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Fri 3rd May 2024 09:17

- Échec et mat -

by Moonara Ganie

“ Petar, es-tu déjà tombé amoureux ? Follement amoureux ?” demanda Karl.
 
“Non, et cela ne m'intéresse pas. Je me marierai avec celle que Père aura choisie. Ce qui compte le plus, c'est de reprendre la succession de Grim.Trouver l’amour n'est pas ma priorité,” répondit Petar.
 
“Tu deviens de plus en plus comme notre père …” remarqua Karl.
 
“Désolé, Karl. Ce que je voulais dire, c'est simplement que je ne suis jamais tombé amoureux et que je n’ai aucune idée de ce que c’est. Et je ne pense pas que cela soit ma priorité,” expliqua Petar.
 
“Me voilà rassuré. J'avais peur que tu ne deviennes comme notre père. Je te souhaite de trouver la bonne personne, mon frère.” dit Karl en souriant “Pour ma part, je pense avoir trouvé celle qu'il me faut, elle se prénomme Moonie. Mais Père s'est opposé à notre mariage, car elle n’est pas de notre rang social,” révéla Karl.
 
“Oui, les règles sont parfois compliquées. Mais les règles sont les règles, nous ne pouvons nous unir qu'avec des personnes nobles. Je sais que Père peut être excessif parfois, mais ce n'est pas lui qui a établi cette règle,” dit Petar.
 
“Je sais…” dit Karl. Puis après une pause, il ajouta “Ça fait déjà un an et demi, j'ai essayé de l'oublier, de fréquenter d'autres femmes. Mais personne ne lui arrive à la cheville. Il y a une semaine, je suis même retourné au temple de Sumie pour demander de ses nouvelles. Mais on m'a dit qu'elle était partie à Neverview pour une mission,” expliqua Karl. “Elle m'a peut-être totalement oublié après tout le mal que je lui ai fait... Mais moi, je pense toujours à elle. J'ai été stupide de la laisser partir par peur de provoquer la colère de Père. Je veux la retrouver, et je suis prêt à tout abandonner pour elle, même Grim et notre héritage. Je voulais te le dire, mon frère, je pars demain pour Neverview, je pars à sa recherche.”
 
“Mais Karl, c'est de la folie ! Tout ça pour une fille ?” s'exclama Petar.
 
“Oui, mais elle n'est pas n'importe quelle fille,” insista Karl.
 
“Karl, Petar, mais qu'est-ce que vous fabriquez ? Dépêchez-vous et rejoignez-nous au salon. Nos invités vous attendent pour la fête !” annonça le comte de Grimm.
 
Le comte mena Karl et Petar jusqu'au salon, où les festivités battaient leur plein. Le vin coulait à flots, les troubadours chantaient et des centaines de femmes nues dansaient au rythme enjoué de la musique. Le comte de Grimm était entouré de plusieurs de ses alliés nobles, et ensemble, ils discutaient affaires.
 
“Il est regrettable que votre commerce d’esclaves sexuels ait cessé. Les prostituées qui sont actuellement sur le marché nous coûtent cher” fit remarquer l'un des hommes au comte de Grimm.
 
“Ah, Nobor... Cette époque me manque. C'était une période merveilleuse et très lucrative pour nous,” soupira le comte.
 
“Et pour nous, vos clients, également. Le roi Oudarta Prakash était un homme bon, mais c’était un idiot. Pendant son règne, toutes les entreprises criminelles ont prospéré sous son nez,” ajouta Nobor.
 
“Je dirais même grâce à lui. Il n'avait aucune idée de ce qui se tramait derrière son dos, c'est d'ailleurs pourquoi il a été assassiné,” affirma le comte.
 
“Que voulez-vous dire ?” demanda Nobor.
 
“Ce ne sont que des rumeurs, mais je soupçonne qu'il ait été trahi. Vous vous souvenez qu’il y’a une tentative de coup d’état qui a été évitée. Beaucoup de gens ne le souhaitaient pas comme souverain. Un complot a dû se former sous ses yeux, et il n'y a absolument rien vu,” expliqua le comte.
 
“Vous avez des soupçons sur quelqu'un en particulier ?” questionna Nobor.
 
“L'archimage Mohun Gazdar ne m'a jamais inspiré confiance. Il aurait pu très bien conspirer contre Oudarta,” insinua le comte.
 
“Ah ? Je n'aurais jamais pensé...” murmura Nobor.
 
“Quoi qu’il en soit aujourd'hui, relancer cette activité est plus que compliqué, c’est même impossible...” poursuivit le comte. “Depuis sa mort, les règles sont devenues beaucoup plus strictes. La répression des entreprises criminelles comme la nôtre a été sévère. Nous avons été contraints de cesser nos activités et nous avons même eu de la chance de ne pas avoir été démasqués. Et de plus, nous avons été attaqués, nos entrepôts ont été pris pour cible,” ajouta-t-il.
 
“Qu'est-il arrivé exactement ? Je n'ai entendu que des rumeurs, mais je n'ai jamais pris la peine de vous interroger à ce sujet,” interrogea Nobor.
 
“Il y a onze ans de cela, nous avons commencé à subir des attaques surprises dans nos entrepôts. Les assaillants éliminaient tous les occupants et libéraient les prêtresses de Sumie captives. Nous n'avons jamais découvert qui était derrière ces attaques. Ca ne pouvait pas être les prêtresses de Sumie, elles étaient bien trop faibles. Il est possible qu'elles aient eu un allié ou aient payé quelqu'un pour les libérer. Quoi qu'il en soit, cette personne les a libérées et elles ont pu reprendre possession de leur temple... Et c'est pourquoi nous avons dû cesser nos activités,” conclut le comte.
 
"Je vois... Quel dommage," répondit Nobor, l'air déçu.
 
"Oui, c'est vraiment dommage. Cela a représenté une grosse perte financière," soupira le comte de Grimm. "Vous savez ce qu'il y a de plus ironique dans tout ça ?" ajouta-t-il.
 
"Non, je vous écoute..." répondit Nobor, intrigué.
 
"Ces garces de prêtresses de Sumie, qui se plaignaient sans cesse de leur sort et de leurs conditions de détention, se sont lancées dans des activités de prostitution. Leur réseau est tellement étendu aujourd'hui qu'elles ont remplacé toutes les entreprises concurrentes. Elles se plaignaient d'être traitées comme des objets, et pourtant aujourd'hui, elles vendent le corps au plus offrant. C'est ironique, vous ne trouvez pas ? Elles sont franchement pitoyables. Cela témoigne du niveau de bassesse de ces femmes..." déclara le comte.
 
"Ah... C'est en effet ironique. Je suppose que vous n'avez pas l'intention de faire appel à leurs services," commenta Nobor.
 
"Évidemment que non. Et je doute qu'elles accepteraient de travailler pour nous après tout ce que nous leur avons fait subir. Je préfère faire appel à d'autres entreprises concurrentes. D'ailleurs, c'est ce que j'ai fait, j'ai engagé une centaine de prostituées ce soir pour célébrer notre alliance. Les danseuses que vous voyez ici sont bien plus que de simples danseuses," ajouta le comte avec un sourire satisfait.
 
"Excellent ! Elles sont vraiment sublimes !" s'exclama Nobor, impressionné.
 
"Maintenant, mon cher ami, il est temps de s'amuser. Les danseuses ici sont là pour satisfaire tous nos désirs sexuels. Amusons-nous !" déclara le comte de Grimm avec un sourire satisfait. Alors qu’il essayait de se lever de son siège, le comte de Grimm sentit le décor tournoyer autour de lui, et il dût lutter pour ne pas vomir.
 
"Mon cher ami, êtes-vous bien ? Voulez-vous que j'appelle un médecin ?" demanda Nobor, inquiet.
 
"Non, non, ce n'est rien. J'ai peut-être trop bu. Ça va passer..." tenta de rassurer le comte, mais les vertiges s'intensifièrent. Incapable de dire s'il rêvait ou non, il vit ses gardes armés s'effondrer les uns après les autres. Puis il s’écroula lui-même au sol sous l'effet du poison qu'il avait ingéré.
 
"Réveillez-vous, mon cher ami," lança Nobor. Le comte était attaché, ses poings et ses pieds liés. Devant lui, gisaient ses soldats, ou du moins ce qu'il en restait. Certains avaient été décapités, d’autres avaient été éventrés.
 
Chacune des danseuses tenait fermement la tête d’un des soldats du comte dans sa main.
 
"Nom de Diche ! Qu'avez-vous fait !?" hurla le comte.
 
En un instant, Nobor et les cent danseuses nues reprirent leur forme originelle, mettant fin à leur sort de déguisement. Elles redevinrent les prêtresses de Shar. Toutes les Grandes Prêtresses étaient présentes dans la salle : Makrita, Keeka, Roomaba, Roobaba, Samissa, Dh’raa et Selna.
 
"Surprise ! Vous vous souvenez de nous ?!! Je suis sûre que oui. Maintenant, c'est à notre tour de nous amuser avec vous ! Qui sème le vent récolte la tempête !" rit Makrita.
 
"Non ! Lâchez-moi !" hurla le comte. "Karl, Petar !!" hurla-t-il en prenant conscience que ses deux fils étaient également attachés et bâillonnés.
 
"Les deux fils du comte me plaisent bien," dit Keeka. "Je pense qu'on pourrait conserver leurs gènes."
 
"Il va falloir n'en garder qu'un. Cher comte !!! Lequel de vos deux fils préférez-vous ?" demanda Makrita.
 
"Il ne répond pas… Très bien, tuons-les tous les deux !" lança Makrita.
 
"Non !!! Vous pouvez tuer Karl," hurla le comte.
 
"D'accord !" acquiesça Makrita. Elle s'avança vers Petar et lui trancha la gorge.
 
"Super !" s'exclama Keeka. "C'est celui que je préférais," ajouta-t-elle en désignant Karl.
 
Karl parvint à se détacher et se rua vers Makrita avec son épée. En un mouvement, il fut terrassé par la Très Grande Prêtresse.
 
"Oh, non !! Il me plaisait bien," soupira Keeka.
 
"Très Grande Prêtresse !!! Très Grande Prêtresse !! C’est urgent !!" cria une jeune prêtresse qui venait d’entrer dans la salle, en poussant un vieil homme ligoté.
 
"Oui ??!!!! Vous ne voyez pas que je suis occupée …" répondit Makrita, agacée.
 
"Très Grande Prêtresse, nous avons découvert ce vieil homme qui tentait de se cacher. Il semblerait qu'il ait envoyé une lettre d'appel au secours. Il n'a pas voulu nous révéler le nom du destinataire," expliqua la jeune prêtresse.
 
"Dites-moi, vieil homme. Préférez-vous vous faire torturer ou préférez-vous nous dire à qui avez-vous envoyer cette missive ?" demanda Makrita.
 
"Je suis un prêtre de Diche, ma lettre était destinée à la Cathédrale de Lumière, par Diche la déesse de la lumière s'il vous plaît épargnez-moi !!! Diche sera vous remercier" répondit le prêtre.
 
"Je remercie Diche !!" dit Makrita en plongeant son épée dans le ventre du vieil homme. Puis elle se tourna vers les prêtresses et annonça : "Mes sœurs, l’heure est grave. Nous serons bientôt découvertes au grand jour. À la réception de cette missive, la cathédrale de la Lumière devrait nous déclarer la Guerre d'ici quelques jours. Nous allons donc les prendre de court et les attaquer par surprise. Direction Edgewind pour lancer l'offensive, éliminons-les tous !!! Que Shar et le Seigneur Noir nous protègent."
 
"Alalllala !!!!" hurla-t-elle, suivie des cris de ses sœurs : "Alallalalala !!!"
 
“S'il vous plaît, par Diche tuez-moi !!! Je suis prêt à accepter la mort,” hurla le comte.
 
“La mort ?? Oui, vous allez mourir, mais pas aujourd'hui. Vous subirez des années de torture avant que nous en finissions avec vous,” dit Makrita en ricanant, ses paroles résonnant avec celles des prêtresses de Shar qui éclataient de rire à l'unisson.