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Wed 20th Mar 2024 09:51

Rapport de Mission - Le Fort Drak du Désert de Cendres

by Marius Marenfeld

Les éclaireurs étaient unanimes : les Draks du Désert de Cendres sont en train de monter une base de laquelle ils pourront lancer de multiples assauts sur la côte ouest de la Nouvelle-Sarnale. Si on les laisse faire, les villes comme Rableau, mais aussi tous les navires qui transitent dans le secteur seront susceptibles à la piraterie.
 
Mon père m'a donné le mandat de monter un contingent capable de traverser la mer et de détruire tout atout Drakéide qui pourrait mener à l'établissement d'une base dans le secteur. En l'espace de quelque jours, j'avais assemblé une équipe qui comportait trois guerrier, une Rinn et une quinzaine de miliciens. Et j'ai même réussi à convaincre Maître Vincent à venir avec nous, question d'avoir un ensorcelleur capable de grands artifices magiques!
 
Nous avons quitté Rableau le 23 décembre, à bord de nos navires pour traverser la mer vers le Désert de Cendres. Avec des vents favorables, les vigies ont aperçu les Terres, mais profitant d'une magie pour obscurcir leurs bateaux, une flotte de drakéides nous a embusqués. Quelques instants après le contact, le Vilbrequin de Fer avait été grandement atteint et son sort était celé, il serait sous les eaux quelques minutes plus tard.
 
Mais notre compagnie n'avait pas dit son dernier mot. Les uns après l'autres, les drakkars ennemis s'en allaient rejoindre le Vilebrequin! Je tiens à souligner le courage de l'équipage du Hauban. Après s'être battus fièrement, il était clair que leur navire allait sombrer. Ils auraient pu viser la plage et sauver leur peau, mais à la place, ils ont manœuvré leur navire de façon à éperonner pas un, pas deux, mais trois navires ennemis. La plupart de l'équipage n'a pas réussi à rejoindre la rive à la nage. Que les Huit guident leur passage sur la Grande Mer.
 
Quant à mon navire, la Varangue, après avoir repoussé plusieurs assauts, nos voiles étaient en feu et il n'était plus possible de contrôler le navire. Nous nous sommes échoués sur la plage où nous avons fini l'affrontement. Voyant l'étendue des dégâts, j'ai demandé à la compagnie de regrouper le plus de vivres et de provisions avant quelles ne soient dispersées par la mer. À ce moment, j'ai réalisé qu'il ne serait pas facile de revenir à la maison. Sans bateau, il faudrait marcher dans le désert de cendres jusqu'à Cendrebois. J'ai donc décidé qu'il fallait régler l'enjeu de la forteresse Drak le plus rapidement possible.
 
À peine débarqués, on s'est mis en route pour le Fort qui était non loin. Je crois qu'ils avaient dégarnis leurs défenses pour remplir leurs bateaux une stratégie qui n'aura pas été payante pour eux. Ce ne fut pas une bataille facile pour autant, nous avons perdu plusieurs bons combattants pendant l'assaut... Je dirais même: les meilleurs... Nous avons fait une sépulture pour nos héros tombés avant de regagner la plage.
 
À l'aube le lendemain, le groupe pris la marche vers le sud afin d'essayer de rejoindre le passage de Cendrebois. Après quelques heures de marche, un éclaireur nous a indiqué qu'un contingent fortement armé de Draks marchait en direction nord sur la plage. Avec des forces fraîches, ça aurait été une rencontre avec peu de chances de survie, là la compagnie était fatigué, blessée et en nombre réduit. Il fallait éviter la confrontation. Notre groupe pris la décision de nous enfoncer dans le désert à l'ouest avec l'espoir de reprendre la direction sud, puis de rejoindre le rivage le lendemain.
 
Malheureusement, c'est là que notre chance a tourné.
 
Une tempête de cendres s'est levée. Pendant plusieurs jours. Lorsque la cendre est tombée, c'était difficile de respirer et tout le paysage avait changé. Tous nos repères n'existaient plus. Nous avons tenté de nous orienter... Mais quand les jours sont devenus des semaines, et que les blessés de nos confrontations moururent... chaque tentative de retrouver notre chemin était accompagnée de pessimisme.
 
Après, c'était une succession de campements, de tenter de résister aux éléments, et repartir en tentant de retrouver notre chemin. Ça devenait difficile de compter les jours. Je sais qu'il s'est passé plusieurs semaines. Notre Rinn avait utilisé toute sa puissance divine pour créer de la nourriture et de l'eau, ces jours là étaient bénis. Car lorsque la faim et la soif vous tiennent, c'est difficile de mettre un pied devant l'autre pour continuer d'avancer. Je me souviens que nous avons eu la chance de tomber sur les restes d'un groupe d'aventuriers malchanceux. Ils étaient fraîchement mort, tués par un monstre ou quelque chose de plus terrifiant encore. Mais pour nous, ce fût une main salvatrice, ils avaient des provisions qui nous ont permis de tenir quelques jours de plus.
 
Puis arriva le jour où il ne restait plus que Maître Vincent et moi. Nous étions épuisés, mais l'ensorcelleur me disait que je ne devais pas abandonner, que mon destin n'était pas encore accompli. Quelques jours plus tard, j'étais le dernier. Alors je plaçais Maître Vincent dans son dernier repos, j'ai trouvé une gourde pleine dans son sac et une note. Il disait : "Tu n'as pas le droit d'abandonner! Tel que promis, je vais t'aider jusqu'au bout. Prends ma gourde, elle contient ma ration de la dernière semaine. Elle est pour toi, pour que tu puisses vivre!"
 
Quelques jours plus tard, alors que je continuais mon chemin, j'ai senti la force m'abandonner. J'étais sur le point de mourir, les hallucinations commençaient... Je voyais une légère fumée qui s'élevait au-dessus d'un village à l'horizon.
 
Je me suis réveillé dans un lit douillet. Le son des cendres dans le vent avait été remplacé par des bruits de cuisine. Mais même si j'étais heureux d'avoir quitté le désert, je n'avais pas la force de me lever, ni même d'ouvrir la bouche. Quelques jours plus tard, mon hôte m'a dit que j'étais à Cendrebois, qu'un groupe qui s'apprêtait à entrer dans le désert avait trouvé mon corps inanimé à peine après avoir quitté Cendrebois. Il m'aura fallu près de quatre semaines pour reprendre assez de forces pour tenir debout et envisager retourner à Rableau.
 
Et voilà que le 22 mars, presque trois mois après avoir quitté Rableau, j'étais de retour. Mais je ne pouvais pas me douter à quel point les choses auraient changé. Mais la mission elle-même avait été complétée.
 
-Marius Marenfeld
 
Rapport remis à la Seigneure de Rableau, Dame Elianne Marenfeld