Le lendemain, nous sommes partis en direction du nord, vers la capitale de province Courtan. La cité, lorsque nous arrivons, nous voyons une cité immense où se dressent des piliers immenses vers le ciel. Ces derniers sont très rapidement identifiés comme des points d’atterrissage pour des Sïpé-Lïn. Dès lors, nous nous dirigeons vers l’un de ces piliers pour nous y arrimer. Au moment où nous descendons de notre véhicule, nous sommes accueillis par la garde qui nous reproche de ne pas avoir enregistrer correctement notre glorieux Sïpé-Lïn. Dès lors, nous allons être aussi bloqués un temps à Courtan car nous allons devoir faire quelques documents administratifs avant de pouvoir continuer notre voyage dans l’Empire Aaskari. L’occasion aussi pour l’Atelier d’ouvrir ses portes dans la cité et de vendre un peu les créations de nos artisans et les trouvailles de nos aventuriers.
Tout autour de la ville, nous voyons quelques petits cours d’eau et des troupeaux d’herbivores, d’ailleurs, nous quittons les terres désertiques pour entrer dans une savane. Nous voyons des sycomores, des pistachiers et des poivriers, de-ci de-là, mais surtout beaucoup de végétation basse, avec des acacias. Cependant, c’est très sauvage et moins orienté pour la sylviculture. La ville elle-même abrite quelques tours de mages en plus des piliers-docks à Sïpé-Lïn. De tous les docks, seule le notre sera occupé, visiblement, il n’y pas d’autre vaisseaux volants actuellement. Les docks nous permettent de faire passer sans problème des montures ou des charriots, et l’accès est libre, à toutes les heures du jour et de la nuit. Nous apprenons que l’utilisation de magie est interdite dans toute la ville et que seul un examen par un magistrat de la cité peut délivrer une autorisation. Dans le quartier de Tantalis, d’ailleurs, un marché permanent est tenu, bon à savoir pour nos artisans. Nous apprenons que les temples sont nombreux, en majorité ceux de la Seldarine. La ville est dirigée par un comte et son comté fait partie du Duché de Cristal, Tylua Besdeth en elfique, dont la capitale est Pyernes.
Les familles nobles de la cité sont regroupées dans un conseil, donc un bon nombre d’entre eux sont des chevaliers. Il n’y a qu’un seul comte, le maître de la cité. Il y a aussi bon nombre de guildes commerçantes, mais aussi d’artisans. La majorité de ces dernières sont de petite taille, plutôt qu’une grosse guilde phagocytant tout un pan du commerce de la ville. Les Fordaebun, clan que nous connaissons est le seule clan à posséder une banque naine au sein de la cité. Quelques société de mercenaires sont présente en ville, mais la plus connue est aussi une guilde de mercenaires ainsi qu’orientée sur la protection de la nature et sur l’érudition, les Fochluchant. L’organisation est très connue et jouit d’une excellente réputation. Sinon, la ville abrite deux universités, mais l’une est fermée aux non-nobles, l’autre se nomme l’Ephèse, et sinon il y a plusieurs bibliothèques mineures distribuées un peu partout en ville. Mais l’Ephèse est le lieu de savoir le plus important. Il y a sept tours de magie, mais seules trois sont ouvertes aux visiteurs et font commerce de leurs créations. Le dock où nous sommes garés est extra-muros est fait partie du quartier de Grand-Juste. Le responsable du dock nous informe aussi que dans le quartier de Havre-Lys, sis au nord-est de la Redoute, le bastion du comte, on peut trouver le gros des affaires administratives et règlementaires. Courtan est un très gros nœud commercial, profitant de sa position juste à la sortie du désert. Elle reste un peu plus modeste que Lhifynkrès, mais reste bien plus grande que la capitale du duché.
Je prends rendez-vous avec un magistrat pour les autorisations d’utilisation de la magie, et j’irai déposer les dossiers à la première heure le lendemain. Mais le moment le plus notable de la matinée sera l’arrivée de pas moins de vingt Sïpé-Lïn militaires, que j’arrive à identifier comme ceux de l’armée impériale. On ne sait pas ce qui peut justifier un tel déploiement de force, mais ça mérite d’être creusé un peu, histoire de ne pas se faire coincer dans un conflit qui nous dépasse. Grâce à Shana, qui est bien plus douée que moi pour poser les bonnes questions, je retrouve un début de piste sur mon Clan, les Gaul'ial-n'auth. D’après les récits que j’entends, le clan était principalement nomade et qu’une partie des membres de cette communauté aurait laissé des traces écrites qui sont gardées encore maintenant au sein de la bibliothèque de l’Ephèse. Shedwar a, de son côté, entendu parler d’une maladie qui serait en train de frapper à bas bruit dans la ville et qui serait résistante aux soins magiques. Il n’y a que très peu de malades, moins d’une quarantaine, mais l’une des victimes serait la fille du chevalier Ardabrant et son père propose une forte récompense. Quelques mots avec l’un des soldats nous dit que l’Empire craint des troubles en Aldor, où le Roi serait mort assassiné, et ils partent renforcer la frontière.
Nous n’avons aucune preuve que le monarque est effectivement décédé, mais les rumeurs parlent aussi de manœuvres politiques et de très fortes tensions entre les trois princes de l’Aldor… En tout cas, pour le moment, les troupes de l’Empire Aaskari ne sont là que pour éviter tout débordement des troubles dans leur propre pays, mais rien ne dit que la situation ne change pas drastiquement dans les jours à venir.
Profitant de ma journée, je pars à l’Ephèse, découvrir la bibliothèque universitaire. Ce dernier est entouré d’un petit groupe d’arbres de la savane. C’est plus un petit campus qu’une immense université, mais peut tout de même abriter trois-cents à quatre-cents étudiants. Le bâtiment, assez ancien a une aura de grâce et de raffinement. Près des deux tiers des étudiants sont des elfes, d’ailleurs, ce qui laisse assez de place pour les autres races. L’établissement mêle habilement les constructions en pierre et des supports végétaux. Certaines vitres sont des vitraux élégants qui donnent une ambiance douce et mystique aux couloirs de l’académie. Nous avons l’un des résidents qui nous guide au sein de la grande bibliothèque aux rayonnages bien ordonnés, et où tout semble bien rangé, bien harmonieux.
Là, j’y rencontre la bibliothécaire Maya Jen, une jeune elfe très gentille et très intéressante, savante et qui semble même connaitre pas mal de chose sur le clan Gaul’ial-n’auth. Ça m’impressionne car je pensais mon clan être très limité en nombre et en histoire, mais ça ne semble pas être le cas, car je trouve pas moins de six ouvrages portant le nom de mon clan et deux autres partant plus largement des Elfes des Étoiles. D’ailleurs, la bibliothécaire, très sympathique, au gré de la discussion, se retrouve invitée à souper avec moi ce soir même, sur notre Sïpé-Lïn. Après son départ, nous commençons à lire… L’histoire commence avec l’arrivée de mon clan depuis une mythique cité elfique, il y a plus de deux-mille ans, Myth Drannor, une citée protégée par un Mythal, un globe de protection ancien, qui contraint la magie pour protéger la communauté, à l’image d’un gigantesque bouclier. Mais plus que ça, le Mythal pliait l’espace et le temps. Avant de devenir Myth Drannor, la communauté s’appellait Cormanthor. Alors que le Mythal s’affaiblissait et que sa stabilité n’était plus assurée, les habitants ont commencé à émigrer. Une partie, celle qui donnera plus tard mon clan a passé un portail pour arriver à Myrdalim.
Tous les elfes ne viennent pas de Cormanthor, ni même tous les Elfes des Étoiles, cependant tous les Gaul’ial-n’auth sont issus de cette cité. Les membres de mon clans se sont installés au sein de l’Empire Askarii. Et ils y ont fait leur place en tant que mages et bretteurs reconnus, au point d’être même considérés comme les égaux du clan Haut-Elfe qui fondra la lignée impériale, le clan Za'aelian. Mais lorsque la Maison Impériale n’aime pas que d’autres puissent leur faire de l’ombre et c’est ainsi que de nombreux clans, dont le mien, en ont fait les frais, se faisant diffamer, accuser, trahir, voler, spolier. A tel point que d’un clan florissant de quelques milliers d’âmes, il s’est effondré à un groupe de moins d’une poignée, dont faisait partie ma famille, avec le destin qui m’est que trop tristement connu.
Après avoir étudié nos ouvrages un bon moment, nous prenons congé pour aller nous restaurer un minimum. Bien sûr, avant de partir, nous rangeons les livres et je prends le temps de dire au revoir à Maya Jen. Nous mangeons rapidement à un petit établissement dans les rues de la ville puis nous mettons le cap sur un groupe d’arbres au sein de la cité, plantés dans un petit parc joliment entretenu. Je vois Ephalia venir enlacer l’un des troncs, puis murmurer quelque chose, et là, je vois, sortant de l’écorce, une nymphe, l’amie d’Ephalia, Daphnée. Bien sûr, je n’ai aucun doute quant à son statut de nymphe, mais je ne peux que ressentir son appréhension par rapport à la vie de la cité. Mais autour d’elle, une petit odeur de sous-bois est là, et son apparence est si belle qu’il est impossible de ne pas l’admirer, même si on n’est pas du sexe opposé. Notre amie prêtresse lui raconte nos voyages, doucement, avec force de détails, pendant que nous marchons dans la ville. Surement que la raison est autant pour lui compter nos aventures que pour distraire la nymphe de l’ambiance oppressante pour elle de la cité, car oui, elle supporte tout de même mal l’environnement urbain.