Nous sommes en planque… Et rien ne se passe trop le premier jour… A part la visite d’un petit lapin mignon. Le lendemain, peu farouche, il revient et c’est là que nous voyons qu’il porte un petit collier autour du cou et un tube y pend. Je connaissais les pigeons messagers, le lapin me surprend un peu, je dois reconnaitre. C’est donc avec surprise que nous mettons la main sur un message crypté. Shana, la destinataire visée, en possède la clé et nous fait donc la lecture.
« Nous sommes à Car-Vizar. Ennius est blessé. Repos trois jours au moins.
L'époux est toujours en fuite. On vous rattrape dans les jours à venir. »
Ainsi nos compagnons ont su retrouver notre trace et ont su aussi nous informer qu’ils sont en route pour nous rejoindre. Pendant ce temps, j’ai le temps de discuter avec Melly, la jeune employée naine engagée par Melania et nous en arrivons à parler de l’écharpe reçue… Et là, je découvre que ce genre de cadeau a plusieurs significations. D’une part, c’est une manière de souhaiter de rester en bonne santé. Mais aussi, chez les nains, c’est l’occasion d’un échange codifié. Lorsque le receveur n’offre rien, c’est signe que le moment de la séparation est venu et que c’est un adieu. Si au contraire, une pièce en argent est offerte, alors ce n’est pas un adieu, les deux êtres partagent la promesse de se revoir. C’te nouille que j’ai été… Bon, je dois me rattraper… Heureusement, nous sommes restés encore en planque assez longtemps, juste assez pour moi de réallumer mon atelier, de modifier une petite fiole de soin, dont le capuchon sera orné d’une pièce en argent. Par chance, elle venait visiter l’atelier dans la journée qui suivait et ainsi j’ai pu trouver le temps de lui offrir ce cadeau, cette promesse de retrouvailles futures. Et si je n’ai fait aucun effort pour me cacher de mes compagnons, ouvrant le flanc à quelques quolibets et remarques, le sourire irradiant et illuminant tout son visage m’a largement fait comprendre que le message est passé et que le plaisir d’une nouvelle rencontre future sera attendu par deux personnes !
Plus tard, même si nos compagnons sont en route pour nous rejoindre, nous décidons de prendre tout de même la route le huit de Lissien après avoir constaté que les brigands ne semblaient pas revenir. Nous quittons ainsi les montagnes encore fraiches pour rejoindre les méandres du fleuve qui serpente dans la plaine plus en contrebas, puis nous bifurquons en direction du Pont de Hardere. La nuit se passera bien, mes amies profitant d’une auberge d’étape pour se délasser de la fatigue et de l’attente, en prévision des jours de marches alors que je reste dans la maison pour m’y reposer… après tout, ces murs hébergent une certaine richesse, autant que quelqu’un veille dessus.