Après tous ces efforts, nous avons bien la soirée afin de nous reposer. Le temps de panser nos blessures, de nous préparer pour la suite et pour partager plus d’informations. Le temps aussi de discuter de l’aménagement intérieur de notre maison mobile avec les artisans mobilisés. Et pour Kathel, de m’accompagner aux soins de l’ours pendant que Mellyrnenn, elle, m’accompagne au travail de la forge. Ah, mon nounours de guerre, même s’il n’a pas eu le plaisir de combattre, a profité de cette petite exploration pour s’aguerrir un peu, ce qui n’est pas négligeable. Et du coup, il a mérité un bon soin avec brossage et gratouille, pour son plus grand plaisir et à celui de ma jeune assistante mal voyante mais fort motivée.
Hier soir, nous avions reçu quatorze bourses, une par membre de notre groupe, contenant nos récompenses, sous la forme d’un lot de pièces de platines et d’or pour une petite fortune. Celle-ci est un cadeau de la part du maître des runes, qui, par la parole du sergent Fanken, nous informe qu’il a décidé de prendre en priorité nos commandes, que ce soit en runes de protection contre le feu, ou d’armes de givre. Dès lors, nous nous rendons de suite à son atelier afin de le rencontrer. En effet, il nous propose de faire des enchantements, que ce soit temporaire ou permanent, à des prix défiants toute concurrence. Je pense bien faire enchanter l’armure de mon ours et son pelage afin qu’il puisse affronter des Thoqqua sans risque, même si j’ambitionne de lui demander peut-être une rune aussi pour mon arc. Ça fera que mes flèches deviendraient mystiques et pourraient porter des dégâts de froid sur mes ennemis. Même sur d’autres adversaires, ce ne sera jamais perdu. De plus, le maître artisan nous prête quelques outils afin que nous puissions extraire les noyaux des Thoqqua ainsi que pour en découper le cuir. A nous après de valoriser tout ça. Nous aurons de quoi faire deux armures de cuir, une pour mon ours, et quatre écus à pointe. Tout le reste est vendu aux différents artisans de la ville.
Ces derniers d’ailleurs nous aident à aménager dans la maison, grâce aux noyaux de Thoqqua, une fonderie qui est alimenté par la chaleur du plus gros noyau que nous avions trouvé, ainsi qu’une forge chauffée avec l’un des autres noyaux. Ah, je vais pouvoir travailler sans m’inquiéter de notre consommation de charbon. Soit dit en passant, nous utilisons aussi d’autres noyaux pour l’installation de la cuisinière dans l’Atelier, ainsi que pour le chauffage, que ce soit de la maison autant que pour l’eau de la maison… Ahhh… des bains bien chauds, à disposition, avec le faucet d’eau infinie, nous aurons bien du plaisir, à barbotter en regardant les étoiles par les fenêtres de notre Atelier mobile… Bon, nous avons aussi gardé un noyau de Thoqqua dans une boite enchantée afin d’avoir de quoi faire un petit feu mobile, si besoin, lors de nos voyages à venir. Les derniers cœurs sont vendus au maitre artisan ainsi qu’à la compagnie qui est actuellement en train de travailler sur notre maisonnée.
Une fois que nous sommes bien tous prêts, équipés de pied en cape et avons reçu les enchantements offerts par le maître des runes, nous nous préparons à descendre à nouveau dans les tréfonds de la forteresse naine, à la recherche de leurs anciennes reliques perdues ainsi que de la cause de l’invasion de toutes ces bêtes immondes et incandescentes dans leurs couloirs. Le devoir nous appelle ! Et un petit peu l’appât du gain, aussi, faut reconnaitre… Mais surtout le devoir, oui oui. Donc nous avançons, en petit comité, ayant laissé nos apprentis, nos jeunes et ceux qui ne savent combattre sous la protection des nains, puis à la lumière de nos torches, nous repartons, cette fois ci, en direction du second niveau souterrain… Là, nous avons vu des dégâts très importants, mais aucune créature en vue, des lors, nous avons continué notre exploration jusqu’à débarquer dans les premiers niveaux de la mine. Un peu partout, des trous, marques des passages des Thoqqua. Pour le moment, nous ne voyons pas de traces de plus grandes créatures ou de monstre plus immenses qui pourraient nous menacer. Tant mieux, même si nous nous doutons bien que ces caves abritent des choses bien menaçantes. Et notre attente ne sera pas longue, car à peine avons-nous fait une soixantaine de mètres dans les couloirs, à suivre le chemin des wagonnets de mine, qu’un Thoqqua de bonne taille débarque devant nous, dans un bruit de terrassement impressionnant, éjectant de la terre et de la pierre autour de lui. Ni une, ni deux, mes compagnons activent alors leurs magies afin de se renforcer et se préparent au combat. Et la mêlée commence ! Très vite, mes compagnons se ruent à la mêlée, et du coup, afin d’éviter de leurs planter des flèches dans le dos, je vais aussi au contact avec mon épée elfique, tout en comptant sur la charge glorieuse de ma boule de poils de guerre. Ah… qu’il me fait plaisir, mon Hjalmar ! Sa charge était puissante, son bras plein de fougue et sa patoune, chargée des puissances des runes, traces des sillons sanglants dans le corps de la bête fouisseuse.
Face au déluge de coups, très vite la bête s’effondre. Mais nous avons l’impression que la température continue de monter dans l’espace où nous sommes… Serait-ce une réaction en chaine à la mort de la créature, ou alors est-ce le signe que d’autres choses incandescentes sont en train de se retrouver vers nous ? Pour le moment, nous ne voyons pas d’autres créatures qui viennent sur nous… Nos craintes envolées, nous continuons à suivre les rails souterrains jusqu’à une intersection. Sur la route, nous voyons bien des outils abandonnés par les mineurs lors de leur fuite éperdue, ainsi qu’un grand sac. Nous prenons ce qui pourrait avoir de la valeur, ou qui pourrait aider les survivants à relever la tête. Nous continuons notre exploration, vers le sud, nous orientant par les rails nains. Puis, arrivé au fond de la galerie, nous remarquons, grâce à Smalaphis, que la mine est une extraction de fer, de très bonne qualité. Puis, nous reprenons nos explorations… d’autres galeries, d’autres chemins… Certains ont comme un souffle chaud qui en émane, et d’ailleurs, la jeune garde forestière entend des bruits et comme des sifflements venant de cette galerie. Mais notre équipe préfère d’abord s’orienter vers les zones qui semblent plus tempérées en premier temps. Nous prenons notre temps, mais lentement, aux aguets, nous nous dirigeons vers la source des bruits. Et… là-bas… Nous voyons comme une lumière rougeoyante, mouvante, là où l’air semble plus chaud. Afin d’en évaluer la taille, nous continuons de le contourner, explorant plus en avant le reste de la mine d’abord, tout en suivant les chemins de fer des wagonnets. Puis… après nous être orientés vers la source de la chaleur, nous avons l’impression qu’il fait bien quarante degrés, là où nous sommes et nous suons tous à pleine eau… Et alors que nous passons un coude, nous nous retrouvons devant une paire de petit Thoqqua, mais surtout face à une très grande salamandre ! Une de ces bêtes liées au plan du feu et des flammes… Je ne sais si elle est à l’origine des soucis des nains, mais en tout cas, cette bête maléfique est consciente de notre présence et… ne semble pas être là pour enfiler des perles. Et… vu l’étincelle dans le regard d’Ephalia, elle non plus n’est pas venue pour conter fleurette… Et derrière le démon, nous voyons comme une étendue de pierre en fusion et de la lave bouillonnante… Et au milieu de ceci, comme un anneau de lumière, au sein de l’air mouvant sur les mouvements de convection de l’air. Serait-ce un portail ? Nous n’en avons aucune idée mais avons un problème plus urgent, qui est armé d’une lance et qui n’est pas très souriant… On verra qui rira le premier de cette rencontre…
Le combat s’annonce ardu, sans oublier que derrière nous, nous entendons des bruits de pas… D’autres ennemis, des soutiens ? Nous le saurons assez vite, à n’en point douter. Ah… hum… en fait, c’était Ssilav, que nous avions légèrement semé lors de notre exploration… Hum… pas de menace qui nous vient derrière, c’est une bonne nouvelle déjà ! La mauvaise nouvelle, par contre, c’est que notre discrétion plus qu’approximative nous a fait être repérés, et du coup la salamandre nous attendait de pied ferme et nous lâche un immense mur de flammes incandescentes qui vrombi devant nos yeux… Certains de mes amis s’y brûlent un peu les moustaches, d’ailleurs, et nous sommes obligés de combattre en reculant quelque peu… Heureusement, Ephalia arrive, en canalisant son énergie divine à détruire le pilier de feu, mais ce n’est que pour nous montrer que la bête infernale a eu le temps d’invoquer un immense élémentaire de feu qui dépasse mon ours de plus que des épaules. Hum… vu les claques que l’on a déjà encaissées, le combat s’annonce plus que compliqué. Heureusement que nous avons été bénis par les sorts et les créations de l’artisan nain, sinon, je sens que nous aurions été transformés en petits morceaux de cendres sans espoirs de victoire face à nos adversaires. Esterel a à peine avancé vers nos adversaires que la flamme faite homme lui porte un coup de lance, si loin… Certes, combattre des géants nous oblige à tenir compte de leur allonge, mais là, c’est impressionnant ! Nous allons devoir être prudents, et en même temps, prendre de nombreux risques pour pouvoir à notre tour porter des coups !
Les bénédictions divines s’enchaînent dans tous les sens, puisant dans les volontés de nos dieux pour compenser nos lacunes, c’est ainsi que je vois mon ours se parer de pièces d’armures arborant des runes elfiques. Sous mes yeux, Tormund, qui vient de recevoir une prière de force, tout d’un coup semble grandir, devenant sous mes yeux une force de la nature, éveillant son sang de géant ! Il est impressionnant d’avoir une montagne de muscles pareille à ses côtés et de sentir le sol vibrer sous ses pas ! Par contre, voyant ce qui nous affronte, je suis maintenant sûre que cette salamandre est une « noble », un seigneur parmi sa race, et l’élémentaire qui nous fait face n’est de loin pas le premier élémentaire venu, car entre l’armure d’acier et sa lance puissante, je l’identifie sans trop de peine comme un Revenant de Feu, considéré comme une légende au sein de l’Académie de magie, tant son existence sur ce plan n’avais jamais été vu par le passé. C’est une créature presque de légende qui nous fait face… Si seulement mon maître pouvait me voir, je suis sûre qu’il serait fier de moi en ce moment ! Enfin… Si on arrive à le vaincre, déjà… Mais je suis confiante. Afin d’aider mes compagnons, je tente bien de geler l’arme de la Noble Salamandre, mais pour le reste, je sens bien que je manque encore un peu d’impact dans le déroulé du combat… Peut-être que je devrai prendre plus confiance en moi et combattre directement monter sur mon ours, comme prévu lors de son achat. En tout cas, mon Hjalmar, pour sa part, il fait des miracles ! Une telle puissance, c’est impressionnant, avec tant de muscles saillants sous la fourrure… et une telle rage au combat ! ça me fait plaisir à voir, et au retour, il aura le plaisir d’avoir un bon repas de fête en récompense pour ses efforts ! Alors que le combat est en train de tourner à notre avantage, avec le décès du Revenant de Feu, nous voyons la Salamandre tenter de fuir, lentement, en direction du portail de feu. Nous tentons bien de la retenir, Tormund tente même de la retenir de force en l’agrippant, mais la bête est bien forte et commence à l’enserrer dans ses anneaux, commençant à l’emporter vers son antre. Le combat serait-il en train de tourner en notre défaveur ? Il semblerait, car voilà qu’Ephalia tombe à son tour sous les coups de notre ennemi, Tormund aussi, à ce moment est à terre, et tous ont déjà mangé la poussière, un moment ou un autre… La fatigue commence à se faire sentir, et le combat, devenu mêlée sauvage n’arrange pas nos affaires. Shana lance alors une orbe guérisseuse qui soigne tout le monde, mais malheureusement, il est trop tard pour Tormund qui prend par deux fois un coup d’épée de la part d’Esterel qui manque de précision dans la cohue…
Sur la fin, nous arrivons enfin à vaincre la bête immonde, mais le prix que paie notre groupe est extrêmement cher. Devant nos yeux, le portail s’effondre au moment du décès de la Salamandre. Ainsi, la ville naine est sauvée, leurs envahisseurs sont vaincus, mais… Tormund a payé de sa vie cette victoire. Et ici, nulle personne ne connaît les miracles pour permettre son retour, mais l’on nous oriente vers Car-Vizar, là-bas, au temple, nous devrions être capable de trouver un mystique qui a reçu de son dieu le don de la vie. Nous achetons dans l’urgence un diamant d’une très grande valeur et d’une pureté admirable afin de pouvoir y sceller l’âme de notre compagnon, le temps que nous puissions emmener son corps et le diamant auprès d’un religieux apte à ramener son esprit en sa chair. Il n’est pas encore l’heure pour lui de rejoindre les palais célestes de Tempus, nous ne sommes pas prêts encore à accepter de nous séparer de notre compagnon. Son nom doit encore être couvert de bien plus de gloire, tout comme ses armes, de sang, avant que l’on tolère qu’il ne repose ses armes au fourreau, s’abandonnant au repos final. Nous sommes conscients d’être égoïstes en lui refusant sa mort au combat… Mais voilà !
Être égoïste, c’est notre droit d’amis ! Et alors que nous discutions du voyage qui nous attendait, après que nous ayons échangés nos souhaits et couché par papier les mots que l’on espérait entendre résonner dans les halls de l’honneur, dans les couloirs où s’était rendu l’esprit de notre ami si vaillant, de mots que surement nous n’aurions osé lui dire en face, alors se tint une cérémonie solennelle… Le Maître des Runes nous avait dit ne pas être capable de mener le rituel, ne pouvant que protéger l’âme et le corps pour le voyage. A la fin de la cérémonie, alors que nous quittons la chapelle ardente pour aller noyer dans l’alcool aussi bien notre tristesse que notre victoire, nous entendons tousser dans la salle ! Esterel est la plus rapide, et au moment où je passais le pas de porte, je vis que… qu’un miracle avait eu lieu, Tormund était revenu ! Bon, dans sa joie aveugle, Esterel était en train de l’étrangler, mais c’était… une clé de soumission faite avec amour, je pense… Enfin… On peut écraser nos larmes, ou pousser l’eau que l’on avait à la commissure des yeux… et nous abandonner tout entier à la fête et aux réjouissances !
Durant les réjouissances, nous prenons le temps pour évaluer tout ce que nous avons acquis comme récompenses, entre gemmes, diamants, alexandrites ou jades, mais aussi des potions et des parchemins. D’ailleurs, Ephalia reçoit d’ailleurs de la part des nains, une superbe armure de mithral, grandement ouvragée, et d’une qualité particulièrement impressionnante ! Ah, j’aurai bien mis la main dessus, mais comme je ne suis pas celle qui va le plus au contact, peut-être que je ne devrai pas être jalouse et la laisser s’équiper. Enfin, au fond de moi, je suis quand même un peu jalouse… Peut-être que j’irai voir s’ils en ont d’autres, mais je crains que le prix ne me fasse peur et ne soit prohibitif. Je verrai bien…