Par la suite, nous allons dans le quartier d’Avlès, là où réside le Chevalier Ardabrant, celui même dont la fille est tombée malade dernièrement. Ephalia semble confiante dans ses compétences de médecine, mais nous verrons bien. La famille a déjà fait appel à de nombreux soigneurs et du coup l’accueil est assez distant, voire froid, mais je ne peux que les comprendre. Vu que le seigneur de la maisonnée a promis une grosse récompense, ils ont dû avoir leur lot de menteurs et de charlatans. Nous sommes donc retenus par un homme d’arme, le temps que le serviteur qui nous a reçu nous annonce auprès de son seigneur et maître.
Nous patientons tranquillement, en discutant un peu avec le vassal du chevalier, afin de meubler l’attente. Puis, alors que parlons, nous entendons le claquement de l’acier d’un homme en armure qui se déplace.
Devant nous, un humain, drapé de pied en cape dans une armure lourde de chevalier, portant les armoiries des Ardabrant sur le torse. Il a l’air un peu fatigué de voir des gens venir en sa demeure pour partir tous sans réussite, et surtout sans la moindre explication. Il semble être prêt à tout tenter pour ne pas sombrer dans le désespoir, mais il est visiblement à bout, fatigué par la maladie de sa fille. Cette dernière, Syllia, est plongée dans un sommeil profond dont elle n’émerge plus, et dans lequel elle hurle, sous l’emprise d’un cauchemar extrêmement violent. Nous faisons de notre mieux pour tenter de diagnostiquer ce que nous voyons. Dans la pièce, nous voyons bien Syllia, qui est veillée par sa sœur, Arilosa. Ce que nous voyons, c’est qu’elle est plongée dans un cauchemar magique, emprisonnée par un sort d’enchantement, selon Shedwar. Mais ce que nous ressentons est plus proche de la télépathie, ce qui serait du domaine du psionisme. Une odeur que je ressens me fait penser que notre patiente, si elle a bien tenu durant plusieurs mois, il ne lui reste pas beaucoup de temps… Dès lors, nous allons faire appel à Shaera, celle qui est la plus apte dans ce domaine parmi mon équipage, armée d’un dorjès de purification corporelle. Je pars tout de suite la chercher au Sïpé-Lïn.
Je lui explique en quelques mots la situation et très vite, elle accepte de tenter de porter assistance. Elle semble hésitante sur ses capacités à aider, mais je balaie ses doute en lui faisant doucement comprendre que les seuls inutiles sont ceux qui ne tentent rien. Ceux qui tentent, soit réussissent soit apprennent et dans les deux cas, je serai fière d’elle. Elle puise en mes mots un petit encouragement et me sourit, rassénérée. Elle s’enfuit alors dans sa chambre pour s’habiller rapidement puis me rejoins dans l’écurie du Sïpé-Lïn. Une cavalcade à dos d’ours à travers les rues de Courtan s’ensuit, jusqu’aux écuries de la famille Ardabrant.
Nous montons dans les étages, puis, au chevet de la jeune fille, notre demi-géante psionique, Shaera fait très vite démonstration de ses talents, agitant son dorjès avec maestria, les yeux lumineux d’une forte lumière bleue plusieurs fois, et c’est au bout du neuvième mouvement que le silence se fait. Syllia cesse alors de crier, le calme se fait dans la pièce.
Un ange passe, et là, devant nos yeux, nous voyons la demoiselle qui ouvre les yeux, lentement… Le traitement est donc une réussite, au plus grand plaisir du père et de la sœur de la patiente. Sans trop demander notre reste, nous laissons le Chevalier en tête à tête avec sa fille nouvellement guérie afin qu’ils profitent de ce soulagement à deux. Je sais qu’Ephalia a vu des choses dans les cauchemars de sa patiente, mais elle nous en parlera quand elle le pourra, peut-être plus tard, en présence du père. On se retrouve du coup avec Arilosa, la sœur ainée, qui nous remercie pour tout ce que nous avons fait. Elle demande que nous prenions la récompense promise par son père. On tente bien de refuser, car nous ne sommes pas venues pour ceci, mais rien n’y fait, elle insiste. C’est donc avec gratitude que nous acceptons une bourse bien lourde, de pas moins de cinquante pièces de platine, ainsi qu’un long étui ouvragé avec des runes elfiques… Nous faisons un duel de remerciement avec cette sœur heureuse de voir Syllia à nouveau en bonne santé, elle pour nos actions, nous pour son cadeau.
Puis, laissant le temps à la famille, nous prenons congé, non sans avoir donné notre adresse afin qu’ils puissent nous contacter en cas de complication et une promesse ferme que nous repasserions demain pour évaluer comment la situation de Syllia sera. C’est qu’au Sïpé-Lïn que nous ouvrons le coffret pour y découvrir une grande hache d’arme en alliage de métal étoilé, somptueuse, ouvragée de multiples runes elfiques, avec une légère aura magique de transmutation, stable. Demain, nous devrons remercier correctement, nos actions ne méritaient pas tant. Mais nous savons que d’autres sont frappés du même mal, et dès lors, nous allons devoir combattre les maux de la cité… Et débusquer la source, pour faire cesser cette épidémie.