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Sat 19th Dec 2020 03:35

L'assemblée

by Tyfdur Quickpeek

Bon, finalement, je vais me rendre à ce banquet. Je ne roule pas sur l'or, donc même si il n'y a rien d'intéressant, au moins j'aurais à manger.
 
Le gars Merrick nous accueille, apparemment il a l'air d'être le patron ici, les autres ont l'air de lui accorder un grand respect. C'est un sacré gaillard qui a l'air d'en avoir vu de sévères comme témoigne son œil abîmé.
Il y a un groupe d'aventuriers autour de lui, de rudes gaillards semble-t-il. Chose curieuse, l'assemblée est assez bigarrée. Parmi les humains, que j'aurais pensé en plus grande proportion, j'avise des nains, des elfes ou demi-elfes. Il y a même un demi-orc et un drake. Je n'avais jamais de drake, c'est sacrément grand !
J'en profite pour me cacher derrière, je devrais être invisible et je pourrais écouter les échanges sans me dévoiler.
Merrick nous prévient qu'il y du beau linge d'attendu pour cette réunion. Ils échangent quelques minutes d'affaires récentes, une histoire de lance, des projets communautaires, les explorations précédentes. Comme je débarque, je ne comprends pas grand chose. Il y a surtout une discussion à propos d'un individu qui voudrait être anobli mais un certain malaise a l'air d'entourer cette proposition : le gars n'est pas humain. Cela dérive vers l'attitude à observer envers les Faes et les sorciers, un certain Orel, un elfe, a l'air de s'offusquer des réponses. Il ferait mieux rester discret et moins marquer sa position, je comprends rapidement qu'il est plus ou moins proche de la sorcellerie, il prend de gros risques.
 
Merrick annonce les dignitaires. Le premier, un certain Justinien dans son armure de cérémonie, c'est un digne représentant de la noblesse, beau gosse, l'air altier. Le faste qu'il représente semble le précéder, un nobliau de l'ordre de l'étoile. Il est rapidement suivi d'un autre homme, avec un air de brute, des yeux porcins, massif. Le Bouclier des Vertueux est dans la place, les pauvres serfs ne vont pas avoir la vie facile avec ces zigues. Le troisième entre dans un bruit de ferraille, il porte une armure complète, et une énorme épée à deux mains plus grande que moi. Je ne suis pas sûr qu'il soit là pour discuter : Patrice de l'ordre du dernier mal. C'est un jeune homme avec une lueur fanatique dans l'oeil. Je ne le regarde pas de trop, il me fait froid dans le dos. 
Ensuite vient un nain, balèze, roux, un membre des furieux des  Furieux de l'Haltan'Ankor, des mercenaires violents et dangereux. Puis, une femme, plutot agréable a regarder, fait son entrée, Myrella, de la guilde des cartographes, d’un seul coup la voie que j'ai choisie me semble plus pertinente, je suis sous le charme. Elle est accompagné par une femme plus mure, Héléna, une barde du collège du savoir, une érudite des archivistes de l'oubli. Son âge et la sagesse qu'elle incarne force mon respect. 
Une elfe s'avance alors, provoquant un certain flottement dans la foule, il s'agit d'une Sybille de l'ordre indépendant du sage, un ordre indépendant du Candélabre, elle a du courage d'apparaître dans cette assistance.
Le dernier à nous être présenté est le cousin du seigneur Eugène, le neveu du Comte de Sarnale, peau brune et bouclettes, assez jeune. Il a l'air d'un arriviste et  son commerce d'esclaves le rend peu sympathique.
 
On nous invite à aller boire un verre et faire un peu de chit-chat dans les différentes pièces d'à côté. Je ne pense pas que je vais aller discuter avec grand monde, cependant je vais quand même me présenter à Myrella. Avec un peu de chance, elle me donnera les tuyaux pour rentrer dans sa guilde. En attendant, je vais me fondre dans la foule et essayer de me cacher derrière ce grand drake.
 
Pour l'instant, une discussion avec quelques humains occupe Héléna. Une histoire de création d'école et de bibliothèque. Ils ne semblent pas tous d'accord de la réception de l'idée par la noblesse, voire même de sa pertinence. 
J'ai pu me présenter auprès de Myrella, c'est une personne passionnée et un peu exubérante. Elle m'a conseillé de rentrer dans la guilde des cartographes, je vais donc suivre son conseil puisque c’est mon objectif. Cela m'a permis de faire la connaissance d'un certain Mailliw, un autre cartographe fraîchement débarqué. J'ai l'impression que l'on est pas nombreux dans le coin et que l’on a beaucoup de terrain à couvrir.
 
Toujours planqué derrière le drake, j'écoute la conversation avec Sire Justinien. Son phrasé a un côté affecté voire un peu maniéré, cela correspond bien à son apparence de nobliau.
Un des aventuriers, un certain Tristan, essaie de défendre la candidature à la noblesse de Fabio, demi-orc de son état. Il a bénéficié de l'appui de ma cachette mobile; Quelle andouille, il a failli me faire repérer. Etrange, un humain et un drake qui défendent un demi-orc auprés d'un noble xénophobe, même s'il se targue d'une certaine tolérance.
D’ailleurs, je me demande s'il n'est pas plus xénophobe envers les roturiers qu'envers les non humains, on dirait qu'il les considère presque comme une race à part. Sa réponse à Eprax, un autre aventurier qui l'a entrepris de front en disant ce qu'il pense des nobles qui restent assis sur leurs mains, a été cinglante et imprégnée de mépris.
 
Ensuite j'ai suivi la conversation entre Adalbert et Erwin de la guilde. J'ai l'impression qu'ils vont bien s'entendre. Il m'a semblé que Erwin n'est pas gêné par l'esclavagisme. Sachant ce que les non-humains subissent de la part de ces gens-là, je n'aime pas trop penser qu'ils ont des représentants dans la guilde. Je vais garder cet Erwin à l'œil, il me semble suffisant vénal pour fermer les yeux sur pas mal de choses pour arriver à ses fins.
 
Des autres discussions, je n'ai retenu que quelques bribes, n'ayant aucun intérêt pour moi. Je serai bien allé voir le nain, mais il est bien représentatif de son clan. A part échanger des propos dignes de salle de garde avec d'autres gros bras, il ne pense qu'à trouver des cibles pour son marteau ou sa hache. Il ne semble pas être un grand fan des humains.
 
Par contre, j'ai tendu l'oreille en captant l'échange entre Erwin et Patrice. C'est clairement un fanatique, j'ai cru qu'il allait en venir aux mains, enfin à l'épée, cet espèce de bourrin doit même dormir avec son armure. Je ne comprend pas Erwin, il a l'air de défendre d'une certaine façon la cause non-humaine, mais vingt minutes avant, l'esclavagisme ne semblait pas le déranger.
 
Avec un certain sens de la mise en scène, c'est là que le seigneur Eugène de Sarnale fait son entrée. Les conversations se sont brutalement tues, son air déterminé et son allure de combattant aguerri ont l'air d'imposer un grand respect, surtout de la part des guildiens.
Je ne suis pas convaincu que les autres convives ne soient pas en train de plus ou moins comploter dans son dos. Chacun se voyant se tailler la part du lion dans ces nouveaux territoires. Sans attendre, il déclare le banquet ouvert et se dirige vers sa table. Les convives se répartissent par affinité, les anciens de la guildes à droite, les dignitaires à gauche.L'atmosphère est un peu tendu, on dirait deux camps prêts à s'affronter.
 
A la fin du repas, Eugène déclare l'audience ouverte et Merrick énonce l'ordre du jour. Comme je suis récemment arrivé, les sujets sont hors de ma portée, il faut que j'en apprenne plus pour me faire une idée.
Les différents points à aborder sont :

  • quelle sera la forme de la guilde : simple union d'aventuriers, une guilde officielle ou une guilde appartenant au seigneur.

  • 6 bateaux seront affrétés, quel sera la composition du fret : soldats, serfs ou des artisans et commerçants

  • Une lance drake a été trouvée et elle semble contenir un grand pouvoir, que va-t-on en faire ?

  • La création du conseil avec cinq sièges à pourvoir.


  • Je ne prête pas trop d'attention aux différentes interventions, car la plupart des sujets concernent des événements passés et je n'ai pas encore assez d'informations pour réellement suivre les échanges. Je me promet d'aller lire au plus vite les rapports de la guilde, il parait qu'on y a librement accès et je compte bien en profiter.
     
    A propos de la lance, il y a bien eu un peu de mouvement. Il était prévisible qu'un fanatique comme Patrice monte au créneau, il est hors de question de collaborer avec des drake !
    Il va même jusqu'à proférer des menaces à peine voilées envers le seigneur Eugène. Même Hubert se met de son coté, je le soupçonne de ne pas être moins fanatique que lui, mais dans un autre registre.
    Adalbert s'en mêle, prenant parti pour sa maison mais d'une façon qui sent l'arrivisme à plein nez, il cherche à s'attirer les bonnes grâces de son cousin.
    Par contre Justinien est très subtil, tout en arrivant à se moquer d'Adalbert et de la maison Sarnale il arrive à proposer le soutien des nobles et de son ordre au Seigneur Eugène.
    Eugène, dans une belle démonstration d'autorité, clos rapidement et brutalement la discussion. Personne ne moufte.
     
    On aborde alors la vraie question de cette session : la création du conseil. Chacun des candidats se met en rang pour se présenter.
  • Évidemment Patrice arrive à se placer en premier et bien sûr, il nous fait un discours fortement marqué de son fanatisme et de sa xénophobie. C'est réellement un homme effrayant. Les non-humains et leurs alliés se sont sûrement recroquevillés dans leurs coquilles. Il arrive même à prendre à parti Merrick, l'accusant de laxisme pour son acceptation de non-humains dans la guilde.

  • Gustav, sans surprise, propose son bras armée pour soutenir le régime et ne cache pas que son but ultime est la recherche d'Ombreterre.

  • Justinien, mielleux comme tout bon noble, est prêt à devenir un vassal d'Eugène mais n'a qu'une idée en tête : trouver des terres à gouverner pour les nobles, et surtout pour lui-même. Il est subtil et retors, il va falloir s'en méfier. Il désavoue publiquement Fabio dans son accession à la noblesse. Désolé Fabio, mais il va te falloir un sacré soutien pour atteindre ton objectif.

  • Elliè propose les services des sybilles pour nous aider. Je ne suis pas sûr qu'elle soit réellement candidate, elle ne semble vouloir qu'une rémunération.

  • Héléna, l'érudite, se propose d'offrir le savoir au conseil. Les explorations seront plus efficaces et moins dangereuses avec la connaissance. Je suis assez d'accord avec elle.

  • Myrella, dans une fougue désordonnée, défend le point de vue, a mon avis censé, que la maîtrise du territoire dépend de la connaissance que l'on en a, donc des cartes. Comme elle est plutôt jolie, je ne peux qu'être d'accord.

  • Hubert, lui, veut imposer sa foi, dut-il employer la force. Il n'est pas intéressé par l'exploration mais il veut instaurer un contrôle strict des serfs et des habitants de la Nouvelle Audarque. Il me fait penser au sheriff de Nottingham, un petit village que j'ai traversé autrefois. Un homme violent et dénué de scrupule.

  •  - Adalbert confirme mon impression, un arriviste qui utilise son nom pour se tailler un empire commercial et propose ses esclaves comme main d'œuvre. Il ne cherche que le profit.
     
    Maintenant que les notables se sont exprimés, les guildiens s'avancent, notamment les plus anciens, bardés du prestige qu'ils ont acquis lors des premières explorations de ce continent hostile.
  • Tristan prône la présence d'une personne du peuple au conseil, voir même un non-humain, je l'aime bien lui. Il propose la candidature de Merrick, dont la réputation semble jouir d'un grand respect.

  • Erwin désigne Justinien, Hubert et Patrice comme des menaces contre la guilde. Il a du cran ce gars. Il soutient Merrick, mais aussi Adalbert, je sens qu'il a une idée derrière la tête.

  • Anchar m'a fait bien rire avec sa proposition de séparer l'église et l'état. Cela a tellement fait grincer les dents de Patrice. C'est comme s'il avait directement giflé les ordres religieux. Osés comme position.

  • A l'intervention d'Orel qui défend la cause non-humaine, Eugène a fait preuve de sa force de caractère et de son modernisme, même si son soutien à cette cause le met sûrement en danger. 

  • Kaski présente sa candidature au conseil en tant qu'homme de terrain. C'est évident qu'un guildien dans le conseil nous permettrait de voir venir.

  • Eprax met les pieds dans le plat et préfère que le conseil soit composé des membres de la guilde. Il n'a vraiment pas la langue dans sa poche.

  • Justinien, qui a déjà été pris à parti par ce même Eprax, me marche sur les pieds pour protester. Je sens que ces deux hommes vont cordialement se détester.

  • Je finis par accéder à la parole, non sans avoir gratiné Justinien d'un regard noir, qu'il a parfaitement ignoré. Pour ma part, je ne peux afficher une préférence pour certaines personnes, mais je voulais exhorter mes compatriotes à voter pour la connaissance et la tolérance. Notamment d'avoir au moins un non-humain au conseil.


  • C'est là qu'un événement pour le moins inattendu secoue l'assemblée. Une femme, apparement d'une grande beauté s'avance mais elle est masquée. Est-elle défigurée ?
    Certains semblent la connaître et elle jette un sacré froid sur la salle. L'atmosphère, déjà tendue, devient carrément orageuse. Je m'attends presque à voir des éclairs traverser la salle.
    Elle s'estime froissée de ne pas avoir été invitée, mais qu'à cela ne tienne, elle propose quand même sa candidature. La menace dans le cas où elle n'obtiendrait pas un siège n'est même pas dissimulée. Elle se dit prête à offrir son savoir sur ces contrées, mais se garde bien de dévoiler ses buts. Comme c'est clairement une sorcière, le prix de sa participation est probablement largement au-dessus de nos moyens.
    Patrice, hors de lui, essaye de la frapper et son épée passe au travers d'elle, sans même lui faire une égratignure. C'est une illusion, elle n'est même pas là. Elle dispose d'une telle puissance. Wurzzaf, Anchar, Tristan et Eprax, se sont mis en garde autour d'Eugène pour parer à la moindre attaque. Elle a dit ce qu'elle avait à dire, elle disparaît.
     
    La réunion tire à sa fin, les questions diverses sont abordées.
  • Anchar avance sa proposition d'école et la défend farouchement. Eugène ne voit pas d'un bon œil l'éducation des serfs qui pourrait mener à leur libération. Je pense qu’on touche aux limites de la tolérance d'Eugène.

  • Tristan propose la création d'un hospice, qu'il financera lui-même. Eugène valide directement le projet.

  • Erwin essaye de négocier un pacte d'exclusivité sur la chasse contre les services de sa loge, je savais bien qu'il avait une idée derrière la tête. Lui et Adalbert vont sûrement se rapprocher pour faire des affaires.

  • Nathaniel, absent, propose, par le truchement d'Erwin, de reconstruire le temple reconquis au nom du protecteur.

  • Eprax cite Fabio pour un pacte noble, Eugène, a ma grande surprise considère la candidature. L'anoblissement d'un demi-orc ne semble pas le froisser mais l'éducation des masses le rebute. Peut-être que l'espoir est permis de le voir évoluer vers plus d'équité ?

  • Rillius absent lui aussi, par l'intermédiaire d'Eprax, fait part de son vœu de construire une forge.

  • Wurzzaf à demandé à Orel de transmettre son projet de créer une arène pour entraîner les aventuriers. L'idée est intéressante, bien que je ne sois pas prêt à suer sang et eau pour prendre des coups.

  • Le seigneur met fin à l'assemblée. A ma grande surprise, il annonce que chacun de ces points sera soumis à un vote. Curieux d'avoir à voter dans dans régime monarchique mais c'est agréable de penser que, peut-être, ces nouvelles terres seront le symbole d'un espoir d'égalité et de liberté.
    Les obstacles sont nombreux et difficiles, les nobles et les ordres religieux ne doivent pas voir cela d'un bon œil. De même, le seigneur à une éducation qui le rend résistant aux changements mais il a pris des décisions courageuses et progressistes, c'est extrêmement encourageant.
    Seuls les aventuriers ayant déjà réussi une mission pourront participer. Avec un peu de chance, 
    je reviendrai vivant de ma première mission avant le scrutin et je pourrais participer en tant que réel citoyen de la Nouvelle Audarque.
    J'aime l'idée que je puisse participer à la création d'un nouveau monde débarrassé des préjugés de l'ancien qui m'ont coûté si cher et fait tant de mal.Tant que les choses iront dans ce sens, mon engagement sera sans faille.