Voilà, c'est reparti, "on the road again", comme il dise dans l'est. On retrouve Merrick à l'auberge, on voit les opportunités et on y va. De la dernière expédition, j'ai ramené un bon rhume, j'ai la tête lourde, le nez qui coule et des éternuments qui vont me rendre dingue. J'ai prévu le coup cette fois, j'ai acheté des vêtements chauds. On ne m'y prendra pas deux fois !
Bon, déjà, je ne connais pas les membres du groupe. Ha si ! Solairik est là, fidèle au poste. Il faut que je voie s’il a une selle cette fois !
Mon ami drake et moi serons donc accompagnés par Vladimir et son boy, un jeune futur chevalier, un noble quoi. Il a fière allure, mais tiendra-t-il la distance. Une moine, Lexie, qui semble assez réservée. Elle me semble inquiétante, un véritable arsenal ambulant. Je l'ai déjà aperçu, ici et là, je crois qu'elle donne un coup de main à Merrick entre deux sorties. Et pour finir, Frikilaz, un ranger, il a l'air un peu sombre mais expérimenté. Ils ont donc décidé d'aller en repérage autour des camps orcs à l'ouest, pas que ça m'enchante, je n'aime pas les orcs. Mais, il faut bien prendre une direction. A priori, Frikilaz et Vladimir ont déjà parcouru la région, on ne devrait pas se perdre.
Après quelques emplettes et un peu de chit-chat avec Merrick, je lui ai d'ailleurs demandé si les peaux de croco, ramenées deux mois auparavant, ont trouvé acquéreurs. Nous rendons ensuite visite à Myrella. Nous lui demandons si elle peut nous fournir un exemplaire de la carte orc acquise de haute lutte par nos compères lors d'une précédente expédition. De tête, Elle nous a fait un rapide croquis de tête de celui-ci. Quel brio, on dirait un document fini !
Nous voilà prêt à partir, après un détour par les écuries pour que Solairik s'achète une mule, une envie soudaine ! Ça m'arrange, je pourrais suivre le train sans me mouiller les pieds. Premier arrêt au camp Marcil, petite nuit tranquille protégés par les gardes du camp. Nous sommes donc à pied d'œuvre, frais dispos, pour partir au petit matin. L'ambiance est légère, nous sommes assez sûr de nous, d'ailleurs Solairik nous booste avec un de ses sorts donc il a le secret, on se sent fort ! Quelques blagues entre nous et les gardes, et nous partons vers le nord. Le but étant de repérer un camp orc dont la position n'est pas claire.
On n'a pas marché longtemps, deux ou trois heures, au plus, sûrement le temps de sortir de la zone de patrouille du camp Marcil. Trois énormes matous nous tombent dessus. Notre moine a été la plus rapide, quelle vitesse, peu de choses doivent pouvoir la surprendre ! Elle est déjà sur un de ces monstres, un tourbillon d'acier, de jambes et de coudes. Elle a du toucher, j'ai vaguement entendu un couinement, mais c'est trop loin pour voir le résultat. Pas facile d'y voir clair, ballotté sur une mule, ce stupide écuyer n'a pas attendu que je descende, il est déjà en train de se carapater.
En revanche, la réplique de la bête ne s'est pas fait attendre, deux énormes tentacules jaillissent de son dos et frappent Lexie, elle a l'air salement touchée. Ils sont une sacrée allonge, il va falloir faire gaffe. Ensuite tout s'enchaine très vite, les deux autres sont sur nous. Notre ranger réussit à s'extirper de la mêlée et se met à décocher ses flèches.
Un tentacule m'est passé au raz de la tête, la violence du coup m’ébouriffe, moi qui ai pris un peu de temps à m'apprêter ce matin. Je réussi à passer entre les pattes de l’une de ces horreurs, elles sont maousses, plus grandes que moi, un bon pied de plus au garrot. Tout en glissant, sautant, j'arrive à me cacher dans un buisson, tirant mes flèches au jugé.
Je vois enfin toute l'horreur de la situation, mes compagnons se battent comme de beaux diables mais on est en train de dérouiller. Je ne sais pas si c'est la pluie ou le rhume, mais ces bêtes semblent brouillées, comme floues, même mes compagnons ont du mal à les toucher. En plus, elles sont vraiment intelligentes, elles ont repéré nos points fort et nos faiblesses. Lexie a un genou à terre et elles se sont acharnées sur Solairik, notre guérisseur, il est inconscient.
Valdimir, fait ce qu'il peut pour le protéger, mais j'entends, comme des gongs, les coups de boutoir qu’elles font pleuvoir sur son bouclier et son armure. Frikilaz, aux prises avec une de ces bêtes, a dû laisser tomber son arc, il est maintenant au corps à corps.
Une ombre me surplombe, le chat a délaissé Valdimir et s'est retourné contre moi. Je vais mourir, mais j'aurais au moins eu la satisfaction de l'énerver en lui collant une flèche dans l’arrière-train. J'ai pris une telle gifle d'un de ces tentacules que j'ai cru que ma tête allait se décoller, puis plus rien.
Je sens une grande bouffée d'air frais dans les poumons, j'ai mal partout, je ne sais plus vraiment où je suis. Solairik, je t'en dois encore une, ma dette va être difficile à payer ! Le fracas de la bataille me remet très vite dans le contexte, Frikilaz vient de tomber.
L’un des chats a l'air mort, Lexie a dû finir par faire son œuvre. Difficilement, d’un effort de concentration, je projette une pierre vers le chat qui me semble le plus net, il couine, je crois qu'il en a enfin pris pour son grade. Le dernier en lice semble encore vaillant, on se jette tous dessus, c'est la curée. La peur, la frustration, la douleur se lit dans nos coups, il ne s'en tirera pas ! Je me ferais un collier de griffes, comme Rahan, un barbare célèbre.
Bien amochés, mais soudés par cette effrayante rencontre, nous avons décidé de rentrer au camp Marcil nous refaire. Ces bestioles, je ne sais plus où j'ai lu ou entendu ça, c'est peut-être une rumeur, seraient des armes forgées à la cour d'Unseelie. Des monstres capturés et entraînés à la guerre et à la solde des Faes, on l'a échappé de peu.
Sur le retour, on repère une troupe de gobelins, pas si loin. On fait profil bas. On marque l'emplacement et on rentre. Le lendemain, requinqués, mais prudents sous le couvert de la neige et dans le froid, on retourne au nord pour essayer de retrouver et de suivre les traces des gobelins aperçus la veille. Sur la route, on tombe sur une zone qui semble être le lair d'une ou plusieurs grosses créatures. Certains évoquent des hibours, certains en auraient déjà croisé dans le coin. On contourne la zone, je n'ai jamais vu d'hibours, mais mes compagnons considérent qu’il est bien trop dangereux de s'en approcher. Finalement après une journée de progression dans la neige, on finit par poser le camp. La météo tourne au blizzard, la nuit va être difficile.
Un cri dans la nuit ! Réveil en sursaut, je sens le vent d'une masse me passer au-dessus de la tête. Solairik, à mes côtés, en a déjà pris pour son grade, il est inconscient. J'entends des cris, des grognements gutturaux. Des armes s'entrechoquent. Je ne vois rien. Soudain la tente est piétinée, une énorme créature se dresse devant moi, une vision d'horreur ! je vais faire des cauchemars pendant des mois. Je n'ai même pas le temps de dire ouf, que je me prends un coup qui m'envoie voler hors de la tente. J'en profite pour me carapater, mais il me poursuit. Un nouveau coup, je suis étendu pour le compte !
Un souffle de vie me réanime, je sens que Solairik est encore là. Ma dette envers lui ne fait que s'allonger. Deux fois en deux jours, vive les drakes ! Je ne bouge pas, je sens le monstre au-dessus de moi. Je fais le mort, technique apprise dans un bouquin sur des animaux exotiques assez curieux. Il part, je me faufile discrètement dans un buisson, jette un œil sur la situation. Mes compagnons sont en mauvaise posture mais vivants.
De mon arc, j'ajuste celui qui semble s'acharner sur Lexie, si je le touche, elle aura les mains libres pour finir le dernier. Frikilaz, avec sa fluidité habituelle, cloue sur un arbre celui qui tentait de s'enfuir. Lexie, par un réflexe à peine humain, ne permet pas à ce dernier de demander merci.
Nous sommes vivants, mais nous avons encore eu chaud. On se soigne, on dort. Malgré la petite nuit, nous ne sommes pas en si mauvaise forme au matin. On fait les poches des goblours, drôle de nom pour des créatures aussi repoussantes. Nos soupçons sont confirmés lorsque l'on découvre l'emblème du Poing de Sang sur eux. La puissance de Ta'arsh continue à grandir.
Malgré le blizzard et le froid, nous décidons de continuer vers le nord, le camp de Ta'arsh n'est probablement pas loin. On fait une reconnaissance, on marque l'emplacement et on rentre. Le froid s'insinue dans nos vêtements, je ne me sens pas très bien.
Une bourrasque, soudainement, nous découvre une forme gigantesque non loin de nous, elle semble se diriger vers l'ouest sans nous avoir repéré. Grande forme sombre, portant ce qui pourrait être une hache. Nous n'avons pourtant pas réussi à être particulièrement discret, moi éternuant et Solairik cliquetant avec son armure mal graissée. La curiosité me titille, je n'ai jamais su résister à un mystère. Je veux savoir ce que c'est. Après un bref conciliabule, nous décidons, frikilaz et moi, de nous glisser derrière la créature, comptant sur le blizzard et notre discrétion naturelle pour passer inaperçus. Nos compagnons ne semblent pas très chauds, il est vrai que les derniers jours ont été durs. J'ai oublié ma fatigue, je veux savoir, je pousse un peu !
Furtivement, on s'approche, le froid est perçant. L'excitation du danger me permet de rester concentré. Un léger craquement, god damn it ! La créature nous voit, elle se retourne vers nous, une couleur mauve, démoniaque. Nous ne la distinguons pas réellement. Foutredieu ! elle vole ! je tente de plonger dans le bosquet ! Je veux me cacher sous une congère, je me rate lamentablement et je prends mes jambes à mon cou, essayant de tenir le rythme avec Frikilaz. Nous revenons vers le groupe, "courez ! courez ! fuyez !.je suis hors d'haleine, ils ne m’ont probablement pas entendu. Elle est énorme, j'ai l'impression que sa bouche pourrait m'engloutir. Une hache qui pourrait trancher un arbre d'un seul coup.
Elle nous rattrape, nous sommes acculés. Vlad, le courage chevillé au corps, s'avance et engage la conversation avec le démon. Démon, nous en sommes sûr maintenant, on n'aurait pas plus mal tombé. Elle veut nos âmes, elle veut que l'on devienne ses serviteurs. On a tout essayé pour négocier, lui refiler les orcs, des informations, lui ramener une tête plus grosse que la nôtre. Rien n'y a fait.
Non, Ganglery nous veut, rien d'autre le satisfera. Le groupe redresse la tête ! non ! Nous ne pouvons laisser ça arriver ! Nous engageons le combat. Solairik, fait le premier mouvement, il ne peut supporter l'idée. Frikilaz, toujours aussi précis, le touche. Je lance une flèche dans le vent, je ne me suis jamais senti aussi impuissant. Lexie semble désespérée, paniquée, mais y va de toutes ses forces ! Vladimir aussi arrive à l'atteindre. Autant se battre contre un mur, a part soulever de la poussière on n'arrive pas à l'entamer. Une vague de froid m'envahit, je vois Frikilaz tomber et puis, plus rien...
Je me réveille, le nez dans la neige. Le froid est partout. J'avise mes compagnons, enfin ceux qui reste, Valdimir et Lexie ont disparu. On ne sait pas ce qui nous a sauvé, probablement que le démon nous a cru morts, ou qu’il est parti en chasse après Vlad et Lexie ? Ont-ils réussi ? On a retrouvé des traces, vers l'ouest et vers le sud. Brisés et le cœur lourd, nous prenons la direction du sud vers le camp Marcil. Nous allons prévenir les gardes et tenter de monter une expédition de secours.
Sur la route, je cogite. Je maudis ma témérité et ma curiosité ! Mais aurais-je pu agir autrement ? Nous étions là pour explorer, ramener à la Nouvelle-Audarque des informations pertinentes. Je devais savoir ce qui se cachait dans le blizzard, qualifier la menace pour que l'on sache ce que les orcs peuvent manigancer. Comment se douter que nous allions tomber sur un démon ? Nous aurions pu échapper à n’importe quelle autre créature, j’en suis sûr ! Les brumes n'étaient même pas levées ! Nous étions venus pour espionner les orcs, mission relativement simple. On a tout vu sauf des orcs, on a failli mourir trois fois. Nous rentrons au camp Marcil en ayant perdu deux compagnons.
A notre arrivée, nous retrouvons Lexie, elle a l'air complètement perdue, elle n'est plus elle-même, dure et solide. Mais elle est vivante, c'est tout ce qui compte ! Ses larmes me crèvent le cœur et alimentent ma rage ! je frappe sur le premier truc qui me tombe sous la main. Vlad n'est pas là. En voyant Lexie, j'ai espéré que lui aussi s'en serait sorti. On aurait dû chercher plus longtemps, suivre les traces à l'Ouest, peut-être n'était-il pas loin ! Agonisant dans la neige. Nous étions épuisés et blessés, nous ne serions pas allés loin. Une troupe de garde a été dépêchée sur nos traces, elle a suivi mon plan. elle n'a rien trouvé.