Alors que l’on se remet doucement, Esterel vient me parler d’une jeune femme qui pourrait être intéressée de rejoindre l’Atelier. Cette dernière, prénommée Lucille, une jeune elfe au teint albâtre, l’avait engagée pour combattre un croque-mitaine. Son combat, présenté comme ardu, s’est terminé par la mort de la bête, particulièrement moche et dangereuse, et qui était responsable de la mort d’au moins dix personnes. Grâce à ce combat, notre amie a pu sauver la vie de trois jeunes enfants, Mioune, Azalée et Laika qui ont été laissé aux bons soins de Charou, un halfelin des bas-quartier. D’ailleurs, l’une des jeunes demoiselles, qui a souffert entre les mains des criminels des Princes du Désert, a donné une liste des brigands qu’elle a identifié. Ça fait dix ans qu’elle en souffre, orpheline à cause des Princes, et du coup elle compte sur nous pour agir, si nous le pouvons. Bien sûr, nous sommes motivés, mais maintenant, il nous faut nous reposer correctement, nous préparer mieux que la fois précédente, afin de ne pas mordre la poussière cette fois ci. Grâce à son aide, nous avons une liste de quatre lieux qui pourraient être des lieux d’attache des Princes du Désert. L’un, sûr, les trois autres sont plus des suspicions, même si les pistes sont plutôt sûres et donc nous avons de bonnes chances de croiser nos adversaires. Hum… Il va nous falloir jouer finement afin de les frapper fermement sans pour autant se faire identifier. Tant que nous pourrons les combattre sans se faire connaître, nous serons moins en danger… Mais pour combien de temps, vu l’organisation que nous affrontons ?
En tout cas, notre prêtresse Ephalia, de son côté se doit de déployer tout ses talents afin de remettre sur pieds tous nos compagnons qui ont bien souffert sous les coups des brigands. Heureusement, nous pouvons compter sur le concours de Tormund et de Ssilav en sus de nos compagnons de la nuit, peut-être même Esterel. Vu les claques que je me suis pris lors de notre assaut d’hier, peut-être que je vais devoir me chercher une arme à distance afin que je ne sois plus une proie pour des lames ennemies. Durant l’après-midi, nous arrivons à identifier les armes et armures du chef des brigands que nous avions vaincu et très vite, son arme, une épée bâtarde enchantée retrouve très vite une main pour la manier. Esterel laisse au sein de l’Atelier son ancienne arme, et s’en va porter la mort avec cette nouvelle acquisition. Nous nous retrouvons avec quelques armes et armures à vendre à l’occasion, car certains des objets récupérés valent une certaine somme et pourraient être valorisés.
Pour nous préparer, Esterel, Mélania et bien d’autres vont rôder en ville, à la recherche d’objets et d’équipement, car certains des nôtres ne sont pas encore à la hauteur des défis qui nous attendent, et l’Atelier n’est pas encore apte à équiper tout le monde. Selon les conseils des nains du Clan Fordaebun, il nous faudrait aller voir du côté de la Tour de Ombrétoile et des Marches Marchandes…
Selon Ssilav, il a vu des arbalétriers, des sicaires et même des monte-en-l’air qui semblent surveiller le quartier où se situe le bâtiment identifié comme faisant partie de l’organisation criminelle, le bordel de la mère maquerelle, Kendra Neuf-Vie. Visiblement, nos dernières actions ont renforcé la sécurité et nous allons avoir pas mal à faire pour mener à bien cet assaut, dont en particulier nous libérer de toute cette surveillance. Et ce qui est sûr, c’est que les autorités sont dans la poche des Princes du Désert, tant ils osent agir au vu et au su de tous. Pendant ce temps, Ssilav se retrouve doté d’une nouvelle armure grâce à l’intervention de nos acheteuses de l’enfer, ainsi que pour moi, une nouvelle arbalète lourde à répétition magique et qui est même capable de stocker des sorts… Je sens que ça va perforer sévèrement les armures de nos ennemis. J’ai aussi un peu passé du temps à faire des recherches sur les tatouages portés par l’ancienne proie de l’Ilithildaé, mais je sens que je vais devoir y passer près d’une semaine de travail. Tout ce que nous suspectons pour le moment, c’est que l’homme fait partie d’une culture tribale que ces tatouages permettraient d’identifier. Et alors que nous étions en train de deviser et de nous préparer pour la suite, je trouve enfin le temps de de rencontrer Lucille, la jeune femme dont me parlait Esterel.
Cette dernière se présente dans un complet de cuir noir, des cuissardes à talons, lacés de la cheville jusqu’en haut, des bas montants jusqu’en bas des reins, à peine couvertes par une petite robe au dos nu et donc l’avant et ouvert sur la poitrine en forme de cœur. A cause de la petite longueur de sa jupette, sa culotte peut être vue lorsqu’elle se déplace, et je ne parle même pas de quand elle monte les escaliers au sein de l’Atelier. Bien sûr, je lui fais comprendre rapidement que pour mignonne qu’elle soit, au sein de l’Atelier, il ne sera jamais demandé aux apprentis d’user de leurs corps. Elle ne rejoint en effet pas un domaine sous la coupe d’un maître, mais un lieu qui aura vocation d’être pour elle comme une seconde famille tant qu’elle sera au sein de l’Atelier… Et surement même après, si un jour elle souhaite déployer ses ailes librement, après avoir travaillé au sein de mon organisation. Mais candidement, elle me rétorque qu’elle n’imaginait pas faire un métier de son corps, mais qu’il est tout aussi honteux de juger celles qui portent ce genre d’habits sur des préjugés. Ses amies, qui malheureusement vivent de leurs charmes, ont fait de leur mieux pour lui offrir des habits plus beaux que ses haillons habituels, et que plus qu’une manière de charmer, porter ses habits lui sert à rendre honneur au cadeau que ses amies lui ont fait. Le malentendu corrigé, nous discutons de ses talents, surtout présents dans le travail du bois et dans l’art pictural, et que c’est avec plaisir qu’elle accepte de devenir apprentie afin de clore son cursus de formation, d’apprendre l’art de l’enluminure, du travail de la pierre et de la gravure. D’ailleurs, je sens que nous aurons de nombreuses occasions de discuter sous le regard complice des deux lunes, car outre le métier, nous avons en commun d’être deux filles du Peuple, des Elfes des Étoiles, et nous avons beaucoup d’histoires, de légendes et d’aventures à nous raconter, comme… peut-être… un peu deux sœurs…