LE CÉLESTE DES BRUMES - La Mission des Grandes Prêtresses -

LA MISSION
 
Moonie et Imana, furent transportées vers un lieu sinistre et confiné - une geôle obscure.
 
"Encore un rêve, ou plutôt une vision ? Nous sommes encore dans une prison ? Mais elle semble différente de celle de la dernière vision" s'interrogea Moonie, son regard balayant les murs froids de la geôle.
 
"Ce n’est pas la même prison," confirma Imana d'un ton grave.
 
Deux gardes, l'air sévère et les armes prêtes, arpentaient les couloirs étroits, leur présence menaçante rappelant aux captives qu'elles étaient piégées dans cette forteresse de désespoir. Soudain, un homme distingué pénétra dans la prison, accompagné d'un vieillard au visage ridé par les épreuves du temps.
 
"Monsieur le Marquis," saluèrent respectueusement les deux gardes, leurs voix résonnant dans l'air étouffant de la cellule.
 
"Le Marquis d’Alpenglory !" s'exclama Moonie, reconnaissant l'homme qui se tenait devant eux. Mais il était plus jeune que dans sa dernière vision. Il avait au moins dix ans de moins.
 
"Voilà notre cher Marquis qui revient. Il semble toujours aussi satisfait de la qualité de nos produits," annonça le vieil homme d'un ton sournois, ses yeux pétillant d'une lueur malsaine tandis qu'il accueillait le noble visiteur.
 
"J'ai besoin d'une jeune femme, d'une vingtaine d'années, dotée d'une poitrine généreuse. Une brune aux yeux marrons, d'une taille moyenne et d'une silhouette fine. Disposez-vous de telle marchandise dans vos stocks ?" interrogea le marquis, son regard scrutant le vieil homme avec insistance.
 
"Vos exigences sont claires et précises. Nous avons justement une femme répondant parfaitement à votre description. Il s'agit d'une prêtresse de Sumie, elles sont réputées pour leur qualité supérieure," répondit le vieil homme d'un ton presque enthousiaste.
 
"Puis-je inspecter la marchandise avant de conclure l'affaire ?" demanda le marquis, son regard se tournant vers la cellule, où une silhouette tremblante se tenait recroquevillée dans l'ombre.
 
"Naturellement. Suivez-moi," déclara le vieil homme en ouvrant la porte de la cellule. À l'intérieur, une jeune femme se tenait là, repliée sur elle-même, les yeux emplis de terreur.
"Relevez-vous et déshabillez-vous ! Le marquis veut s'assurer de votre qualité !" aboya le vieil homme, sa voix résonnant dans la cellule.
 
"Cela ne sera pas nécessaire. C’est celle qui me faut," intervint le marquis d'un ton glacial. "Merci, cher monsieur." D'un geste brusque, le marquis plongea son épée dans le ventre du vieil homme, étouffant dans l'œuf le moindre cri qui aurait pu s'échapper de ses lèvres.
 
La jeune prêtresse de Sumie se dressa soudainement, brandissant une arme improvisée taillée dans un des barreaux de la cellule.
 
"N'avancez pas ! Je suis armée !" s'écria-t-elle d'une voix tremblante.
 
"Lâchez cette arme, Caspia !" ordonna le marquis, alors qu'il avançait, une longue épée fermement serrée dans sa main.
 
"Comment connaissez-vous mon nom ?! N'approchez pas !" protesta Caspia, sa voix empreinte d'une angoisse palpable. D'un geste brusque, elle retourna l'arme, pointant sa propre jugulaire. "Je n’accepterai plus d'être traitée ainsi, je préfère mourir," déclara-t-elle avec fermeté.
 
Soudain, le marquis se métamorphosa, révélant sa véritable identité.
 
"C'est moi, Makrita ! Je suis ici pour te libérer !" annonça Makrita. "J'ai été envoyée par Shameera."
 
"Que Sumie soit louée ! Merci, ma déesse," murmura Caspia, accueillant Makrita dans ses bras avec gratitude. "Merci, merci, Makrita !"
 
"Shameera a rassemblé une armée de prêtresses pour libérer nos sœurs captives. La plupart d'entre elles ont déjà été sauvées, et nous avons même repris possession du temple de Sumie," expliqua Makrita. "Aujourd'hui, notre armée est encore petite, mais elle grandira progressivement. Notre déesse nous l'a promis, elle nous a promi la vengeance."
 
"La vengeance ? Vous ignorez ce dont ces gens sont capables. Ce sont des personnalités puissantes et influentes. Nous ne sommes que des prêtresses de Sumie, pas des guerrières. C'est un suicide de les affronter. Il vaut mieux partir, s'éloigner, les fuir," objecta Caspia avec inquiétude.
 
"Hors de question ! Ils paieront ! Tous autant qu'ils sont !" répliqua Makrita, sa voix empreinte de fureur. "Notre plan de vengeance est déjà en marche. Nous formons chacune de nos prêtresses en soldat, puis nous les entraînerons dans l'art de la séduction. Nous leur donnerons des apparences voluptueuses et attirantes. Ils nous voient comme des objets, des jouets sexuels ? Très bien. Nous leur offrirons ce qu'ils désirent, des femmes séduisantes aux courbes envoûtantes. Elles les séduiront, se faisant passer pour des courtisanes, des concubines, des prostituées aux yeux de tous. Et quand le moment sera venu, nous les tuerons tous !!! Voilà notre Mission !" conclut Makrita avec un sourire sinistre.
 
"Alors, êtes-vous prête à vous joindre à notre Mission, ou préférez-vous rester ici, enchaînée dans cette prison ?" interrogea-t-elle.
 
"Je suis prête à tout pour qu'ils paient, si vous m’en donnez les moyens. C’est juste que cette Mission me semble incroyablement risquée. Que se passera-t-il si nos plans sont découverts ou si quelqu'un tente de nous arrêter ?" interrogea Caspia, sa voix empreinte d'inquiétude.
 
"Tout individu s'opposant à la Mission sera tué. Personne ne nous arrêtera, nous aurons les têtes de ces esclavagistes ainsi que celles de leurs complices ! Ne sous-estimez pas le pouvoir de la déesse, Caspia !" rétorqua Makrita avec une fermeté sans équivoque.
 
"Des complices ? Ces individus ont-ils des complices ? Vous avez des noms ?" demanda Caspia.
 
"Tous les dirigeants de Heeratat sont complices de cette atrocité. Les responsables de ce trafic sont des figures nobles et influentes. Le roi Mahaan Prakash est coupable car il a permis que cela se produise. Il a toléré les inégalités sociales, les divisions de caste et de race; il est responsable,lui comme tous les dirigeants qui ont fermé les yeux sur ces injustices. Il est temps de faire tomber certaines têtes," déclara Makrita.
 
"Le roi ? Vous envisagez de vous attaquer au roi et à ses alliés ? Mais Makrita, c'est de la folie !!! Je suis prête à vous suivre dans votre quête de vengeance, mais mener une guerre contre le roi nous mènera tout droit vers la mort !!!" s'exclama Caspia, l'angoisse se lisant sur son visage.
 
"Ahaha ! Caspia, je sais que mes paroles semblent insensées, mais d'ici une semaine, le Roi de Neelam sera assassiné. Notre déesse nous l'a assuré. Nous avons le plus puissant des seigneurs à nos côtés, celui qu’on nomme le Seigneur Noir ! D'ici dix ans, il régnera sur Heeratat et nous obtiendrons enfin notre vengeance contre le roi, ses alliés et tous ceux qui nous ont fait du mal," déclara Makrita avec un sourire confiant. "Maintenant Caspia, quittons cette prison avant que quelqu'un ne vienne,"
 
"Attendez, Makrita, vous ne vous retransformez pas à nouveau en marquis d'Alpenglory ?" demanda Caspia.
 
"Ce ne sera pas nécessaire, je ne laisserai aucun témoin," déclara Makrita avec un sourire.
 
Les deux femmes quittèrent la cellule et trouvèrent les deux gardes surpris.
 
"Qui êtes-vous ? Que faites-vous ici ? Où sont le marquis et monsieur Henrick ?" demanda l'un des gardes.
 
"Tuez-le," ordonna Makrita d'une voix impérieuse, lançant un sort de Domination de Personne. Aussitôt, le garde trancha la gorge de son compagnon. "Et maintenant, tranchez-vous la gorge." Le garde se trancha la gorge et tomba raide mort.
 
Les Grandes Prêtresses Keeka et Roomaba entrèrent dans la prison, l’air amusé. Elles tenaient dans leurs mains les têtes d’hommes décapités.
 
"Nous les avons tous éliminés," annonça Roomaba avec satisfaction.
 
"C'était d'une facilité déconcertante. Ils étaient hypnotisés par nos corps divins. Je n'ai même pas eu besoin de me déshabiller cette fois-ci pour les éliminer. Les hommes sont vraiment pathétiques ! Ils perdent tous leurs moyens dès qu'ils voient des femmes séduisantes aux poitrines généreuses," se moqua Keeka.
 
"Bravo, mes chères ! Les hommes sont effectivement pitoyables, c'est pourquoi notre déesse nous a chargées de les dominer," renchérit Makrita. "Une nouvelle ère se profile, Caspia, et je suis ravie que vous vous joignez à nous dans cette quête. Patience, mes sœurs, le moment venu, le seigneur noir et notre merveilleuse déesse nous permettront d'accomplir notre Mission," ajouta-t-elle en riant. Puis, elle jeta un sort d'invisibilité sur elle et ses amies avant de quitter la geôle.
 
Moonie se réveilla en sueur de son cauchemar. Il faisait encore nuit, et elle se trouvait dans une tente. Soudain, les souvenirs lui revinrent en mémoire. Elle et ses amis étaient en route vers le village de Jalel.
 
DE RETOUR AU VILLAGE
 
Les héros pénétrèrent dans le village escortant les cent chèvres, et furent accueillis chaleureusement par Arin et Jalel.
 
"Ah, vous voilà de retour ! Regardez qui est arrivé il y a à peine dix minutes," s'exclama Arin.
 
"J'ai été aussi rapide que possible," répondit Kay, le voleur.
 
"Kay !" s'écrièrent les héros, ravis de retrouver leur ami.
 
"Tu as traversé les plaines de l'Ouest tout seul ?" interrogea Moonie.
 
"Non, j'ai pris un petit raccourci en arrivant par bateau à bord du Vif Argent," révéla Kay.
 
"Par bateau ? Et qu'as-tu fait de l'Orbe ?" questionna Moonie.
 
"Je l'ai toujours sur moi," répondit Kay en esquissant un sourire et en exhibant l'orbe devant ses amis.
 
 
Moonie ressentit un changement chez Kay, bien qu'elle ne puisse mettre le doigt sur ce qui avait exactement changé.
 
"Qui est cet homme avec vous ?" demanda Arin. "Un nouvel allié ?" ajouta-t-il en désignant Mars du doigt.
 
"C'est Mars !!!" s'exclama Kethot. "Nous lui avons donné l'une des graines d'opposition que Moonie a obtenue de Jalel pour le sauver."
 
"Vous lui avez donné la graine ?? Vous avez gaspillé une précieuse graine pour ce gringalet ? Vous venez de condamner tous ces villageois !!! Les trois graines étaient nécessaires pour mettre fin à la malédiction qui frappe ce village !!" réprimanda Arin.
 
"Immondités !! Immondités !!" murmura Bran.
 
Kethot et Moonie échangèrent des regards remplis de honte.
 
"Kesaman, j'ai cette missive pour vous. Elle vous a été adressée par le Conseiller Suprême," annonça Arin, tendant la missive à Samay qui se mit à la lire.
 
"Il a écrit à Samay ? Et non à moi ..." pensa Moonie, les larmes aux yeux.
 
"Les nouvelles ne sont pas bonnes," dit Samay. "La situation est catastrophique à Sombrefeuille. Le Conseiller Suprême a levé une armée et se dirige actuellement vers le nord pour leur prêter main forte mais il semble dire que ce serait le Combat Final, il n’est pas certain de revenir vivant de ce combat..."
 
"Le Combat Final !!!" pensa Moonie, son cœur se serrant d'inquiétude pour son bien-aimé Khadlin.
 
"Les Elfes Noirs ont honoré leur promesse et sont retournés aux Mines protégées par les Gobelins, mais ils n’ont trouvé aucune écaille de naga. Il semblerait qu’elles aient été détruites avant leur arrivée ..." reprit Samay. "Et Moonie, il y a un message pour toi." dit-il, en lui tendant la lettre.
 
“Je pars vers ce qui semble être le Combat Final, mais j’aurai aimé revoir la prêtresse avant de partir.." Le cœur de Moonie s’emballa à la lecture du message. Khadlin semblait donc vouloir la revoir, mais le ton du message n'augurait rien de bon. La vérité la rattrapa: le Conseiller Suprême partait probablement rejoindre la mort, et cette pensée la terrifiait. L’homme qu’elle aimait était déjà parti à la Guerre, et la seule chose qu’elle pouvait faire, c’était prier, prier sa Déesse pour que rien ne lui arrive. Alors que son esprit se perdait dans un nuage d’inquiétude, Samay parlait à Jalel.
 
“Jalel dit que le Céleste des Brumes peut nous aider à regagner Sombrefeuille très rapidement,” dit Samay.
 
“Ce Céleste aurait le pouvoir de Téléportation de Masse ? Ça nous permettrait d’aider le Conseiller Suprême à la Bataille de Sombrefeuille,” ajouta Bran.
 
“Sombrefeuille ?” pensa Moonie. “Ils pourraient rejoindre son bien-aimé Khadlin ?”
 
“Le Céleste des Brumes ? Je croyais que c’était un mythe, ça fait des années que l’on n’en a pas entendu parler,” dit Arin.
 
“Jalel dit qu’il serait retenu dans la forteresse de Gorsaf Mynydd,” expliqua Samay.
 
“J’en ai déjà entendu parler, il s’agit d’une forteresse de nains,” ajouta Pangur Ban.
 
“Jalel est prêt à nous aider. Pour nous remercier d’avoir fait fuir le Mage Serpent. Il peut nous conduire vers la forteresse, et peut nous prêter des hommes,” poursuivit Samay.
 
“Et que fait-on des villageois affamés et assoiffés ?” demanda Moonie.
 
"Anannakum ya ahl alqaryah, yajib an nad'uka ila mustahilan aminan 'awwalan," demanda Samay à Jalel.
 
"Alnisaa, alatfal wa alghanam sayathabun ila almadinah aljiranah wahid 'inda 'ana saa'idunna bimia mujahid," répondit Jalel.
 
“Yumkinuk alhadira, lakin anta mohim kama nahnu, lanukhtariq arwahakum,” dit Samay à Jalel.
 
“Les femmes, les enfants et les chèvres iront dans un village voisin ami tandis que les trois cent hommes, les guerriers du village nous prêteront main forte. Mais je leur ai promis protection, leurs hommes ne sont pas de la chair à canon. Leur vie est importante à mes yeux tout comme celle de chaque habitant du royaume,” expliqua Samay.
 
“Le futur roi apportera la paix sur Heeratat non par l’épée mais grâce à son humanité et sa bonté. La prophétie est en train de se réaliser,” dit Imana à Moonie.
 
“La prophétie ?” pensa Moonie.
 
“Et où se situe cette forteresse de nains ?” interrompit Kay.
 
"Aqul li 'an hadha qasr albodlaan," dit Samay.
 
"Tatwajjah fi sad alhajar fi wasat alsahra, wa hiya maskuna bi Duergar, al'aghnas al'aswad wa almu'ayyan. Xorlock huwa sayyid hadhih alqal'ah. Hunak tariq ma'roof li altujjar, dakhil mukhtalif min almadkhal alra'siyy yat. Talib min 'an yamur bi 'anfiq' saghir," dit Jalel.
 
“Elle est située dans un pic rocheux situé en plein désert, et est habitée par des Duergars, des nains gris et renferme un trésor, me dit Jalel. Xorlock, le marchand des sables, est maître de cette citadelle,” informa Samay.
 
“Xorlock ? C’est aussi un nain ?” demanda Moonie.
 
“Xorlock n’est pas un nain, c’est un marchand spécial … il faut d’ailleurs que vous évitiez de le fixer dans les yeux,” expliqua Arin.
 
“L’entrée vers la citadelle est fortement gardée par les nains, m'a dit Jalel. Ca pourrait être dangereux de passer par là avec trois cent guerriers en armes. Ca pourrait passer pour une agression,” dit Samay.
 
“Peut-on accéder à la citadelle via une entrée secrète ?” demanda Bran.
 
“Il existe un chemin connu par les marchands, une entrée différente de l’entrée principale qui nécessite de passer par une petit passage dissimulé dans la roche. “ dit Samay.
 
Après quelques secondes de réflexion, il reprit “ On pourrait se faire passer pour des marchands et emprunter cette entrée, qu’en pensez-vous les amis ?” demanda Samay. Ils acquiescèrent tous.
 
“Par contre, on ne pourra venir à trois cent personnes. Il est préférable que les guerriers de Jalel restent au village.” dit Bran.
 
“Je resterai au village pour continuer ma mission diplomatique “ dit Arin. “ Je ne peux pas me permettre de rencontrer Xorlock. Et je dois aussi continuer ma mission même si cela s’avère difficile de négocier avec les humains. En plus de sentir mauvais, ils sont têtus et difficiles. Ca me rappelle Neverview..”
 
“ Et voilà qu’il recommence,” pensa Moonie en levant les yeux au ciel.
 
“ … Neverview, cette ville puante qui..,” reprit Arin. Samay se précipita vers lui et l’embrassa sur la bouche. “Tu parles beaucoup trop, Arin,” lui dit-il en souriant.
 
Kethot et Moonie échangèrent des regards suspicieux. Aucun mot n’était nécessaire, ils s’étaient compris. Arin cachait quelque chose, il évitait à chaque fois de les accompagner dans leur mission.
 
“Chacun peut mettre ses habits les plus élégants pour se faire passer pour des riches marchands. Pour ma part, je mettrai ma belle robe rouge et mes talons hauts. Et avec mes sorts d’illusions je pourrai embellir nos tenues,” dit Moonie.
 
“Des sorts d’illusions ?” demanda Bran, suspicieux. “
 
“Je n’ai pas de belles tenues chics,” dit Pangur Bran.
 
“Moi, non plus, et Kay non plus.” dit Kethot.
 
“Très bien, vous pourrez rester derrière Samay, Bran et moi et vous faire passer pour les écuyers. Pan Pan, peux-tu garder mon armure de plates et mon bouclier ?” demanda Moonie.
 
“Oui, bien sûr, Moonie. Cewngu les gardera.”
 
Suivant leur plan, après une journée éreintante de marche dans le désert, les héros arrivèrent au village allié où ils déposèrent les femmes, enfants et chèvres. Puis ils se préparèrent à quitter le village pour rejoindre la Forteresse.
 
“Kethot ? Tu t’en vas ?” c’était la voix de Mars.
 
“Pourquoi tu fais ça, pourquoi tu continues à les suivre ? On ne doit rien à Samay, on devrait plutôt rentrer, Kethot.”
 
“Je ne peux pas, je les suis parce que notre monde est en danger. Mars, si l’armée des Ombres gagne la guerre de Sombrefeuille et détruit le dernier espoir d’Heeratat, ils viendront sur Olympe et détruiront notre foyer,” dit Kethot. “Ce n’est pas la mission de Samay, cette mission nous concerne tous. Mais je ne t’oblige à rien, si tu ne veux pas risquer ta vie, tu peux rentrer à Olympe.”
 
“Je comprends … mais ma place est ici avec toi !” dit Mars.
 
“Et moi, ma place est auprès de Jalel,” ajouta Pangur Ban.
 
“Mars, pour cette mission, tu devrais peut-être rester ici au village,” dit Kethot.
 
“Allons-y, les amis,” dit Kay.
 
“Moonie ?!” dit Samay. “Je dois te dire quelque chose. Voilà le message que m’avait envoyé ma sœur, elle y écrit : Il faut arrêter Sumie. Au début, j’ai été perturbé par son message, mais suite à ta révélation, je comprends mieux. Shar se faisait passer pour Sumie, et toi, tu n’as rien à voir avec ces grandes prêtresses,” dit Samay.
 
Moonie se retrouva sans voix face à la révélation de Samay. Le prince a-t-il douté d’elle ? Quoi qu’il en soit, aujourd’hui, ce n’était plus le cas. Mais Amelyss et ses amis devaient penser qu’elle était une prêtresse maléfique. Moonie prit rapidement un morceau de papier et une plume et écrivit une lettre.
 
“Arin, pouvez-vous remettre cette lettre à Lucens ?” demanda Moonie.
 
“Oui, bien entendu,” dit Arin.
 
XORLOCK LE MARCHAND
 
Les héros s'installèrent pour la nuit dans le désert, dressant des tentes de fortune. Samay et Arin regagnèrent la leur, tandis que Kethot et Mars se retirèrent dans une autre, et Pangur Ban invita un guerrier à partager sa tente. En voyant ces couples heureux, Moonie pensa au Conseiller Suprême. Utilisant un sort d'illusion, elle recréa l'image parfaite de Khadlin, qu'elle contempla en versant des larmes.
 
“Tu te fais du mal, Mahasa,” dit Imana.
 
“Je voudrais simplement lui parler,” dit Moonie.
 
“Tu peux le faire, tu pourrais utiliser un sort de communication à distance,” suggéra Imana.
 
“Un sort de communication à distance,” répéta Moonie, se sentant stupide de ne pas y avoir pensé avant. “Oui, je vais faire ça,” décida-t-elle.
 
“Non, tu ne peux pas contacter Khadlin maintenant, s'il est sur le champ de bataille tu risques de le déranger et de le mettre en danger,” la mit en garde Imana.
 
“Tu as raison, Imana. Je ne peux pas risquer de le mettre en danger,” acquiesça Moonie avant d'aller se coucher.
 
Le lendemain, Jalel conduisit Samay, Bran, Moonie, Kay, Kethot, Pangur Ban, Cewngu et Louna devant la Citadelle. Les guerriers de Jalel restèrent au campement conformément au plan. Entourée d’un nuage de brouillard, la magnifique Citadelle se dressait sur un roc en plein milieu du désert, comme l'avait décrit Jalel. Ils contournèrent discrètement l'entrée principale, pour éviter d’attirer l'attention des gardes nains. Arrivés devant l'entrée secrète, ils découvrirent une porte dissimulée dans un renfoncement rocheux.
 
“Ce n'est pas ce à quoi je m'attendais, cela ressemble plus à une porte dérobée. Si nous entrons par là, cela semblera forcément suspect,” remarqua Bran.
 
“Jalel devrait rester ici avec Cewngu et Louna,” conseilla Pangur Ban.
 
Bran ouvrit lentement la porte, révélant un couloir dont le sol était recouvert de dalles noires et blanches, éclairé par des torches le long des murs. Bran, Samay et Moonie prirent la tête du cortège, élégamment habillés.
 
"Kyor'har ?!!!" s'exclama l'un des nains gris qui montait la garde.
 
"Jezzhar ulu-Samay Prakash," répondit le prince en faisant une révérence.
 
"Ust? Uluj? Hahahah? Ledin'fa uk tovvukk; weps mornar renk zesud ix egh mrofes. Wup uluj? Jakk mornar renk?" rit le Duergar.
 
“Miruk wesud ix ixor velk ik Xorlock. Imren ix renk wupsud ixor velk sulfaeh," répondit Samay.
 
Le duergar, visiblement non hostile, fit signe de les suivre.
 
“Il nous emmène voir Xorlock,” murmura Samay. Les héros suivirent le duergar vers une grande salle richement décorée, comme le reste de la forteresse. Le duergar les plaça sur un grand cercle tracé au sol de la pièce. De chaque côté de la salle se tenaient des duergars armés, et devant, sur un trône, se tenait un... un MONSTRE. La créature hideuse était une sphère flottant dans l'air, avec pour seuls organes externes une grande bouche pleine de dents, un grand œil juste au-dessus, et dix petits yeux montés sur des pédoncules, sur le sommet de la sphère. Moonie le trouva absolument répugnant.
 
“Yeen ixus tavyr en lurik mrofes, belix Xorlock," dit le Duergar en s'adressant au monstre.
 
“Xorlock ? Ce monstre serait Xorlock ??," pensa Moonie.
 
“Je pense, malheureusement, qu'il s'agit bien du marchand Xorlock," dit Imana.
 
"Jezzhar ulu-Samay Yeldul-Doen ul Heeratat. Imren ix mornar velk sulfaeh," dit Samay à Xorlock.
 
"Yeldul-Doen ul Heeratat? Zexaen zys Drohn ul algh-Mor'kaan. Zesud ix nys Yeldul-Doen. Yemuk ix renk imren ix mornar sulfaeh, zesud ix sor'mor wupsud ix sulfaeh?" dit Xorlock en planant autour des héros.
 
"Zesud ix renk?" demanda Samay. "Imren ix sylvik, moluk sylvik," répondit Xorlock.
 
“Il dit qu'il veut de l'or, beaucoup d'or,” traduisit Samay.
 
"Imren ix emsuk mor. Imren ix emsuk renk imrok d'dril-mrofes ix noln, xukol-mintus ix mrofes kya zelg. Imren ix emsuk sylvik ix mrofes renk," dit Samay.
 
"Algh-Mor'kaan zexaen murden emsuk imrok d'dril-mrofes ix noln, ix emsuk ix sulfaeh zesud ix sor'mor. Velsuk imren ix sylvik," répondit Xorlock, mais son ton était différent, on aurait dit qu’il commençait à s'impatienter.
 
"Imren ix emsuk sylvik etsol ky ix melarn ix mornar ix droi'xel xun algh-leaf-dro ahradt. Zesud ix vren uk ix voril nys ix melarn ix mornar ix droi'xel h'astrel zesud ix wesud ix renk," dit Samay.
 
Pangur Ban se mit alors à jouer du tympanon et à chanter pour apaiser le monstre, et le prince elfe en profita pour réciter une incantation, masquée par la musique du rôdeur.
“Ingénieux, il vient de lancer discrètement un sort de charme-monstre pour tenter de convaincre Xorlock de nous mener vers le Céleste,” expliqua Imana.
 
"Zesud ix ilzul if ix enu ix vren uk ix sralzul mozuu ix droi'xel h'astrel?" demanda Samay.
 
"Quinthar sylvik duum raemnus per lurik !!" répondit Xorlock, arborant un sourire démoniaque en montrant ses crocs.
 
“Il accepterait de nous prêter son céleste pour nous amener à Sombrefeuille mais il demande 500 pièces d’or par tête. Avec les guerriers des Terres Sauvages nous sommes plus de trois cent. Il nous faudrait au moins 150 000 pièces d’or !!!” dit Samay.
 
“Nous n’avons que 1600 pièces d’or,” dit Bran.
 
“Je vais tenter de négocier avec lui,” dit Samay.
 
Kethot et Moonie se regardèrent inquiets tandis que Pangur Ban continuait à chanter pour apaiser le monstre.
 
"Zinvaix, ixus bormil ix innus. Ixus emsuk nys ix sylvik ix enu kha togluk ixor ix mozuu duum ix hinund ro ix draak sylvik. Molkem velsuk ix emsuk sulfaeh. Imren ix wenynk ix mornar, ix emsuk emsuk renk imrok d'dril-mrofes ix noln." dit Samay à Xorlock.
 
Le monstre se mit à tourner autour des héros, il semblait réfléchir à la proposition de Samay. Puis, il se plaça devant Kay et ouvrit la bouche d’où émana une odeur fétide qui répugna Moonie et dit : "Imren ix narul uk ix ul'naewx ix mrenuk !!!"
 
“Il va nous faire un cadeau,” traduisit Samay. Soudain, le cercle situé sous leurs pieds qui se révéla être une trappe s'ouvrit brusquement.
 
L’ARÈNE DE LA MORT
 
Les héros chutèrent de treize mètres et se retrouvent dans une fosse transformée en arène. Les Duergars se rassemblèrent au-dessus de la trappe, et scandèrent "Tyra ! Tyra ! Tyra !"
Soudain, un rugissement terrifiant déchira le silence de l'arène. Surgissant des ténèbres, un gigantesque tyrannosaure se dévoila, fonçant droit sur le groupe. Ils étaient pris dans un piège mortel !!!
 
Kay, le voleur, prit l’initiative et décocha plusieurs flèches en direction du volumineux dinosaure. Bran hurla en se précipitant vers le Tyrannosaure : “Kay, attaque Xorlock !!”
 
Samay récita une incantation, mais rien ne se produisit. “Nous sommes piégés dans une zone d’antimagie,” dit-il, inquiet.
 
"Nol magik !!! " hurla Xorlock. Pangur Ban décocha deux flèches qui touchèrent le dinosaure, mais celui-ci ne montra aucun signe de faiblesse et tenta de mordre Bran.
 
“Mahasa, c’est Xorlock qui vous interdit l'usage de la magie, rappelle-toi des paroles d’Arin.” dit Imana.
 
"Kethot, nous ne pouvons pas utiliser nos pouvoirs ..." dit Moonie. Elle se rendit compte qu'elle était encore une fois vêtue d'une jupe courte, d'un décolleté plongeant et de talons hauts, alors qu’elle affrontait un ennemi mortel. Elle décida de s'éloigner du centre de l'arène et cria: “Pangur Ban, attaque Gorlock, pas le dinosaure!”
 
Moonie et le druide Kethot scrutèrent les murs à la recherche d'une issue, d'une porte de sortie, ou même d'une surface à escalader, espérant trouver quelque chose qui pourrait les aider.
 
“Nous sommes pris au piège. Il n’y a aucune échappatoire, et les murs semblent impossibles à escalader,” dit Kethot.
 
Moonie balaya du regard les environs, cherchant désespérément une arme ou une solution, mais il n’y avait que du sable, l’arène n’était recouverte que de sable.
 
“Je suis complètement impuissante sans mes pouvoirs, et dans cette tenue...” pensa Moonie.
 
Kethot prit alors sa lance magique et la lança sur Xorlock, qui se planta près de son œil principal. En représailles, le monstre descendit vers l'arène et lança trois rayons mortels, touchant le druide et désintégrant une partie de ses vêtements. Les deux autres rayons frappèrent Samay et Bran, les faisant tomber au sol.
 
Le tyrannosaure se précipita vers Bran et le mordit. À terre, Bran hurla à ses amis : “La magie est de retour !!” Pangur Ban lança alors un sort de silence sur Xorlock et se rua vers le tyrannosaure, lui portant deux coups d'épée.
 
“Bravo Pangur !!” pensa Moonie. Le prince Samay, gisant au sol, lança une décharge occulte sur le tyrannosaure. Pendant ce temps, Moonie se précipita vers Samay pour lui venir en aide, lançant une illusion de nuage noir opaque devant les yeux du dinosaure. C'est alors que Kay, le courageux voleur, prit son élan, se jeta sur le dos du dinosaure et le poignarda violemment tout en s'accrochant à la bête.
 
Xorlock, lévitant vers le haut pour sortir de la zone de silence, hurla à nouveau “Nol magik !!!”, dissipant l'illusion créée par Moonie. Puis, d'un geste brusque, il redescendit vers l’arène et lança trois rayons destructeurs. L'un frappa Pangur Ban, un autre atteignit Samay, le plongeant dans l'inconscience, et enfin Kethot, le blessant grièvement.
 
“Tes pouvoirs sont revenus, Mahasa !! Rappelle-toi des paroles d’Arin, il ne faut pas rester dans son champ de vision” s'exclama Imana. C'était le moment d'agir !!
 
Le tyrannosaure éjecta Kay, le voleur, de son dos, mais celui-ci atterrit en roulade sans se blesser. Il se précipita vers Pangur Ban, piétina le prince et essaya de mordre Pangur Ban. Moonie intervint en lançant une lumière aveuglante qui ralentit le monstre, mais ne l'empêcha pas de mordre Pangur Ban. Le rôdeur, toujours vigoureux, riposta en lançant deux flèches sur le dinosaure qui s'effondra, mort sur le sol.
 
En voyant sa bête tuée, Xorlock se tourna furieux vers le rôdeur. Pangur Ban tenta de lancer un sort de silence en vain.
 
“Il est dans la zone d'antimagie, il ne peut pas lancer de sort tant qu'il est dedans.” dit Imana.
 
Moonie regarda rapidement autour d'elle. Le prince était à terre, inconscient, tout comme Bran. Kethot était sérieusement blessé et Pangur Ban était également touché.
 
“Ô Sumie, déesse de l'amour et de la guérison,
En ta présence, apaise nos blessures avec compassion.
Par ta grâce, ô divine souveraine des cieux,
Guéris nos blessures, enveloppe-nous de tes vœux. “
 
La prière de Moonie soigna ses amis blessés et ranima le prince Samay. Xorlock, le monstrueux œil tyran, furieux, se dirigea alors vers la prêtresse et hurla : "Venar ix kuch ziluth duerga !!"
 
Moonie tenta de lancer sa lance magique vers le monstre qui s'approchait dangereusement d’elle, mais elle manqua sa cible. C'est alors que Kay surgit de plusieurs mètres, bondissant sur Xorlock et le poignardant violemment. Pendant ce temps, Kethot se métamorphosa en corbeau et, de son bec, asséna des coups à l'œil principal de Xorlock. Furieux, le monstre lança un rayon désintégrateur sur Kethot, le projetant au sol de l'arène, brûlé par le rayon. Un second rayon atteignit Samay, suivi d'un troisième qui frappa Moonie, la faisant chuter et perdre connaissance.
 
Lorsqu'elle se réveilla, Moonie se retrouva sur un champ de bataille, aux côtés de Khadlin, son bien-aimé, qui menait une armée composée d’humains et d’elfes noirs contre les Grandes Prêtresses et leurs troupes démoniaques. Alors que la bataille faisait rage, Khadlin se distinguait par sa bravoure, mais une lame perfide transperça son ventre, venant de Makrita, la Très Grande Prêtresse au sourire démoniaque.
 
“Moonie !! Réveille-toi !!” La voix de Bran la tira de son inconscience. Elle découvrit Kethot à sa gauche, les vêtements carbonisés par le rayon désintégrateur. Bran se dirigea vers le druide pour le soigner.
 
“Où est Kay ?” demanda Moonie, qui ne voyait pas le voleur dans l’arène.
 
“Xorlock s'est enfui hors de l’arène, Kay était accroché à lui lors de sa fuite,” expliqua Pangur Ban.
 
“Je pars le rejoindre,” déclara Samay en lévitant hors de l'arène. Bran et Kethot le suivirent, chacun utilisant ses propres compétences magiques pour quitter la fosse.
 
“Et nous ? Comment allons-nous remonter ?” s'inquiéta Moonie. Pangur Ban eut une idée : il tenta d'utiliser son piège à ours comme grappin pour remonter, il le lança à plusieurs reprises mais sans succès. Alors qu'ils cherchaient une autre solution, un Duergar chuta dans la fosse, se fracturant le crâne et tomba raide mort.
 
“Haaah !!” s'écria Moonie.
 
Pangur Ban tenta une nouvelle fois de lancer le grappin, en vain. Heureusement, des cordes attachées à la poulie d'une grue descendirent dans la fosse. Du haut, Kethot leur cria : "Grimpez !!!"
 
Sans hésiter, Pangur Ban et Moonie s'emparèrent de la corde. Par un mécanisme ingénieux, ils furent tirés sans effort hors de la fosse. Une fois de retour dans la salle du trône, ils trouvèrent leurs amis engagés dans un combat acharné contre les Duergars et l'Oeil tyran, désormais plus terrifié que terrifiant, en pleine négociation avec Samay.
 
“Maintenant que nous avons l'avantage, nous pouvons négocier avec lui,” s'exclama Pangur Ban en rejoignant Samay.
 
“Je ne vais pas négocier avec lui…” répondit Samay.
 
Moonie se précipita alors vers le monstre, se déplaçant habilement pour éviter le cône d'antimagie, et lança un sort d'aube radiante. Une intense énergie lumineuse jaillit, brûlant le monstre et tous les Duergars présents. Profitant de la confusion, Kay plongea ses épées dans Xorlock qui hurla avant de s'effondrer, mort. Terrifiés, les Duergars se précipitèrent vers la sortie.
 
LE CÉLESTE DE MÉTAL
 
"Nol urnen !! Znarl nalk ix nys yeldul-doen !!” retentit la voix tonitruante de Samay, faisant trembler les nains gris de peur. Ils se prosternèrent alors devant le prince Samay.
 
"Ulf nalk ix yeldul-doen. Vrenyk vrenyk irmtar. Zesud ix snid nolk ul'shun yzgar ix c'ib-xorlock. Uxen ix varr nolkl ix mornar imrok gashzuk ix sol'raen ur'shuzul," déclara l'un des nains, empli de gratitude.
 
"Zoruk nalk ix yeldul-doen, zesud ix ruk emsuk nys imren imrok ik toruk. Mornar ix mornar ix noln'ix ilrathal nys ix sulfaeh ix ulhlar orb," répliqua Samay d'un ton autoritaire.
 
“ Que disent-ils, Samay ? ” demanda Moonie.
 
“ Ils me reconnaissent désormais comme leur roi. Je leur ai demandé de nous guider vers le Céleste, le Trésor et leur Orbe. Xorlock aurait ingéré l’orbe qui lui permet de communiquer avec le Seigneur Noir,” répondit Samay. “
 
" Il faut lui ouvrir le ventre pour récupérer l’Orbe,” suggéra Kay. “Mais il faut agir avec précaution, le toucher pourrait être dangereux.”
 
“Je vais m’en charger,” annonça Bran. Le Paladin ouvrit le ventre du monstre et fouilla à l'intérieur, jusqu'à ce qu'il mette la main sur l'Orbe, coincé dans un diverticule de l’estomac du monstre. Mais dès qu'il saisit l'Orbe Noir, il se figea.
 
“ Bran !!! Qu’est-ce qui se passe !!” s'exclama Kay.
 
“ J’ai été télétransporté dans un endroit désertique où j’ai vu le Dragon Rouge, celui que Kethot avait vu…” déclara-t-il, les mains tremblantes.
 
Moonie fixait Bran, qui était resté parfaitement immobile, il ne s’est jamais téléporté...
 
“ Je vais le ranger dans mon sac, mieux vaut ne pas le toucher à nouveau…” annonça Bran.
 
“Reposons nous un moment avant de nous diriger vers la chambre du Céleste. Ce combat a été éprouvant,” suggéra Samay.
 
“Le combat avait effectivement été épuisant,” pensa Moonie. Les héros devaient leur survie uniquement à Kay et Pangur Ban. Sans le retour de Kay de Neverview, ils auraient tous péri aujourd’hui.
 
Après un court repos, les héros discutèrent avec les nains gris. Au cours de ces échanges, ils découvrirent que les dresseurs du Céleste des Brumes, les seuls capables de communiquer avec lui, étaient retenus en captivité. Guidés par les duergars, ils se rendirent aux cellules où étaient enfermés Forud et Stigard, deux nains joviaux. Après les avoir libérés, le groupe fut conduit jusqu'aux imposantes portes gardant le Céleste. Devant ces portes majestueuses, ornées d'inscriptions runiques, deux statues de licornes se faisaient face, d'où les nains firent jaillir de l'eau pour actionner le mécanisme de la grande porte.
 
“Ça prendra plusieurs minutes,” déclara Stigard en langue commune.
 
“Pouvons-nous aller à la salle du Trésor ?” demanda le prince Samay.
 
Les Duergars et les Nains guidèrent les héros vers une vaste salle renfermant d'énormes quantités de nourriture, d'eau, de graines et de charbon.
 
“C’est votre Trésor ?” dit Kay, visiblement déçu.
 
“ Pourquoi autant de charbon ?” demanda Kethot.
 
“ C’est pour notre Céleste, c’est sa nourriture préférée,” répondit Forud.
 
Après quelques minutes d'attente, les héros revinrent vers la porte abritant le Céleste et pénétrèrent dans la salle, tombant nez à nez avec lui. Contrairement à toute attente, il ne ressemblait ni à un animal ni à un ange, mais plutôt à une gigantesque machine en métal, semblable à un gigantesque chariot.
 
“En deux semaines, il pourra vous amener à Sombrefeuille,” annonça Stigard.
 
“Nous pourrons peut-être arriver à temps pour le combat final,” dit Samay.
 
“Combien de duergars se trouvent dans la forteresse ?” demanda-t-il ensuite.
 
“ Au moins trois cents,” répondit Forud.
 
“Mes amis, nous partons pour Sombrefeuille avec les Guerriers des Terres Sauvages, les Duergars et nos deux amis nains !!” s’exclama Samay. Puis, il traduisit dans la langue commune des profondeurs, ce à quoi les duergars répondirent en chœur "Dal thunolk zoruk xorlock !! Dal thunolk zoruk xorlock ! “
 
“ Cela signifie : gloire au nouveau Xorlock,” traduisit Stigard.
 
Et aussitôt, Moonie, Pangur Ban, Kay, Bran, Kethot, Stigard et Forud reprirent en cœur “Gloire au nouveau Xorlock !! Gloire au nouveau Xorlock !! Gloire au nouveau Xorlock !!”
 
“Mes amis, ne me comparez pas à ce monstre…” murmura Samay en se grattant la tête.
 
“ Nous partons pour Sombrefeuille… Mon bien-aimé Khadlin, je vais enfin te revoir … Il faut absolument que je te contacte avant …” pensa Moonie.