De ce que nous trouvons dans les lieux d’étude, notre voyage vers le nord nous emmènera vers l’Empire Aaskari, puis, vers le nord-est, en direction de la Laomie. Au moins, ça nous donne des pistes sur comment nous préparer et à quoi nous attendre à l’avenir.
Ce que nous apprenons aussi, c’est que Lhifynkrès est le cœur battant de l’empire du Kaiser Käpiö. La capitale de l’empire est plus un lieu d’apparat, même si c’est le siège du pouvoir impérial. C’est à Lhifynkrès que se passe le vrai pouvoir des clans. Ainsi, pour les étrangers, subissant la loi de l’Empereur, ce sera à la capitale que les contacts se nouent, mais au sein de l’Empire lui-même, c’est à Lhifynkrès que se passe le gros de la vie des Clans. C’est ici que se nouent les alliances et se forgent les rancunes, ce qui peut expliquer ces relations tendues entre les Clans et la surveillance sérieuse imprimée par les gardes du Clan. D’ailleurs, Mélania m’informe que dans une transe, elle a appris que sa sœur se dirigeait en direction de Galardon, une communauté elfe forestière, cachée, loin au nord. Et si le nom me dit bien quelque chose, souvenir lointain d’une discussion datant de mon séjour à l’académie de magie. Mais il nous faudra faire plus de recherches pour avoir une meilleure localisation du lieu car cette cité elfique n’apparait sur aucune carte.
Durant la journée, nous avons aussi l’occasion de rencontrer deux personnes qui pourraient être intéressées par rejoindre l’Atelier, sous contrat d’artisan. La première que nous rencontrons, une naine nomade, s’identifiant sous le pseudonyme de « Grâce », nous annonce être formée dans le domaine des métaux, des cuirs, mais aussi sur des rudiments de magie. Bien sûr, nous lui proposons de mettre ses talents à l’épreuve de l’évaluation le lendemain, tout en lui proposant les engagements standard au sein de l’Atelier. Elle est intéressée, même si elle nous demande d’avoir le temps de la réflexion.
Dans tous les cas, celle-ci ainsi que l’autre candidate sont toutes les deux… étudiées par Ephalia et Mélania. Je n’ai pas à me soucier trop de la sécurité, faisant confiance à ces deux pour éviter les pires cas, et je me concentre sur évaluer leurs compétences. La seconde femme que nous voyons, par contre, n’est pas une artisane confirmée, mais nous a été amenée par Shedwar, en tant qu’apprentie. Cette jeune femme, Eskandria, à peine sortie de l’adolescence, a le regard peureux, inquiet, et ses habits tiennent plus du haillon que de la haute-couture. L’entretien commence de manière très classique, à savoir l’évaluation de ses compétences, mais très vite, ça dévie sur sa vie privée. Nous avons bien appris qu’elle a fait un apprentissage généraliste dans un atelier travaillant autant le fer, le bois que d’autres matériaux, tout comme elle a eu trois années de formation arcaniques, ce qui lui a permis de savoir lire, écrire, compter aussi bien en commun, en elfique, en nain qu’en draconien, ce qui fait d’elle une bonne érudite à engager, voire peut-être une future administratrice de l’Académie, quand ce dernier sera plus étoffé encore… Mais nous apprenons aussi qu’un sombre individu lui a proposé un salaire mirifique pour un emploi qui n’existait pas et qui risquait surtout de l’amener directement dans un bordel sordide des plus glauque et où elle ne verrait jamais l’argent ni promis, ni gagné grâce à son propre corps. L’horreur. Ni une, ni deux, nous lui proposons de l’engager directement, ce qu’elle accepte sans même trop s’inquiéter des conditions. Elle aura un toit, un repas, de quoi se vêtir et un salaire ? Elle ne demande rien de plus, si ce n’est la protection jusqu’à ce que l’on sorte des murs de la ville. Et c’est sans la moindre hésitation ni le moindre doute que nous nous engageons à ceci. Elle est maintenant une apprentie de l’Atelier, sa santé et sa protection est de notre devoir. Et j’espère bien ne pas voir une si jeune fille devoir dormir la peur au ventre… Qu’elle soit la bienvenue à bord, que diantre ! Et qu’elle aille se servir un vrai repas, ça sera déjà un bon début ! Pour elle, ce sera non pas une seconde chance dans la vie, mais bien un nouveau départ, et j’espère qu’elle sera heureuse au sein de notre confrérie d’artisan et sous la protection de l’Atelier.