La route vers le nord commence à serpenter dans des plaines de plus en plus râpées, avec des végétations basses, rabougries, avec les arbres qui cèdent la place à des buissons aux feuilles de petite taille. La température ambiante commence d’ailleurs à monter et lorsque le soleil est haut, la chaleur se fait un peu plus étouffante. D’ailleurs, nous cessons de nous déplacer au plus chaud de la journée, limitant nos déplacements aux heures fraiches du matin et l’après-midi, une fois que le soleil a commencé à décliner. D’ailleurs, la route change aussi petit à petit, devenant par endroit moins bien entretenue, mais aussi, alors qu’avant nous croisions parfois quelques petits groupes de deux-trois caravanes, maintenant, nous ne rencontrons que de gros convois, comptant jusqu’à septante carioles, avec une équipée de gardes plus sérieux et bien plus professionnels. D’ailleurs, la soldatesque que nous croisons semble plus tendue et dès lors, nous adoptons aussi nos habitudes. Les menaces seraient-elles naturelles ou liées à des brigands, on n’en sait rien car les gens croisés sont devenus des taiseux, mais ça ne fait jamais de mal de se tenir prêts à toute éventualité. Dès ce jour, nous allons avoir à faire des feux enterrés, utiliser des lampes sourdes et éviter d’attirer trop l’attention… Nous avons déjà vu des nains mourir dans une embuscade avec des géants des collines, évitons d’être les prochains à tomber dans une embuscade. Nous améliorons aussi un peu notre vigilance lors des déplacements et lors des tours de garde de nuit. Visiblement, le Kaiser Kapioo est moins sécurisé que ce que nous pourrions nous attendre de cet empire nain.
Au bout du neuvième jour, nous arrivons en vue d’une cité sise proche d’une oasis, dans un méandre d’une rivière qui sillonne dans ce petit coin de désert brûlé. Une ville cosmopolite, dont l’architecture rassemble autant des motifs humains, nains, elfes, tout ceci en vrac. On se rapproche, et d’ailleurs on met bien une journée pour atteindre les contreforts de la ville. Celle-ci est ceinte de murailles hautes et bien entretenues, que j’identifie pour très ancienne, mais leur état est exemplaire, remarquablement bien tenu en état. Intra-muros la ville est un beau mélange harmonieux entre architecture naine et elfique, élégant, avec de très beaux palais aux jardins verdoyants. Extra-muros, par contre, l’architecture est un foutoir des plus chaotiques, mais visiblement fait de bric et de broc et pas construit pour durer. Cette basse-ville est bourdonnante d’activité, avec des marchands et des habitants qui semblent ne jamais s’arrêter de courir. D’ailleurs, nous devons passer complètement pour des locaux, car aucun local ne semble s’étonner de notre présence. Lorsque nous écoutons les discussions, nous comprenons que la cité est une plaque tournante du commerce dans la région, qui vend de tout et où l’on trouve vraiment tout et n’importe quoi. Mais nous rencontrons aussi un groupe de voleurs… Grâce à Moyal et Melania, nous n’avons pas eu de pertes, mais il nous faudra être plus prudents à l’avenir.
Nous apprenons que la cité possède un comptoir de la famille Fordaebun au sein de la Haute Cité. Je ne sais pas à quel point les gens d’ici sont dignes de confiance, mais avoir quelqu’un avec des connaissances communes sera toujours un bon point de départ. J’en profiterai aussi pour faire parvenir une petite missive à Nalia. Ça fait longtemps que je ne lui ai pas écrit, ce sera une bonne occasion ! Et de toute façon, je n’ai pas besoin de m’en justifier !