assez primitifs.

 

Ce fut ainsi que naquit l’amitié entre Alfur et Tacquinou, son fidèle écureuil, qui valut au gnome progressivement vieillissant le surnom de « Casse-noisettes ». Après des décennies d’entraînement, le petit tamia finit par apprendre le sort d’illusion mineure si cher à son ami gnome. Le petit être était d’ailleurs fort peu commun, puisqu’il vivait depuis au moins 150 ans, toujours auprès d’Alfur, inséparables et complices.

 

Ainsi continua la vie d’Alfur, paisible et monotone en apparence, mais en réalité, pleine de découvertes et de connaissances plus enthousiasmantes les unes que les autres. Alfur et Tacquinou partent également régulièrement en voyage dans diverses contrées de Braia pour étudier de nouveaux endroits et espèces.


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