Je retrouve Solairik à l'auberge, nous allons retourner à un endroit découvert précédemment par Mailliw et son équipe, la chute du mur du son. Drôle de nom, mais il semblerait qu'il fut donné en souvenir de sa corneille qui s’appelait peut-être "Son", bizarre comme nom. Aussi étrange que son maître d'ailleurs, Mailliw qui se cache derrière un masque. Il semble assez fantasque et doit peiner à respirer la dessous : il ne faudra pas compter sur lui s’il faut courir.
Nous avons aussi des célébrités dans le groupe, Tristan et Anchar nous accompagnent.
Tristan n'a pas beaucoup parlé au début, occupé à s'empiffrer de toute la nourriture qui lui tombait sous la main. La nourriture du camp Marcil, son nouveau lieu de résidence, doit être frugale. Les douches aussi, on sent venir son armure à des kilomètres, ce qui me rappelle le nom qu'un autre aventurier lui a donné : "le bout de métal qui parle". On peut ajouter "et qui mange".
Anchar, le maître de l'école de la Nouvelle-Audarque, à bien l'air un professeur. Il va devenir aussi rabougri et poussiéreux que les professeurs que j'ai déjà connus. Il porte une armure tellement rapiécée qu'on dirait qu'elle va tomber en poussière. Il faut vraiment qu'il en parle à maître Rillius, notre forgeron. Mais ça doit être un bon bougre, il fait cadeau d'un diamant brut à Solairik, pour une histoire de soin ou de résurrection au cas où. J'ai pas bien compris, mais si Solairik est d'accord, je lui trouverai un acheteur pour un bon prix, contre une juste commission bien entendu.
Nous partons donc vers le sud, à cheval. Tristantm'a d'ailleurs fait perdre un contrat juteux avec Mailliw qui avait besoin d'un prêt pour s'acheter sa monture. Je ne comprends pas, il aurait au moins pu louer son canasson, quelle hérésie anti-économique ! Quant à moi, je monte en croupe de Solairik, je vais avoir le cul tanné sur cette bestiole. D'ailleurs, vu ce que cette pauvre bête à déjà vécu, je crains la crise cardiaque à court terme.
Journée de voyage tranquille, je dirais même une promenade agréable, je m'amuse à gober les rares flocons qui tombent. Nous prenons le temps de parler boutique avec Mailliw. J'ai oublié de mentionner qu'il est le deuxième cartographe de la Nouvelle-Audarque. Il restera d'ailleurs deuxième tant qu'il s'obstinera à faire des mesures avec ses pieds et ses pouces.
Le camp posé, Solairik, prétextant une saynète ou je prend le rôle de Vlad se faisant avaler par une Remoraz , tente de me gober. J'ai vu le fond du gosier d'un Drake, un vrai four ! Expérience que je déconseille à tout le monde.
Le lendemain, chemin faisant, on tombe sur la famille de Solairik qui nous court après. On est un peu partagé, on les affronte ou on les sème ? Solairik leur hurle quelque chose et ça n'a pas l'air de leur plaire, surement des insultes drake. Il s'ensuit le plus improbable des pugilats, avec leurs javelots et leurs massues, ils ne font pas le poids. Tristan semble même gêné de les frapper.
J'en tue un sans faire exprès, après tout, je ne voudrais pas que Solairik m'en veuille. Il me dit qu'ils l'ont bien cherché, la famille n'est peut-être pas un truc Drake. Comme il a l'air d'accord, je ne vais pas retenir mes coups, ni mes flèches.
Je ne sais pas ce que trafficote Mailliw, mais d'un seul coup, il plonge au centre de la mélée, tout devient noir autour de lui, on ne voit même plus les ennemis. Ça va être pratique pour les viser. Anchar et Tristan sont rapidement cernés, mais ils portent tellement de ferraille que les hommes lézards sont à la peine pour les toucher. Il leur faudrait un ouvre-boîte.
Un éternuement de Solairik en rôti deux, heureusement qu'il a bougé avant, sinon on aurait eu un Anchar cuit en papillote. J'en profite pour en abattre un deuxième. Le rendement n'est pas mauvais, trois flèches, deux morts.
Ce n'est pas un combat, entre Mailliw et ses effets de lumière, Anchar qui fait des moulinets avec son marteau brillant, Tristan qui sonne comme un gong à chaque coup de massue, mais une fête de village.
Les ennemis tombent comme des mouches, Solairik se paye même le luxe, en piétinant l'un d'eux de faire un pansement à Anchar en grognant un truc au dernier survivant. Me rendant compte que c'est le bruit de cloche qui fait tomber la neige des arbres, je n'en peux plus, je m'assoie, terrassé par une crise de fou rire et je regarde la fin du combat.
Mailliw, ne pouvant s'empêcher de faire le clown, m'enveloppe avec sa noirceur alors que je cherchais mes flèches. Je lui revaudrai ça à la première occasion. Finalement Tristan a réussi à en sauver trois, on peut dire que ceux-là ont eu de la chance. Ils sont réanimés et on leur sert leurs camarades comme repas.
Laissant là les survivants, on progresse plus avant vers notre destination, avant de monter le camp. Je profite de la soirée pour mettre en boîte mon confrère avec un peu de prestidigitation. Je l'enveloppe d'une boule noire de façon à ce qu'il ne dépasse que de la tête, des mains et des pieds faisant partir de ces doigts des éclairs de lumière. Jouant le jeu, il en rajoute une couche, transformant notre campement en un joyeux spectacle.
Pendant la nuit, Tristan détecte la présence d'un pack de gigantesques loups. Mailliw et lui ont déjà rencontré ces animaux et ne tiennent pas à les affronter à nouveau. On essaye de décaniller en silence, en marchant sur l'eau grâce à Anchar. En effet, traverser la rivière peut suffir à décourager ces bêtes de nous pourchasser. Évidemment, avec ces boîtes de conserve, être discret est mission impossible. Ils font autant de bruit qu'un troupeau de bovins. On réussit toutefois à démontrer notre camp et à traverser la rivière précipitamment. C'est passé trés près.
Nous voilà rendu à notre objectif, une belle chute d'eau qui cacherait une caverne avec un gros serpent. Nous passons un moment à discuter d'un plan, il s'avère qu'on a un plan de pas d”plan. Donc finalement, on fonce, Anchar va nous faire traverser à pieds secs et on verra aprés On n'a cependant été ralenti par une discussion inepte à propos de la barbe des nains, le stress semble faire capoter les humains.
Il devient nainpossible de leur faire naintervenir leur naintellect et dès que la situation nainpose de ne pas etre nainpatient, ils deviennent rapidement naingerable.
Nous pénétrons finalement dans cette foutue caverne. Nous progessons avec prudence, il fait noir, je ne vois pas à 10m. Mailliw envoie sa corneille en éclaireur, éclairer le tunnel. La zone est profonde, on n'en voit pas le bout. Soudain, un serpent gigantesque se dresse et gobe Etienne3, elle n'a même pas eu le temps de lâcher un croassement.
Nous voilà engagés dans un combat qui nous semble impossible. Rapidement, Anchar et Tristan sont au contact. Anchar manque de se faire gober de justesse. J'arrive à déloger une stalactite du plafond pour la lui catapulter sur la tête. Le serpent s'effondre, assommé. Je crois que la victoire est proche : on lui a fait des dégâts plus vite que son pouvoir régénérateur.
C'est alors qu'une nouvelle tête s'extirpe de lui, il se divise ! Il réussit même à avaler Anchar, nous sommes saisi par l'énormité de l'événement ! Plus d'Anchar et deux têtes, ça va mal !
Le prof a l'air encore vivant, il se débat encore de l'intérieur, on aperçoit de la lumière dans la gueule du serpent. Il finit par se faire recracher par le monstre alors qu’une troisième tête apparaît. Et comme si ça ne suffisait pas, une nappe de brume s’enroule autour de lui.
On envoie tout ce que l'on a, mais on peine à l'entamer. On ne sait plus ou frapper, en désespoir de cause, je continue à attaquer la première tête. Solairik a du mal à maintenir en vie Anchar, il faut dire que la zone est létale. On continue à frapper, Tristan se fait attraper par une des têtes, il y en a quatre maintenant et la brume s'étend.
Tristan est avalé à son tour, Anchar est paralysé, et une tête se jette sur moi. Sur le fil, Mailliw a enfin un de ses rayons qui touche autre chose que les murs. Le serpent s'effondre, les autres têtes s'évaporent en brume. Victoire ! La brume s'échappe des blessures du serpent, remplissant peu à peu la caverne.
Anchar et Solairik ont l'air de tourner les talons, nous autres, grisés par la victoire, avons envie de pousser en avant. Solairik génère une telle lumière que nous voyons la grotte comme en plein jour. On fait le tour et on tombe sur le garde-manger du monstre et on trouve de menus objets que nous pourrons négocier en ville. Au bout du cours d'eau, au fond de la grotte, il y a un siphon submergé, on pourrait nager, mais on ne voit pas le bout.
Le serpent semble se dissoudre en brume, on attache sa queue à une corde pour le traîner hors de la caverne. Le travail est pénible, la brume nous affecte de plus en plus mais on finit par faire passer la chute au monstre. Il fait près de trente pieds, sa tête est aussi grosse qu'un cheval. On arrive à détacher une écaille, mais elle se désintègre rapidement.
On finit par lui couper la tête et on tente de la ramener vers Merrick pour qu'il puisse l'examiner, Mailliw envoie Etienne4 porter un message à celui-ci. Je me sens de plus en plus affecté par la brume qui dégorge de la tête, elle semble fondre. Le lendemain, toujours traînant notre tête de serpent, nous continuons notre route. Je finis par m'effondrer, la brume a gagné, j'ai même dû baver sur le dos de Solairik.
A mon réveil, je suis à l'hospice. La tête n'est pas arrivée à la cité. Mes compagnons me racontent une histoire confuse d'un échange d'informations avec un individu étrange.
Je vais devoir lire leurs rapports pour démêler tout ça.